Noelfic est temporairement en accès limité.
Envie de discuter en attendant ?
Accédez au SkyChat
Note de la fic : :noel: :noel: :noel: :noel:

Red Brenn


Par : Conan
Genre : Polar, Action
Statut : C'est compliqué



Chapitre 2 : Ça fait crac


Publié le 03/08/2012 à 18:14:40 par Conan

L'ivresse. Mes mains sur le comptoir collant pour retenir mon corps qui bascule en arrière. De la fumée danse devant mes yeux. La clope pendue au bec. Les cendres tombent dans le verre. Je finis cul sec. Patron, un autre. Envie de pisser. Envie de frapper. Envie de baiser. Envie de violence. Mon flingue, planqué sous ma veste. Il me démange. J'ai envie de buter. Buter de la racaille. De la saloperie. J'en peux plus de cette merde. Quelle merde ? Putain je sais pas. Je sais plus. Le verre est déjà vide. Un autre. Tavernier, j'ai soif bordel.

Faut que j'aille pisser. J'me lève. En évitant de me ramasser la gueule. J'croise des gens dans la salle. Ils flippent. Enfin arrivé aux chiottes. J'pousse la porte aussi collante que le bar. Ca pue. Y'a des tags et des inscriptions gravées au couteau sur les murs. Je pisse en regardant les dessins de bites et les insultes devant moi. J'en fous partout. J'appuie péniblement sur le bouton de chasse d'eau. J'arrive devant le lavabo. J'me passe de la flotte sur le visage. Je regarde ma trogne dans le miroir pété. J'me rend compte que j'suis déchiré. Je rentre me pieuter.

Réveil. Déjà midi. J'me redresse et j'm'assois sur le coté du plumard. J'ai encore mes godasses. Je vérifie que mon flingue est toujours là en tâtant le cuir sur mon poitrail. C'est bon. Je l'ai.

J'ai un truc à faire aujourd'hui, mais je sais plus. J'veux juste dormir. Faut que j'me lève. Mon cul décolle péniblement du matelas. Je descend dans la rue, pas envie d'être enfermé.

Je cherche de quoi bouffer. Ma tronche me fait mal. J'dois encore être à deux grammes. Bouche pâteuse. Relents de bière dans l'haleine et vapeurs d'alcool dans le cerveau. Y'a un Macdo. J'rentre. Trop de monde. J'me casse. Tant pis, j'bouffe pas.

Mon portable qui vibre. C'est Greg qui m'appelle. « Ouais ? »
-T'es prêt pour ce soir ?

C'est bon. Flash. Ça fait tilt. J'me souviens. J'dois voir Greg pour régler un problème qui traîne depuis longtemps. « C'est bon, j'suis opé. »
-Ok, à toute.

Je remonte dans mon appart. Faut que j'sois frais pour ce soir. J'prends une douche et j'finis le café. Faudra que j'en rachète. Ça va mieux. J'aime pas avoir les bonbons qui collent au paquet et le slibard qui me rentre dans le fion.

J'me fous devant la télé et j'allume les infos pour voir les titres. Toujours pas de guerre mondiale. Casse les couilles. J’éteins.

J'redescend et j'monte dans ma bagnole. Je souffle un peu avant de démarrer. J'allume la radio. Musique électro.

Je roule. Je matte le cul des piétonnes. Je somnole au volant. J'suis déjà en bas de chez Greg. J'lui envoie un sms pour lui dire. Dix minutes plus tard, il sort de son immeuble, et il monte dans la bagnole.
« Ça va ? » qu'il me demande.
-Ouais. J'ai pris une cuite hier.
-J'bossais. Devine qui on a serré.
-Attends... Kader ?
-Nan, le bamboula qui vend du hasch à la sortie du Red Light.
-Bamako ?
-Ouais. Tu sais, c'est l'indic de Vinny.
-J'savais même pas que Vinny avait des tontons.
-Le mec lui a balancé que trois mecs se préparaient à monter au braquo.
-Quand ça ?
-C'est pour la semaine prochaine. Ils prévoient de saucissonner un patron de PMU et lui faire son coffre.
-On est sur le coup ?
-A ton avis.
-Bon. T'as bouffé ?
-Nan, pas eu l'temps.
-On s'fait un kebab ?
-Ok.

J'démarre et j'roule jusqu'à croiser un resto Turc. J'prends un kebab-frites, sauce andalouse, avec deux Kro. Greg un kebab-frites sauce blanche, sans oignons, et deux Heineken. On s'en branle en fait. Après bouffer, on ressort. Logique.

Petit à petit, le soir tombe. J'ai garé la bagnole. On marche dans la rue déserte et sale. Nuit d'errance et de grisaille en perspective. Il fait froid à en crever. Le vent qui me souffle à la gueule fait danser des centaines de papiers au dessus des pavés. On passe sous le métro aérien. Des clodos pioncent. Y'en a un qui se réveille. Il nous demande une pièce. J'fais non de la tête. Il se rendort.
« Bon, bah ça va être l'heure. » Me dit Greg, à moitié dépité, à moitié blasé.

On arrive devant un immeuble. Greg tape le code à l'interphone. La porte du hall se débloque. On monte jusqu'au troisième en enfilant des cagoules noires, sans allumer la minuterie. Il me désigne une porte de la tête. On sort nos flingues.

Greg frappe à la porte. Lourdement. Trois fois. Un mec ouvre. Sale gueule de rat. Il a pas le temps de parler. Greg lui tape sur la gueule avec la poignée pistolet et entraîne le type à l'intérieur de l'appartement. Je m'enfonce avec eux et referme derrière moi. Greg s'acharne sur le mec. Je fous le bordel dans l'appart. J'ouvre tous les placards et renverse tous les meubles, défonce toutes les portes pour vérifier qu'il n'y ait personne, j'pète la télé à coups de tatane et j'récupère une liasse de pognon. J'entends Greg gueuler dans l'entrée « ramène-moi de quoi le latter ! »

Je retourne une petite table en renversant tout le bordel qui traîne dessus et arrache un des pieds en fer. J'retourne dans l'entrée. Greg est à cheval sur le type qui est en sang et lui fout son flingue contre la gueule.
«ALORS SALE FILS DE PUTE ! TU PENSAIS QU'ON TE RETROUVERAIT PAS BATARD ?! »
Il lui beugle dessus en lui postillonnant dans la face. Je prends mon élan et lui explose les tibias à coups de barre de fer. Le mec hurle. Il tente de se débattre. Ça fait crac. Ça claque de partout. Le métal vibre entre mes mains. C'est une délivrance. Plus je frappe, mieux je suis. Toute ma haine, toute mes pulsions sont en train de se libérer à mesure que ses jambes ne se déforment. Il est HS à cause de la douleur. Ses jambes sont complètement désarticulées, on dirait une marionnette. Il s'est traîné un peu partout et y'a des traces de sang sur tout le sol et les murs de la pièce. Greg l'attrape par les cheveux et remue sa tête. Il se relève et lui fout un grand coup de pied dans la gueule pour le finir. On sort tranquille, en laissant le gros ver dans son bordel, ni vu ni connu, et on enlève nos cagoules une fois dehors.



Cet enculé a eu ce qu'il méritait. Une grosse merde de toxico qui touchait des gamines. Un gosse de riche dégénéré, une petite merde de la jeunesse dorée qui passe son temps à se défoncer la gueule et qui fait partie de cette putain de classe dirigeante qui nous gouverne, caste de mes couilles. Personne ne disait rien, toutes les couilles molles se contentaient de lui payer des cures de désintox. Jusqu'à ce qu'il aille trop loin et ne viole une môme de douze ans. Bâtard.
Ils l'ont condamné à du sursis et lui ont payé des séances chez le psy. Le père de la petite n'en pouvait plus. Il m'a filé du pognon. Cinq cent euros, pour faire en sorte que le type ne puisse plus jamais recommencer. Vu ce qu'on lui a mis, il finira sa vie dans une chaise roulante.
Ouais. Dégueulasse. Mais ça met du beurre dans les épinards. On a la police qu'on mérite. Je débarrasse la ville de toutes les saloperies que je peux, et ça me rapporte du pognon. C'est de l'argent honnêtement gagné, donné par d'honnêtes gens, pour éclater de la raclure.

Greg est couvert de sang. Ça a un peu giclé sur moi aussi. On rentre se changer. Ce soir, je dormirai bien.


Commentaires