Red Brenn
Par : Conan
Genre : Polar , Action
Status : C'est compliqué
Note :
Chapitre 30
Publié le 09/03/13 à 13:33:41 par Conan
J'arrive dans le quartier d'Emma, en bagnole.
La rue est calme. A cause du temps, peu de gens osent mettre le nez dehors. Peu de gens, à part Zéro.
Je le vois, au loin, dans sa voiture garée juste devant l'immeuble d'Emma, prêt à en sortir à n'importe quel instant pour monter la massacrer au moindre coup de téléphone. Je dois le neutraliser immédiatement. Et après, je m'occuperai de son petit pote.
Je parque ma voiture et marche tranquillement vers la sienne. Il me reconnaît et sort de sa tire. Je continue d'avancer.
-Qu'est-ce que tu fous là toi ? Qu'il me lance avec son accent à couper au couteau.
Je le regarde. Il doit bien faire une tête de plus que moi. Il me pousse. Je reste planté là. Il se fait plus menaçant. Il me repousse.
Cette fois, je m'écarte et pare ses mains avec mes avant-bras, puis dans l'instantané je lui lance un uppercut en plein menton. Il est sonné et se plaque contre son véhicule. Il secoue la tête. Je me maintiens en garde, face à lui. Il revient à la charge en envoyant un formidable crochet du gauche que j'esquive en me baissant. Je lui rentre dans le lard en le bourrant de coups de poings dans le bide, toujours en le maintenant plaqué contre sa voiture. Il me repousse à nouveau et gueule quelque chose dans une langue Teutonne que je ne comprends pas.
Il avance à nouveau les mains vers moi. Par une parade, j'ouvre sa garde. Coup de coude en plein pif. Il a un mouvement de recul. Direct du droit dans la gueule, puis coup de genou dans le ventre. Il se baisse. A nouveau coup de coude, dans la nuque cette fois-ci. Il tombe assis contre sa voiture. Un chassé en pleine gueule finit de l'allonger. Mais il est encore conscient.
Sa voiture est encore ouverte. Je l'attrape par les cheveux et enfourne sa tête dans l'habitacle en le maintenant au sol.
-Dis bonne nuit, connard.
D'un mouvement sec, je claque la portière. La rencontre entre son crâne et la tôle fait résonner toute la ferraille de la voiture. Le bruit est semblable à la chute d'une barre de métal sur le sol.
Je rentre le corps dans sa bagnole et la verrouille.
Maintenant, à l'autre.
Je remonte dans ma voiture et démarre. Au bout de quinze minutes de trajet, me voilà revenu dans ma rue.
La BMW est toujours garée à la même place. Il faut que je trouve un moyen de faire sortir l'autre enfoiré.
Caché dans un coin sombre, près des poubelles, je ramasse une bouteille que je lance dans sa direction. Le verre va exploser sur le pare-choc. Connard sort de sa caisse en beuglant.
-Putain, c'est quoi c'bordel ! Qui c'est qu'a fait ça ! Hein ? Vas-y, sors connard ! Sors de là espèce de pédé.
Trop occupé à gueuler en faisant de grands gestes comme dans les films, il n'a pas remarqué que j'avançais doucement vers lui dans son dos.
Au moment où sa ferveur retombe et que son niveau d'adrénaline baisse, je passe mes avant-bras autours de son cou et serre mon étreinte.
Il tente de s’extirper de mon emprise. Avec le pied, j'appuie sur l'arrière de son genou. Sa jambe plie, et c'est tout son corps qui se retrouve au sol. Ça rendra le travail plus facile.
Tout en l'étouffant, je lui parle doucement dans le creux de l'oreille.
-Ton pote a eu un petit accident de voiture, je crois qu'il va pas très bien. C'est bête hein ?.. Pardon, t'essayes de me dire quelque chose ? Je comprends pas très bien... T’arrive plus à respirer ? C'est dommage ça. T'inquiètes pas, dans moins de dix secondes tout ira mieux, tu verras.
Il tente encore faiblement de remuer, derniers instincts de survie d'un corps qui se sent partir. Des petits son aiguës et sourds sortent de sa bouche, comme un couinement, en plus faible. En quelques secondes, il est immobile. Je relâche ma prise. Il est allongé là, par terre, sur le bitume. Le réveil risque d'être difficile.
Après une petite heure et demie de trajet, j'arrive au lieu de rendez-vous fixé avec Greg.
Je le vois dans le spectre de mes phares, attendant les bras croisés devant un petit bâtiment isolé au milieu des bois. Je gare ma voiture et coupe le contact.
-Tout est prêt ?
Il hoche la tête.
-C'est bon. Tu l'a eu ?
-Ouais, il fait un somme dans le coffre.
Greg l'ouvre. Le petit brun est allongé en position fœtale, pieds et poings liés. Greg m'aide à le sortir. Je prends les jambes, il prend les bras, et nous le portons jusqu'à l'intérieur de la petite bâtisse grise et sombre.
-C'est une ancienne scierie, fermée depuis un bail. Me dit Greg. Y'a jamais personne dans le coin. La légende voudrait qu'elle soit hantée. Même les clodos l'évitent. Tiens, on va le mettre là.
Il me désigne de la tête une chaise posée au fond de la petite pièce froide, éclairée par une grosse lampe de campagne.
Nous lui enlevons ses vêtements, le laissant juste en caleçon, et le posons sur la chaise. Greg l'attache les mains dans le dos et les pieds joints.
Il se réveille au bout d'un petit quart-d'heure. Très vite, il recouvre ses esprits.
Greg et moi l'observons en restant dans l'ombre. Il ne nous voit pas. Il regarde tout autours de lui, paniqué. Je m'avance dans le spectre de lumière. Il reprend très vite son petit air de roquet colérique.
-Espèce de tête de bite, j'te jure t'imagines même pas la merde dans laquelle tu t'es...
Je lui colle une bonne tarte dans la bouche pour lui faire fermer son claque-merde.
-A cette heure-ci, j'préfère largement être dans ma merde que dans la tienne.
Toujours dans l'ombre, Greg me tend deux fils électriques, l'un noir, l'autre rouge, reliés à deux pinces crocodiles entre les mains.
-Alors, on commence ?
-Wowowo ! C'est quoi ça ?
Je me retourne vers Connard.
-Ça ? C'est ce qu'on va te mettre sur les couilles. Attends, tu vas pas me dire que ça te surprend ? Quand tu t'es lancé dans ta carrière de truand, tu t'es jamais posé la question ? Tu t'es jamais dit que tu risquais certainement un jour ou l'autre de te faire torturer dans une cave humide ?
-Mais... Mais t'es baisé ma parole !
Je joins les deux pinces l'une à l'autre, ce qui produit un grésillement et une petite étincelle bleue électrique.
-C'est précisément ça. Montre tes oreilles.
Je fixe les deux pinces sur ses lobes. Il semble pris de convulsions, il tremble comme une pucelle pour son premier bal de promo.
-T'as vu comment il danse bien ? Ironise Greg en le regardant les bras croisés.
-Ouais, c'est vrai qu'il se démerde bien.
J'ôte les deux fils après une petite dizaine de secondes.
-Tu vois, on pourrait faire ça toute la nuit. Sinon, y'a une autre méthode qui marche pas mal.
Je lui donne des coups de poing dans la gueule jusqu'au sang. Juste histoire de lui refaire un peu la face.
Tout en le frappant, je lui explique :
-Tu vois, dans un boulot comme le tiens... Il faut avoir quelques cicatrices... Une gueule de vécu... En fait ce qu'on fait... On le fait pour toi.
J'arrête de cogner et déjà les premiers bleus et les premières bosses apparaissent sur ses joues.
-Stop... Ça suffit... Pitié...
-Quoi ? Tu veux que je te coupe les doigts ?
-Non... Non ! Non pas ça ! Non !
J'avance vers lui en sortant une petite pince.
Le bruit que fait la viande de son annulaire et l'os à l'intérieur, combiné avec ses hurlements, me donnent des frissons. Après quelques essais, j'arrive à lui sectionner le doigt, de manière assez irrégulière il faut bien le dire. J'observe avec attention le bout de barbaque sanguinolent entre mes mains.
-Tiens, il est un peu jaune. Tu fumes ? Ça serait bête que tu restes ici des jours, sans bouffe, sans même une clope, et bientôt sans tes doigts.
Le supplicié commence à pleurer, à se lamenter.
-Putain... Putain mais tu veux quoi bordel...
Il semble déjà au bout de sa vie et prêt à crever.
-C'est marrant, t'avais l'air beaucoup plus téméraire quand t'es arrivé chez moi, dans MON appartement, et que tu as menacé MES proches. Mais visiblement, tu savais pas à qui t'avais affaire. C'est dommage de toujours foncer comme ça, tête baissée, sans prendre le temps de réfléchir.
-C'était le boulot... Juste le boulot...
-Ouais... Le boulot... Je connais ça. Bon ! On se remet un petit coup de jus ?
-Non ! Non je t'en supplie, pitié ! Pitié ! J'te demande pardon ! Je voulais pas ! C'est mon boss, c'est mon boss qui me l'a demandé !
Je m'arrête net juste avant de lui envoyer 150 volts dans les tétons.
-Ton boss ? Tu m'intéresses.
-Ouais, le Hollandais ! Mais il va me massacrer si je parle !
J'extirpe mon revolver de ma ceinture et plaque le canon contre sa tête en le regardant droit dans les yeux.
-Mais moi aussi je vais je vais te massacrer.
Mes mots semblent lui glacer le sang.
-Vanderberke. Horatio Vanderberke. C'est lui le boss, le patron, tout c'que tu veux. C'est lui qui veut ta peau et qui a envoyé des mecs buter tes deux potes.
Je fronce les sourcils.
-Mes deux potes ?
-Arrête... Arrête je t'en supplie, j'tai dit ce que je voulais savoir...
-L'autre, c'est qui l'autre ?
Il secoue la tête en pleurnichant. Je l'attrape par les épaules et le secoue en hurlant.
-C'est qui l'autre bordel de merde !
-Tu sais très bien qui c'est putain ! Ils étaient ensemble dans la bagnole ! Y'en a qu'un qui s'en est sorti !
Je me retourne vers Greg. Il n'est plus là. Il a disparu.
-Qui ! Son nom ! Donne-moi son nom !
-Gregoire je-sais-plus-quoi. Tu sais très bien putain ?
-C'est quoi ces conneries ? Il est là, avec moi !
-Ah ouais ? Bah il est où alors ?
Non... Non, c'est pas possible. Je me retourne à nouveau. Il n'est toujours pas là. Je me redresse et l'appelle. Je hurle son nom en le cherchant. Le type sur la chaise me regarde terrorisé, comme un fou. Je reviens vers lui.
-Tu mens ! C'est faux !
-Je sais pas c'que c'est ton problème, mais t'es totalement allumé.
-GREG ! T'ES OU ! REPONDS-MOI !
Je tourne en rond dans la pièce. Je sors. Il n'y a que ma voiture qui est garée devant. Je monte dedans. Je roule, à fond. Faut que j'aille voir Vinny.
Je rallie Paris en moins de deux et je rentre dans l'hôpital. Je croise une infirmière de garde au détour d'un couloir.
-Désolée monsieur, les visites ne sont pas autorisées la nuit.
Je sors ma carte tricolore.
-Vinyard, il faut que j'aille voir Marvin Vinyard.
-Monsieur Vinyard a quitté l'hôpital ce matin. Il est rentré chez lui.
En ressortant, je prends mon téléphone portable et l'appelle en panique.
-Red ? Qu'est-ce qu'il t'arrive ?
-Greg... Greg était avec toi dans la bagnole, quand tu t'es fait tirer dessus ?
-Y'a un truc qui va pas ? Je suis chez moi là, passe me voir tout de suite.
-Vinny je t'en prie réponds-moi.
-Putain mais c'est quoi ton problème, à quoi tu joues ? T'es encore bourré c'est ça.
-Je t'en supplie, dis-moi juste oui ou non.
-Tu sais très bien qu'il y était bordel. T'étais à son enterrement, t'as même fait son éloge funèbre avant qu'on le foute six pieds sous terre.
Le peu de vie qui subsistait encore en moi vient de foutre le camp. Tout me revient maintenant. Absolument tout. Greg était déjà mort quand les secours sont arrivés.
-J'ai une piste... J'ai un nom... Vanderbeke.
-De quoi tu me parles Red ?
Je raccroche et sélectionne Greg dans mon répertoire. Numéro non-attribué.
Greg est mort depuis deux semaines.
La rue est calme. A cause du temps, peu de gens osent mettre le nez dehors. Peu de gens, à part Zéro.
Je le vois, au loin, dans sa voiture garée juste devant l'immeuble d'Emma, prêt à en sortir à n'importe quel instant pour monter la massacrer au moindre coup de téléphone. Je dois le neutraliser immédiatement. Et après, je m'occuperai de son petit pote.
Je parque ma voiture et marche tranquillement vers la sienne. Il me reconnaît et sort de sa tire. Je continue d'avancer.
-Qu'est-ce que tu fous là toi ? Qu'il me lance avec son accent à couper au couteau.
Je le regarde. Il doit bien faire une tête de plus que moi. Il me pousse. Je reste planté là. Il se fait plus menaçant. Il me repousse.
Cette fois, je m'écarte et pare ses mains avec mes avant-bras, puis dans l'instantané je lui lance un uppercut en plein menton. Il est sonné et se plaque contre son véhicule. Il secoue la tête. Je me maintiens en garde, face à lui. Il revient à la charge en envoyant un formidable crochet du gauche que j'esquive en me baissant. Je lui rentre dans le lard en le bourrant de coups de poings dans le bide, toujours en le maintenant plaqué contre sa voiture. Il me repousse à nouveau et gueule quelque chose dans une langue Teutonne que je ne comprends pas.
Il avance à nouveau les mains vers moi. Par une parade, j'ouvre sa garde. Coup de coude en plein pif. Il a un mouvement de recul. Direct du droit dans la gueule, puis coup de genou dans le ventre. Il se baisse. A nouveau coup de coude, dans la nuque cette fois-ci. Il tombe assis contre sa voiture. Un chassé en pleine gueule finit de l'allonger. Mais il est encore conscient.
Sa voiture est encore ouverte. Je l'attrape par les cheveux et enfourne sa tête dans l'habitacle en le maintenant au sol.
-Dis bonne nuit, connard.
D'un mouvement sec, je claque la portière. La rencontre entre son crâne et la tôle fait résonner toute la ferraille de la voiture. Le bruit est semblable à la chute d'une barre de métal sur le sol.
Je rentre le corps dans sa bagnole et la verrouille.
Maintenant, à l'autre.
Je remonte dans ma voiture et démarre. Au bout de quinze minutes de trajet, me voilà revenu dans ma rue.
La BMW est toujours garée à la même place. Il faut que je trouve un moyen de faire sortir l'autre enfoiré.
Caché dans un coin sombre, près des poubelles, je ramasse une bouteille que je lance dans sa direction. Le verre va exploser sur le pare-choc. Connard sort de sa caisse en beuglant.
-Putain, c'est quoi c'bordel ! Qui c'est qu'a fait ça ! Hein ? Vas-y, sors connard ! Sors de là espèce de pédé.
Trop occupé à gueuler en faisant de grands gestes comme dans les films, il n'a pas remarqué que j'avançais doucement vers lui dans son dos.
Au moment où sa ferveur retombe et que son niveau d'adrénaline baisse, je passe mes avant-bras autours de son cou et serre mon étreinte.
Il tente de s’extirper de mon emprise. Avec le pied, j'appuie sur l'arrière de son genou. Sa jambe plie, et c'est tout son corps qui se retrouve au sol. Ça rendra le travail plus facile.
Tout en l'étouffant, je lui parle doucement dans le creux de l'oreille.
-Ton pote a eu un petit accident de voiture, je crois qu'il va pas très bien. C'est bête hein ?.. Pardon, t'essayes de me dire quelque chose ? Je comprends pas très bien... T’arrive plus à respirer ? C'est dommage ça. T'inquiètes pas, dans moins de dix secondes tout ira mieux, tu verras.
Il tente encore faiblement de remuer, derniers instincts de survie d'un corps qui se sent partir. Des petits son aiguës et sourds sortent de sa bouche, comme un couinement, en plus faible. En quelques secondes, il est immobile. Je relâche ma prise. Il est allongé là, par terre, sur le bitume. Le réveil risque d'être difficile.
Après une petite heure et demie de trajet, j'arrive au lieu de rendez-vous fixé avec Greg.
Je le vois dans le spectre de mes phares, attendant les bras croisés devant un petit bâtiment isolé au milieu des bois. Je gare ma voiture et coupe le contact.
-Tout est prêt ?
Il hoche la tête.
-C'est bon. Tu l'a eu ?
-Ouais, il fait un somme dans le coffre.
Greg l'ouvre. Le petit brun est allongé en position fœtale, pieds et poings liés. Greg m'aide à le sortir. Je prends les jambes, il prend les bras, et nous le portons jusqu'à l'intérieur de la petite bâtisse grise et sombre.
-C'est une ancienne scierie, fermée depuis un bail. Me dit Greg. Y'a jamais personne dans le coin. La légende voudrait qu'elle soit hantée. Même les clodos l'évitent. Tiens, on va le mettre là.
Il me désigne de la tête une chaise posée au fond de la petite pièce froide, éclairée par une grosse lampe de campagne.
Nous lui enlevons ses vêtements, le laissant juste en caleçon, et le posons sur la chaise. Greg l'attache les mains dans le dos et les pieds joints.
Il se réveille au bout d'un petit quart-d'heure. Très vite, il recouvre ses esprits.
Greg et moi l'observons en restant dans l'ombre. Il ne nous voit pas. Il regarde tout autours de lui, paniqué. Je m'avance dans le spectre de lumière. Il reprend très vite son petit air de roquet colérique.
-Espèce de tête de bite, j'te jure t'imagines même pas la merde dans laquelle tu t'es...
Je lui colle une bonne tarte dans la bouche pour lui faire fermer son claque-merde.
-A cette heure-ci, j'préfère largement être dans ma merde que dans la tienne.
Toujours dans l'ombre, Greg me tend deux fils électriques, l'un noir, l'autre rouge, reliés à deux pinces crocodiles entre les mains.
-Alors, on commence ?
-Wowowo ! C'est quoi ça ?
Je me retourne vers Connard.
-Ça ? C'est ce qu'on va te mettre sur les couilles. Attends, tu vas pas me dire que ça te surprend ? Quand tu t'es lancé dans ta carrière de truand, tu t'es jamais posé la question ? Tu t'es jamais dit que tu risquais certainement un jour ou l'autre de te faire torturer dans une cave humide ?
-Mais... Mais t'es baisé ma parole !
Je joins les deux pinces l'une à l'autre, ce qui produit un grésillement et une petite étincelle bleue électrique.
-C'est précisément ça. Montre tes oreilles.
Je fixe les deux pinces sur ses lobes. Il semble pris de convulsions, il tremble comme une pucelle pour son premier bal de promo.
-T'as vu comment il danse bien ? Ironise Greg en le regardant les bras croisés.
-Ouais, c'est vrai qu'il se démerde bien.
J'ôte les deux fils après une petite dizaine de secondes.
-Tu vois, on pourrait faire ça toute la nuit. Sinon, y'a une autre méthode qui marche pas mal.
Je lui donne des coups de poing dans la gueule jusqu'au sang. Juste histoire de lui refaire un peu la face.
Tout en le frappant, je lui explique :
-Tu vois, dans un boulot comme le tiens... Il faut avoir quelques cicatrices... Une gueule de vécu... En fait ce qu'on fait... On le fait pour toi.
J'arrête de cogner et déjà les premiers bleus et les premières bosses apparaissent sur ses joues.
-Stop... Ça suffit... Pitié...
-Quoi ? Tu veux que je te coupe les doigts ?
-Non... Non ! Non pas ça ! Non !
J'avance vers lui en sortant une petite pince.
Le bruit que fait la viande de son annulaire et l'os à l'intérieur, combiné avec ses hurlements, me donnent des frissons. Après quelques essais, j'arrive à lui sectionner le doigt, de manière assez irrégulière il faut bien le dire. J'observe avec attention le bout de barbaque sanguinolent entre mes mains.
-Tiens, il est un peu jaune. Tu fumes ? Ça serait bête que tu restes ici des jours, sans bouffe, sans même une clope, et bientôt sans tes doigts.
Le supplicié commence à pleurer, à se lamenter.
-Putain... Putain mais tu veux quoi bordel...
Il semble déjà au bout de sa vie et prêt à crever.
-C'est marrant, t'avais l'air beaucoup plus téméraire quand t'es arrivé chez moi, dans MON appartement, et que tu as menacé MES proches. Mais visiblement, tu savais pas à qui t'avais affaire. C'est dommage de toujours foncer comme ça, tête baissée, sans prendre le temps de réfléchir.
-C'était le boulot... Juste le boulot...
-Ouais... Le boulot... Je connais ça. Bon ! On se remet un petit coup de jus ?
-Non ! Non je t'en supplie, pitié ! Pitié ! J'te demande pardon ! Je voulais pas ! C'est mon boss, c'est mon boss qui me l'a demandé !
Je m'arrête net juste avant de lui envoyer 150 volts dans les tétons.
-Ton boss ? Tu m'intéresses.
-Ouais, le Hollandais ! Mais il va me massacrer si je parle !
J'extirpe mon revolver de ma ceinture et plaque le canon contre sa tête en le regardant droit dans les yeux.
-Mais moi aussi je vais je vais te massacrer.
Mes mots semblent lui glacer le sang.
-Vanderberke. Horatio Vanderberke. C'est lui le boss, le patron, tout c'que tu veux. C'est lui qui veut ta peau et qui a envoyé des mecs buter tes deux potes.
Je fronce les sourcils.
-Mes deux potes ?
-Arrête... Arrête je t'en supplie, j'tai dit ce que je voulais savoir...
-L'autre, c'est qui l'autre ?
Il secoue la tête en pleurnichant. Je l'attrape par les épaules et le secoue en hurlant.
-C'est qui l'autre bordel de merde !
-Tu sais très bien qui c'est putain ! Ils étaient ensemble dans la bagnole ! Y'en a qu'un qui s'en est sorti !
Je me retourne vers Greg. Il n'est plus là. Il a disparu.
-Qui ! Son nom ! Donne-moi son nom !
-Gregoire je-sais-plus-quoi. Tu sais très bien putain ?
-C'est quoi ces conneries ? Il est là, avec moi !
-Ah ouais ? Bah il est où alors ?
Non... Non, c'est pas possible. Je me retourne à nouveau. Il n'est toujours pas là. Je me redresse et l'appelle. Je hurle son nom en le cherchant. Le type sur la chaise me regarde terrorisé, comme un fou. Je reviens vers lui.
-Tu mens ! C'est faux !
-Je sais pas c'que c'est ton problème, mais t'es totalement allumé.
-GREG ! T'ES OU ! REPONDS-MOI !
Je tourne en rond dans la pièce. Je sors. Il n'y a que ma voiture qui est garée devant. Je monte dedans. Je roule, à fond. Faut que j'aille voir Vinny.
Je rallie Paris en moins de deux et je rentre dans l'hôpital. Je croise une infirmière de garde au détour d'un couloir.
-Désolée monsieur, les visites ne sont pas autorisées la nuit.
Je sors ma carte tricolore.
-Vinyard, il faut que j'aille voir Marvin Vinyard.
-Monsieur Vinyard a quitté l'hôpital ce matin. Il est rentré chez lui.
En ressortant, je prends mon téléphone portable et l'appelle en panique.
-Red ? Qu'est-ce qu'il t'arrive ?
-Greg... Greg était avec toi dans la bagnole, quand tu t'es fait tirer dessus ?
-Y'a un truc qui va pas ? Je suis chez moi là, passe me voir tout de suite.
-Vinny je t'en prie réponds-moi.
-Putain mais c'est quoi ton problème, à quoi tu joues ? T'es encore bourré c'est ça.
-Je t'en supplie, dis-moi juste oui ou non.
-Tu sais très bien qu'il y était bordel. T'étais à son enterrement, t'as même fait son éloge funèbre avant qu'on le foute six pieds sous terre.
Le peu de vie qui subsistait encore en moi vient de foutre le camp. Tout me revient maintenant. Absolument tout. Greg était déjà mort quand les secours sont arrivés.
-J'ai une piste... J'ai un nom... Vanderbeke.
-De quoi tu me parles Red ?
Je raccroche et sélectionne Greg dans mon répertoire. Numéro non-attribué.
Greg est mort depuis deux semaines.
11/03/13 à 19:46:09
Wouaouh... Moi qui craignais que ça devienne peu original, je suis servi...
Très joli retournement de situation, continues de nous surprendre :)
(commentaire court mais je commence à en avoir marre de te faire des éloges depuis L'homme qui valait trois cartouches )
10/03/13 à 15:03:05
Je viens de prendre une belle claque..
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