Red Brenn
Par : Conan
Genre : Polar , Action
Status : C'est compliqué
Note :
Chapitre 32
Zéro
Publié le 24/03/13 à 16:38:59 par Conan
Onze heures du soir. J'émerge. Je regarde autours de moi. Mon appartement est devenu un vrai taudis. Je n'y met plus les pieds que pour me reposer quelques heures, et optionnellement pour picoler.
J'ai dormi tout l'après-midi à cause des somnifères pris à midi et les trois verres de whisky pour les faire descendre. J'en avais oublié Zéro. Il faut que je le cherche. Maintenant. Quitte à le faire sans avoir totalement les idées claires.
Je dois arrêter de boire, ne serait-ce que pour me concentrer sur ma mission. J'peux plus me laisser crever comme ça. Je ne peux plus me permettre de me détruire avec l'alcool.
Je prends mon téléphone et compose le numéro du seul indic en qui j'ai encore confiance.
-Allô Karl ? Tu m'entends ?
-Ouais Redig ? Putain j'entends que dalle, c'est le bordel ici !
-T'es où ?
-Hein ?
-Tu es où ?
-Au pub ! Passe boire un coup, on se marre !
Il raccroche. Je remet mes chaussures et enfile ma veste. Ça risque d 'être dur d'arrêter la picole.
Je monte dans ma caisse et conduit jusqu'au pub. Il fait froid, comme d'habitude. A croire que l'hiver ne s'arrêtera jamais.
La même petite pluie verglaçante qui commence à tomber. Heureusement que j'arrive à destination, devant le rade aux allures de QG renforcé. Caméra de surveillance au dessus de la porte d'entrée en verre pare-balle, planches de bois cloutées aux fenêtres...
Une centaine de mecs se compressent dans la salle, je pousse la porte, et par la même occasion une bande de crânes rasés en train de faire une danse Irlandaise approximative en renversant leurs bières.
Je me fraye un passage dans la foule, cherchant Karl du regard. Au moins ma coupe de cheveux passe inaperçue ici.
Je retrouve mon ami derrière le comptoir, en train d'acclamer des types qui font un pogo, foutant en l'air chaises, tables et tout ce qui se trouve dessus.
-Karl ! Karl !
-Oh, Red ! Ça va ?! Tu prends une mousse.
Il a déjà attrapé un boc qu'il dirige vers la tireuse à bière.
-Non, merci.
Il repose la pinte.
-Alors, qu'est-ce que tu voulais ?
-Quoi ?
-Qu'est-ce que tu... Bon, viens, on va dans mon bureau, ça sera plus tranquille.
Nous montons un petit escalier en colimaçon, menant à un couloir dans lequel se trouvent deux portes. L'une est celle des chiottes, bloquée par un type allongé dans son vomi, trop ivre mort pour faire les deux pas de plus qui le conduisaient au lavabo. L'autre porte simplement une petite plaquette « privé ». Karl l'ouvre.
La petite pièce ressemble plus à un débarras qu'autre chose. Un petit bureau, posé au milieu d'un foutoir. Cartons de bière, papiers en tout genre, boites, armoires débordantes. Sur son bureau, des dizaines de petites fiches, de gros classeurs remplis jusqu'à la gueule qui vomissent encore d'autres papiers quand il les pousse pour faire un peu de place.
Il soulève sa chemise et sort un 11,43 de son pantalon qu'il range dans une armoire.
-Là, je serai plus à l'aise. Assieds-toi.
Je prends une chaise et m'installe en face de lui. Un gros écran d'ordinateur d'un autre âge se trouve entre nous deux, il le pousse sur un coin.
-J'ai pas eu de nouvelles de ton Hollandais. Faut croire que c'est un fantôme.
-Horatio Vanderbeke.
-Il est lié à la mort de Vinny ?
-De Greg et Vinny, oui.
Il ouvre de grands yeux en posant ses deux mains baguées et balafrées sur le bureau.
-Putain, Greg aussi ?
-Ouais... J'ai besoin que tu me retrouves un mec. Ça devrait être dans tes cordes.
Je fouille dans ma veste et sort une photo de Zéro, retrouvée dans les archives de la police après son arrestation il y a plusieurs mois pour voie de fait, que je pose sur le bureau. Je reprends :
-Siegfried Meyer. Il bosse pour Vanderbeke.
-Zéro...
-Tu le connais ?
-J'ai connu. A l'époque il venait souvent ici. Moitié Alsacos moitié Boche. J'te parle de ça, ça fait bien cinq ans. Il faisait le gardien d'immeuble pour les putes, rue Saint-Denis, entre deux bastons. Puis un jour il a plus jamais donné de nouvelles.
C'est fou comme le monde est petit.
-Apparemment il est monté en grade. Tu sais où je peux le trouver ? Dis-je en rangeant la photo dans ma veste.
-Non... Enfin... Avant il était maqué avec une nénette. Une pute, justement. Il créchait souvent là-bas. Je sais pas si ils sont encore ensemble, mais ils parlaient souvent de projets.
-Elle vivait où ?
-Elle a un studio dans le XVIIIème. Lopez, Anita Lopez. Une Brésilienne. Vachement bien gaulée d'ailleurs. Si tu veux j'peux essayer de te dégoter son numéro de téléphone.
-Nan, je voudrais éviter de prévenir Zéro. Il est en cavale et il sait que pas mal de mecs sont à ses trousses.
-Qu'est-ce qu'il a à voir avec tout ça ?
-Il bosse pour le Hollandais. Et il a sûrement des infos pour moi. Merci, Karl. Prends soin de toi.
Je lui serre la main.
-Salut Red. Fais gaffe à toi.
Je quitte la chaleur de l'endroit pour retourner au froid des rues de Paris.
En remontant dans ma voiture, je vérifie mes armes. Le 357 a ses six coups et le Glock son chargeur plein. Si ça dégénère, je suis paré.
Il ne me faut pas longtemps pour atteindre l'immeuble d'Anita Lopez. J'espère que Meyer est ici.
Je gare ma voiture au pied du bâtiment et entre dans le hall.
Je vérifie les boites aux lettres. Lopez. Troisième étage, droite. Je vais prendre les escaliers.
J'allume la minuterie et monte, la main posée sur la crosse de mon revolver. Arrivé sur le pallier, je frappe à la prte.
-Qui c'est ? Demande une voix féminine depuis l'intérieur.
-Police ! Ouvrez !
Pas de réponse. Je frappe à nouveau.
-Ouvrez la porte !
Quelques secondes passent encore, puis elle se déverrouille.
Une jeune femme brune aux grands yeux noirs me regarde depuis la petite ouverture de la porte entrebâillée.
-Qu'est-ce que vous voulez ?
-Siegfried Meyer, il est là ?
-Non, il est tard, vous n'avez pas le droit.
Elle veut fermer la porte, mais je la bloque avec mon pied.
-Juste un instant.
Elle baisse les yeux.
-Bon, entrez si vous y tenez tellement.
Je pénètre dans l'entrée. Le petit studio est assez bien rangé, en tout cas beaucoup mieux que mon appartement. Je cherche des indices. Il y a une Playstation, avec des boites de jeux de foot et d'action posés dessus.
-Vous jouez souvent aux jeux vidéo ?
-Vous avez bientôt fini ? Me demande-t-elle en croisant les bras.
Elle porte une nuisette qui met assez bien ses formes en valeur. Mais je n'ai pas le temps de me laisser aller à mes constatations lubriques. Une batte de baseball est posée contre le canapé.
-Sportive?
-C'est pour me défendre.
-C'est moins pratique qu'une bombe lacrymogène.
Au fond du salon, une porte est fermée.
-Qu'est-ce que c'est là-bas ?
-Les toilettes.
Je m'y dirige.
Alors que je marche, quelqu'un me pousse violemment dans le dos. Trop brutalement pour que ce soit le petit bout de femme de cinquante kilos qui m'a ouvert.
Je prends un mur en pleine gueule. Deux grosses mains m'agrippent par les épaules et me retournent. Je vois la grosse tête de Zéro grimaçante juste devant moi. Il tient sa batte de base-ball contre ma pomme d’Adam et appuie ma tête contre le mur.
-Alors espèce d'enculé, tu pensais buter Pablito et venir me faire la peau ensuite.
J'ai du mal à parler. En réalité, j'ai du mal à faire quoi que ce soit. Sa force est impressionnante.
-C'est... C'est pas moi...
-C'est ça, prends moi pour un con !
-Putain... Tu m'étrannnglll...
Il appuie un peu plus fort contre ma gorge. Je plonge ma main dans ma veste en cuir et dégaine mon Smith & Wesson dont je pose le canon sous son menton. Anita pousse un cri. Zéro relâche immédiatement son emprise et recule. Je reprends mon souffle et tousse en gardant mon arme pointée vers lui.
J'entends une porte s'ouvrir. Je me tourne vivement.
Un gosse est derrière, à moitié caché par la pénombre de la pièce dans laquelle il se trouve. Il a peur. Zéro lui parle.
-Retourne dans la chambre, Tim. Retourne dans la chambre, papa est occupé.
Je baisse mon flingue, toujours essoufflé.
-Je... Je savais pas que t'avais un gosse.
-T'es bien venu pour me buter devant ma famille, espèce d'enfoiré.
-Je suis pas venu pour te buter bordel.
Zéro se tourne vers sa femme et lui dit quelque chose en Portugais. Anita prend le môme dans ses bras et s'enferme dans la pièce.
-Alors qu'est-ce que tu fous là ?
Je finis de cracher mes poumons et me redresse.
-J'ai pas plus l'intention de te buter que je n'avais celle de tuer Pablo. Quelqu'un est passé après moi.
-Je comprends rien.
Je range mon revolver et m'installe sur le canapé.
-C'est pourtant simple : Horatio Vanderbeke fait le ménage dans son entourage.
-Pourquoi Vanderbeke voudrait nous buter, Pablito et moi ?
-Parce qu'il sait que je le cherche, et que c'est pas pour l'inviter à jouer au beach volley. J'ai pas encore toutes les réponses dont j'ai besoin pour lui mettre la main dessus, il faut que tu m'aides.
-Pourquoi je t'aiderais, y'a deux minutes t'étais prêt à me mettre une balle juste devant mon gosse.
-Parce que sinon c'est pas moi, mais Vanderbeke qui te la mettras, à toi et à toute ta famille ! Si j'avais voulu te descendre, j'me serais pas contenté de t’assommer l'autre jour !
Il s'assied à coté de moi.
-Bon, admettons que tu racontes pas de conneries. Pourquoi tu viens me voir ?
-Je dois savoir où il se trouve pour lui régler son compte.
Zéro souffle.
-J'y comprends plus rien.
-Pourtant tu sais que j'ai raison. Quand je suis parti, ton pote Pablo était toujours vivant. Un peu secoué, mais vivant. Un autre est passé pour le finir. A ton avis, qui est-ce que ça pourrait être d'autre, à part le Hollandais ?
Il secoue la tête en murmurant.
-Je sais pas...
-Personne. Dis-moi où il est. Je le retrouve, et je lui règle son compte.
-En ce moment il est sur les docks de la Seine. On attend une importante cargaison qui vient tout droit d'Amsterdam, et il veut s'en occuper personnellement. Mais il sera pas seul. Il a deux types qui montent la garde à l'entrée, et trois autres qui déchargent les caisses et qui s'occuperont d'acheminer la came vers leur planque. Ils sont tous armés.
-Ça, je m'en occupe.
Je me lève et me dirige vers la sortie. Meyer m'interpelle :
-Hé, Brennan ?
Je me retourne.
-Bon courage.
J'ai dormi tout l'après-midi à cause des somnifères pris à midi et les trois verres de whisky pour les faire descendre. J'en avais oublié Zéro. Il faut que je le cherche. Maintenant. Quitte à le faire sans avoir totalement les idées claires.
Je dois arrêter de boire, ne serait-ce que pour me concentrer sur ma mission. J'peux plus me laisser crever comme ça. Je ne peux plus me permettre de me détruire avec l'alcool.
Je prends mon téléphone et compose le numéro du seul indic en qui j'ai encore confiance.
-Allô Karl ? Tu m'entends ?
-Ouais Redig ? Putain j'entends que dalle, c'est le bordel ici !
-T'es où ?
-Hein ?
-Tu es où ?
-Au pub ! Passe boire un coup, on se marre !
Il raccroche. Je remet mes chaussures et enfile ma veste. Ça risque d 'être dur d'arrêter la picole.
Je monte dans ma caisse et conduit jusqu'au pub. Il fait froid, comme d'habitude. A croire que l'hiver ne s'arrêtera jamais.
La même petite pluie verglaçante qui commence à tomber. Heureusement que j'arrive à destination, devant le rade aux allures de QG renforcé. Caméra de surveillance au dessus de la porte d'entrée en verre pare-balle, planches de bois cloutées aux fenêtres...
Une centaine de mecs se compressent dans la salle, je pousse la porte, et par la même occasion une bande de crânes rasés en train de faire une danse Irlandaise approximative en renversant leurs bières.
Je me fraye un passage dans la foule, cherchant Karl du regard. Au moins ma coupe de cheveux passe inaperçue ici.
Je retrouve mon ami derrière le comptoir, en train d'acclamer des types qui font un pogo, foutant en l'air chaises, tables et tout ce qui se trouve dessus.
-Karl ! Karl !
-Oh, Red ! Ça va ?! Tu prends une mousse.
Il a déjà attrapé un boc qu'il dirige vers la tireuse à bière.
-Non, merci.
Il repose la pinte.
-Alors, qu'est-ce que tu voulais ?
-Quoi ?
-Qu'est-ce que tu... Bon, viens, on va dans mon bureau, ça sera plus tranquille.
Nous montons un petit escalier en colimaçon, menant à un couloir dans lequel se trouvent deux portes. L'une est celle des chiottes, bloquée par un type allongé dans son vomi, trop ivre mort pour faire les deux pas de plus qui le conduisaient au lavabo. L'autre porte simplement une petite plaquette « privé ». Karl l'ouvre.
La petite pièce ressemble plus à un débarras qu'autre chose. Un petit bureau, posé au milieu d'un foutoir. Cartons de bière, papiers en tout genre, boites, armoires débordantes. Sur son bureau, des dizaines de petites fiches, de gros classeurs remplis jusqu'à la gueule qui vomissent encore d'autres papiers quand il les pousse pour faire un peu de place.
Il soulève sa chemise et sort un 11,43 de son pantalon qu'il range dans une armoire.
-Là, je serai plus à l'aise. Assieds-toi.
Je prends une chaise et m'installe en face de lui. Un gros écran d'ordinateur d'un autre âge se trouve entre nous deux, il le pousse sur un coin.
-J'ai pas eu de nouvelles de ton Hollandais. Faut croire que c'est un fantôme.
-Horatio Vanderbeke.
-Il est lié à la mort de Vinny ?
-De Greg et Vinny, oui.
Il ouvre de grands yeux en posant ses deux mains baguées et balafrées sur le bureau.
-Putain, Greg aussi ?
-Ouais... J'ai besoin que tu me retrouves un mec. Ça devrait être dans tes cordes.
Je fouille dans ma veste et sort une photo de Zéro, retrouvée dans les archives de la police après son arrestation il y a plusieurs mois pour voie de fait, que je pose sur le bureau. Je reprends :
-Siegfried Meyer. Il bosse pour Vanderbeke.
-Zéro...
-Tu le connais ?
-J'ai connu. A l'époque il venait souvent ici. Moitié Alsacos moitié Boche. J'te parle de ça, ça fait bien cinq ans. Il faisait le gardien d'immeuble pour les putes, rue Saint-Denis, entre deux bastons. Puis un jour il a plus jamais donné de nouvelles.
C'est fou comme le monde est petit.
-Apparemment il est monté en grade. Tu sais où je peux le trouver ? Dis-je en rangeant la photo dans ma veste.
-Non... Enfin... Avant il était maqué avec une nénette. Une pute, justement. Il créchait souvent là-bas. Je sais pas si ils sont encore ensemble, mais ils parlaient souvent de projets.
-Elle vivait où ?
-Elle a un studio dans le XVIIIème. Lopez, Anita Lopez. Une Brésilienne. Vachement bien gaulée d'ailleurs. Si tu veux j'peux essayer de te dégoter son numéro de téléphone.
-Nan, je voudrais éviter de prévenir Zéro. Il est en cavale et il sait que pas mal de mecs sont à ses trousses.
-Qu'est-ce qu'il a à voir avec tout ça ?
-Il bosse pour le Hollandais. Et il a sûrement des infos pour moi. Merci, Karl. Prends soin de toi.
Je lui serre la main.
-Salut Red. Fais gaffe à toi.
Je quitte la chaleur de l'endroit pour retourner au froid des rues de Paris.
En remontant dans ma voiture, je vérifie mes armes. Le 357 a ses six coups et le Glock son chargeur plein. Si ça dégénère, je suis paré.
Il ne me faut pas longtemps pour atteindre l'immeuble d'Anita Lopez. J'espère que Meyer est ici.
Je gare ma voiture au pied du bâtiment et entre dans le hall.
Je vérifie les boites aux lettres. Lopez. Troisième étage, droite. Je vais prendre les escaliers.
J'allume la minuterie et monte, la main posée sur la crosse de mon revolver. Arrivé sur le pallier, je frappe à la prte.
-Qui c'est ? Demande une voix féminine depuis l'intérieur.
-Police ! Ouvrez !
Pas de réponse. Je frappe à nouveau.
-Ouvrez la porte !
Quelques secondes passent encore, puis elle se déverrouille.
Une jeune femme brune aux grands yeux noirs me regarde depuis la petite ouverture de la porte entrebâillée.
-Qu'est-ce que vous voulez ?
-Siegfried Meyer, il est là ?
-Non, il est tard, vous n'avez pas le droit.
Elle veut fermer la porte, mais je la bloque avec mon pied.
-Juste un instant.
Elle baisse les yeux.
-Bon, entrez si vous y tenez tellement.
Je pénètre dans l'entrée. Le petit studio est assez bien rangé, en tout cas beaucoup mieux que mon appartement. Je cherche des indices. Il y a une Playstation, avec des boites de jeux de foot et d'action posés dessus.
-Vous jouez souvent aux jeux vidéo ?
-Vous avez bientôt fini ? Me demande-t-elle en croisant les bras.
Elle porte une nuisette qui met assez bien ses formes en valeur. Mais je n'ai pas le temps de me laisser aller à mes constatations lubriques. Une batte de baseball est posée contre le canapé.
-Sportive?
-C'est pour me défendre.
-C'est moins pratique qu'une bombe lacrymogène.
Au fond du salon, une porte est fermée.
-Qu'est-ce que c'est là-bas ?
-Les toilettes.
Je m'y dirige.
Alors que je marche, quelqu'un me pousse violemment dans le dos. Trop brutalement pour que ce soit le petit bout de femme de cinquante kilos qui m'a ouvert.
Je prends un mur en pleine gueule. Deux grosses mains m'agrippent par les épaules et me retournent. Je vois la grosse tête de Zéro grimaçante juste devant moi. Il tient sa batte de base-ball contre ma pomme d’Adam et appuie ma tête contre le mur.
-Alors espèce d'enculé, tu pensais buter Pablito et venir me faire la peau ensuite.
J'ai du mal à parler. En réalité, j'ai du mal à faire quoi que ce soit. Sa force est impressionnante.
-C'est... C'est pas moi...
-C'est ça, prends moi pour un con !
-Putain... Tu m'étrannnglll...
Il appuie un peu plus fort contre ma gorge. Je plonge ma main dans ma veste en cuir et dégaine mon Smith & Wesson dont je pose le canon sous son menton. Anita pousse un cri. Zéro relâche immédiatement son emprise et recule. Je reprends mon souffle et tousse en gardant mon arme pointée vers lui.
J'entends une porte s'ouvrir. Je me tourne vivement.
Un gosse est derrière, à moitié caché par la pénombre de la pièce dans laquelle il se trouve. Il a peur. Zéro lui parle.
-Retourne dans la chambre, Tim. Retourne dans la chambre, papa est occupé.
Je baisse mon flingue, toujours essoufflé.
-Je... Je savais pas que t'avais un gosse.
-T'es bien venu pour me buter devant ma famille, espèce d'enfoiré.
-Je suis pas venu pour te buter bordel.
Zéro se tourne vers sa femme et lui dit quelque chose en Portugais. Anita prend le môme dans ses bras et s'enferme dans la pièce.
-Alors qu'est-ce que tu fous là ?
Je finis de cracher mes poumons et me redresse.
-J'ai pas plus l'intention de te buter que je n'avais celle de tuer Pablo. Quelqu'un est passé après moi.
-Je comprends rien.
Je range mon revolver et m'installe sur le canapé.
-C'est pourtant simple : Horatio Vanderbeke fait le ménage dans son entourage.
-Pourquoi Vanderbeke voudrait nous buter, Pablito et moi ?
-Parce qu'il sait que je le cherche, et que c'est pas pour l'inviter à jouer au beach volley. J'ai pas encore toutes les réponses dont j'ai besoin pour lui mettre la main dessus, il faut que tu m'aides.
-Pourquoi je t'aiderais, y'a deux minutes t'étais prêt à me mettre une balle juste devant mon gosse.
-Parce que sinon c'est pas moi, mais Vanderbeke qui te la mettras, à toi et à toute ta famille ! Si j'avais voulu te descendre, j'me serais pas contenté de t’assommer l'autre jour !
Il s'assied à coté de moi.
-Bon, admettons que tu racontes pas de conneries. Pourquoi tu viens me voir ?
-Je dois savoir où il se trouve pour lui régler son compte.
Zéro souffle.
-J'y comprends plus rien.
-Pourtant tu sais que j'ai raison. Quand je suis parti, ton pote Pablo était toujours vivant. Un peu secoué, mais vivant. Un autre est passé pour le finir. A ton avis, qui est-ce que ça pourrait être d'autre, à part le Hollandais ?
Il secoue la tête en murmurant.
-Je sais pas...
-Personne. Dis-moi où il est. Je le retrouve, et je lui règle son compte.
-En ce moment il est sur les docks de la Seine. On attend une importante cargaison qui vient tout droit d'Amsterdam, et il veut s'en occuper personnellement. Mais il sera pas seul. Il a deux types qui montent la garde à l'entrée, et trois autres qui déchargent les caisses et qui s'occuperont d'acheminer la came vers leur planque. Ils sont tous armés.
-Ça, je m'en occupe.
Je me lève et me dirige vers la sortie. Meyer m'interpelle :
-Hé, Brennan ?
Je me retourne.
-Bon courage.
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