L'heure n'est pas à l'apocalypse-partie 1
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J'ouvrais lentement mes yeux, un son étrange venait d'interrompre mon sommeil. Ma tête était appuyée contre le sol. Très surpris, je me mettais à genoux tout en passant un de mes doigts sur ma lèvre, afin d'y enlever quelques grains de terre qui y étaient collés.

Un champs labouré s'étendait à perte de vue. J'étais moi-même agenouillé en son milieu, je n'en revenais pas. L'esprit embrouillé, je fixais une des nombreuses flammes présentes autour de moi. Hautes comme des poulains, elles s'étendaient sur la totalité du champs, ou du moins de ce que je pouvais en voir. Espacées de quelques mètres les une des autres, cela donnait un petit coté apocalyptique à la scène qui s'ouvrait devant mes yeux. Le ciel noir comme l'encre renforçait l'effet en permettant aux couleurs chaudes de se refléter sur la terre, qui perdait sa teinte originelle. Je n'avais rien à faire dans cet effrayant décors. Justement, une question se posait à moi. Qu'est-ce que je faisais là ?
Je levai ma tête vers le sombre ciel, mais aucune parole ne vînt assister ce geste. Un son autre qu'un crépitement de feu se fit entendre à ma droite. Je tournai la tête, intrigué, et ce que je vis me troubla. Lentement, un bras s'extirpa d'une flamme proche de moi. Une peau brulée cloquait et se détachait du membre squelettique, dont la main tentait d'attraper quelque chose, mais ne trouvait rien d'autre que des poignées d'air. De longs ongles griffaient la terre, le grattement qui s'ajoutaient au crépitement des flammes rendait la scène plus que malsaine. La chose cherchait surement à s'extirper du feu, et y parvînt grâce à ses efforts. Un second bras sortit lentement, le sommet d'un crâne finit par se détacher de la flamme. Pendant de longue minutes, la scène fut figée. Je regardais l'être se battre pour ramper, et lui ne levait même pas les yeux vers moi. J'étais envouté, surement par la peur.
Une légère brise se leva sans prévenir. Les flammes s'éteignirent toutes en même temps, me plongeant dans le noir total. En une fraction de seconde, je me retrouvais seul à ne plus y voir. L'angoisse monta très vite, ma respiration se fit plus rapide, mon cœur s'emballa. Je craignait ce qu'il pouvait m'arriver avec une créature si proche de moi. Rares sont les cauchemars si réels. J'avais l'impression d'y être réellement, j'ai même cru mourir à un instant. Mon cœur s'est presque arrêté au moment où quelque chose, peut-être une main, s'est posée sur mon épaule. Ma respiration s'est tout de suite stoppée, je n'osais toujours pas bouger.

« Il commence à se faire tard, me susurra-t-on à l'oreille en se collant à moi.»

J'imaginais la créature derrière moi, passant sa tête par dessus mon épaule, articulant le moindre de ces mots avec une mâchoire presque pendante. Mais ce n'était que mon imagination, car dans un cas pareil, elle aurait eu du mal à parler.

« Tant d'années...et je me meurs...
-Qui...
-Peux-tu me sauver ?
-Vous êtes qui ?.
-Oui tu le peux...oui...peut-être bien... » 

Une langue se plaqua contre ma joue, puis remonta lentement jusqu'à mon arcade. Acte absolument répugnant, mais également horrifiant, dans la mesure où je ne voyais toujours pas. Et dire que j'avais articulé quelques mots. Cela m'a calmé, j'étais si apeuré que je ne risquais plus de l'ouvrir. J'aurais très bien pu me faire dessus.

« Je me meurs...tu ne peux rester en ce lieu. Le temps se fait de plus...plus en plus court. Mais avant cela il me la faut...pour ma vie.
-aa...
-Comprends-tu ? COMPRENDS-TU ?
-ha...heu...
-REPONDS !
-No...non.
-Je souffre d'une telle ignorance...d'une telle pureté. Elle est ici...suis la voix du père, il doit savoir.
-Le père ?
-Je souffre...sauve moi, trouve-là. Il se fait tard...le temps est court. »

Et la créature se dégagea, sa voix se fit de plus en plus faible. La lumière ne revînt pas, je m'aperçus que mes paupières étaient fermées. Je le ouvris, et fus rassuré. Le clair de lune éclairait ma cellule. Par une étrange transition, je m'étais réveillé. C'était donc bien un cauchemar. J'avais dû imaginer cette chose et ses propos insensés.
Néanmoins, l'heure n'était pas encore au lever, mais l'envie de dormir m'avait passée. J'ai suis donc resté assis à réfléchir toute la nuit, principalement sur ce cauchemar, que je n'arrivais pas à me sortir de la tête. Plus je réfléchissait, plus le temps passait. Le soleil finit même par se lever. C'est à ce moment que j'ai compris que quelque chose clochait, la cloche n'avait pas sonnée pour le réveil. Étrange...et les Matines dans tout ça ?

J'enfilai ma bure et sortit de ma cellule en courant.