Note de la fic : :noel: :noel: :noel: :noel:

Layla Wa Jeïel


Par : Warser
Genre : Action, Fantastique
Statut : C'est compliqué



Chapitre 5


Publié le 26/07/2012 à 08:01:27 par Warser

Eagal hésita un instant, puis un sourire se dessina sur son visage.
- J'espérais pouvoir les épargner, lança-t-il en désignant les cinq soldats qui s'approchaient. Mais... Visiblement, on a pas vraiment le choix.
Relevant sa manche, il découvrit le tatouage qui ornait son avant bras. Une étoile à six branches, différente des pentacles habituels, aux runes finement dessinées. Alors qu'il l'effleurait de son index, les branches du symbole rougirent faiblement.
"Voleuse d'âme, sauvage fille de Kaï tan
Valkyrie infernale, puissante sœur du Péché
Arme toi de ton funeste instinct
Accomplis ton morbide dessein
Dès lors, de tes chaines sois déliée
De mes runes, sois libérée
Jusqu'à ce que leurs âmes soient dévorées. "
Alors qu'Eagal tombait à genoux, le visage crispé de douleur, une flamme noire jait devant lui. Les soldats s'étaient arrêtés, interdits. Le feu s'éteignait peu à peu, et au millieu des cendres, une longue silhouette féminine se leva, ses cheveux noirs tombant jusqu'aux anches.
- Tiens, j'ai le droit de m'amuser, maintenant? remarqua-t-elle avec un sourire narquois.
- Ils sont à toi, Erena, lança Eagal en s'asseyant péniblement.
Le visage de la succube s'illumina d'une joie presque enfantine, alors que son éternelle robe rouge se colorait d'un noir d'encre. Au fond de ses yeux sombres, la flamme orangée brûlait toujours, plus vive que jamais. Les soldats reculaient lentement devant le démon, qui marchait vers eux d'un pas nonchalant. Alors que l'un des gardes levait son arme pour se défendre, la fine main de la succube s'enfonça dans son cou, déchirant sa jugulaire. Les autres hommes restaient paralysés de peur. Savourant ce moment de liberté, Erena approcha lentement son visage de celui de l'homme agonisant, qui la fixait avec terreur et impuissance. D'un geste tendre, elle embrassa langoureusement sa proie, se délectant du sang qui coulait à flot dans sa bouche. Le corps du garde tomba à terre, les yeux révulsés.
Se retournant vers un les autres soldats, qui tentaient de s'enfuir, elle projeta quatre chaines d'acier gris qui les fauchèrent dans leur course, et avec un sourire à glacer le sang, elle plaqua le visage de l'un d'entre eux sur le sable.
Alors que ses ongles s'enfonçaient dans le crane de l'homme, dont les hurlements de souffrance retentissait sur la crique, une onde de lumière rouge parcourut le bras d'Erena, qui frissona de plaisir. Une expression d'intense plénitude et de jouissance s'imprimait peu à peu sur son visage, alors que l'âme de l'infortuné garde courait le long de ses membres.
Tsvao ne faisait pas même attention au massacre qui se déroulait à quelques mètres delui. Il s'était précipité vers la jeune fille.
- Tu peux nous téléporter, maintenant? Elle a besoin de soins !
- Il va falloir que je trace le pentacle. Et puis, je ne suis pas sur de vouloir la prendre avec nous. C'est d'elle qu'émane la puissance dont je t'avais parlé. C'est risqué, je te dis, répondit Eagal, l'air soucieux.
Se levant, Tsvao lança à son ami un regard indigné et surpris. Il cherchait la vengeance, mais parfois, d'anciennes valeurs, ressurgissant des tréfonds de son esprit, prenaient le dessus.
- C'est un être humain, Eagal...
Se levant, le mage, résigné, se mit à tracer les runes du cercle.
- Un être humain, ouais, grommela-t-il. Une jeune fille surtout, charmante, d'ailleurs. Tu ne changeras jamais, Tsvao.
Les deux amis furent interrompus par le retour d'Erena, qui léchait ses doigts rougis. Elle avait repris sa forme habituelle, sa robe rouge facilement repérable au milieu de la nuit. Son visage, reflétant toujours une innocence juvénile, était aspergé de sang.
- Ça fait un moment que je n'avais pas été aussi satisfaite... Sans vouloir t'offenser, Tsvao !
- Désolé, je fais passer mon âme avant ma virilité et ma fierté masculine, répondit-il machinalement.
Avec un petit sourire, Erena jaugea le jeune guerrier. Son âme était sans doute encore fraîche, presque pure... Et l'énergie de son corps... Tant à puiser...
- Des fois, je me dis que c'est vraiment dommage que tu sois l'ami d'Eagal... C'est un compliment, bien sûr, ajouta-t-elle d'un ton badin.
- Le mage éclata d'un rire nerveux.
- Je sens que tu auras beaucoup d'autres âmes à voler, Erena. Tu vas lui faire peur, là. Essaie plutôt de ranimer notre hôte ici présente, voir ce qu'on peut faire d'elle.
Avec un petit haussement d'épaule, elle s'approcha la jeune fille qui reposait sur le coté, étendue sur le sable. Se penchant vers elle, Erena tendit la main. Un éclair aveuglant perça la nuit, comme le puissant éclat d'une étoile du ciel. La succube se retira rapidement, comme brûlée, et suçant son doigt pour atténuer la douleur, elle hocha la tête.
- Bénédictions Wei-Shay'la très puissantes. Je n'avais pas eu ce genre de sensations depuis la fois ou tu m'as demandé d'occuper un chevalier de l'ordre Wei pendant quelques heures.
Le visage d'Erena se crispait de souffrance à l'évocation seule de ce souvenir. Eagal soupira alors qu'il finalisait le pentacle.
- Tu vas devoir la porter, Tsvao. Sans doute une magie Wei-shay'la quelconque qui empêche les démons de s'approcher.
Sans mot dire, le jeune homme souffla une de ses mèches blondes, qui s'était libérée de son capuchon et tombait à présent sur le haut de son nez. S'approchant de la jeune fille, il la prit dans ses bras. Une douce chaleur parcourut alors son corps, alors qu'une enveloppe translucide, qui brillait d'une lueur laiteuse, se matérialisait autour du corps de son précieux fardeau. Tsvao sentit la force revenir dans ses bras, alors que l'énergie du sortilège courait le long de ses veines. Le temps sembla s'arrêter, toute souffrance s'échappait de son corps. Ses plaies se refermaient, lentement et sans douleur. Surpris, il cligna des yeux, regardant la jeune fille. A présent que son visage était illuminé par l'énergie de l'étrange magie qui était à l'œuvre, Tsvao pouvait la contempler, éclairée d'une lueur surnaturelle. Sa blessure à la tête s'était refermée, ne laissant qu'une cicatrice. Elle reposait à présent paisiblement sur l'avant bras du jeune homme et ses cheveux roux coupés au bol oscillaient lentement sous la douce brise de la crique. Ses lèvres entrouvertes, doucement éclairées par la lune et la magie Wei-Shay'la, traduisaient la tranquillité, la douceur paisible du repos.
L'image du rêve. C'était elle, à n'en pas douter. Elle n'était plus recroquevillée, ni apeurée, elle était éblouissante et rayonnante de beauté. Irradié, Tsvao avait perdu son regard dans les splendides traits son visage, et restait immobile, dans une vénération silencieuse.
- Un Sanctuaire de Shay'la... commenta le mage. Je n'avais jamais vu ce type de puissance à l'œuvre. Bien, nous aurons à parler une fois à l'intérieur.
- Qu'est ce que... commença Tsvao
Frappant du pied en prononçant une consonne gutturale, le mage abrégea le processus de téléportation. Aspiré sans douleur par le sol, Tsvao tomba lourdement sur le sol froid de la salle d'évocation, sur le dos, la jeune fille toujours lovée dans ses bras. La pièce était faiblement éclairée par trois chandeliers posés sur une grande table de bois précieux, et de confortables sièges étaient alignés contre les murs. Une ancienne salle de conférence, peut être. Allongeant avec une révérence mêlée de tendresse la jeune fille sur un fauteuil long calé près de la grande cheminée finement ornementée qui trônait près de la porte, Tsvao se retourna vers Eagal. Le mage avait tiré un siège, et s'était assis, toujours engoncé dans sa robe de chambre à moitié trempée. Restant debout, Tsvao sentit la douce chaleur le quitter peu à peu, et sa félicité parfaite se dissipa lentement. La fatigue d'un dur combat au milieu de la nuit alliée à l'incompréhension gagnaient son esprit.
- Tu peux m'expliquer ce qui s'est passé?
Se séchant d'un geste de la main, Eagal s'installa profondément dans son siège.
- Tu ferais mieux de prendre une chaise toi même. Ça risque d'être long. Ou alors, je pourrais juste te dire que tu es un fichu cœur d'artichaut encore désorienté par les charmes d'Erena. Mais dans le cas présent, ça n'explique pas tout, malheureusement.
Avec un signe de tête, Tsvao prit lui même une chaise d'osier simple, et s'assit devant le mage, qui riait seul de son bon mot.


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