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Layla Wa Jeïel


Par : Warser
Genre : Action, Fantastique
Statut : C'est compliqué



Chapitre 1 : Eagal Sobresud


Publié le 20/07/2012 à 10:05:40 par Warser

Fic d'Heroic fantasy (le genre était pas disponible :noel: ) Allez, bonne lecture.

La mer était calme, et il faisait chaud pour un soir d'hiver. Tant mieux. Voilà plusieurs semaines qu'Eagal était barricadé dans sa demeure, creusée dans la falaise, et il était proprement impossible de le contacter sans aller frapper à sa porte. S'asseyant confortablement au fond de sa barque, Tsvao Blinnc s'autorisa un instant de repos, profitant des derniers rayons du soleil couchant. De toutes façons, il était imprudent de partir avant que la nuit ne soit complètement tombée, son hôte le lui aurait vivement reproché. Les yeux perdus dans l'horizon, le jeune homme pensait à la vie qu'il aurait pu avoir. Une grande villa, ici même, à Ois, ce petit port de pêche tranquille du sud d'Iscaar. Un mariage heureux, avec une jeune et jolie promise... Mais c'était du passé. Sa vie aurait été tellement ennuyeuse. Tout de même, ce hameau au bord de la mer avait un certain charme...

Tsvao posa son long sabre devant lui, et s'adossa au bois de la barque, attendant qu'une douce nuit étoilée recouvre la région. Il se souvenait de ces longues nuits, sur les plages et les criques, reposant sur le sable chaud, les yeux perdus dans les deux milles étoiles du Wei-Shayla. Lui, Eagal, et puis... cette fille. Il se souvenait aussi d'elle. Ses cheveux châtains, son magnifique sourire. Sa tête négligemment abandonnée sur l'épaule ou le torse du jeune homme, son éclat de rire franc et moqueur. Laissant vagabonder son esprit au gré des souvenirs, il fut emporté, pour un court moment privilégié, loin du présent, du personnage obscur qu'il était devenu. Il n'était pas le seul. Eagal aussi, avait choisi une voie des plus sombres. Moins aventureuse, mais toute aussi dangereuse et anormale. Des rumeurs avaient couru à leur popos dans la région. Des fous, des délinquants infréquentables. Par provocation, son vieil ami s'était installé non loin d'Oïs, dans une crique protégée par des récifs affleurant l'eau, que les villageois évitaient à présent. C'était tout aussi bien. Au moins, Tsvao avait un lieu sûr pour se faire oublier, au cas où ses affaires tournaient mal. Mais enfin, par les temps qui courraient, les nobles de la région avaient autre chose à faire que de le traquer : les hordes barbares de l'est s'agitaient, détruisant les avant-postes, pillant les villages frontaliers. Les armées et polices d'Isgaar avaient du se mobiliser d'urgence. Au moins, lui, était laissé un peu tranquille.

La nuit commençait lentement à envelopper le port. Le silence s'installait, et seule l'éternelle flamme du phare d'Oïs brillait encore d'un éclat surnaturel. Tsvao enfila ses gants de cuirs, rabbatit son capuchon, et s'éloigna du ponton avec d'amples mouvements de rame. C'était fatiguant, mais il n'avait pas le choix. Les gardes côtes auraient détecté de loin toute forme de mécanique ou de magie, et la voile n'était pas envisageable sur un littoral où le vent ne soufflait qu'épisodiquement. Et puis, la demeure D'Eagal n'était pas si loin.

Le jeune homme naviguait dans le noir, sans lumière. Une simple lanterne attirerait les patrouilles comme les moustiques, en particulier en une soirée si chaude. Et puis, Tsvao était habitué à l'obscurité. Habituellement, il n'opérait que de nuit, avec discrétion, à la seule lueur des étoiles et de la lune. Il lui fallait tout de même être prudent. Les gardes-côtes de la région étaient des incapables, dont il avait trompé la vigilance à plusieurs reprises en dérobant les trésors de convois maritimes, mais les récifs qui protégeaient la crique d'Eagal étaient beaucoup plus traîtres et dangereux. Les marins de la région disaient qu'ils étaient mouvants, et qu'ils s'attaquaient spontanément aux navires qui tentaient d'approcher la côte. Tsvao esquissa un sourire. Son ami avait su se construire une réputation auprès de ces naïfs. On lui accordait des pouvoirs bien plus importants que ceux qu'il avait vraiment. Ou du moins, d'un autre genre.

Alors qu'il s'approchait de la crique, des chants parvenaient aux oreilles de Tsvao. De mélodieux poèmes, des musiques envoutantes. Même le sifflement du vent semblait une douce complainte, alors qu'il résonnait sur la falaise. Et puis, si l'on prêtait l'oreille, on percevait des pleurs, des cris étouffés. De lointains et déchirants sanglots. Avec un soupir, Tsvao sortit deux boules de cire sèche de sa poche, et se boucha les oreilles. Oh, il y était habitué, bien sûr. Mais il aurait bien voulu, un jour, pouvoir écouter jusqu'au bout, sans risquer d'être envoyé par le fond de cette eau si tranquille. La crique maudite. La crique chantante. La crique du diable. La demeure de Kaï tan. Oui, cette petite enclave dans la falaise méritait bien ses surnoms. Les marins qui s'y attardaient, pris d'une attirance hypnotique, s'échouaient sur les rochers acérés qui bordaient la falaise. Tsvao se souvenait de la première fois où il avait visité son ami. Charmé, comme n'importe quel homme, par les chants et mélodies venant droit des abysses, il avait plongé dans les flots de l'océan Isgaari, aveuglé, désirant plus que tout rejoindre les magnifiques créatures qui l'avaient enchanté.

L'expérience n'avait pas été déplaisante, fallait-il ajouter. Mais sans l'intervention de Gwaar, Intendant D'Egaal, il reposerait sans doute toujours dans les calmes profondeurs de l'eau.

Prenant pied sur la plage, Tsvao s'arrêta un moment, prit une longue bouffée d'air frais, et s'humecta le visage., Les chants, pour le peu qu'il en avait entendu, l'avaient engourdi. Pourtant, il ne fallait pas qu'il oublie ce qui l'avait mené ici. Parler affaires avec Eagal. S'allongeant sur les graviers de la crique, il entreprit de reprendre lentement ses esprits. Au dessus de lui, Yona. Yona faiseuse de veuves, Yona la terrible, Yona la magnifique, Yona joyau du sud. C'était ainsi qu'on appelait la majestueuse falaise de grès qui s'était formée des millénaires avant l'installation des hommes à Oïs. L'éclat de la pleine lune illuminait ces remparts infranchissables, qui avaient longtemps tenu les aventuriers de l'archipel de Tezgane loin des côtes ingrates du sud d'Isgaar. Jusqu'à la fondation d'Oïs. Ce petit port s'était développé sur une des seules plages dépourvue de récifs meurtriers. Un miracle. Un acte de Shayla.

Se relevant, alors que l'effet des chants se dissipait peu à peu, Tsvao remit ses pensées au clair. Le convoi. Il était venu pour ça. Un vaisseau qui devait arriver discrètement à Oïs, tôt dans la matinée du lendemain. Lourdement gardé et armé. Une délégation de nobles de l'intérieur s'était installée à l'auberge d'Oïs pour récupérer le colis. Non seulement l'objet transporté devait être d'une valeur inestimable, mais la jouissance d'infliger une nouvelle défaite à la haute noblesse du nord valait à elle seule tous les trésors. Le problème, c'était les gardes. Cette fois, les propriétaires de l'objet transporté avaient fait appel à un groupe de mercenaires pour le protéger. Des barbares de l'est. Ils étaient réputés pour leur vue et leur ouïe affûtée, capables de ressentir la présence d'un homme à plusieurs centaines de mètres, dans la nuit. Sur ce coup-là, Tsvao avait besoin d'un peu d'aide. Il s'avança vers la roche, et caressa ce qui semblait être une fissure. A son toucher, la pierre se réchauffa, s'agita, comme la peau d'un animal. Un étrange son rauque retentit alors que la fissure s'élargissait, pour prendre la taille d'un homme.


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