La vie aveugle.


Il était une fois un monde que beaucoup qualifieraient d'imaginaire, dont les immenses montagnes rocheuses ne pointaient qu'au crépuscule, puis disparaissaient lorsque brillaient les premières lueurs du jour. Inaccessible depuis la nuit des temps, il s'étendait entre deux mondes, dans un plan nullement connu de nous autres, insoucieux êtres humains. Ce monde, né de lui-même et doté de sa propre conscience, se nommait Le Coeur.

Il était également un enfant. Jeune garçon, haut de dix ans... Mais pas seulement. Il était aussi une fille, jeune enfant âgée de neuf années. Tous deux ne se connaissaient nullement, mais habitaient la même ville.

Un beau jour de fête, alors que la bonne humeur infestait les rues, que le ciel saupoudrait de neige les toits des maisons et que la nuit tombait, Le Coeur désigna ces deux jeunes enfants. Alors nichés dans leurs lits, fermant paisiblement leurs yeux, il les enleva et les laissa s'éveiller dans une habitation en ruine. Ce petit garçon et cette petite fille se retrouvaient hors de leur monde, Le Coeur les avait choisi, leur permettait d'arpenter ses sentiers sinueux.


Père Noël : Oh ! Oh ! Oh !

En voilà une bien mignonne histoire.

Droran : Plutôt, oui. Un monde onirique, une fillette... Avec cela je suis sûr de gagner !

Père Noël : Mais que se passe-t-il par la suite ?

Droran : Vous ne préférez pas attendre que je le termine ?

Père Noël : Bien sûr, mais tu peux bien m'en raconter un peu. Même un tout petit peu.

Droran : D'accord... Je vais essayer de faire court.


Le jeune garçon s'éveillait face à un mur effondré donnant sur un chemin tracé à travers des rochers, sous le regard de la fillette qui par la suite se mit à courir à l’extérieur. Il remarqua une corde à ses pieds, qui s’étendait jusque bien au-delà du bâtiment défoncé, et en attrapa le bout. La voix de Le Coeur lui parvint aussitôt, lui expliqua que cette corde était le bien, son alliée ; qu'en la suivant il lui serait possible de retourner chez lui, mais ajouta également que tout ce qui pourrait être pris au piège par elle lors de leur chemin ne serait que mal, et ne mériterait pas de vivre.

S'ensuivit un périple dans les montagnes, en de magnifiques panoramas sous des cieux nuageux, des couchers de soleil et d'autres plus beaux moments encore. L'aventure fut difficile. Il rencontrèrent des obstacles, et tuèrent également plusieurs animaux, et un humain.

Au final ils arrivèrent au sommet de la plus haute montagne, où l'autre extrémité de la corde tombait dans un cratère : leur échappatoire.

Seulement, la jeune fille se prit dans la corde, qui s'enroula autour d'elle. Finalement, elle était le mal, elle aussi. Le jeune homme se devait de la laisser derrière lui et retourner dans son monde, mais il ne parvient à s'y résoudre et tenta de lui venir en aide. Chose impossible. Alors il attrapa une pierre tranchante pour sectionner la corde, et la voix de Le Coeur résonna, l'implora de ne pas faire cela, qu'en auquel cas il ne pourrait jamais repartir.

Le choix fut difficile, mais le jeune homme libéra sa compagne, préférait vivre dans ce monde pour toujours avec elle plutôt que l'abandonner, rentrer chez lui sans qu'elle ne puisse l'y suivre ; et le ciel se mit à pleurer de la neige, alors que le cratère se referma.


L'on signala leur disparition le matin de noël, pour ne jamais les retrouver.


La moralité de l'histoire serait de ne jamais laisser d'autres nous dicter notre conduite, que l'on ne peut regretter nos propres choix, que les liens du coeur sont plus forts que ceux de la raison... Ou ce que vous voudrez bien en déduire.