HS : pas de chapitre hier, désolé.
Enjoy.




Chapitre 8 : Couleurs

Mon réveil sonne, samedi matin à l'aube. Je peux entre-apercevoir les rayons du soleil à travers mes volets à moitié fermés. Je sors de ma chambre et vais déjeuner dans mon salon. Je me suis enfin remis de l'incident qui m'est arrivé jeudi. J'essaie de faire la part des choses. Il faut absolument que j'oublie tout ça, que je les oublie, que je n'écoute plus leurs appelles. Je veux vivre une vie normale, je veux devenir normal, je veux devenir quelqu'un. Quand j'étais jeune, j'étais plein de vie. Dynamique, entreprenant, volontaire et ouvert à toutes sortes d'expériences. Et plus les années passaient, plus je me suis laissé aller pour devenir la loque que je suis aujourd'hui. J'en viens à avoir des vues sur une simple serveuse de restaurant... Et j'aspire déjà au nouvel amour alors que ma rupture avec Anna est toute récente... La rupture... je vais sûrement devoir en reparler avec Tom quand il arrivera.

Je l'estime beaucoup, lui. Il cherche à profiter de sa seule et unique vie, il touche à tous les domaines, souhaitant laisser son emprunte partout. Un peu ce que j'étais enfant. Maintenant je cumul deux jobs, d'ailleurs, je reprends le boulot lundi. Dernier week-end en tranquillité...pour l'instant. Je dois changer. Tout changer. Cette vie monotone va me pousser à me coller une balle dans la tête sur une aire d'autoroute, ou, pourquoi pas au sommet de la Tour Eiffel pour un peu d'originalité, ou à me jeter sous un train.
Souvent, à une période de notre vie, on la définie temporaire. C'est à dire qu'on veut vite terminer cette période là pour se stabiliser et enfin commencer la vie qu'on entend. Moi, cette "vie temporaire", je suis en plein dedans et depuis bien trop longtemps. Que ça soit à cause de ma prétendue folie, ma rupture,... principalement à cause d'eux. Source de ma "folie". Je les hais. Ils ont pourri ma vie de la pire façon possible.

J'entends la porte de mon entrée s'ouvrir, mes yeux se tournent droit vers celle-ci.

"Désolé de faire irruption... mais ta porte est ouverte... en quelques sortes..."

Dit-il en pointant le trou s'y trouvant. Je bondis de mon fauteuil duquel j'avalais des céréales pour enlacer amicalement Tom.

" Pouah, j'suis heureux de te voir ! Ouais, et, désolé, j'ai pas encore eu le temps de m'occuper du trou. Enfin bref, raconte, tu deviens quoi bordel ? On s'est pas vu depuis... enfin tu sais. "

"Je sais !"

Dit-il, acquiesçant d'un signe de la tête.

"Bon, bah on s'y met ? "

Il laisse échapper un sac de décorations et autres beuveries avec lui.
Nous nous amusions tous deux à décorer mon studio et à y préparer la musique tout en alimentant le travail par quelques discussions ponctuées.

"Red n'était pas censé t'accompagner ? "

"Injoignable depuis hier. Mais ne t'en fais pas, il devrait arriver soit en même temps que tout le monde, soit dans la matinée. Tu ne vas pas le louper ! "

"Merde... j'espère qu'il ne lui est rien arrivé. "

"Mais non, enfin, Blue, que veux-tu qu'il lui arrive ? "

"Ouais, t'as raison. "

Je décidais de ne pas poursuivre la discussion, et secrètement je me disais qu'ils l'avaient peut-être eus. Après tout, ils s'en sont pris à moi avant hier... Pourquoi pas mon frère.
Et voilà ! C'est exactement ce genre de pensées paranoïaques qui ont fait l'homme que je suis aujourd'hui...

" Et sinon, toi, ça va ? Enfin... depuis ce qu'il s'est passé avec Anna. "

Me demande-t-il. Je lui tends la boite de médicament que je prends tous les jours pour m'empêcher d'avoir des crises.

" Prendre 4 gélules de cette saloperie par jour c'est aller bien selon toi ? "

"Non... t'as raison, ma question était idiote. Désolé. "

Dit-il tout en passant sa main dans ses cheveux ébouriffés.

"Non, Tom, je suis un abruti. C'est à moi de m'excuser. Je ne sais plus vraiment où j'en suis, et mes consultations au cabinet de Ben portent de moins en moins leurs fruits... Je dérive, Tom. "

Il pose sa main sur son épaule tout en nouant des banderoles.

"Et je compte bien te repêcher ! Je ne suis pas juste venu pour te voir, en fait, aujourd'hui. Tu sais bien que je bosse sur un peu de tout, et j'ai enfin tout l'équipement nécessaire pour accomplir mon rêve. Créer ma web-série zombifique ! "

Je réagis au quart de tour.

"Wow ! Ce vieux projet dont tu me parlais en L ? T'as enfin réussi ?! Mec, c'est génial ! J'te souhaite du succès !"

Il me saisis par les bras.

"Fais pas semblant de pas comprendre, racl' Toi et moi ! Tom et Blue ! On va enfin les avoir nos putes de luxe !"

Sa hargne provoque en moi quelques rictus.

"Wow, on peut dire que t'es plutôt emballé et enthousiaste. Merci, ça me touche. Vraiment, qu'après tout ce temps tu sois encore autant investi là-dedans. Mais tu sais très bien que je ne peux pas. Je cumule deux emplois en même temps, j'ai très peu de temps libre..."

"Quitte tes boulots ! "

"Et l'argent, je le fais rentrer comment ? Désolé Tom, ça me touche, vraiment, mais vraiment, mais ce que tu me proposes est juste impossible. J'aurai pu à l'époque, quand on était encore au lycée, plein de rêves... Maintenant, la seule chose à laquelle je peux aspirer, c'est à la fin du monde. Ma vie est déjà foutue, j'suis destiné à être un putain de connard à job conventionnel. Toi, t'as toutes tes chances, et je veux que tu les saisisses. "

"Merde, Blue. Qu'est-ce qui a bien pu te changer à ce point ? Je te reconnais plus, c'est incroyable..."

" Ma "maladie", entre autre. J'ai perdu Anna à cause de ma crise et tu le sais très bien, et, d'ailleurs, on va éviter d'aborder le sujet. "

"Je sais, je sais... "

"Bon, Tom, on a plutôt bien avancé... d'ici une dizaine de minutes tout sera prêt. On aura plus qu'à attendre le cortège quoi. "

"Ouais..."

Tom me fixe d'un air désolé, ramène le poste radio puis me lance quelques dernières paroles.

"J'ai jamais voulu que ça se passe comme ça, Blue. Je suis vraiment confus. Si jamais j'arrive à quelque chose avec mes projets, t'en fais pas, je te garde une place au plus haut du sommet de la montagne perchée ! "

Si, si, si, encore des si. L'espoir est l'unique chose qui anime Tom. Il est persuadé qu'il arrivera à quelque chose, ou, qu'au moins il parviendra à approcher son but. Avec de telles convictions, je ne préfère pas casser l'espoir impérissable qui vit en lui depuis si longtemps.

"Merci, Tom. Pour tout.
... Bon ! Les invités ne vont pas tarder à arriver, si on commençait ? On a pas pu réparer la porte mais bon... tant pis.
Tu peux déjà lancer la playlist, va. Je vais sortir les boissons. "

Tout était prêt dans les temps, tant les décorations que le reste des préparatifs. Voir que je pouvais encore transformer ce studio miteux en salle de fête me laissait entrevoir beaucoup de futures possibilités de décoration. Alors que je repartais dans mes pensées profondes, Tom venait d'appuyer sur le lecteur audio et le son de la première musique pouvait se faire entendre.


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