Note de la fic : :noel: :noel: :noel: :noel:

L'achèvement d'une ère.


Par : Spyko
Genre : Action, Science-Fiction
Statut : Terminée



Chapitre 4 : Un retour mouvementé


Publié le 23/02/2012 à 20:16:24 par Spyko

Le frottement se poursuivit durant plusieurs secondes, durant lesquelles nous fûmes incapables de bouger. Puis il s'arrêta. Il y eut un léger grognement, le bruissement des feuilles, puis un sifflement de l'air, comme si quelque chose venait de sauter. Le silence revint.

« C'est parti..., murmurais-je. Pour le moment. Venez, on y va. »
« Et vite..., acquiesça Mike. »

Nous fîmes demi-tour, luttant contre notre instinct qui nous criait de nous mettre à courir. Courir était un signe de frayeur. Et il n'attendait que ça. Nos sacs n'étaient pas vraiment pleins, mais ça suffirait. Les habitants subissaient un rationnement, et il y avait encore tout un stock. Il fallait juste venir régulièrement pour éviter de perdre des fruits mûrs.
Soudain, l'un des pieds émit un craquement et s'écroula en travers de l'allée, nous arrachant un bref cri de terreur. Une créature surgit par cette ouverture, mais traversa le chemin en un bond, pareille à une ombre. J'enjambai le tronc brisé, tout en braquant mon arme dans la direction où elle avait disparu. Les deux autres firent de même.
Notre poursuivant passa une nouvelle fois en trombe devant nous. Notre route se poursuivit, de plus en plus effrayante. A chaque pas, le bruit mat que provoquait nos semelles en heurtant le sol humide semblait être assourdissant. A deux reprises, un autre plant de tomates s'écroula, toujours plus proche de nous.
Au bout de l'allée, les ténèbres grandissaient, au fur et à mesure que le soleil baissait dans les cieux. Les ombres du fond commencèrent à bouger. Puis l'une d'elle se précipita sur nous à une vitesse effarante. Arrivée à deux mètres de moi, elle exécuta un saut hallucinant, qui la fit disparaître de notre champ de vision.
Les battements de mon cœur augmentaient en intensité. Une nouvelle fois, je m'arrêtai net. Juste sur ma gauche, de l'autre côté de la barrière de plantes, une respiration semblable à un râle venait de rompre l'atmosphère. Je ne pus plus faire un pas de plus. Une lame aiguisée traversa les branches et les feuilles à quelques centimètres de mon ventre.
Ce fut l'élément déclencheur. Je fis un bond de côté, un dixième de seconde avant que la deuxième lame ne tranche les branches horizontalement pour rejoindre la première. Faute d'avoir réussi à me trancher en deux, la créature eut au moins le mérite de couper le tronc du pied, qui s'affala sur moi. Une seconde après, le nécromorph me sautai dessus, et, perché sur mon abdomen, il approcha une lame de ma gorge.
Matt et Mike sortirent enfin de leur paralysie, et, de quelques tirs d'une précision chirurgicale, démembrèrent la créature, qui ne fut plus qu'un buste sanglant. Je repoussai le corps, dont les appendices atrophiés de l'estomac remuaient encore spasmodiquement, et me relevai.

« Fiou, merci les mecs, soufllais-je. »
« Pas de quoi, répondit Matt au milieu d'un halètement. Mais j'avais encore jamais vu ce truc avant... T'as vu le saut qu'il a fait? »
« Ouais... confirmais-je, attendant que mes battements de coeur diminuent. Ils évoluent toujours, même après ce temps... »
« Les gars, vous allez bien? demanda une voix inquiète à mon oreille. »
« Ben? »
« Ouais. On a entendu des coups de feu d'ici. »
« T'en fais pas, c'est rien, le rassurais-je. Je crois juste que je vais devoir revaloir ça à Matt et Mike... »
« Vous en êtes où? »
« Plus très loin... »

Après un dernier regard à la créature, nous reprîmes notre chemin, mais d'un pas bien plus vif. Ce nécromorph ressemblait plus que jamais à un être humain. Les déformations et la chair déchiquetée avaient laissés place à des muscles puissants, une peau tendue, et même les deux lames, auparavant incurvées, étaient droites, comme la continuité de ses bras. Et il était suffisamment puissant pour sauter très haut. Ce n'était pas rassurant.
Il ne restait plus qu'une dizaine de mètres à parcourir pour rejoindre la lumière du soir, quand un bruit beaucoup plus imposant retentit derrière nous. Un bruit qui, lui, ne nous était pas inconnu. Un simple coup d'oeil dans notre dos nous permit d'identifier la chose qui fonçait sur nous en abattant les pieds de tomates sur son passage.

« Merde, une brute, cria Mike, au camion, vite! »
« Ben! appelais-je en courant. Ben! »
« Quoi? »
« On a une brute au cul, vous êtes où? »
« Une brute? répondit-il pour lui-même. Merde... On est déjà au camion, l'autre groupe est monté dans le sien, mais ils ont sacrément morflé. »
« Ok, faites chauffer les moteurs, on arrive! »
« Alex, elle se rapproche! s'égosilla à nouveau Mike d'une voix suraîgüe. »

L'immense créature de muscle et d'os avançait à une vitesse presque surnaturelle, bien au-dessus de celle qu'atteindrait normalement une créature de cette taille. Nous étions lancé à pleine vitesse lorsque nous débarquâmes à l'extérieur de l'allée. Mike, qui était le dernier à sortir, rabattit la grille dans son dos, ce qui ne stoppa guère le nécromorph. Le grillage vola dans les airs comme une feuille dans le vent et la brute manqua de broyer le blondinet d'un seul coup de poing.
Je me jetai à l'arrière de notre camion – le deuxième de la file.

« Allez Mike, grouille! »

A peine avait-il sauté à bord que le convoi se remettait en route en grand fracas. L'armure sur patte, emportée dans son élan, vint percuter de plein fouet le premier camion de la file, dans lequel Ben, Max, Carmen et Steph' étaient recroquevillés, leurs sacs bien calés entre les sièges. Le véhicule fut un instant sur deux roues, puis la créature se retira, et il pu revenir dans une position plus stable.
Je m'approchai du bord à l'arrière pour m'assurer que le nécromorph était assez loin. Mais je vis une toute autre chose.

« Ben, réponds! »
« Quoi? »
« C'était pas la seule, y en a cinq autre qui viennent de débarquer de derrière la colline! »
« Hein, t'es sûr?... Putain, ouais! Bon, Alex, grimpe sur la tourelle du toit. Tim, t'y vas ou t'envoie un de tes gars. »
« Ok »

Je me hissai dans le petit compartiment, et saisis la tourelle rotative. Max et Tim avaient fait de même sur leurs camions, et nous entamâmes un tir nourri sur les six brutes lancées à nos trousses. Celle qui nous poursuivait fut la première cible. Les mouvements des camions rendaient la visée difficile, mais malgré cela, elle ne résista pas longtemps aux lasers.
Les cinq autres optèrent alors pour un changement radical. Tout en continuant de courir, elles commencèrent à faire sortir de leur abdomen ces affreuses cosses acides. Les conducteurs n'eurent pas d'autres choix que de zigzaguer pour éviter les projectiles, qui s'écrasaient à proximité de la carlingue des véhicules. Deux autres brutes s'effondrèrent un kilomètre avant l'avant-poste.
Et les trois dernières eurent plus de chance.
Je vis d'un air horrifié l'une des cosses heurter brutalement le toit du dernier camion et y exploser, aspergeant l'artilleur et son arme de l'acide brulant. Les hurlements de douleurs de Tim continuèrent pendant un instant, avant qu'il ne se tût définitivement en gigotant dans son compartiment. Le transport se retrouvant sans défense, Max et moi dûmes nous concentrer pour empêcher les nécromorphs de tout détruire, le camion, son équipage et le fruit de leur récolte.
En vain...
L'acide, en s'écoulant sur le toit et les côtés, fini par atteindre l'un des pneus, qui ne résista pas longtemps. Le camion perdit alors quelques mètres sur nous, et fut bientôt à portée des trois brutes rescapées. L'une d'elle se jeta sur le toit, l'écrasant d'un bon mètre. La seconde martela de coups l'avant du véhicule, tandis que la troisième continuait à courir vers nous. Leur camion fit une embardée et se retourna, avant de disparaître dans un nuage de poussière.
Quelques secondes après, une boule de feu et un nuage de fumée montaient vers le ciel. La dernière brute continua à courir après nous jusqu'à notre arrivée à portée de tir de la ville. Comprenant la situation, elle envoya une dernière cosse avant de faire demi-tour
Ce qui restait de notre convoi s'engouffra à travers les portes ouvertes, qui se refermèrent immédiatement. Le «maire» de la ville nous attendait. Nous descendîmes de notre véhicule avec notre récolte et la déposâmes devant un petit transporteur, qui l'amènerait au stock.
Le visage de l'homme se décomposa lorsque son regard se posa sur la porte verrouillée et l'espace vide qu'aurait du occuper le dernier membre du convoi. Il baissa la tête, résigné à accepter ce qui venait de se produire.
Comme nous tous.


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