Note de la fic : :noel: :noel: :noel: :noel:

L'achèvement d'une ère.


Par : Spyko
Genre : Action, Science-Fiction
Statut : Terminée



Chapitre 3 : Ravitaillement.


Publié le 23/02/2012 à 20:02:49 par Spyko

Les pneus crissèrent légèrement sur la terre sèche. Des nuages parsemaient le ciel, mais la dernière pluie datait de dix jours. Le camp de culture n'était qu'à une dizaine de kilomètres, à un endroit où la terre était plus fertile qu'aux alentours de la ville. C'était un pari risqué de troquer une bonne protection contre quelques pieds de tomates ou autres en plus, mais pour l'instant, le taux de perte avait été plutôt bas.
Sauf ces derniers temps.

Il était inutile de se voiler la face. L'étau se resserrait lentement autour de la ville. La dernière grosse attaque remontait à la blessure de Mike. Et depuis, quelques petits groupes de nécromorphs avaient testé nos défenses en vain. Le surnom de «l'abattoir» ne datait pas de très longtemps. Depuis deux mois, aller dans les cultures pouvait s'avérer dangereux, voire mortel, et c'est pour ça que cette tâche incombait désormais aux six premiers groupes, c'est-à-dire les plus anciens et donc les plus expérimentés.
Ces saloperies évoluaient toujours plus. Elles avaient compris qu'il nous était nécessaire de rejoindre la zone de culture, et elles nous tuaient à petit feu. Jamais d'attaque en masse, ce qui aurait pu réduire cette zone en miette, non. Dans ce cas, nous aurions sans doute fait un autre potager géant ailleurs, et tout aurait recommencé.
Non, elles préféraient attaquer les convois, en détruisant un ou deux camions par-ci par-là, tuant dans le même temps les hommes à l'intérieur, et anéantissant la récolte que le véhicule transportait. Ou, comme la semaine dernière, elles surgissaient pour fondre sur les hommes chargés de cette mission, détruisant dans le même temps un nombre précieux de pieds ou de jeunes pousses.
Mais jamais plus.
Ce n'était même pas une guerre entre deux espèces. Et si ça avait été le cas, elle aurait été perdue dès son commencement. C'était simplement un massacre, un anéantissement. Un jour ou l'autre, on finirait soit par crever de faim, soit par crever tout court, et ça, tout le monde le savais. Matt me tapota l'épaule.

« Eh Alex, ça va? Tu tires une de ces tronches. »
« Ouais, t'inquiète, c'est juste que j'aime pas aller là-bas. »
« Je te comprends vieux, confirma t-il d'un air sombre. Ils ont retrouvé qu'un seul des trois mecs du Cinquième, et il était pas en bon état... »
« Pfff, j'te parie qu'ils ont transformés ceux qui étaient dans le meilleur état et largué l'autre... »
« Ouais, qui sait si les prochains qu'ont va buter seront pas des anciens potes. »
« Toujours aussi joyeux, pas vrai les mecs? s'enquit Mike d'une voix aimable. »

L'intervention de Mike mis fin à la conversation. Il était vrai que nous lamenter en mission n'était pas raisonnable. Le convoi passa à proximité des quelques ruines, qui avaient été jadis une sorte d'avant-poste, dévasté par une attaque massive, qui avait couté la vie à trois cent hommes. La première défaite cuisante, et on aurait dit qu'elle avait donné espoir aux nécromorphs, qui avaient enchainés les attaques.
Ils évoluaient si vite...

« Bon, on y est, fit la voix de Ben dans le transmetteur. Prenez vos paniers et chopez tout ce qui est mûr. On est séparé en trois groupes, alors chaque groupe va dans un secteur. Tim, Alex, vous êtes Ok? »

Le leader du groupe de trois qui avait embarqué dans le dernier camion répondit en même temps que moi. Nous descendîmes de nos transport, et nous engageâmes dans les allées. La chaleur, les arrosages de l'équipe en poste ici et les engrais spéciaux avaient donnés au pieds et aux pousses une taille assez imposante. Mike, Matt et moi-même entrâmes d'abord dans l'endroit où poussaient les tomates, dont les plants avaient atteint une taille de plus de trois mètres. Nous parcourûmes toute la rangée, cueillant de temps à autre ce qui nous paraissait mûr.
Au bout de dix minutes, un appel nous parvint. Je réglai le transmetteur pour que mes deux coéquipiers puissent l'entendre.

« Euh, Groupe 6, ici Tim. »

La voix de Ben répondit.

« On t'écoute Tim. »
« Y a un truc qui cloche. La terre est plutôt humide ici, et... Y a... Y a une empreinte assez nette devant moi... »

J'entendis Benjamin déglutir au même moment que moi et mes camarades. L'arrosage était automatique tous les matins et soirs. Par conséquent, personne n'était censé avoir marché dans l'une de ces allées avant nous.

« Toi et tes gars, vous avez récupéré assez de victuailles? s'enquit notre chef de groupe. »
« A nous trois, on a juste un panier complet, c'est pas trop mûr par ici. »
« Ok. Vous feriez mieux de quitter l'allée, j'aime pas ça... »

Je ne fis pas attention à la fin de sa phrase, car, en face de nous, quelque chose venait de se produire. L'un des dispositifs d'arrosage, un fin pylône avec un système de jet fixé de temps en temps dans les allées, venait de se déclencher. Tout seul.

« Bon, Alex, continua Benjamin, incapable de voir ce qu'il se passait, je crois qu'il vaut mieux éviter de trainer dans le coin. Finissez votre allée et retournez au camion. »

Le jet s'arrêta brusquement, nous laissant dans un silence oppressant. Silence qui ne demeura pas silencieux très longtemps. Un coup de vent fit bruire les feuilles, deux allées à notre gauche. Sauf qu'il n'y avait pas de vent.

« Alex, tu m'entends? commença à s'inquiéter Benjamin. Alex? »
« Deike, qu'est-ce que tu fous! fit la voix de Tim »
« Je crois avoir vu un... Merde, cassez vous! hurla une autre voix. »

Il n'étais pas difficile d'imaginer que l'ensemble du groupe 6 s'était glacé jusqu'au sang en entendant la petite conversation du 3. Un grondement retentit à quelques dizaines de mètres, probablement dans le secteur des pauvres hommes du Troisième.

« Alex, réponds putain! insista Ben d'une voix légèrement plus aigüe »
« Ouais, je t'entends, répondis-je à mi-voix, fixant toujours le dispositif d'arrosage. On est en train de faire demi-tour. Y a quelque chose ici... »
« Ok, restez prudents tous les trois. »
« Ben, cria une voix féminine, fais gaffe, y en a un qui arrive là! »

La conversation fut brutalement coupée par des tirs, avant d'entendre à nouveau la voix du leader.

« Retour au camion. Tout de suite! »

La communication s'arrêta là. L'allée était sombre en raison de la hauteur des plantes, qui dissimulaient la lumière du soleil. Matt et Mike étaient livides, et il n'était pas compliqué de deviner que je l'étais aussi. Le râpage terrifiant de deux lames qui se frottaient me fis hérisser les cheveux, et serrer la mâchoire.
Les nécromorphs misaient sur deux atouts pour abattre leurs proies.
L'évolution.
Et la peur.


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