<h1>Noelfic</h1>

Le Cycle Des Calepins Oubliés


Par : Tacitus42

Genre : Science-Fiction , Action

Status : Terminée

Note :


Chapitre 6

Black Jack

Publié le 07/02/12 à 11:12:00 par Tacitus42

4. Black Jack !


Je ne connais qu’une seule personne qui aurait pu, à la rigueur, survivre au Treize, et seulement parce qu’il n’a absolument rien à perdre (vu qu’il a absolument tout perdu). Et sans vouloir me venter (c’est pas mon genre), je déprime à chaque fois que je vois sa sale gueule, le matin, dans mon miroir.

Même Gretchencko aurait vraisemblablement fini par craquer (vu qu’il a laissé derrière lui une femme et une fille).
Mais il a été plus intelligent que ça : il a toujours plus ou moins manœuvré à distance (ou en tout cas, en s’assurant toujours d’être couvert)…

(N’empêche qu’il a salement failli le regretter malgré tout).

Pour vous donner une idée du bonhomme, il faut savoir qu’avant de devenir commandeur, du temps où il était contraint (comme nous tous) à lutter ardemment pour trouver sa pitance quotidienne, Victor Gretchencko n’était qu’un vulgaire sniper…
Mais vraisemblablement, déjà, le meilleur…
(Enfin, jusqu’à ce qu’il devienne totalement myope).

S’il a tiré quelque chose de crucial de sa première attribution (qui lui fut fort utile pour remplir la tâche difficile qui lui incombait alors), c’est sans doute une profonde paranoïa.
Il n’était toutefois pas comme Lilith à ce niveau-là.
Lui, était capable d’accorder une confiance totale à un certain nombre d’individu (bien que limité).
A l’époque qui vit l’Op. B.B.J., il n’y avait encore que trois personnes à qui il faisait une confiance aveugle (et bien qu’il l’aurait voulu, sa fille ne pouvait pas encore en faire partie en raison de son jeune âge et donc de son innocence bénie).
Il s’agissait de sa femme (évidemment), d’un jeune caporal du nom d’Everett Bramwell (un petit con qui, paraît-il, se ventait partout qu’il couchait avec son sergent) et de miss Irina Pavlova (le dit sergent).
Furius ne comptait pas encore parmi ses proches : parce qu’il était précisément ce qu’on attend d’un soldat. Pour la propre sécurité de son supérieur, un bon combattant se garde bien de sympathiser avec lui et pour être vraiment efficace, un vrai guerrier évite de révéler la nature de ses compétences (jusqu’à ce qu’il n’ait plus le choix). Nous n’avons donc vraiment appris à le connaître qu’à sa mort.

Mais, plus que le soutien inconditionnel de ses pairs, je crois sincèrement que c’est cette paranoïa qui a maintenu le commandeur en vie durant les guerres institutionnelles (parce qu’à l’époque, il aurait pas été foutu de blesser un éléphant dans un boudoir sans ses lunettes même avec son long fusil).
Non pas qu’il rechignait à se battre ou qu’il était un dégonflé au corps à corps (même s’il paraît qu’il ne valait pas tripette aux poings) mais il lui avait bien fallu constater que ses chances de survie augmentaient considérablement en s’aidant du soutien d’autrui et de la stupidité d’un ennemi (même si je ne suis pas entièrement d’accord avec ça)…
Et comme c’était généralement les autres qui quémandaient son aide, il lui paraissait normal qu’ils mettent aussi les mains dans le cambouis de temps en temps (bien qu’il ait pris un maximum de risque à ses débuts en tant que meneur d’hommes)…
Jusqu’à ce qu’ils fussent suffisamment nombreux pour qu’il ne puisse plus se permettre de se risquer lui-même (moins pour sa sécurité que pour administrer au mieux ses soldats et ainsi assurer correctement la leur).
Il en est venu logiquement à la conclusion que la nécessité de conserver sa vie n’était pas incompatible avec les intérêts de ses troupes.

Bizarrement, je ne suis pas certain que sa paranoïa ne soit la première raison qui l’ait poussé à décliner la première invitation de Lilith à lui rendre visite dans son domaine (pas directement en tout cas).
Il aurait pu le faire et tout autre que lui l’aurait vraisemblablement fait puisque après tout la situation entre les factions du premier secteur était stable.
Il aurait même « du » le faire, pour renforcer ses appuis et chercher un soutien externe qui aurait pu, en théorie, faciliter le travail de pacification de la mégapole.

D’autant que Lilith, elle-même, conformément à de précédentes négociations avait obtenu le droit de mener ses hommes aux combats aux côtés des sept brigades contre Khor (bien qu’elle avait spécifié que le contingent déployé se limiterait à sa garde personnelle, et qu’elle serait seule à la commander).

Le communiqué diplomatique, je ne l’ai forcément jamais vu. Je peux seulement me douter de sa teneur aux vues de ce que l’on a appris sur le treizième secteur mais surtout en analysant la décision que Victor a prise ensuite.

Il a simplement préféré prendre une section de ses meilleurs hommes pour s’engouffrer dans le cœur de la ville dans une action de prestige (à savoir débusquer Khor « seul » ou presque en se référant à de vagues renseignements vraisemblablement peu fiables et en tout cas insuffisants pour justifier une action de ce type : d’ailleurs, c’est Khor qui l’a trouvé en fait).

Les pontes de l’état-major des sept brigades étaient pour la plupart d’anciens seigneurs de guerre qui avaient réussi à tirer leur épingle du jeu. Et à ce que j’ai cru comprendre, la situation semblait péricliter. Mais le malheur des uns faisait leur bonheur à eux.
Les combats qui duraient déjà depuis plus de trois ans (ouais c’est beaucoup pour une seule mégapole, mais ça s’explique facilement) avaient pratiquement cessés et toutes les factions en étaient au statu quo.
Khor était sorti affaibli de ces trois années de guerre bien sûr mais il avait de la ressource.
Le vrai problème c’est qu’il semblait vouloir changer de tactique.

Pour le puissant chef de clan, les traîtres qui avaient rallié la bannière des sept brigades ne méritaient aucun respect.
Mais visiblement, cette opinion était devenue obsolète à en croire la rumeur de pourparler qui atteignit les oreilles de Gretchencko à cette époque.

Rumeur fondée ou pas, je présume que c’est à ce moment là que l’idée a germé dans sa tête.
La Grande Conjurée quant à elle, eut vent, elle aussi, des bruits de couloir…
Et de manière assez troublante elle ne parut pas s’en réjouir.
Elle évita même de prêcher pour une paix honorable et se garda de tout commentaire bien qu’elle assurât une nouvelle fois son soutien à l’alliance du premier secteur.
Khor n’ayant quitté le treizième secteur que peu après que sa jeune cousine fût pubère (ce qui fut plus ou moins précoce chez elle), il ne l’a connaissait réellement que comme l’esclave de son père.
Et bien qu’il fut un tortionnaire notoire, je n’ai jamais ouï dire qu’il fut médisant à son encontre (il n’en avait simplement rien à fiche selon mon humble avis).
Il n’y avait aucune raison apparente à l’hostilité de Lilith envers son cousin et il n’y en a jamais eu en fait : ce n’était pas contre lui, c’était pour faciliter l’annexion du premier secteur.

Mais elle a fait une grave erreur de calcul ou aurait du envoyer ses sbires plus tôt…
A moins que ce ne fût Khor en personne qui lui refusa son soutien : il avait assez d’arrogance pour le faire si elle le lui avait proposé. Qui plus est, il voulait régner sans partage (et Lilith n’était pas du genre à jouer les seconds rôles non plus).
Selon moi, elle voyait dans les sept brigades une vraie force qui avait un attrait majeur : elles n’avaient pas de vrai leader.
Gretchencko n’a pratiquement jamais été qu’un des sept généraux de l’alliance du premier secteur et je suis persuadé qu’elle a pensé qu’il suffirait de les liguer les uns contre les autres (si besoin était) et de se proposer en messie par la suite.

Quoiqu’il en soit, c’est (je crois), une des premières raisons qui poussa Gretchencko à se méfier.
Ce n’était pourtant pas suffisant pour expliquer sa réticence à la rencontrer.

Pour autant et bien que Lilith fut une parente reconnue de Khor, l’appui d’un secteur tout entier (puisque le sien était intégralement pacifié) était suffisamment considérable pour qu’on s’y intéresse à une heure ou les soutiens venaient à manquer.

La réponse se trouve certainement dans le communiqué diplomatique. On ne l’a jamais retrouvé à ma connaissance mais je suis sûr, connaissant un peu la méthode des gens de Lilith que l’invitation était au nom de la famille Gretchencko.

Je dis ça parce qu’à ce que je sais (et j’ai des sources plutôt fiables), il perdait facilement les pédales pour que dalle quand il craignait pour sa famille.

Il était du genre à fumer clope sur clope en stressant un max tout en déblatérant sur des histoires d’empoisonnement au mercure quand sa fille avait le malheur de choper un rhume

Nota bene : ça m’a fait marrer quand on m’a raconté ça… Mais c’est vrai qu’en y repensant, la question qui est inévitablement venue peu de temps après était « comment fait-on pour attraper un refroidissement dans une citée à température modérée ? ».

Alors si Lilith, qu’il ne connaissait absolument pas, a cru bon d’inviter sa propre famille (qui n’avait strictement rien à voir de manière directe avec la campagne qu’il était en train de mener), je suppose qu’il a du voir rouge.

Le problème, me semble-t-il, et toujours si l’on suit ma théorie, c’est que s’il n’avait rien fait, il aurait du s’expliquer (au risque de créer une mini crise diplomatique).
Et je le voyais mal défendre son point de vue sur une vague intuition et des soupçons qui ne reposaient sur rien.

Si mon hypothèse est exacte, il aurait tôt ou tard fallu qu’il se rende dans la gueule du loup pour rectifier le tir (que ce soit de son plein gré ou par suite d’une décision du conciliabule des sept brigades).
Il pouvait toujours s’y rendre seul, c’est vrai, mais sachant ce qu’il ruminait presque certainement, je doute qu’il en ait eu la moindre envie.

C’est pourquoi, à mon sens, il a pris un maximum de risque en prenant tout son petit monde à contre-pied.
Il a peut-être même prévenu sa famille au cas où il ne reviendrait pas (j’en sais foutre rien en fait mais ça me paraîtrait logique).
Et comme ce bâtard a toujours eu une veine de pendu (sauf à la fin, faut l’avouer et si tant est qu’un pendu soit chanceux), ça a payé (bien que cela ne se soit pas exactement passé comme il l’avait prévu).

Même si paradoxalement il s’est souvent mis dans des situations pas possibles et qu’il estimait qu’ont pouvait facilement le remplacer, ça lui aurait fait mal de laisser ses gars à tout autre officier que lui…
(Faut dire aussi que la plupart des pontes n’en ont jamais eu rien à branler).

Et puis surtout il avait une femme et une gosse auxquelles il tenait plus que tout…
(Hein ? Ouais, une gamine si vous préférez… C’est vrai qu’ici, c’est pas pareil).

Mais si je suis dans le bon, il avait le choix entre tout risquer ou risquer de tout perdre…
Et l’histoire dira qu’il a fait le bon choix.

A la surprise générale (la sienne y compris), il a juste pigeonné tout le monde.

Quand on lui a demandé ce qu’il pensait, alors que son regard se perdait dans la contemplation du numéro du bunker qu’il avait du défendre pratiquement seul jusqu’à l’assaut des renforts, il a juste répondu en souriant :

« Black Jack ! ».

Je suppose que la mort ne fait pas que des parties d’échecs.
Il devait simplement avoir le sentiment de l’avoir plumée aux cartes en explosant la banque.

Mais en fin de compte, la partie était loin d’être finie.



Il a appris un peu après que Lilith était en ville.

Personne ne la connaissait encore…
Mais vas savoir pourquoi, je suis pratiquement certain que son estomac a du violemment se nouer à cette simple annonce.

Il n’y avait pas de raison d’être réellement inquiets pourtant (d’autant qu’elle venait de se battre aux côtés des troupes de l’alliance dans la bataille qui vit la mort de Khor et donc qu’elle avait contribué à sauver ses miches).
Mais il paraît qu’il a immédiatement demandé à voir sa femme et ses enfants (on aurait pu croire qu’il était juste désireux de les retrouver après avoir échappé à la mort et il doit bien y avoir un peu de ça, mais pas seulement).

Il les rejoignit à leur domicile où Bramwell les attendait déjà (malgré la gravité de sa blessure au bras et après son escapade en solo au milieu des lignes ennemies : son sergent a eu moins de chance).
Evy avait donné la position de Victor dès son retour (paraît que les officiers de communication du commandeur s’étaient fait descendre peu avant d’entrer dans le cœur et bien après que l’unité ne se barricade dans le bunker suite à une embuscade : personne ne savait alors qu’ils étaient là)…
Les transmissions avaient été brouillées : la portée ou la puissance des simples intercom n’était pas suffisante à percé le barrage d’ondes parasites.
L’opération n’a duré que deux jours (depuis le départ de Gretchencko jusqu’à la relève des renforts).
Et quand Victor est rentré chez lui, il s’est rué sur les vidéos de sécurité.
Il a quand même serré sa femme et sa fille dans ses bras au passage bien entendu. Il a sans doute aussi pu constater que tout allait bien mais il s’est quand même planté devant les écrans du local de surveillance.
Je suis persuadé qu’il avait un doute cruel.
La présence de Lilith au moment où il était encore porté disparu lui a tout de suite paru suspecte.

Il paraît qu’il ne leur a même pas laissé le temps de s’enquérir de l’état de sa jambe.
Je pense qu’il ne leur aurait jamais demandé s’il s’était passé quelque chose d’inhabituel (il était trop parano pour ça).
C’était maladif chez lui, la vérité, il ne pouvait la constater qu’en la vérifiant de ses yeux.
(Par la suite, Furius nous a démontré que ces mesures étaient inutiles : mais Lilith n’avait ni les moyens techniques, ni les connaissances nécessaires pour suivre à ce petit jeu).

Il faisait confiance à sa femme bien sûr. Mais en dehors d’elle, il ne faisait confiance à presque personne (et il était persuadé que sa femme aurait pu lui mentir si c’était pour le protéger).
Il aurait aussi pu être suffisamment con pour négliger le témoignage de sa fille (vu qu’il la considérait comme peu fiable étant donné son jeune âge) même si Bramwell m’a dit qu’elle arborait juste un simple sourire en voyant son père (pour elle, c’était une journée plus ou moins ordinaire et elle était loin de se douter que son pater avait failli perdre sa vie ou qu’elle risquait vraisemblablement la sienne)...
Elle commença à se faire du mouron quand quelqu’un daigna enfin lui expliquer pourquoi le vieux se servait d’une béquille.
Mais en l’occurrence, quand sa femme lui a dit que tout allait bien (parce qu’elle a forcément du le lui dire dès qu’elle l’a vu au moment où il l’a nécessairement demandé), je peux affirmer avec certitude qu’il a su qu’elle disait la vérité. Il n’avait donc qu’une seule raison de visionner son matos.

Toujours est-il, qu’on ne voit franchement rien d’intéressant dans les quartiers du commandeur sur ces vidéos.
Mais il est vraisemblable qu’il a laissé des instructions précises (pour être certain qu’elles seraient toujours à l’image)…
Elles dormaient sur le divan (puisqu’il ne devait pas y avoir de caméra dans la chambre) et elles faisaient leurs besoins dans un vulgaire pot de chambre qu’un des deux gardes vidait dans les toilettes de temps à autre.
La garde comptait au total quatre auxiliaires féminines ayant toutes fait un stage chez les commandos à un moment ou un autre et qui se relevaient par groupe de deux toutes les douze heures (il y en avait quatre autres pour la salle vidéo) : des personnes de confiance selon miss Irina Pavlova qui les avait personnellement triées sur le volet.
Elles, au moins, avaient le droit d’occuper les chambres pour leurs quarts de repos (ou d’aller au cabinet).

C’est vous dire si le commandeur pouvait être psychotique.
Il faut savoir qu’il se méfiait comme de la peste des coins sanitaires (et des plafonds en général) étant donné qu’à la différence des chambres où l’on voit, à la rigueur, le plafonnage dès qu’on se couche, on ne passe pas son temps à regarder en haut quand on est assis sur le pot ou pendant qu’on essaye de viser l’intérieur de la cuvette (par exemple).

Hors, il est plus facile de passer discrètement par un plafond (même épais) quand on sait qu’il demeure dans un angle mort naturel, que de passer par une fenêtre (que ce soit avec ou sans matériel adéquat).

Je crois en outre que cet abruti de Victor a été jusqu’à convaincre sa femme et à sa fille de porter des robes (pour éviter sans doute qu’on ne puisse réellement les voir faire leurs besoins) : mais bon, à ce stade c’est plutôt normal (j’aurais fait pareil).

Ce ne devait pas être son genre d’être aussi exigent.
Je dis ça parce que la gamine semblait prendre ça comme un jeu…
Enfin, jusqu’à ce que Bramwell se pointe : elle était sensiblement moins à l’aise quand il s’est agi de vider sa vessie devant un garçon (même s’il s’est évidemment retourné de suite).
Et si l’enfant s’embarrassait toujours moins qu’un adulte pour ce genre de chose, la demoiselle a toujours été en avance sur son âge (dans la plupart des domaines, manières comprises).
Le sous-officier avait bien tenté au préalable de la convaincre de faire la petite commission, seule, aux toilettes…
(Maintenant qu’Evy était là et bien qu’il comprit les inquiétudes de Victor, ces mesures n’avaient plus une grande importance).
La petite a alors simplement dit (avec un air un brin supérieur) que « papa a dit »…
Elle ne devait avoir encore que cinq ans je crois…
Moi, elle m’a toujours foutu un peu les jetons (surtout aux jours d’aujourd’hui en fait).

Nota bene : Victor et sa femme l’auraient conçue lors d’une brève entrevue près de trois ans avant les guerres institutionnelles… Une façon comme une autre pour une damoiselle en détresse de dire merci à un parfait « inconnu » pour avoir sauvé ses fesses (au sens propre : mais je vous expliquerai ça en détail une autre fois peut-être).

Pour en revenir à lui, je ne comprends d’ailleurs pas pourquoi ce con de caporal n’est pas simplement sorti de la pièce à ce moment là…

Oui, si : en fait, il avait relevé les deux auxiliaires féminines si je me souviens bien (je suppose qu’il voulait juste pleurer la disparition tragique de sa belle en toute impunité sur une épaule amicale).
Il aurait pu aussi rappeler les deux autres…
Sauf qu’avec le visage encore larmoyant, ça ne l’aurait pas trop fait pour un prétendu héro : je suppose que Bramwell tenait aussi à sa toute nouvelle réputation (ou à une forme triviale de dignité en pareilles circonstances)…

En ce qui concerne les mesures de sécurité, elles étaient banales. Victor n’était pas là : il ne fallait pas que Khor puisse tenter le moindre coup tordu durant son absence (raison officielle au déploiement de force et résolument encore officieuse à l’époque, mais pas totalement).
Et ce n’est pas parce que Victor était général que ça devait gêner la vie de son quartier…
Comme on dit, dura lex, sed lex (non, ce n’est pas une marque ou un slogan pour préservatifs : ça veut juste dire la loi est dure, mais c’est la loi).
Gretchencko (fut-il général), ne pouvait en aucun cas avoir carte blanche au niveau sécurité (précisément d’ailleurs parce qu’il était haut gradé : un homme qui aurait disposé de ce genre de latitude pouvait très bien en profiter pour se maintenir au pouvoir plus longtemps ou pour se l’arroger entièrement tout simplement).
Victor s’y pliait d’ailleurs sans broncher (d’autant qu’il les avait en partie édictée de toute façon).
Quoiqu’il en soit, les patrouilles habituelles devaient suffire pour contrôler l’extérieur (même s’il n’y avait pas de check point où contrôler l’identité de visiteurs).

Mais il aurait bien aimé faire évacuer une ou deux maisons pour être plus sûr.
Et il n’avait pas même l’autorisation de laisser des gardes armés en faction dans la rue (ni devant sa porte à fortiori).

Enfin, il ne faut pas exagérer non plus : il pouvait bourrer sa baraque (à moitié blindée) d’autant d’hommes qu’elle pouvait en contenir et il avait justement choisi ce quartier parce que le premier gratte-ciel se trouvait à deux kilomètres (distance jugée acceptable par un ancien sniper : il n’aurait pas trouvé mieux de toute façon).
Ca paraît con, mais on peut difficilement contrôler tous les étages d’un building alors que les maisons du voisinage…
Il avait aussi le droit de poster des hommes sur son toit ce qui avait certains avantages sur d’éventuels piquets devant la portes (mais quelques inconvénients aussi).

La seule chose qu’il pouvait redouter, c’était une action en force (une manœuvre éclaire avec un ou deux véhicules légers et un groupe d’assaut maximum). Mais l’action n’aurait pas eu de sens sans une bonne information (qui fait, quand on la connaît, qu’elle n’aurait pas eu de sens de toute manière à moins d’avoir une seconde vague à disposition : mais ça impliquait des mouvements de troupes trop conséquents au sein même du quartier qui - comme je l’ai précisé - était quadrillé).

Pour le reste, il faut l’avouer, ce foutu Gretchencko avait un putain de sixième sens pour flairer les emmerdes (les femmes peuvent toutes aller se rhabiller avec leur soi-disant intuition face à cette charogne).
Même sa bourgeoise, qui était loin d’être une conne, ne devait se douter de rien. Mais je crois que c’était plutôt pour son mari qu’elle s’en faisait à ce moment-là, puisqu’elle était au courant de sa sortie (à l’instar de leur fille).

Je suis pratiquement sûr pourtant qu’il avait du la mettre en garde (ne serait-ce que parce qu’il fallait qu’elle puisse se préparer au cas où il ne serait pas revenu).
Et je sais maintenant ce qu’il cherchait lorsqu’il visionna le contenu des vidéos.

Pour infos, son matos de surveillance datait franchement de mathusalem. Des vieux moniteurs reliés à des caméras à objectifs de cinquante millimètres (pour la plupart) et à représentation strictement bidimensionnelle donc.
Il avait un nombre incalculable d’écrans pour chaque pièce là où une seule image trois D aurait pu suffire.
Mais les restrictions budgétaires qu’imposait l’effort de guerre étaient pareilles pour tout le monde à l’époque : même pour un ponte comme Gretchencko.
C’était pourtant suffisant pour ce qu’il avait à faire : le zoom des caméras qui assurait de voir clairement les détails de la sacro-sainte puce sur le dos d’un chien avec une définition effrayante lui permettait d’exercer facilement ses talents de physionomistes.

Et ils sont venus.
Mais ils ne sont venus qu’une fois…

Bramwell n’y était pas encore.
Un homme s’est présenté devant la porte aux trois gardes en faction à l’entrée (bien à l’abri à l’intérieur).
Il s’agissait d’un soldat (en tout cas, il portait l’uniforme, arme de service comprise).
Il a donné son nom et son matricule…
En temps normal, l’info était difficilement vérifiable de manière immédiate : les ordinateurs et les portables étant des outils rares et réservés à l’état-major jusqu’à la fin des guerres institutionnelles (en fait, si Victor avait disposé du même matériel, il aurait pu donner son signalement lui-même au B.B.J.).
Conformément aux instructions qu’avait laissées Victor, ces gardes-là avaient de quoi le faire : ce qu’ils ont donc fait.

Il s’avère que l’homme en question était bien celui qu’il prétendait être.
Le rapport des gardes raconte qu’il était juste coursier : il devait livrer un dossier à « Gretchencko » en personne (ce que les hommes ont pu facilement confirmer).
Mais le truc était vieux de plus de trois jours et sans importance.

En fait, le gars venait juste de prendre le risque de se manger un blâme pour n’avoir pas fait son travail quelques jours auparavant, blâme qu’il prétextait vouloir éviter en s’adressant directement à Victor à son domicile en tant qu’homme que tout le monde savait raisonnable plutôt qu’au commandeur, dans son bureau, qui se devait, lui, d’être inflexible.
Il n’aurait d’ailleurs jamais pu se présenter armé devant lui ou même sans qu’on ait au préalable sondé son colis (quelque soit le cas envisagé).
Il n’était pas non plus sensé « savoir » que le commandeur était en vadrouille : vu qu’on averti pas un troufion des agissements d’un général (il aura joué son rôle à merveille en somme et je suppose qu’il avait de bien tristes raisons pour ce faire).

Il n’y avait pas que trois gardes dans le bâtiment.
Mais les trois qui tenaient le sas d’entrée lui auraient probablement ouvert toutes les portes s’ils avaient autorisé le passage.
Qui plus est, et même pour un général, la sécurité était limitée (d’autant que sa baraque n’était pas bien grande).

Ils lui ont gentiment dit que le commandeur n’était pas là.

Le troufion a alors proposé de leur laisser le dossier…

Je crois pouvoir affirmer sans me tromper que les couilles du commandeur ont du remonté jusqu’au plafond quand il a vu que ces imbéciles de gardes en faction à l’entrée, non contents d’accepter de prendre eux-mêmes le colis avait proposé de sortir le chercher (paraît qu’il ne rentrait pas vraiment dans la boîte au lettre).

Je ne l’ai pas vu et je ne peux attester de son état d’esprit que par sa grave paranoïa et parce que je sais que le commandeur était un fin limier qui remontait une piste jusqu’au bout lorsqu’il croyait l’avoir flairée.

C’était presque du théâtre et bien que rien ne fût dit qui eut pu compromettre l’une ou l’autre partie, Gretchencko en connaissait tous les codes.
C’est pourquoi, il s’était armé en conséquence (du moins, le pensait-il) en donnant personnellement ses directives.

Bramwell m’a confié que les consignes avaient pourtant été très claires et se voulaient très strictes (le commandeur avait personnellement entretenu les gardes à ce sujet).

L’histoire ne dit pas ce qu’il est advenu du sous-officier qui a eut l’idée d’accéder à la requête du coursier, mais a mon humble avis, il a du perdre ses galons (au minimum).

Mais je peux comprendre une pareille réaction : ça ne devait ressembler à rien. Le type dehors, (même à supposer qu’il ait eu des potes planqués) ne pouvait espérer aller nulle part sans que des renforts soient immédiatement prévenus et dépêchés.
Je crois plutôt que c’était une manière de tester les défenses (mais je crois aussi que ceux qui l’envoyaient n’auraient pas manqué d’être opportuniste si la situation si y était prêtée).

Le but premier était vraisemblablement d’obliger les gardes à sortir (peut-être pour en mettre un maximum à découvert tout en faisant en sorte de maintenir la porte ouverte d’une manière ou d’une autre) bien que le vrai problème aurait été le sas blindé derrière la porte : ils voulaient simplement voir s’il y en avait un à mon sens.
Mais je crois même que ces débiles profonds qui faisaient le piquet pour le compte des Gretchencko avaient en tête d’apporter en personne le paquet à la femme du commandeur : s’il avait été piégé, ils auraient pu sauté ensembles - plus convivial sans doute – au moment ou un type (vraisemblablement posté dans l’une des tours à deux kilomètres) aurait confirmé l’échange à l’aide de jumelles en regardant au travers de la fenêtre donnant dans la salle de séjour (double vitrage cent pour cent pare-balle bien évidemment : mais pas teinté).

Ils ont malgré tout eut le réflexe de prévenir le Q.G. de ce qu’ils comptaient faire.
Et oui, protocole oblige : ils étaient cons, mais disciplinés (c’est déjà pas si mal).

Par l’intercom on a simplement entendu : « négatif, tenez vos positions, refusez catégoriquement qu’on passe le colis par la boîte au lettre : tirez à vue depuis le toit si nécessaire. »

L’histoire ne dit pas ce qu’est devenu le sous-off qui les a interrompus dans leur démarche, mais j’ai dans l’idée qu’il est devenu colonel (au minimum).

Il a même eu l’obligeance d’informer la mère Gretchencko de l’affaire (et de la mettre en garde à tout hasard).

Mais bizarrement, ça n’a pas eu l’air d’intriguer la dame d’avantage.
Il faut dire que les nouvelles n’étaient pas spécialement bonnes du côté de son mari m’a-t-on précisé par la suite (on avait déjà perdu son contact à ce moment-là).

Le coursier n’a pas cru bon de laisser le colis devant la porte ou même de tenter de le passer par la boîte aux lettres. Il a juste fait ce qu’on lui a dit de faire : se tirer en l’occurrence.

Ce qui a vraiment fait flipper Victor (mais la chose ne l’a surpris qu’à moitié je pense), c’est qu’on a retrouvé le coursier un jour plus tard : en caleçon, sur un lit et sur le dos, dans une chambre d’un motel miteux et étouffé dans son propre vomi.

Trop d’alcool…
Mais on peut aussi forcer un homme à boire avec un entonnoir…
(Il aurait pu éventuellement crier aussi).

Les analyses toxicologiques ont révélés la présence de diverses substances narcotiques dans son organisme.
Il n’était pas revenu à sa caserne où le commandeur attendait son dossier avec une certaine impatience.
Paraît aussi qu’il avait des marques aux chevilles et aux poignets…
Et qu’on n’a pas pu retrouver son fils de deux ans ni sa femme…Enfin, pas avec nos pauvres moyens de l’époque (mais je vous expliquerai une autre fois peut-être comment on a pu localiser avec précision l’emplacement de leurs ossements dans une partie de nos égouts).

La suite des investigations n’a pas donné grand-chose.
Le concierge certifia qu’il était entré dans le motel la veille au soir et seul. La chambre, située au rez-de-chaussée était à son nom et ne contenait qu’un lit à une place mais rien ne permettait d’affirmer que quelqu’un ne l’avait pas rejoint dans sa chambre (étant donné qu’il y avait plus ou moins une sauterie en cours pour la victoire de Grectchencko dans tout l’établissement : dehors et dedans).
Il n’y avait pas d’effraction mais la fenêtre était ouverte (la chambre était à l’extrémité ouest du bâtiment, à l’opposé du local du concierge).
Pas d’empreintes autres que les siennes que ce fut sur les bouteilles retrouvées sur la table de nuit ou dans le reste de l’appartement.

Ca s’arrêtait là.

On a interrogé ses amis proches. Il avait effectivement des problèmes d’alcool et fréquentait parfois des prostituées. On ne saura vraisemblablement jamais avec certitude si sa femme le savait : mais ses amis disaient que non (sans être pour autant plus formels).

Ce qui est triste, c’est que ma longue expérience dans les brigades d’interventions urbaines m’a appris qu’un coup d’état est trop dangereux et trop coûteux comparé au maigre investissement et à la marge de risque minime que représente le paiement des services d’une pute (pas nécessairement pour qu’elle baise d’ailleurs) si on sait se servir d’un bon vieux scandale qui en découle.
Gretchencko n’est évidemment pas tombé comme ça : je tiens à le souligner.
Outre le fait que ça n’a jamais été son genre et bien que tout le monde su les risques qu’il encourait si un mensonge gros comme la lune se mettait à circuler (même sur un malentendu), il était d’avantage certain que sa femme lui faisait bien trop confiance à ce niveau là pour qu’on puisse envisager ce genre de manœuvre à leur encontre.
Ca paraît invraisemblable à notre époque mais on se rend vite compte que dans les coulisses du pouvoir, c’est la seule manière de durer : en prenant ce style de vie à contre-pied (même en l’assumant) on s’expose quand même à de sérieuses compromissions (dans un métier qui exige d’avoir les mains libres en toutes circonstances)…
Pour lui, ils ont bien du pondre un bon vieux Putsch en définitive.
Ce qui a fait pensé que la droiture ne servait strictement à rien en fait (raison pour laquelle, depuis la mort du commandeur, il y en a un paquet qui se sont faits avoir comme des bleus pour l’entretien de leurs petites lubies).
L’honnêteté (la méthode Gretchencko comme certains l’appellent) est simplement le meilleur moyen de durer, pas celui de survivre.
Et si vous voulez vraiment survivre, vaut mieux éviter les postes de responsabilités…
Surtout à l’heure actuelle où on est sensé assumer les dites responsabilités qui vont avec pour faire avancer suffisamment le schmilblick afin notamment qu’une forme de filet de secours s’installe durablement (pour les autres aussi bien que pour soi d’ailleurs).
Au passage, Victor y était « presque » arrivé.

Pour en revenir à lui, je suppose que cela a du commencer comme ça pour ce coursier. Certains auraient même trouvé le moyen de dire que « ça n’était pas bien méchant après tout » (au début peut-être). Surtout quand on a le simple boulot de coursier (même s’il s’agit d’un coursier occasionnel du commandeur).
Et ce qui est vraiment moche, c’est que ce connard, par sa débilité a simplement entraîné sa famille toute entière dans sa chute…
M’enfin, il a assumé jusqu’au bout au moins : s’il est mort plutôt que d’avoir tenté de fuir, c’est qu’on a du cruellement joué avec son espoir de pouvoir les revoir.
Je suppose que je suis de mauvaise foi (le monde a toujours été comme ça).
Surtout que même si sa greluche s’était barrée (avec le môme mettons) bien longtemps avant qu’il ne se soit offert sa première passe, cela aurait sans doute été pareil…
Il avait juste le tort d’être le coursier occasionnel de quelqu’un d’important : ils auraient trouvé la faille tôt ou tard.
Il y en a qui ont moins de chance que d’autres, voilà tout.
Il leur a simplement tendu la perche plus facilement.

Personne ne savait que sa femme et son fils avaient disparu.
On sait juste qu’il a déclaré son fils à sa naissance, qu’il n’était pas en âge d’aller à l’école et que son épouse était femme au foyer.
Ils n’étaient pas du genre à entretenir de bonnes relations avec le voisinage mais cela faisait quelques jours qu’on ne les entendait plus se disputer. Le père avait son quart de repos le soir assez tard. Il rentrait généralement à la maison mais prétextait parfois rester dormir à la caserne : surtout quand sa femme était particulièrement en rogne…
Alors ce calme tout relatif n’a pas paru tellement bizarre non plus.
Ils ne sortaient pas souvent (généralement le week-end lors de la perm hebdomadaire du père pour aller faire quelques courses : on n’était que vendredi lorsqu’on a retrouvé le corps du soldat).

J’ai dans l’idée que si Furius avait été dans le coup lui aussi, on aurait découvert le poteau rose le soir même.
Avec de la chance, on aurait peut-être même retrouvé la famille de ce coursier.
Mais notre futur agent ne se trouvait pas dans la villa Gretchencko ces jours-là.

Et avec si peu, on ne pouvait évidemment accuser personne…
Même si on pouvait facilement envisager le meurtre à cause des traces de liens qui avaient vraisemblablement attachés les pieds et les jambes de la victime aux montants du lit.
Mais dans le contexte de l’époque, il semblait totalement déraisonnable de continuer l’investigation du côté de la garde de Lilith (ils ne sont pas restés assez longtemps pour ça de toute manière et ça n’aurait mené nulle part).

D’autant qu’ils ont tout de suite jouis d’un énorme prestige.
Leur concours dans l’assaut du vingt-et-unième bastion (ainsi que dans des manœuvres de routine pour le maintien de la paix) avait fait parler de lui.

Il était indéniable qu’ils savaient se battre…
En fait, ils ne savaient souvent faire que ça.
Malgré le fait qu’ils n’avaient pour la plupart aucune notion du combat tactique, et qu’ils manquaient de discipline entre eux, ils exécutaient n’importe quel ordre même le plus débile.
Ils possédaient une forme de loyauté exacerbée envers leur contingent et bien malin l’imbécile qui se serait permis de se moquer de l’un des leurs (même s’ils se disputèrent souvent les uns les autres durant leur séjour dans le premier secteur : du moment que ça restait en famille, ce n’était pas grave je suppose).
Par ailleurs, ils étaient dotés d’une excellente endurance à la douleur et continuaient de se battre malgré des blessures parfois graves.

Il n’y a pas eu d’incidents importants à déplorer durant leur séjour (Lilith avait du donner des instructions strictes).

Mais il fallait se rendre à l’évidence : ils n’auraient jamais pu faire le poids face à une armée régulière comme les sept brigades.
Ils n’avaient aucune logistique ou presque : chaque combattant était souvent surchargé de matériel inutile (des effets personnels exclusivement), faute d’être sûr de disposer de vrais ravitaillements.
Le département du génie militaire était un non sens selon leur concept de la guerre.
Pour eux, un soldat qui ne se battait pas en première ligne était obligatoirement un lâche mais sous l’emprise de l’alcool, certains auraient pu se permettre d’avancer de manière suffisante qu’il y a tout de même des lâches utiles…
Du genre qu’il faut nécessairement soumettre un jour ou l’autre : ça n’a jamais été dit, (même bourré, ils avaient trop peur des retombées s’ils venaient à se griller) mais ça a clairement été sous-entendu…

Bande de crétins décérébrés.

Il est lamentable de voir qu’ils en étaient toujours là (surtout quand on sait tout ce qu’un secteur autonome peut offrir).

Ils me feraient presque de la peine avec le recul, mais seulement parce que ces gars ressemblaient pas mal à nombre de mes anciens camarades.

Gretchencko était obligé de ronger son frein pour le moment.
Mais au moins, maintenant, il était sûr de savoir qu’on en voulait à sa peau (puisque s’en prendre à sa famille, ça revenait au même).
Et comme Lilith était toujours dans le coin, il en a profité pour vérifier directement ses soupçons.

Il a donc tablé sur l’avantage certain du terrain et a finalement décidé d’inviter cordialement Lilith à dîner dans sa demeure en présence de sa famille (et de quelques gardes) prétextant répondre à l’invitation qu’il n’avait pu honorer…
Et pour la remercier de son aide en quelque sorte.

Cela n’avait rien de vraiment officiel, mais c’était la première fois qu’ils allaient se rencontrer.

De l’ancienne garde prétorienne du commandeur, n’avait survécu que le caporal Everett Bramwell, lequel fut bientôt incorporé au sein d’une nouvelle unité d’élite divisée en trois compagnies : les Bloody Lions, les Doomed Lords et les Epsilon Griffins ou compagnie epsilon (à laquelle j’appartiens actuellement).
Les trois corps composaient le bataillon écarlate (surnommé le bloody battalion en anglais) qui devint le fer de lance de Victor dans la plupart de ses opérations d’envergure.

Pour info, la constitution de ce contingent ne respectait en rien la sacro-sainte nomenclature des troupes normalement en vigueur.
Selon le protocole, les noms de codes des diverses compagnies (au nombre de trois) composant le premier bataillon d’un premier régiment d’une brigade commençaient respectivement (suivant l’ordre hiérarchique de leur supérieur) par les lettres A, B et C.

Pour le reste, les membres de la nouvelle garde du commandeur devaient garder l’anonymat et portaient tous des cagoules en service.

Ce soir-là, dans la casa Gretchencko, seuls les Bloody Lions étaient représentés.

Victor entendait prendre toutes ses dispositions pour qu’il n’y ait absolument aucun risque d’incident.

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