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La Saga d'Asgeïr Dents-de-Glace, Chef de Grande Meute.


Par : Canis_Wolfborn
Genre : Science-Fiction, Action
Statut : C'est compliqué



Chapitre 6 : L'Esprit des Brumes.


Publié le 11/04/2011 à 19:29:41 par Canis_Wolfborn





Le Morkai's Fang s'éloignait rapidement de Fenris, laissant derrière lui l'orbe glacé ainsi que la flotte des Space Wolves, une armada de vaisseaux de guerres dont certains avaient vécu l'Hérésie d'Horus. Tels des poissons, ils se laissaient tranquillement porter dans l'orbite de la planète, comme si ils n'étaient pas capables d'anéantir à peu près tout, d'un escadron de chasseurs à une planète entière. Le Morkai's Fang était un Destroyer de Classe Hunter, souvent moqué des Space Wolves, puisque les plans de ce vaisseau provenaient des Dark Angels, et qu'ils en faisaient un grand usage. Il était tout à fait adapté à la mission d'Asgeïr et de sa grande meute, puisqu'il pouvait embarquer une trentaine de Space Marines à son bord, ainsi que deux Thunderhawks. Le vaisseau, basé sur le Destroyer Cobra de la Marine Impériale, était plus rapide que ce dernier, et semblait également plus compact, tout comme il possédait de meilleurs systèmes de communication, puisque les vaisseaux de la flotte de l'Adeptus Astartes étaient censés disposer d'une autonomie plus importante que ceux de la Marine.

Le passage d'un vaisseau dans le Warp était toujours un moment un peu stressant, même pour des Space Marines. Une erreur dans les calculs pouvait mener le bâtiment à un endroit totalement différent de celui désiré, et une perturbation dans l'Empyrean pouvait avoir des effets des plus bénins, comme des nausées pour l'équipage, à des créatures essayant en vain de pénétrer le champ de Geller, seule barrière entre le Warp et les passagers. Pour cette raison, les hublots étaient condamnés lorsqu'un vaisseau, si bien protégé soit-il, plongeait dans l'Immaterium.

Les techniciens, dirigés par Vimund, énonçaient chaque étape du rituel avant que le Morkai's Fang ne se précipite dans la Mer de Folie, comme l'appelaient certains capitaines. La voix mécanique des serviteurs, dénuée de toute émotion, jurait avec le ton sévère utilisé par le Prêtre de Fer. Les litanies semblaient rebondir contre les parois mécaniques, provenant des haut-parleurs du pont du Destroyer, tandis que chaque organe du Hunter se parait au saut. Asgeïr observait les courbes et les relevés sur les écrans de contrôle, sans réellement les comprendre. Si il était capable de gérer les mouvements de vaisseaux et de donner les ordres lors d'un engagement dans l'espace, il était loin de savoir mettre tout cela en marche, et il devait bien reconnaître, en son for intérieur, que l'Imperium tout entier dépendait du Clergé de Mars, qui en profitait largement pour jouir d'immenses privilèges. Plus que de la jalousie ou de l'indignation, le Loup Alpha ressentait une certaine méfiance à l'égard de l'Adeptus Mechanicus. Si un jour, il décidait de trahir l'Empereur, alors l'Humanité toute entière régresserait à un âge primitif, à devoir combattre à l'aide de bâtons et de pierres, et même l'Adeptus Astartes ne pourrait plus survivre à travers les âges.

Chassant ces inquiétudes dans un coin de son cerveau, il releva la tête et vit des panneaux de plastacier recouvrir la baie d'observation du pont. Dans un claquement sourd qui résonna plus d'une demi-minute, tout le vaisseau devint hermétique, et chaque coursive passa en position fermée. Lorsque le son s'interrompit, la clameur très légère que l'on peut toujours entendre à bord d'un bâtiment spatial se tut, l'espace autour du Chef de Grande Meute se déforma un instant, puis sa vision redevint normale. Le silence était total.

Immobile au milieu du pont, Dents-de-Glace était confronté à un problème sérieux. Que faire pendant la semaine estimée de voyage? Dans le Warp, impossible de contacter qui que ce soit, ni, bien entendu, de "sortir se balader", comme l'avaient suggéré certains Chasseurs Gris, qui avaient été menacés de faire le voyage attachés à un câble sur la poupe du Morkai's Fang. Restait l'option de se reposer, qui le dégoûtait particulièrement. Finalement, le meilleur choix était encore d'aller s'entraîner. Si l'utilisation d'armes à feu était prohibée à l'intérieur d'un vaisseau spatial, pour des raisons évidentes, il restait toujours le corps à corps, qui était une spécialité des Fils de Russ. De plus, Asgeïr voulait s’accommoder de Vigdis, et ne pas la manier pour la première fois lorsque viendrait l'heure d'affronter les Eldars Noirs. La porte derrière lui chuinta, et les cheveux sur sa nuque se hérissèrent. Son corps fut parcouru d'un frisson, un frisson surnaturel qu'il connaissait bien.

C'était la marque du Psyker.

-Dents-de-Glace a un bon flair, il me sent arriver alors même que ses pensées sont tournées ailleurs..., lança le Prêtre des Runes.
-Ce n'est pas mon flair, à vrai dire, Hakon Esprit-des-Brumes...

Vimund salua Hakon d'un geste de la tête, avant de retourner consacrer les équipements de navigation. Asgeïr se sentait mal à l'aise en présence d'un psyker, mais ne pouvait le formuler clairement, pas plus que dire à Esprit-des-Brumes de prendre congé. Premièrement, Krom lui avait ordonné de le prendre avec lui pour cette mission, et Dents-de-Glace n'était pas exactement dans la position de refuser d'obéir en ce moment. Secondement, les Space Wolves respectaient par dessus-tout la parole des trois ordres de prêtres: Prêtres-Loups, Prêtres de Fer et Prêtres des Runes. Même Logan Grimmar, qui, théoriquement, pouvait les envoyer paître, écoutait toujours avec un grand respect leurs conseils. Pour ces raisons, le Chef de Grande Meute allait devoir supporter la présence psychique de Hakon, malgré l'impression tout à fait désagréable que des tentacules lui chatouillaient le cerveau. Il sentait ses pensées décortiquées, et savait qu'à l'instant où il avait souhaité que le psyker s'évanouisse dans la nature, Hakon l'avait su lui aussi. Cela plaçait Asgeïr dans une position de dominé qu'il avait un grand mal à accepter, et qui occasionnait un inconfort important pour un Astartes habitué à commander. En réalité, Krom avait beau avoir placé Esprit-des-Brumes sous les ordres du Loup Alpha, le Prêtre des Runes était tout à fait libre d'outrepasser les commandements de Dents-de-Glace pour donner les siens. Par tradition.

-Je sais. C'est cette aura que j'ai, que tu exècres tant. Tu te dis que tu aimerais me balancer par les hublots de ce vaisseau de guerre, si on pouvait les ouvrir.

« Hum... » fut la seule réponse que le Loup put formuler, avant de déglutir péniblement. Il haïssait de tout son être d'être ainsi à la merci des pouvoirs d'un psyker.

-Je ne m'en offusque pas. Quand on peut lire les esprits des gens avec autant de facilité, on ne se vexe pas parce qu'un tel ou un tel ne nous aime pas. Néanmoins, quand viendra l'heure de faire face aux créatures de Commoragh, tu remercieras Oeil-du-Dragon de m'avoir envoyé avec toi. Dis-moi, Asgeïr Dents-de-Glace, sais-tu faire tomber une pluie d'éclairs sur tes ennemis? Sais-tu invoquer un blizzard si mordant que chaque flocon est plus tranchant qu'une lame énergétique? Peux-tu frapper ton adversaire avec la force du Tonnerre?
-Non, je ne peux pas..., se résolut à reconnaître notre héros.
-Eh bien, moi, je peux. Et c'est d'ailleurs ce que je vais faire, dit Hakon en souriant.

Il y eut un blanc d'une, peut-être même de plusieurs, minutes.

-D'accord, dit finalement Asgeïr. J'essaierai de mettre mes appréhensions de côté.
-Une sage décision, jeune loup. Il vaut mieux avoir un psyker dans son camp que dans celui d'en face. Que sais-tu des Eldars Noirs?



La question ne surprit pas le Chef. Même si il avait déjà combattu ces étranges xénos par le passé, il savait qu'ils étaient du genre surprenant, même quand on pensait tout savoir d'eux et de leurs techniques. Pendant un moment ils discutèrent de leurs expériences au contact, musclé, était-il besoin de le préciser, des fils de Commoragh. Il en résultait toujours la même conclusion: Perfides, sournois, malins, diaboliques, mauvais, pervertis, déments, fous, grotesques, les Eldars Noirs avaient beau inspirer le plus grand dégoût à tout fidèle serviteur de l'Empereur, seul un imbécile les aurait sous-estimés. Ils étaient des maîtres de l'attaque éclair, et utilisaient la peur au même titre que les Astartes utilisaient leurs bolters. Comme leurs cousins de loin moins maléfiques, ils possédaient un grand nombre de forces militaires diverses et très spécialisées, qu'ils faisaient agir en interaction de manière à obtenir une synergie du massacre tout bonnement effroyable. Dès qu'ils sentaient le vent tourner, ils repartaient mystérieusement, ne laissant presque jamais de prisonnier à interroger. Sur Afiz, ils semblaient revenir régulièrement se fournir en âmes, et même si la Garde Impériale arrivait à peu près à prévoir où et quand les attaques auraient lieu, elle se faisait prendre de vitesse dans le meilleur des cas, ou massacrer dans le pire. De fait, le gouverneur planétaire avait cessé d'envoyer des troupes protéger la population, et désormais les civils étaient réduits à prier l'Empereur en espérant que le voisin soit choisi par les créatures au jour du raid.

Après avoir échangé ce qu'ils savaient de leurs ennemis, Asgeïr s'en alla vers le couloir.

-Où vas-tu, Dents-de-Glace?, lui demanda le Psyker d'un ton narquois.
-Je vais aller m'entraîner un peu. Je veux m'habituer à Vigdis., répondit-il, sachant ce qui allait se produire.
-Oh, je vois. Tu ne refuseras pas un duel contre moi, n'est-ce pas?
-Non, bien sûr que non, Hakon Esprit-des-Brumes.

Il fronça les sourcils et invita l'Astartes à le suivre, d'un geste de la main. Ce combat ne lui disait rien qui vaille.


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