Note de la fic : :noel: :noel: :noel:

La Saga d'Asgeïr Dents-de-Glace, Chef de Grande Meute.


Par : Canis_Wolfborn
Genre : Science-Fiction, Action
Statut : C'est compliqué



Chapitre 2 : Liens de Sang.


Publié le 09/12/2010 à 03:00:48 par Canis_Wolfborn

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[c]Appelle les esprits de nos Frères,
Partis dans le Tonnerre,
Demande-leur Courage et Force,
Quand les épreuves approchent.[/c]


Le matin. La froideur d'un ciel sans astre s'estompait au fur et à mesure que le soleil réchauffait l'atmosphère et lui redonnait ses couleurs. La vie semblait reprendre ses droits et l'air devenait un peu moins glacial à chaque inspiration des Wolves. L'herbe était repassée du sombre au jaune, les montagnes avaient retrouvé leur teinte d'acier et dans le lointain, les hommes reprenaient leur travail. Il n'y avait pas de vent, et le soleil brûlait agréablement les visages. Les rapaces nocturnes étaient déjà rentrés dans leurs abris mais les plus gros prédateurs, eux, commençaient leur journée. Et quelle journée... L'heure était à la vérification de l'équipement. Bolters, lames, haches, les Fils de Russ bichonnaient leurs armes.

"Le dernier rapport que m'a envoyé le Gouverneur Planétaire fait état d'une horde d'environ mille à deux mille têtes, qui se dirige droit vers nous." Vimund, Le Prêtre de Fer qui était aussi le pilote du Thunderhawk de la Grande Meute, s'assurait que l'Armure Runique d'Asgeïr était en état et lui donnait les derniers chiffres sur l'avancée des orks. Arqué en avant pour scruter les moindres détails, il cherchait des défauts avec la minutie d'un orfèvre. Ses yeux noirs sévères volaient d'un point à un autre de l'épaisse protection de céramite alors qu'il marmonnait dans sa barbe grise, encrassée d'huile, aussi bien de moteur que sacrée. Parfois, il s'apprêtait à parler, puis à la seconde d'après, il se renfrognait, satisfait de ce qu'il voyait.

Vimund Doigts-de-Fer ne faisait pas à proprement parler de la Grande Meute d'Asgeïr. Il était souvent envoyé en mission avec elle, mais n'y était pas rattaché en permanence. Cela ne l'avait pas empêché de demander à être en priorité envoyé sur le terrain avec eux, car les Prêtres de Fer avaient peine à se faire des amis au sein des Wolves. Vivant le plus souvent reclus, entre eux, leur jugement était sans appel, aussi important que celui des Prêtres des Runes, et ils étaient les garants du bon fonctionnement de tout appareil technologique au Croc. Secrets et distants, leurs vies étaient avant tout dédiées à la Machine et ensuite à la guerre, une chose que peu appréciaient sur Fenris.

Ainsi il cherchait à obtenir une certaine reconnaissance d'Asgeïr et de ses hommes. Il faisait un bon travail et n'était pas aussi cinglant ou hautain que pouvaient l'être ses frères, malgré le fait que comme eux, il partageât un goût un peu trop prononcé pour la technologie. Son bras gauche était mécanique, tout inscrit de runes et de litanies à l'Esprit de Fer. Il n'avait plus de cheveux: l'arrière de son crâne avait été remplacé par une plaque de métal accueillant ses connexions neurales, et les câbles rouges, jaunes, verts et noirs étaient sa seule pilosité.

Finalement, il se releva et regarda le Chef dans les yeux.

"Tu t'occupes bien de ton armure, Asgeïr. L'Esprit de la Machine ne se plaint pas. Par le Père de Toutes Choses, j'ose espérer que les jeunes fous sous tes ordres auront été aussi délicats avec ces merveilles. J'ai quand même trouvé qu'une des runes sur ton épaulière droite avait été touchée lors du dernier affrontement avec les rebelles. Je n'avais pas vu ça avant. Tu iras voir Hakon pour qu'il te dise quoi faire. Ceci n'est pas des sciences que je connais...", lui déclara-t-il, avant de tourner les talons sans attendre de réponse. Plutôt que de l'impolitesse, c'était une hâte à peine masquée qui motivait l'Oracle des Machines, car les armures tactiques Dreadnought d'Erik et de Gunnar demandaient un soin particulier. De plus, il y avait encore Otvard, Rurik, et tous les Chasseurs Gris à passer en revue. Avant de s'éloigner à son tour, Asgeïr lui lança quand même qu'il voulait l'avoir en soutien dans le Thunderhawk pour la bataille.

Puis le Loup Alpha profita du fait que les autres ne soient pas encore requis par le Prêtre de Fer pour aller discuter avec eux. Descendant la colline, il admira les lignes tracées au sol par ce qui semblait être la botte d'Otvard, et dont la première, située à trois-cent mètres, indiquait la distance de tir pour les bolters. La seconde, située deux-cent-cinquante mètres plus près, constituait le signal pour les Chasseurs Gris d'utiliser leurs pistolets. Enfin, la dernière, située à dix mètres des positions des Astartes, signifiait "préparez-vous à recevoir la charge".

Otvard l'Expérimenté était le plus vieux des quatre Gardes Loups présents ici. Il souhait devenir un Prêtre-Loup, aussi avait-il pris sur lui d'enseigner à la Meute sous ses ordres tout ce qu'il savait de la guerre. Il était moins un tacticien qu'un fin logisticien, doublé d'un habile combattant, connaissant les ressources disponibles à chaque instant lors d'un engagement majeur, et sachant exactement quels étaient les talents de chaque homme lors d'une escarmouche. C'était ce souci du détail qui avait plu à Asgeïr et l'avait poussé à demander à Otvard d'intégrer sa Grande Meute à titre permanent. Les deux guerriers étaient liés d'une solide amitié et le Garde Loup était le seul à avoir le droit de contredire formellement son Chef. Plus d'une fois, il avait tempéré l'orgueil de Dents-de-Glace ou ses velléités d'endurcir trop radicalement les hommes. Il avait les yeux bleus et les cheveux qui viraient lentement vers le blanc. Après un combat contre un Big Boss Ork, il avait eu la mâchoire explosée et avait perdu ses dents, qui avaient été remplacées par des implants d'acier. Il portait toujours ses canines en pendentif, mais le fait de savoir que plus jamais elles ne pousseraient était quelque chose qu'il avait du mal à accepter et ceux qui le nommaient "Crocs de lait" pouvaient s'attendre à ne plus compter parmi ses proches, voire à risquer un coup de sa terrible Épée de Givre.

Voyant son Chef approcher, il sourit. "Tiens, voilà le mâle dominant qui vient corriger mon travail.", plaisanta-t-il. "Ne crois pas ça, tu as fait du bon boulot, mon vieux.", lui répliqua Asgeïr, et les deux géants se firent une franche accolade.

-La nuit a été bonne en haut de ta colline, à dormir comme un bébé?

Dans un sourire carnassier, Dents-de-Glace riposta:

-Non, parce que tu ronflais autant qu'un Land Raider, au lieu de monter la garde comme je te l'avais demandé. je suis sûr que les orks t'ont entendu et qu'ils vont éviter de passer par ici.

"Ça, c'est vraiment bien lancé, le point est pour toi", dit Otvard en explosant de rire. "Blague à part, Brand dit qu'il a vu un éclaireur s'approcher de notre campement cette nuit."

-On est sûrs de ça?
-En fait, il ne veut pas avouer que l'ork lui a pissé dessus. Mais il l'a laissé partir pour qu'ils se sentent en confiance... Il a bien fait. Même si il boucane, maintenant...

"Vimund va râler. C'est sûr.", conclut Asgeïr. "Bref. Ta Meute se porte bien?"

"Comme tu peux le voir, oui...", dit le vétéran en lui montrant les hommes d'un large signe de main. "Ils sont impatients de botter des fesses d'orks! Mais je les ai mis en garde, alors ils vont tenir la ligne. Tu as une idée de combien ils sont?"

-Entre mille et le double. C'est plus que ce que nous pensions de prime abord, alors j'ai dit à Vimund qu'il nous fournirait l'appui aérien. Ça devrait suffire, qu'en penses-tu?
-Oui, c'est bien. On a déjà vu pire. Allez, va voir Rurik, il est encore en rogne.

De fait, Rurik le Colérique avait gagné ce sobriquet parce qu'il était constamment énervé par quelque chose et les moments où il était calme se comptaient sur les doigts d'une servo-pince. Ses courts cheveux blonds qui lui arrivaient aux oreilles donnaient l'impression d'un casque au-dessus d'un visage quelque peu rond, au milieu duquel se trouvaient deux énormes yeux dorés. Il avait aussi une canine cassée et une cicatrice qui partait du coin gauche de ses lèvres vers son oreille. L'on murmurait que la douleur l'empêchait de sourire et que c'était pour cela qu'il était toujours irascible. Néanmoins, ce courroux constant motivait bien les Chasseurs Gris sous ses ordres, car Rurik était connu pour infliger des punitions humiliantes et douloureuses. Il se tenait actuellement accoudé à la tête de son énorme hache, en train de molester ses hommes pour une raison qu'eux-mêmes ignoraient.

"Bandes d'abrutis, vous commencez vraiment à m'échauffer! J'en ai plus que marre de m'occuper de crétins tels que vous, incapables! Même un louveteau serait plus productif que le tas d'andouilles que vous êtes!", vociférait-il quand Asgeïr le bouscula de l'épaule.

-Alors, encore en train de les engueuler. Pourtant, ils sont plus productifs que toi, pour l'instant... Héhéhé.

Aussitôt, Rurik se calma. "Mmh. Faut être dur avec eux, c'est comme ça qu'ils pourront un jour porter ça...", se défendit-il en désignant sa hache. "Et puis je me suis pas levé du bon pied, Alwin a cru bon de me boucher le nez pour me réveiller. Je lui ai cassé le sien, du coup."

-Malin. Tu auras été celui qui aura versé le premier le sang d'un Space Wolves durant la bataille d'aujourd'hui. Il y a de quoi prononcer l'Excommuniate Traitoris, tu sais.
-Fous-toi de moi. T'étais bien en haut de ta colline, sans cette bande d'idiots à côté de toi. Bon, qu'est-ce que je peux faire pour toi?

Asgeïr lui demanda à lui aussi comment allaient ses hommes, en particulier Alwin, pour lequel il commençait à avoir une sympathie nouvelle, voire un peu de pitié. Il indiqua à Rurik le nombre d'orks estimés, lui arrachant un éclat de rire tonitruant, puis le laissa tyranniser à nouveau sa Meute, Gjallarhorn. Lui-même était issu de cette unité et avait été un Chasseur Gris aux côtés d'Astartes encore présents. Rurik était en réalité devenu un Garde Loup seize ans auparavant, en tirant un Otvard inconscient et blessé des griffes d'une bande de Genestealers Tyranides, avec pour seules armes son bolter et son épée tronçonneuse, le tout en proférant une quantité de jurons jusque là jamais égalée dans la Grande Compagnie de Krom Oeil du Dragon, et sous le regard médusé de ce dernier. Aussitôt après le combat, il avait été affecté à la Grande Meute du jeune Asgeïr.

Dents-de-Glace retourna en haut de la colline en croisant Vimund qui semblait plutôt soulagé. Les armures Terminator d'Erik et Gunnar fonctionnaient parfaitement.

Erik Poing-d'Acier et Gunnar Rage-des-Anciens étaient les deux Loups de Garde d'Asgeïr. Au plus fort des batailles, ils le suivaient, et ces trois-là pulvérisaient tous leurs ennemis implacablement, laissant derrière eux un sillage de cadavres large comme un Predator. Erik avait pour armes un puissant Gantelet Énergétique crépitant et une Épée Énergétique elle aussi, lui permettant de broyer d'une main et de trancher de l'autre. Il était fort joyeux et toujours prêt à rire, mais surtout à protéger son Chef de toutes les attaques. Sans son aide, jamais Asgeïr n'aurait pu vaincre le Carnifex dont les crocs pendaient à sa ceinture... Et sans Gunnar, il aurait été décapité par un Seigneur du Chaos des années plus tôt. Gunnar... Sa longue Lame Énergétique et son Fulgurant l'avaient aidé à obtenir ce surnom de Rage-des-Anciens, car il était un exemple de ce qu'un Garde Loup doit être. Aussi violent que le blizzard, et capable de déchaîner toute sa puissance vers un seul ennemi. La manière dont il avait dévié le coup du Seigneur du Chaos qui aurait tué Asgeïr, puis lui avait logé une pleine rafale de bolts en pleine tête, en disait long sur ses réflexes et sa dextérité, même pour un Space Marine. Il était plus réservé, plus cynique et donnait moins souvent son avis qu'Erik, bien qu'il fût lui aussi de très bon conseil. Avec ses deux Gardes, le Chef se sentait invincible, capable d'affronter n'importe quoi, n'importe où et n'importe quand.

"Pas de problèmes d'armure?", leur demanda-t-il tout de même. "Rien,", répondit Erik, "mais Vimund dit qu'il serait bon d'y passer un peu d'huile consacrée. À part ça, tout va bien. Et les autres? Ils sont prêts?"

-Autant qu'on peut l'être... Brand s'est fait pisser dessus par un éclaireur cette nuit, il l'a laissé filer. Donc on peut penser qu'ils ne vont pas tarder à arriver, sûrs de leur victoire.
-On pourra parler de ça, si jamais il a une Saga?

Asgeïr émit un rire sonore et grave, avant de secouer la tête. "Allez vous mettre en position et foutez-lui la paix. Vimund devrait en avoir pour encore deux bonnes heures avant de finir ses contrôles, mais désormais je vous veux alerte. Considérez que la bataille débute. Et transmettez-le aux autres."

Les deux Loups acquiescèrent ensemble et tournèrent les talons pour descendre la colline, laissant le Chef seul. Il regarda au loin, vers la forêt, à plusieurs kilomètres de là. Rien, pour le moment. Ca n'allait pas durer. Le vent, qui venait de là-bas, charriait déjà une odeur sale, caractéristique des orks. Elle était très légère, presque indécelable, mais pour les Space Wolves, l'odorat était un sens quasi-surnaturel. Ils pouvaient sentir l'armure puante l'urine orkoïde de Brand, les encens sacrés appliqués sur les armes, la sueur de Rurik et deviner les émotions des êtres vivants simplement grâce à leur odeur. À cet instant, tous étaient fébriles, impatients de tuer et de déchaîner la bête.

Lui aussi avait hâte de tuer.

Dans les hameaux environnants, les paysans avaient du être prévenus puisqu'il ne voyait plus personne. Pendant longtemps il scruta l'horizon et le moindre signe de l'arrivée des orks, mais il ne vit rien. En revanche, l'odeur devenait plus forte. Vimund repassa à un moment auprès de lui pour lui dire qu'il allait faire chauffer les turbines du Thunderhawk, ce à quoi il répondit par un grognement, absent. Il cherchait à savoir où en était l'ennemi... La fragrance se faisait plus présente dans l'air, comme un parfum désagréable, et cette odeur pouvait attirer d'autres orks à des kilomètres, pour augmenter la taille de la bande, la rendant plus destructrice encore. Au fur et à mesure qu'ils attendaient, les Astartes s'agitaient de plus en plus. Eux aussi percevaient les phéromones orks, et ils avaient envie de sang, de tuer les xénos et de se jeter dans la bataille. Cette envie avait souvent pris le pas sur leur instinct de prédateur au début de leur carrière, quand ils étaient encore des Griffes Sanglantes, mais ils avaient appris à se contrôler au fil des ans. Néanmoins, la tentation était là.

Finalement, après trois heures, des formes laides et vertes émergèrent des bois d'abord par dizaines, puis par centaines. Ils étaient encore à quelques kilomètres, mais leur simple vue avait suffi. Les bolters s'armèrent à l'unisson, dans un concert de cliquetis, et derrière lui, Asgeïr perçut le hurlement des turbines du Thunderhawk. Il marcha en bas de la colline, allant se placer entre Erik et Gunnar, tint Sigrid fermement dans sa main, et accrocha son bouclier à sa ceinture, pour s'équiper de son pistolet.

Bientôt, il libérerait la bête en lui.


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