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La Saga d'Asgeïr Dents-de-Glace, Chef de Grande Meute.


Par : Canis_Wolfborn
Genre : Science-Fiction, Action
Statut : C'est compliqué



Chapitre 5 : Mise aux Poings


Publié le 17/12/2010 à 00:57:47 par Canis_Wolfborn

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Un bon coup dans les dents a souvent la même qu'un long discours moralisateur.
Mais il est plus direct et moins barbant.[/c]

Les couloirs étaient larges, faits d'une pierre sombre et parcourus de torches accrochées aux murs et alimentées d'une manière dont Asgeïr ignorait tout. Il s'imaginait néanmoins qu'elles étaient toutes reliées à un vaste réservoir de prométhéum, afin de ne pas avoir besoin de les changer régulièrement, sinon quoi la tâche aurait été difficilement réalisable. Il n'y avait pas de courants d'air au Croc, qui était un véritable foyer au sens propre comme figuré, niché au milieu de la toundra fenrissienne, une des plus inhospitalières de la Galaxie. Durant sa marche, le Loup croisa certains de ses Frères, les saluant rapidement avant de continuer sa route. Il se rendait à l'aile de sa Grande Meute, certain d'y trouver Otvard.

Et en effet, il s'y trouvait. Habillé chaudement, d'une fourrure d'ours, il disputait une partie de régicide avec Rurik. Ce dernier donnait l'impression de s'apprêter à envoyer valser le plateau à tout instant tant sa colère était grande, alors même qu'il se défendait bien. Malgré tout, Otvard avait l'avantage, et il était réputé pour être le meilleur joueur de régicide de toute la Grande Compagnie. Krom lui-même avait dû s'incliner face au Garde Loup. C'était un jeu qui nécessitait ruse et patience, deux des plus grandes qualités de l'Expérimenté.

En entrant, Asgeïr fut accueilli par un juron de Rurik, qui venait de perdre une de ses pièces maîtresses. Il ne nota pas la chose et posa Vigdis, enroulée dans son drap de laine, sur la lourde table de bois clair, longue d'environ quinze mètres, sur laquelle jouaient les deux Wolves. Dans la grande salle commune, il y avait aussi quelques Chasseurs Gris, dont Brand et Alwin, qui saluèrent joyeusement leur Chef de la tête.

La salle commune comptait une demi-douzaine de ces grandes tables, auxquelles étaient assis les Wolves. Revenant de mission, ils étaient dispensés d'entraînement. Quelques-un avaient été voir les Prêtres-Loups pour des soins mineurs et la plupart étaient absents pour une raison ou pour une autre -en général aller se vanter de leurs exploits devant les membres d'autres Meutes-. Sur les murs, l'on trouvait des bannières relatant les exploits des anciens membres de cette Grande Meute, et certaines étaient si grandes qu'elles traînaient sur le sol. Des serfs déambulaient pour débarrasser les restes du banquet donné ici peu avant, et quel Asgeïr avait bien entendu participer, pour fêter la victoire sur Knidia.

"Otvard, fais porter ceci à l'Arsenal pour moi.", dit-il tout en désignant le drap. "Krom Oeil-du-Dragon nous charge d'une mission." Notant l'intérêt soudain de Rurik pour ses propos, Asgeïr eut un sourire carnassier. "Afiz est la cible de raids des Eldars Noirs et nous devons nous y rendre immédiatement. Préparez-vous pour le départ. Je veux la Grande Meute dans la baie de l'Astrid's Claw. On se rendra sur Afiz à bord du Morkai's Fang." Les quelques Astartes présents commencèrent à se diriger vers l'armurerie, de même qu'Otvard. "Ah oui.", se souvint Dents-de-Glace. "Trouve-moi également Hakon Esprit-des-Brumes et Thorbjörn le Rocher. Ils intègrent la grande Meute."

Sans attendre de réponse, il se rendit vers ses appartements. Il voulait prendre sa longue cape de fourrure, pour avoir l'air plus imposant face à ce prétentieux d'Eïnar, qu'il avait bien l'intention de remettre à sa place. L'aile d'une Grande Meute était assez spacieuse pour accueillir une centaine de Space Marines, mais il était rare que l'une d'elles fasse cette taille, à la différence de l'époque des Légions. Cela dit, chaque Astartes pouvait jouir d'un confort relatif et certaines salles étaient même totalement inutiles puisqu'Asgeïr et ses hommes étaient moins d'une trentaine. Il y avait à l'intérieur de l'aile un secteur de cellules et de dortoirs pour les Space Wolves, un grand Arsenal où étaient entreposés les équipements, armes et armures, un complexe d'hygiène -qui allait du bain brûlant et reposant à la décontamination avancée- et les quartiers du Chef.

Ceux-ci faisaient à peu de choses près la taille de la Tanière de Krom, sauf que cette dernière ne servait qu'à recevoir et à entreposer les trophées. Le Loup Alpha commençait à avoir une collection bien remplie de récompenses et de cadeaux et regrettait d'être parti aussi vite de Knidia. Bah, de toute manière il avait obtenu Vigdis. Enfilant sa fourrure, il sortit à la hâte, se dirigeant vers les Portes du Croc.

Malgré cette impression de luxe que l'on pouvait imaginer à entendre la manière dont était agencée l'Aile d'une Grande Meute, le tout restait assez rustique et fonctionnel. Bien qu'autant d'espace et d'installations personnelles, ainsi que le simple fait que les deux Gardes Loups aient le temps de jouer au régicide pouvait passer pour de l'oisiveté, voire de la paresse aux yeux des autres Chapitres de l'Astartes, la vie des Space Wolves restait tournée vers la guerre et l'entraînement. Toute cette place n'était que le résultat d'une époque révolue, où une Grande Meute faisait la taille d'une Compagnie, une époque où les Space Wolves n'étaient pas un Chapitre, mais une Légion. Une époque datant d'avant l'Hérésie, avant la disparition de Russ...

Le terme "Portes du Croc" était assez ambigu. En effet, la Forteresse des Wolves possédait deux gigantesques portes, assez épaisses pour stopper des tirs d'armes orbitales, mais pas seulement. Il y en avait d'autres, une à chaque Grande Aile de Compagnie, afin que les Marines puissent partir en patrouille ou en mission sur Fenris sans traverser tout le complexe. C'était un gain de temps précieux lorsque des blindés étaient requis. Ainsi Asgeïr se rendait-il aux portes les plus proches, sachant qu'il y trouverait son blanc-bec d'ancien Chasseur Gris, prêt à recevoir une sacrée raclée. L'idée l'enchantait et puisqu'Eïnar avait accepté Sigrid, il accepterait aussi quelques coups dans le nez -en plus de devoir changer de Grande Meute-.

Le Garde Loup l'attendait dehors. Le Chef alla à sa rencontre, dans le froid mordant et la tempête hurlante, passant sous l'arche de pierre assez large pour un Land Raider et haute comme deux Dreadnoughts.

Le blizzard les empêchait de voir à plus de trois mètres, et rapidement, Asgeïr fut trempé. Ils avaient de la neige jusqu'à mi-mollet, mais l'habitude faisait qu'ils n'éprouvaient aucune difficulté à marcher.

Ils se toisèrent un instant, puis Eïnar prit la parole.

"Je suppose que je ne fais plus partie de ta Grande Meute, Dents-de-Glace.", affirma-t-il froidement, un regard plein de haine lancé contre son ancien maître. Il avait les cheveux longs et crasseux, et une barbe mal rasée. Ses yeux verts, chose rare chez un fenrissien, étaient proches l'un de l'autre et il semblait parfois loucher.

"Tu supposes bien, Caresse-les-Orks.", répliqua Asgeïr en montrant ses dents. Il n'allait pas se laisser impressionner. Rejetant sa tignasse en arrière, il fit craquer ses doigts et jouer ses épaules. L'autre faisait de même, mais contre toute attente, lui sauta dessus en premier dans un violent crochet du droit. Au dernier moment, Asgeïr stoppa le poing d'Eïnar de sa main droite, et lui mordit le poignet en grognant.

Refermant ses mâchoires le plus profondément possible, jusqu'à ce que ses canines touchent l'os, le Chef prit son adversaire à la gorge de sa main libre, et commença à l'étouffer. Voyant que le duel commençait mal, le voleur de Sigrid se laissa tomber en arrière, entraînant un Loup Alpha pour le moins surpris. Les deux se retrouvèrent au sol, et Empale-les-Orks se dégagea, non sans perdre un peu de chair au bras gauche. Chacun pouvait désormais sentir l'odeur du sang, et même si les cellules de Larraman refermaient déjà la blessure, le mal était fait. Battant légèrement en retraite, ils se jetèrent l'un sur l'autre au même instant dans un choc sourd et s'empoignèrent à bras le corps. Les coups pleuvaient autant que les adversaires aboyaient de rage, laissant la bête les dominer. Eïnar esquiva une frappe du poing en se baissant et souleva son ennemi, l'envoyant s'écraser derrière lui, sur la pointe d'un rocher dépassant de l'épais manteau de neige. Le dos d'Asgeïr craqua et il se releva avec difficulté, avant de charger à nouveau, enfonçant son crâne dans le plexus solaire du Garde Loup, qui eut le souffle coupé. Profitant de l'instant, le Chef lui administra un coup de genou en pleine tête, sonnant son adversaire, qui commençait à tituber. Ce dernier put néanmoins éviter le gauche suivant, et, se ressaisissant, lui balaya les jambes d'un crochet du pied. Sans lui laisser le temps d'agir, il mit sa botte sur le torse du Loup Alpha et appuya, pour le vider de son souffle, avant de s'accroupir sur lui. Grand mal lui en prit. Un coup de tête plus tard et son nez saignait. Reculant sur ses genoux, sonné une fois de plus, Eïnar reçut un pied dans le menton, si fort qu'il se mordit la langue et tomba à la renverse. À une vitesse fulgurante, Asgeïr lui bondit dessus et, tout en lui tenant fermement les bras au niveau des coudes, referma ses mâchoires sur la gorge de son ennemi.

C'était suffisant pour que le Garde Loup se calme. La tension de ses muscles baissa et il se rendit. Sans un mot, le Chef se releva et lui lança une dernière fois son pied au visage, qu'Eïnar accueillit sans broncher, avant de rentrer au Croc.

Il marchait d'un pas rapide, encore enragé par le duel. L'adrénaline refusait de retomber et sur le chemin, il frappa un serf innocent avant de partir comme une fusée vers l'Arsenal. Il n'en revenait toujours pas. Qu'un chiot comme Eïnar ait osé se défendre, c'était presque compréhensible, mais qu'il porte le premier coup... Son arrogance semblait ne commettre aucune limite. Le vol de Sigrid et maintenant ce premier coup... Asgeïr ferait signaler à Otvard d'avertir Eïnar de jamais plus ne parler en sa présence, sinon quoi il le tuerait. Aucun Space Wolves n'osait s'opposer ainsi au Loup Alpha, aucun!

Quand il arriva à l'Arsenal, les autres virent tout de suite qu'il était en colère et qu'il s'était battu. Aucun ne posa de question et même Erik et Gunnar se dispensèrent de lui demander ce qui était arrivé, préférant reprendre leur conversation, comme tout le monde, tandis que des serviteurs enchâssaient toute la Grande Meute dans ses armures. Il en fallait cinq pour une Armure Énergétique, et pas loin de quinze pour les Terminators, tant les pièces étaient lourdes. Dans chaque équipe de serfs, l'un deux récitait des cantiques et ordonnait aux autres d'effectuer chaque tâche dans un ordre précis, sous peine d'offenser l'Esprit de la Machine. Asgeïr s'installa près de sa propre Armure Runique, et aussitôt des serviteurs accoururent. Otvard était à côté de lui et le questionna du regard.

"Eïnar a reçu Sigrid en récompense de ses actes.", se contenta-t-il d'expliquer. Sa phrase avait jeté un froid dans toute la salle et les conversations s'arrêtèrent net. "Tu iras le voir et lui diras que si jamais il ose ouvrir la bouche en ma présence, je le tuerai de mes mains. Il ne fait bien entendu plus partie de la Grande Meute." Le silence régnait, excepté pour les prières des serviteurs. Tous se regardaient. "Bien. Qui m'as-tu trouvé pour remplacer ce chiot dans la meute Mjöllnir?", demanda le Chef pour changer de sujet.

Otvard sourit. "Il a été récemment promu. Il se prénomme Arnvald et il faisait partie d'une autre Grande Meute. Diter Pied-d'Ours nous en a fait cadeau.", expliqua-t-il. "Bien, tu iras dire à Diter que nous lui "offrons" Eïnar. Tu es plus diplomate que moi alors explique-lui toute l'histoire.", répliqua Dents-de-Glace tandis qu'on lui fixait sa jambe droite.

Il dut lever le pied pour l'insérer dans l'énorme pied blindé, après quoi la plaque arrière fut relevée et connectée à la botte. La plaque avant fut soudée et reliée au reste. Un tel rituel pouvait prendre deux à trois heures mais les Space Marines ne mettaient pas leurs armures à la légère et devenaient de véritables dieux de la guerre à l'intérieur. Ainsi, aucun d'eux n'osait critiquer le temps que pouvaient mettre les serviteurs à accomplir chaque tâche, car encourir la colère de l'Esprit de la Machine, et par extension des Prêtres de Fer, était une très mauvaise idée.

Pendant ce temps, se présenta à eux Thorbjörn le Rocher. Il se dirigea silencieusement vers Asgeïr et s'inclina avec respect. Il avait déjà revêtu son Armure et à sa ceinture pendaient une grande épée ainsi qu'un Pistolet Bolter. La partie gauche de son visage avait été remplacée par un implant bionique visiblement très récent, et l'autre était constellée de shrapnels incrustés dans sa peau. Il n'avait plus de cheveux, sans aucun doute brûlés. Son oeil organique était noir et son nez écrasé. Il n'avait également plus qu'une seul canine, mais elle était d'une longueur respectable, ce qui indiquait que Thorbjörn était tout de même un combattant expérimenté.

"Salutation, Asgeïr Dents-de-Glace.", dit-il d'une voix forte mais avec un très léger timbre métallique. Celui-ci hocha la tête. "Salutations, Thorbjörn le Rocher." Les deux se regardèrent dans les yeux une ou deux secondes, avant que le Chef ne continue. "Tu es désormais ici chez toi. Otvard t'a très probablement briefé. As-tu des questions?"

Le Loup Solitaire répondit que non et s'éloigna. Ce n'était pas étonnant chez ces guerriers qui avaient perdu tous leurs compagnons au combat que de devenir presque associables et taciturnes, d'où leur appellation. Thorbjörn avait enduré de grandes souffrances avait du laisser les corps de ses compagnons sur place, et il entendait bien aller se venger, en même temps que ses frères d'armes.

Dents-de-Glace en profita pour expliquer plus clairement la mission qui les attendait, et lorsque chacun fut en armure, il se dirigèrent vers la baie de lancement du Croc...


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