Les chroniques de Karlfand
Par : Sipro
Genre : Fantastique
Status : Abandonnée
Note :
Chapitre 32
Publié le 26/05/11 à 22:50:20 par Sipro
Anthèlme fixa rapidement l’assassin, et l’étudia de nouveau. Outre son accoutrement peu ordinaire, celui-ci était extrêmement agile, bien plus que ce que l’on aurait pu penser en le voyant ainsi. Il se regarda ensuite, plus particulièrement ses bras. L’un était utilisé pour porter le bouclier, l’autre l’épée. Le paladin se posait une nouvelle question, une de plus parmi tant d’autres, mais l’une des premières sur ses propres remises en question. D’autres suivraient surement plus tard. Il resta ainsi, à fixer ses mains quelques secondes, et médita sur la question. Et si le bouclier l’empêchait de donner de l’amplitude à ses mouvements ? S’il maniait une épée à deux mains, un glaive, ne serait-il peut être pas plus efficace.
Certes, il sacrifiait de la garde et de la protection, mais pour un plus vaste champ d’attaque, et plus de rapidité. Il devrait s’entraîner un peu avant de pouvoir manier correctement cette arme, mais ça, il pouvait le faire avec sa nouvelle élève. Si toutefois le seigneur décidait qu’elle resta avec Anthèlme, puisqu’il avait échoué. Mais honnêtement, comment un assassin, aussi doué fut-il, pourrait-il former des êtres pour lesquels il n’a que peu d’estime. De plus, un assassin ne pouvait former un paladin, et Éléonore serait formée à devenir un assassin, peut être contre son gré. Puis il se recentra sur sa pensée première, l’arme à deux mains. Il la lui fallait légère, maniable, efficace, et pourquoi pas belle. Après tout, les belles armes imposent le respect, de même que les armes à deux mains. Une belle arme à deux mains ne pouvait forcément qu’avoir des avantages par rapport à la population.
« Vous chassez donc les monstres », demanda l’assassin, tirant Anthèlme de ses pensées. « Et vous avez… rasé un camp de bandit. Ce n’est pourtant pas votre profession.
-Maître Alderas, puis-je me permettre quelques remarques. Certes, ce n’est pas ma profession que de chasser les hommes et hors-la-loi, il en retourne de votre juridiction, mais dès lors que vous ne fûtes pas présent hier, et que la fille du seigneur fut enlevée ce jour là, il fallait agir vite. Les bandits sont communs, ils ne servent pas les mêmes Dieux que nous, et donc par conséquent, comme les monstres, doivent être chassés. Un paladin peut aussi s’acquitter de cette tâche.
-On m’a dit que vous vous étiez débrouillé d’une façon remarquable. C’est une rumeur, elle vaut ce qu’elle vaut, puis elle meurt. Puisque les paladins ont fait serment, normalement, de dire la vérité lorsqu’on les questionnait, vous devriez pouvoir me répondre…
-J’ai épargné leur chef, mais les bandits ne semblaient pas disposés à se rendre. A vrai dire, le combat qui m’opposa au chef fut éprouvant, et je dois encore m’entraîner. Pour ce qui est de ce serment… J’ai honte de le dire, mais je ne l’ai pas toujours respecté. Le code des paladins, bien qu’il me plaise énormément, est un peu éloigné de ma philosophie. Par conséquent, je préfère en ignorer certains aspects, mais je garde tout de même l’honneur. Chacun est libre de mener sa quête contre le Mal, de la façon dont il l’entend. Les paladins ne sont pas étrangers à cette règle. »
Alors qu’Anthèlme finissait sa phrase, le garçon d’écurie vint les chercher, l’assassin et le paladin, pour les amener à son seigneur. Ils marchèrent tous les trois dans le silence, en regardant droit devant eux. Anthèlme continuait à réfléchir par rapport à tout ce qui venait de se passer. Il devait être un bon maître pour sa disciple, car les paladins se faisaient de plus en plus rares, ce qui avait autorisé un léger laxisme dans le code. Néanmoins, la plupart des Grandes Règles devaient être toujours honorées, quoi qu’il en coutait. Bien sûr, dans certains cas, comme par exemple celui où un paladin viendrait à se faire prendre en otage par un groupe de bandit, il ne doit pas parler, et même préférer perdre la vie plutôt que de divulguer quelque information.
Parmi les règles mineures, les paladins devaient rester maîtres de leurs émotions. Une chose qu’Anthèlme n’arrivait pas à faire, et qu’il bafouait la plupart du temps, mais d’autres paladins, comme son ancienne maîtresse, Dehlia, y accordaient une importance capitale, et se sentaient capables de ne jamais défaillir par rapport à celle-ci. Les assassins, les chasseurs d’hommes, comme on les appelait vulgairement, n’avaient pas un code si développé que celui des paladins. Comme ces derniers, ils devaient garder la loyauté qu’ils avaient envers l’homme qui les avait payés, mais un contrat était un contrat. Si la cible proposait une offre plus importante encore que celle que l’employeur donnait, l’assassin était libre de l’accepter, mais devait tout de même tuer la cible, avant de revenir pour tuer son employeur, dans le cas où il aurait accepté l’autre contrat. « Chaque contrat doit être honoré » était une des rares phrases communes aux deux codes de conduite.
Pour le reste, les assassins pouvaient agir comme ils le voulaient. Ils étaient libres de tout, bien que le meurtre de civil devait être prohibé, qu’il ne fallait jamais mettre en danger un autre assassin, et que les viols étaient interdits. Mais certains assassins se moquaient de cette ligne de conduite, ce qui dégradait quelque peu leur réputation, tandis que celle des paladins était toujours tenue comme modèle de vertu et d’honneur. A vrai dire, peu de gens le savaient, mais ces deux codes furent définis par deux frères, l’un exerçant la profession de paladin, l’autre revêtant l’habit de l’assassin. Ils avaient chacun leur propres visions de leur professions, et pourtant avaient voyagé de par le monde ensemble, jusqu’à ce que l’un d’eux tue l’autre, à cause de la jalousie et des émotions trop fortes.
Les gens pouvaient croire que celui qui fut fratricide était l’assassin, compte tenue de leur réputation actuelle, mais la vérité était tout autre, c’était la lame du paladin qui était passée en travers du corps de son frère l’assassin. Ce paladin, pour obtenir son pardon, modifia le code d’honneur qu’il avait lui-même écrit, en ajoutant que les émotions étaient mauvaises, puis, puni par son Dieu à errer jusqu’à ce qu’il trouva la mort, voyagea dans toutes les contrées, et aida les différents hommes à régler leurs problèmes. Il eut un disciple un jour, à qui il enseigna le métier d’assassin. Ce même disciple fonda l’ordre des assassins, puis donna le livre de son ancien maître, tué par un seigneur vampire alors qu’il souffrait de maladie et de vieillesse, à l’un des plus valeureux guerriers du royaume, et ce dernier fonda l’ordre des paladins. Ces deux ordres travaillaient autrefois conjointement, et gratuitement, mais aujourd’hui, même s’il n’était pas rare que des membres de ces groupes travaillaient encore ensembles, ils faisaient désormais payer leurs services.
Anthèlme arrêta de penser à tout cela lorsqu’il pénétra dans le bureau du seigneur, avec Alderas. Ils se tinrent tous deux droits devant le bureau, attendant un ordre, une mission, une requête de la part du noble. Celui-ci se leva, et, poussant une carte devant eux, leur pointa du bout de son index, un lieu.
« Ce village et ses habitants furent attaqués par des créatures de la nuit, ainsi je vous demande de vous en occuper, en alliant tous deux vos techniques, et en combattant comme les autres membres de vos ordres étaient habitués à le faire. »
Anthèlme releva la tête vers Alderas, un peu avant ce dernier. Mais tous deux échangèrent un regard, avant de regarder, en même temps, le seigneur.
Certes, il sacrifiait de la garde et de la protection, mais pour un plus vaste champ d’attaque, et plus de rapidité. Il devrait s’entraîner un peu avant de pouvoir manier correctement cette arme, mais ça, il pouvait le faire avec sa nouvelle élève. Si toutefois le seigneur décidait qu’elle resta avec Anthèlme, puisqu’il avait échoué. Mais honnêtement, comment un assassin, aussi doué fut-il, pourrait-il former des êtres pour lesquels il n’a que peu d’estime. De plus, un assassin ne pouvait former un paladin, et Éléonore serait formée à devenir un assassin, peut être contre son gré. Puis il se recentra sur sa pensée première, l’arme à deux mains. Il la lui fallait légère, maniable, efficace, et pourquoi pas belle. Après tout, les belles armes imposent le respect, de même que les armes à deux mains. Une belle arme à deux mains ne pouvait forcément qu’avoir des avantages par rapport à la population.
« Vous chassez donc les monstres », demanda l’assassin, tirant Anthèlme de ses pensées. « Et vous avez… rasé un camp de bandit. Ce n’est pourtant pas votre profession.
-Maître Alderas, puis-je me permettre quelques remarques. Certes, ce n’est pas ma profession que de chasser les hommes et hors-la-loi, il en retourne de votre juridiction, mais dès lors que vous ne fûtes pas présent hier, et que la fille du seigneur fut enlevée ce jour là, il fallait agir vite. Les bandits sont communs, ils ne servent pas les mêmes Dieux que nous, et donc par conséquent, comme les monstres, doivent être chassés. Un paladin peut aussi s’acquitter de cette tâche.
-On m’a dit que vous vous étiez débrouillé d’une façon remarquable. C’est une rumeur, elle vaut ce qu’elle vaut, puis elle meurt. Puisque les paladins ont fait serment, normalement, de dire la vérité lorsqu’on les questionnait, vous devriez pouvoir me répondre…
-J’ai épargné leur chef, mais les bandits ne semblaient pas disposés à se rendre. A vrai dire, le combat qui m’opposa au chef fut éprouvant, et je dois encore m’entraîner. Pour ce qui est de ce serment… J’ai honte de le dire, mais je ne l’ai pas toujours respecté. Le code des paladins, bien qu’il me plaise énormément, est un peu éloigné de ma philosophie. Par conséquent, je préfère en ignorer certains aspects, mais je garde tout de même l’honneur. Chacun est libre de mener sa quête contre le Mal, de la façon dont il l’entend. Les paladins ne sont pas étrangers à cette règle. »
Alors qu’Anthèlme finissait sa phrase, le garçon d’écurie vint les chercher, l’assassin et le paladin, pour les amener à son seigneur. Ils marchèrent tous les trois dans le silence, en regardant droit devant eux. Anthèlme continuait à réfléchir par rapport à tout ce qui venait de se passer. Il devait être un bon maître pour sa disciple, car les paladins se faisaient de plus en plus rares, ce qui avait autorisé un léger laxisme dans le code. Néanmoins, la plupart des Grandes Règles devaient être toujours honorées, quoi qu’il en coutait. Bien sûr, dans certains cas, comme par exemple celui où un paladin viendrait à se faire prendre en otage par un groupe de bandit, il ne doit pas parler, et même préférer perdre la vie plutôt que de divulguer quelque information.
Parmi les règles mineures, les paladins devaient rester maîtres de leurs émotions. Une chose qu’Anthèlme n’arrivait pas à faire, et qu’il bafouait la plupart du temps, mais d’autres paladins, comme son ancienne maîtresse, Dehlia, y accordaient une importance capitale, et se sentaient capables de ne jamais défaillir par rapport à celle-ci. Les assassins, les chasseurs d’hommes, comme on les appelait vulgairement, n’avaient pas un code si développé que celui des paladins. Comme ces derniers, ils devaient garder la loyauté qu’ils avaient envers l’homme qui les avait payés, mais un contrat était un contrat. Si la cible proposait une offre plus importante encore que celle que l’employeur donnait, l’assassin était libre de l’accepter, mais devait tout de même tuer la cible, avant de revenir pour tuer son employeur, dans le cas où il aurait accepté l’autre contrat. « Chaque contrat doit être honoré » était une des rares phrases communes aux deux codes de conduite.
Pour le reste, les assassins pouvaient agir comme ils le voulaient. Ils étaient libres de tout, bien que le meurtre de civil devait être prohibé, qu’il ne fallait jamais mettre en danger un autre assassin, et que les viols étaient interdits. Mais certains assassins se moquaient de cette ligne de conduite, ce qui dégradait quelque peu leur réputation, tandis que celle des paladins était toujours tenue comme modèle de vertu et d’honneur. A vrai dire, peu de gens le savaient, mais ces deux codes furent définis par deux frères, l’un exerçant la profession de paladin, l’autre revêtant l’habit de l’assassin. Ils avaient chacun leur propres visions de leur professions, et pourtant avaient voyagé de par le monde ensemble, jusqu’à ce que l’un d’eux tue l’autre, à cause de la jalousie et des émotions trop fortes.
Les gens pouvaient croire que celui qui fut fratricide était l’assassin, compte tenue de leur réputation actuelle, mais la vérité était tout autre, c’était la lame du paladin qui était passée en travers du corps de son frère l’assassin. Ce paladin, pour obtenir son pardon, modifia le code d’honneur qu’il avait lui-même écrit, en ajoutant que les émotions étaient mauvaises, puis, puni par son Dieu à errer jusqu’à ce qu’il trouva la mort, voyagea dans toutes les contrées, et aida les différents hommes à régler leurs problèmes. Il eut un disciple un jour, à qui il enseigna le métier d’assassin. Ce même disciple fonda l’ordre des assassins, puis donna le livre de son ancien maître, tué par un seigneur vampire alors qu’il souffrait de maladie et de vieillesse, à l’un des plus valeureux guerriers du royaume, et ce dernier fonda l’ordre des paladins. Ces deux ordres travaillaient autrefois conjointement, et gratuitement, mais aujourd’hui, même s’il n’était pas rare que des membres de ces groupes travaillaient encore ensembles, ils faisaient désormais payer leurs services.
Anthèlme arrêta de penser à tout cela lorsqu’il pénétra dans le bureau du seigneur, avec Alderas. Ils se tinrent tous deux droits devant le bureau, attendant un ordre, une mission, une requête de la part du noble. Celui-ci se leva, et, poussant une carte devant eux, leur pointa du bout de son index, un lieu.
« Ce village et ses habitants furent attaqués par des créatures de la nuit, ainsi je vous demande de vous en occuper, en alliant tous deux vos techniques, et en combattant comme les autres membres de vos ordres étaient habitués à le faire. »
Anthèlme releva la tête vers Alderas, un peu avant ce dernier. Mais tous deux échangèrent un regard, avant de regarder, en même temps, le seigneur.
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