Le chevalier lapin
Par : Cérate
Genre : Nawak
Status : C'est compliqué
Note :
Chapitre 2
Le lapin
Publié le 17/07/10 à 05:56:02 par Cérate
Au même moment, à l'extrême nord du royaume, un lièvre blanc se déplaçait par petits bonds sur la neige, à la recherche d'herbe encore fraîche sous les plaques de givre. C'était un mignon petit lapin aux grandes oreilles cerclées de noir, qui avait quitté il y a peu le terrier familial, et qui profitait avec bonheur de cette liberté nouvellement acquise. Il errait donc au hasard, s'arrêtait parfois pour creuser la neige de quelques coups de patte, puis dévorait rapidement la végétation qu'il déterrait. De temps en temps, il se mettait à filer ventre à terre entre les buissons gelés, dans l'unique but de sentir ses muscles puissants au travail. Puis il s'arrêtait. Et se remettait à creuser.
Tout dans la joie de sa promenade il ne se rendit pas compte qu'il s'éloignait de plus en plus de la forêt qui l'abritait d'ordinaire. Ce fut seulement lorsque la neige sous son corps fit place à de la boue qu'il leva la tête pour se repérer : il était arrivé près des falaises-qui-tombent.
Sa mère lui avait maintes fois répété, alors qu'il était assis au coin du feu avec ses trois frères :
- N'allez jamais du côté des falaises-qui-tombent, mes petits lapereaux, car les lapins n'en reviennent pas. Surtout toi, Zoreille, qui es si imprudent !
Ce à quoi il répondait invariablement :
- Je suis le plus fort des lièvres maman, et je n'ai peur de rien ! Je ne crains ni les renards ni les loups. Mais si tu insistes, mère adorée, j'obéirais.
Et la lapine, contente, se remettait à coudre, en se balançant doucement sur le grand fauteuil.
Bien sûr la conversation n'était pas exactement prononcée en ces termes, car le langage lapin est complexe et le mouvement des moustaches joue beaucoup dans le sens de la phrase. Mais je suis sûr que les conseils de Madame Lièvre devaient s'en rapprocher, car c'était une mère avisée et soucieuse du bien-être de ses enfants.
Zoreille s'apprêtait donc à faire demi-tour, quand une odeur exquise vint flatter son odorat. C'était un mélange subtil de pissenlit et d'herbe coupée, avec des nuances de pommes fraîches et de carottes, ainsi qu'un millier d'autres parfums qu'il ne parvenait pas à identifier. Un véritable régal pour les sens ! Dressé sur son derrière, le lapin remua lentement ses narines afin de renifler le fumet enivrant. Les yeux fermés, il se laissa un instant bercer par cette symphonie odorante, puis retomba brutalement sur ses pattes avant. L'odeur venait d'une ouverture noire qui se profilait sur un flanc de la falaise.
Notre lièvre obéissait en général aux conseils de sa mère adorée, mais il était aussi très gourmand, et il était difficile de résister à un tel parfum. En quelques secondes, il fut devant la grotte, et s'y engagea sans hésiter.
Pendant ce temps les trois sœurs continuaient leur visite.
Le deuxième arrêt fut pour la fille du bourgeois, car les bourgeois sont riches et les rideaux dans la chaumière des fées, quoique splendides, commençaient à accuser le poids des années.
De nombreux notables étaient réunis afin d'assister à la cérémonie des dons, car le père de l'enfant était très riche, et avait donc beaucoup d'amis. L'arrivée des fées par la porte grande ouverte fit sensation, et tout le monde se leva pour les saluer comme il se doit. Après que les trois sœurs eurent admiré les carrés d'étoffes qu'on leur avait préparés, les corbeaux se perchèrent sur le couffin, et les fées parlèrent.
Groseille se pencha d'abord vers le bébé :
- Tu seras toujours gaie et enjouée, et tu épouseras un riche marchand, mon enfant.
Puis ce fut au tour de Prunelle :
- Tu apprendras à lire et calculer, et tu pourras faire les comptes de toute la maisonnée, mon enfant.
Enfin, ce fut au tour de Citronnelle :
- Tu vivras vieille, et aura une descendance nombreuse, mon enfant.
C'étaient là des vœux tout à fait classiques et conformes à la tradition, et la maisonnée applaudit de contentement. Le drapier les remercia chaleureusement, évoqua les dons qu'avait reçus sa première fille avec émotion, félicita à nouveau les sœurs, puis les fées partirent comme elles étaient venues.
Tout dans la joie de sa promenade il ne se rendit pas compte qu'il s'éloignait de plus en plus de la forêt qui l'abritait d'ordinaire. Ce fut seulement lorsque la neige sous son corps fit place à de la boue qu'il leva la tête pour se repérer : il était arrivé près des falaises-qui-tombent.
Sa mère lui avait maintes fois répété, alors qu'il était assis au coin du feu avec ses trois frères :
- N'allez jamais du côté des falaises-qui-tombent, mes petits lapereaux, car les lapins n'en reviennent pas. Surtout toi, Zoreille, qui es si imprudent !
Ce à quoi il répondait invariablement :
- Je suis le plus fort des lièvres maman, et je n'ai peur de rien ! Je ne crains ni les renards ni les loups. Mais si tu insistes, mère adorée, j'obéirais.
Et la lapine, contente, se remettait à coudre, en se balançant doucement sur le grand fauteuil.
Bien sûr la conversation n'était pas exactement prononcée en ces termes, car le langage lapin est complexe et le mouvement des moustaches joue beaucoup dans le sens de la phrase. Mais je suis sûr que les conseils de Madame Lièvre devaient s'en rapprocher, car c'était une mère avisée et soucieuse du bien-être de ses enfants.
Zoreille s'apprêtait donc à faire demi-tour, quand une odeur exquise vint flatter son odorat. C'était un mélange subtil de pissenlit et d'herbe coupée, avec des nuances de pommes fraîches et de carottes, ainsi qu'un millier d'autres parfums qu'il ne parvenait pas à identifier. Un véritable régal pour les sens ! Dressé sur son derrière, le lapin remua lentement ses narines afin de renifler le fumet enivrant. Les yeux fermés, il se laissa un instant bercer par cette symphonie odorante, puis retomba brutalement sur ses pattes avant. L'odeur venait d'une ouverture noire qui se profilait sur un flanc de la falaise.
Notre lièvre obéissait en général aux conseils de sa mère adorée, mais il était aussi très gourmand, et il était difficile de résister à un tel parfum. En quelques secondes, il fut devant la grotte, et s'y engagea sans hésiter.
Pendant ce temps les trois sœurs continuaient leur visite.
Le deuxième arrêt fut pour la fille du bourgeois, car les bourgeois sont riches et les rideaux dans la chaumière des fées, quoique splendides, commençaient à accuser le poids des années.
De nombreux notables étaient réunis afin d'assister à la cérémonie des dons, car le père de l'enfant était très riche, et avait donc beaucoup d'amis. L'arrivée des fées par la porte grande ouverte fit sensation, et tout le monde se leva pour les saluer comme il se doit. Après que les trois sœurs eurent admiré les carrés d'étoffes qu'on leur avait préparés, les corbeaux se perchèrent sur le couffin, et les fées parlèrent.
Groseille se pencha d'abord vers le bébé :
- Tu seras toujours gaie et enjouée, et tu épouseras un riche marchand, mon enfant.
Puis ce fut au tour de Prunelle :
- Tu apprendras à lire et calculer, et tu pourras faire les comptes de toute la maisonnée, mon enfant.
Enfin, ce fut au tour de Citronnelle :
- Tu vivras vieille, et aura une descendance nombreuse, mon enfant.
C'étaient là des vœux tout à fait classiques et conformes à la tradition, et la maisonnée applaudit de contentement. Le drapier les remercia chaleureusement, évoqua les dons qu'avait reçus sa première fille avec émotion, félicita à nouveau les sœurs, puis les fées partirent comme elles étaient venues.
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