Le chevalier lapin
Par : Cérate
Genre : Nawak
Status : C'est compliqué
Note :
Chapitre 1
Les trois fées
Publié le 16/07/10 à 00:56:20 par Cérate
Il était une fois, dans le pays merveilleux où les mouches ne volent pas, naquirent au même moment trois jeunes filles. La première était l'enfant du Bon Roi Urien, suzerain de la région des merles. Elle fut déposée dans un magnifique berceau d'or ciselé.
La deuxième était l'enfant d'un bourgeois marchand d'étoffes. Elle fut déposée dans un couffin de bois décoré de couleurs criardes.
La troisième, enfin, était l'enfant d'un paysan, un honnête travailleur qui s'échinait à la tache sur les champs de concombres royaux de l'aube jusqu'à la tombée de la nuit. Elle fut déposée dans une moitié de tonnelet, un simple fût à vin coupé en deux et coincé entre des bûches pour éviter qu'il ne bascule.
Elle s'appelait Julie.
En ces temps de magie, chaque enfant recevait à la naissance un don des Sœurs Fées, fières garantes de la tradition du Royaume. Hautes comme trois prunes et plus fripées qu'un enfant sortant du bain, les Sœurs Fées ressemblaient à de vieilles poires ridées munies d'ailes. Elles étaient aussi anciennes que le monde lui-même, voir plus, et occupaient leur position immuable depuis la fondation du Royaume. Elles habitaient dans une charmante chaumière sur les nuages, passant agréablement leurs journées à discuter des potins du royaume ou à jouer au poker - souvent les deux en même temps. La propriété était admirablement entretenue par une armée de lutins, qui, en plus des tâches ménagères, assuraient la délicate question de l'approvisionnement. Les légumes poussaient assez mal sur les nuages, et c'était un vrai casse-tête. Mais ne nous égarons pas : ce qu'il faut retenir, c'est que l'entente régnait habituellement dans la chaumière sur les nuages.
Or ce jour-là avait éclaté une dispute. La querelle était partie de rien : Prunelle avait renversé du thé sur la robe jaune de Citronnelle, qui, furieuse, avait voulu déverser le contenu de la théière sur la robe verte de prunelle. Mais elle avait touché du même coup la robe rose de Groseille, et la situation commençait à tourner au vinaigre : Citronnelle menaçait d'aller emménager sur un autre nuage si Prunelle ne quittait pas la maison à l'instant.
La lettre apportée par le vieux corbeau fut donc une agréable diversion, permettant à chacune des Sœurs d'abandonner - pour le moment - les hostilités.
Groseille détacha la lettre de la patte de l'oiseau, le remercia avec un morceau de fromage, puis ouvrit le rouleau. Comme tous les parchemins apportés par le volatile, il s'agissait du faire part de naissance des enfants du royaume - ici les trois filles, si vous avez suivi l'histoire attentivement. D'un coup de baguette magique les fées changèrent leur robe en un modèle plus chic, fermèrent la chaumière à clef - bien que peu de voleurs se promènent sur les nuages, les sœurs préféraient être prudentes - puis enfourchèrent les corbeaux harnachés par les lutins. Un pour chacun des sœurs, et le dernier portant un panier, qui servirait à recueillir les cadeaux récoltés pendant la visite.
Le premier arrêt fut pour la princesse, car en ces temps-là on ne faisait pas attendre la famille royale.
La cour au grand complet était réunie pour la cérémonie des dons. L'arrivée des fées par une fenêtre ouverte fit sensation, et elles rougirent de plaisir en voyant tous ces gens les applaudir. Des cadeaux furent distribués. Les fées étaient puissantes et il valait mieux ne pas les offenser, mais un service à thé miniature en or et diamants suffisait généralement à s'attirer leurs bonnes grâces. Puis les corbeaux se perchèrent sur le berceau et les fées parlèrent.
Citronnelle se pencha d'abord vers le bébé endormi :
- Tu seras belle comme le plus beau jour du printemps et tu épouseras un prince, mon enfant.
Puis ce fut au tour de Groseille :
- Tu seras si habile de tes mains et tu chanteras si bien que tous t'admireront, mon enfant.
Enfin, ce fut au tour de Prunelle :
- Tu seras bête comme un chou, car c'est ainsi que les princesses doivent être, mon enfant.
C'étaient là des vœux tout à fait classiques et conformes à la tradition, et la cour applaudit de contentement. Le Roi et la Reine remercièrent chaleureusement les fées, leur firent promettre de venir au château aussi souvent que possible, puis tout le monde s'en fut de bonne humeur, et les trois sœurs partirent comme elles étaient venues.
La deuxième était l'enfant d'un bourgeois marchand d'étoffes. Elle fut déposée dans un couffin de bois décoré de couleurs criardes.
La troisième, enfin, était l'enfant d'un paysan, un honnête travailleur qui s'échinait à la tache sur les champs de concombres royaux de l'aube jusqu'à la tombée de la nuit. Elle fut déposée dans une moitié de tonnelet, un simple fût à vin coupé en deux et coincé entre des bûches pour éviter qu'il ne bascule.
Elle s'appelait Julie.
En ces temps de magie, chaque enfant recevait à la naissance un don des Sœurs Fées, fières garantes de la tradition du Royaume. Hautes comme trois prunes et plus fripées qu'un enfant sortant du bain, les Sœurs Fées ressemblaient à de vieilles poires ridées munies d'ailes. Elles étaient aussi anciennes que le monde lui-même, voir plus, et occupaient leur position immuable depuis la fondation du Royaume. Elles habitaient dans une charmante chaumière sur les nuages, passant agréablement leurs journées à discuter des potins du royaume ou à jouer au poker - souvent les deux en même temps. La propriété était admirablement entretenue par une armée de lutins, qui, en plus des tâches ménagères, assuraient la délicate question de l'approvisionnement. Les légumes poussaient assez mal sur les nuages, et c'était un vrai casse-tête. Mais ne nous égarons pas : ce qu'il faut retenir, c'est que l'entente régnait habituellement dans la chaumière sur les nuages.
Or ce jour-là avait éclaté une dispute. La querelle était partie de rien : Prunelle avait renversé du thé sur la robe jaune de Citronnelle, qui, furieuse, avait voulu déverser le contenu de la théière sur la robe verte de prunelle. Mais elle avait touché du même coup la robe rose de Groseille, et la situation commençait à tourner au vinaigre : Citronnelle menaçait d'aller emménager sur un autre nuage si Prunelle ne quittait pas la maison à l'instant.
La lettre apportée par le vieux corbeau fut donc une agréable diversion, permettant à chacune des Sœurs d'abandonner - pour le moment - les hostilités.
Groseille détacha la lettre de la patte de l'oiseau, le remercia avec un morceau de fromage, puis ouvrit le rouleau. Comme tous les parchemins apportés par le volatile, il s'agissait du faire part de naissance des enfants du royaume - ici les trois filles, si vous avez suivi l'histoire attentivement. D'un coup de baguette magique les fées changèrent leur robe en un modèle plus chic, fermèrent la chaumière à clef - bien que peu de voleurs se promènent sur les nuages, les sœurs préféraient être prudentes - puis enfourchèrent les corbeaux harnachés par les lutins. Un pour chacun des sœurs, et le dernier portant un panier, qui servirait à recueillir les cadeaux récoltés pendant la visite.
Le premier arrêt fut pour la princesse, car en ces temps-là on ne faisait pas attendre la famille royale.
La cour au grand complet était réunie pour la cérémonie des dons. L'arrivée des fées par une fenêtre ouverte fit sensation, et elles rougirent de plaisir en voyant tous ces gens les applaudir. Des cadeaux furent distribués. Les fées étaient puissantes et il valait mieux ne pas les offenser, mais un service à thé miniature en or et diamants suffisait généralement à s'attirer leurs bonnes grâces. Puis les corbeaux se perchèrent sur le berceau et les fées parlèrent.
Citronnelle se pencha d'abord vers le bébé endormi :
- Tu seras belle comme le plus beau jour du printemps et tu épouseras un prince, mon enfant.
Puis ce fut au tour de Groseille :
- Tu seras si habile de tes mains et tu chanteras si bien que tous t'admireront, mon enfant.
Enfin, ce fut au tour de Prunelle :
- Tu seras bête comme un chou, car c'est ainsi que les princesses doivent être, mon enfant.
C'étaient là des vœux tout à fait classiques et conformes à la tradition, et la cour applaudit de contentement. Le Roi et la Reine remercièrent chaleureusement les fées, leur firent promettre de venir au château aussi souvent que possible, puis tout le monde s'en fut de bonne humeur, et les trois sœurs partirent comme elles étaient venues.
14/08/10 à 10:59:50
ça, j'aime
24/07/10 à 15:56:57
Eheh, ça m'intriguait de voir cette histoire de chevalier lapin continuellement mise à jour, alors je suis venu jeter un coup d'oeil.
Je m'attendais à un truc niais pondu par un gamin de 12 ans, pour l'instant ça a l'air de donner pas mal dans la parodie de conte de fée. T'as un lecteur de plus.
16/07/10 à 19:13:38
pas de soucis
16/07/10 à 18:38:08
Oh crazymarty, quelle surprise de voir ton commentaire ! ça me rappelle que je me suis arrêté à une dizaine de chapitres de AE, faudra que je rattrape mon retard. (mais bon, tu sais déjà que c'est excellent).
Si tu le lis sur JVC, par pitié, cherche le lien vers la version PDF au bout de quelques pages, j'y ai corrigé des tas de trucs.
16/07/10 à 18:20:56
Je crois pas l'avoir lu sur JVC ... Et j'ai rattrapé mon retard.
En deux mots (voir plus) : un texte qui coule tout seul, au style léger sans être simpliste ni vulgaire, mais d'un excellent niveau technique.
Le thème, quoique déjà traité pour celui ds fées, reste intéressant. Le second est plus osé, mais pas moins réussi.
Il y a une vraie maitrise, délicieuse, qui me donne envie de voir la suite.
(ps : du coup je lis sur JVC, mais chut, c'est un secret ) ...
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