Note de la fic : :noel: :noel: :noel:

Chuck


Par : faces-of-truth
Genre : Polar
Statut : Terminée



Chapitre 8


Publié le 18/06/2010 à 18:27:55 par faces-of-truth

L'homme la fixait du regard, immobile, surpris, comme si son secret venait d'être élucidé. Carla avait subie un choc en le voyant, et était tétanisée. Les deux individus se dévisageaient en silence.
-Votre crise d'épilepsie est passée ? demanda-t-il calmement.
-Oui, ça va mieux.
Il parut embarrassé.
-Vous m'avez bien eu...
-N'est-ce pas ?
-Carla, il faut que je vous montre quelque chose pour que vous puissiez comprendre.
Il s'avança vers elle.
-Ce dont j'ai besoin est dans ma valise.
-Peut-être, parlez-vous de ceci, dit-elle lentement en lui montrant le revolver.
Il s'arrêta net, et eut un air interloqué.
-Ah. Je vois que vous avez tout trouvé...
-Exactement. D'ailleurs, était-ce ça que vous vouliez me montrer pour que... je puisse comprendre ?
-Je...
-Vous comptiez me faire comprendre que si je parlais, vous me tueriez, tout comme vous les avez laissés se faire tuer.
-Que racontez-vous donc ? Je...
-Arrêtez votre cirque ! ordonna-t-elle en se levant et en pointant l'arme dans sa direction.
Il leva les mains.
-Carla...
-Vous n'êtes pas obligé de jouer votre rôle, Hayes, ou plutôt Monsieur Stanley Steward, le « fameux » Ministre de la Défense.
-S'il vous plaît...
-Vous les avez laissés se faire exterminer ! Vous pouviez vous rendre !
-Calmez-vous...
-Que je me calme ? Comment voulez que je garde mon sang-froid alors que je découvre que l'homme avec qui je prépare des plans de sauvetage depuis quarante minutes est en fait le responsable de toutes ces horreurs ?
-Il faut me comprendre..., paniqua-t-il en tremblant.
-Votre rôle est d'assurer la protection de ce pays ! Vous n'avez même pas songé une seule seconde à vous rendre pour le bien des citoyens en danger de mort !
-Qu'auriez-vous fait à ma place ? Hein ? Avouez-le ! Vous me haïssez, je le comprends bien, mais je sais qu'au fond de vous-même, vous me comprenez ! Vous croyez que ça a été facile pour moi de prendre une telle décision, alors qu'on vous force la main en pressant la gâchette sur des innocents toutes les dix minutes ? Je ne suis pas un héros de film d'action comme on les voit au cinéma !
Un mélange de chagrin et de mépris se lisait sur les lèvres de la policière.
-Vous vous êtes fichu de moi depuis le début... Comment ai-je pu être assez stupide pour ne pas voir que vous jouiez un rôle. Toutes vos histoires n'étaient que des mensonges !
« « Oh ! Je vais rater ma correspondance à Larena ! » ; « Ce n'est pas ce vous pensez » : pourquoi n'était-ce pas ce que je pensais ? C'était le président des États-Unis, votre correspondance ? Larena, c'est un hôtel réservé aux fonctionnaires du gouvernement ? Vous avez bien improvisé votre histoire de bureau secret des escrocs, dîtes-moi.
« Et pourquoi vous teniez toujours votre téléphone dans votre main alors que saviez très bien qu'il n'y avait pas de réseau ? Pour voir si les services secrets vous avez prévenu qu'ils viendraient vous sauver ? Hein ? En tout désespoir de cause, vous avez toujours gardé un ½il sur votre messagerie...
« Aussi, je comprends mieux pourquoi vous aviez répondu à l'hôtesse au sujet du travail des femmes, c'est parce que vous soutenez la thèse adverse, tout comme vos dirigeants ! Cette pauvre femme ! Vous aviez tellement peur de vous rendre que vous n'avez pas bougé le petit doigt pour la sauver ; vous préfériez la voir mourir que risquer votre vie, n'est-ce pas, Monsieur le Ministre ? Espèce de lâche, vous me dégoûtez !
« « J'ai arnaqué un nombre incalculable de gens dans ma vie, ils s'en sont toujours rendu compte après, mais trop tard... » ; alors là, on peut dire que vous m'avez bien eu, espèce de salaud ! Depuis le début, depuis que Chuck a parlé de vous, vous m'avez menée en bateau, et je n'ai rien vu venir...
« Il reste une minute avant qu'un prochain massacre ait lieu par votre faute, je vais devoir vous emmener à eux...
-NON ! hurla-t-il. Carla, écoutez-moi...
-Je n'ai pas le temps pour...
-Taisez-vous, s'il vous plaît ! Je n'ai pas eu le temps de vous dire...
-Dire quoi ?
-J'ai un plan.
-À la bonne heure ! Moi aussi : c'est de vous emmener !
-Attendez !
-On ne va pas perdre de temps !
-Pitié, Carla...
-Avancez ! ordonna-t-elle en remuant son revolver vers lui.
Elle le fit reculer jusque dans le couloir.
-Au nom de Dieu, Carla ! s'exclamait-il avec panique. Laissez-moi au moins exprimer ma proposition !
Tous les passagers du quatrième wagon étaient sortis de leur compartiment et regardaient la scène en essayant de comprendre la situation.
-Depuis le début, répondit Carla, vous n'avez cessé de faire de mauvais choix, je doute que cela change maintenant, alors que vous êtes au terme de votre existence...
-Qu'est-ce que vous faîtes ? demanda un des hommes présents. Pourquoi le menacez-vous avec votre arme ?
-Ce n'est pas MON arme, c'est la SIENNE. Je vous présente le Ministre de la Défense.
Tous regardèrent avec stupeur l'individu avec les bras en l'air. Un des voyageurs approcha brutalement de lui.
-Enfoiré !
Il lui envoya un puissant coup de poing dans la figure, qui le renversa et le fit tomber au sol.
-ON SE CALME ! s'écria la policière.
-Il a causé la mort de tous ces..., commença l'autre en s'apprêtant à le rouer de coups de pieds.
-J'AI DIT : ON SE CALME !!
L'homme au sol s'essuya du sang qui coulait de son nez.
-On va le conduire au premier wagon, pour que ce cauchemar s'achève enfin ! continuait Carla.
-Je vais y aller...
Tous se tournèrent vers le voisin de la jeune femme.
-Je vais m'y rendre...
-Plus tôt aurait été le mieux ! gronda celui qui l'avait frappé.
L'autre se releva, inspira et parla.
-Le voilà, mon plan, Carla, je vais aller me battre contre les terroristes. Je vais en prendre un de dos, lui prendre son arme, et en tuer autant que je peux... Au lieu de mourir après que vous m'ayez livré, je préfère que ma mort soit purement volontaire. Peut-être même que je ne serai pas tué, si vous acceptez de me suivre et de leur tirer dessus pendant que je les occupe.
-Parce que vous croyez que vous méritez de vivre, vous ?
-Voulez-vous me dire qu'il n'y a pas eu assez de morts, et que vous seriez satisfaite s'il y en avait une de plus ?
-Vous n'êtes pas en mesure de...
-Vous êtes policière. Votre poste est en sursis à cause d'un coup monté. Ce serait une bonne preuve de bravoure et une belle revanche, si vous parveniez à stopper ces terroristes. Vous imaginez ? Carla Stevens, la seule qui a pu arrêter le célèbre « Chuck » ! C'est une opportunité ! Vous le savez, pour les approcher, vous avez besoin que quelqu'un fasse diversion.
La jeune femme le regardait et semblait réfléchir.
-On va faire comme ça, dit-elle enfin en rêvant d'un monde libéré de l'oppression des « Assassinated Homelands », un monde qui se rapprocherait de ce qu'il était en 2011 et 2012.
Les passagers la regardèrent.
-On va faire comme ça, répéta-t-elle.
-Bien.
Elle s'imaginait revenant dans la maison de sa famille au Connecticut. Bien qu'elle fut inhabitée depuis 2013, elle pourrait revivre dans sa tête les délicieux moments qu'elle avait passés avec sa tante et les autres. Elle serait mieux perçue par la Police Nationale, la presse l'aurait rendue célèbre grâce à ses exploits dans ce train, elle gagnerait plus d'argent, elle pourrait consulter de grands médecins pour s'occuper de sa schizophrénie, qui la rendait parfois étrange en la faisant parler d'une voix aigu en plein public...
Le discours de Chuck allait bientôt commencer, car les dix minutes de délai étaient dépassées.
-Il faut y aller, dit alors Carla.
-Non, répondit Hayes.
Elle le regarda dans les yeux d'un air féroce.
-Comment ça, non ?
-On va y aller, mais pas tout de suite.
-Comment ça ?
-Les terroristes vont exécuter la sentence dans quelques secondes : si on part maintenant, ils nous verrons venir et nous tuerons, alors cela n'aura servi à rien. On va attendre et les attaquer par derrière, quand ils quitteront le troisième wagon...
-Vous voulez dire que... vous voulez les laisser assassiner encore des innocents avant de...
-Ce sera le plus sage et le plus efficace...
-Le plus sage ? Vous êtes fou ! On y va de suite !
-Non.
L'homme qui l'avait frappé s'avança d'un air offensif.
-Tu vas faire ce qu'on te dit, ordonna-t-il d'un ton grave.
Avec une rapidité féline, Hayes lui prit le cou, lui frappa le crâne contre la porte de la cabine, sortit la clef qui avait ouvert la trappe qui menait à la salle des machines, fit tourner son agresseur dans l'autre sens, et posa l'objet pointu sur sa gorge.
-Je ne veux pas me sacrifier pour rien ! On va attendre !
Des clameurs de panique s'élevèrent de la foule de spectateurs, Carla gardait toujours son voisin de cabine en ligne de mire, et ce dernier menaçait d'égorger sa victime à toute tentative de sauvetage. En plus de la tension présente, un autre événement rendit la terreur encore plus intense : le craquement des hauts-parleurs résonna dans le train, et la voix de Chuck suivit quelques secondes après.
-Mesdames et Messieurs, votre attention, s'il vous plaît...
Déjà, des passagers se précipitaient vers la porte d'entrée de leur wagon pour empêcher quiconque d'entrer. Deux hommes étaient déjà en train de la retenir depuis une vingtaine de minutes. La policière fit un pas vers sa cible, le revolver toujours pointé dans sa direction.
-Non, Carla ! s'écria l'otage qui sentait l'acier s'enfoncer dans sa peau.
-Les dix minutes de délai données au Ministre de la Défense viennent de passer, le troisième wagon va donc être nettoyé dans la minute ; je vous mets sur écoute la fusillade.
-AAARRGGHH ! NON !
PAN ! PAN ! PAN ! PAN ! PAN !
-PITIÉ ! NON !
PAN ! PAN ! PAN ! PAN ! PAN !
-MAMAN !
Carla eut un haut-le-corps et se mit la main sur la bouche. Il y avait des enfants qui étaient au c½ur du massacre.
-OUVREZ-LES ! hurla-elle.
-Certainement pas !
Elle ne voulait pas écouter cette horreur, mais elle ne pouvait ne pas l'entendre.
-MAMAN ! LÈVE-TOI ! MAMAN ! AUX SEC...
PAN ! PAN ! PAN ! PAN ! PAN !
Les coups de feu étaient plus effrayants, car ils était juste derrière la porte du wagon. Au bout d'une minute, le silence revint.
-Mesdames et Messieurs, reprit la voix de Chuck, le quatrième délai pour le Ministre de la Défense commence.
Tout le monde était essoufflé, choqué, horrifié.
-Il y avait des enfants..., pleura quelqu'un.
Hayes relâcha son otage, rangea quelque chose dans sa poche, jeta la clef par terre et se dirigea vers l'entrée qui menait à la tête du train.
-Il faut y aller tout de suite, dit-il, pendant qu'ils repartent. Allez chercher votre arme, Carla.
-Non...
Il se retourna lentement et constata qu'elle avait toujours son revolver pointé sur lui.
-C'est le moment ou jamais, il faut...
-Non. Le programme a changé.
Toutes les personnes présentes avaient les yeux fixés sur lui.
-Comment ça ? demanda-t-il, l'air inquiet.
-Nous risquons de les énerver et de les faire tuer encore plus de monde. On ne peut laisser faire ça...
-C'est justement pour ça que...
-On ne va pas faire comme vous l'avez dit...
-Mais pourtant il y a deux minutes, vous...
-Il y avait des enfants...
-Et la gloire ? Votre triomphe ?
-Il y avait des enfants, répéta Carla.
-Mais...
-Je suis navrée, coupa-t-elle. Je ne peux pas mettre la vie d'autres innocents en péril pour ma propre victoire... Je ne peux pas...
Sa main armée tremblait.
-Je suis vraiment...
-NON, CARLA ! hurla-t-il. NON !
-Il le faut. Pour notre salut.
Il leva les bras au-dessus de sa tête et tremblait de tout son corps.
-S'IL VOUS PLAÎT, NE RENDEZ PAS LA MORT DE CES ENFANTS INUTILE !
-Toutes ont été inutiles ! pleura-t-elle.
-PITIÉ ! NON !
-Il le faut...
-NON !
-Vous auriez pu rendre cela moins difficile...
-JE VOUS EN SUPPLIE ! implora-t-il. NE FAÎTES PAS ÇA ! PITIÉ !
-Adieu, Stanley Steward, Tom Hayes, John Uglick, Brad Clinton, ou quelque soit votre nom... Je suis vraiment désolée...
Elle posa son doigt sur la gâchette.
-NON !
PAN !
L'homme se plia en deux. Lentement, il s'agenouilla, se mit une main sous son vêtement la retira avec du sang dessus, et s'effondra sur le côté. Un grand cercle rouge se forma sur sa chemise au niveau du ventre. Il ne bougeait plus.


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