<h1>Noelfic</h1>

Chuck


Par : faces-of-truth

Genre : Polar

Status : Terminée

Note :


Chapitre 4

Publié le 18/06/10 à 17:32:03 par faces-of-truth

L'homme rentra dans la cabine, et referma la porte, le visage mouillé. Il s'était absenté pendant deux minutes. Carla était assise et le fixait d'un air neutre.
-Ça va mieux, dit-il d'un air gêné.
-Tant mieux, vous avez trouvé les toilettes ?
-Oui, elles sont juste à côté.
-Ah, d'accord. J'espère que vous allez tenir le coup, monsieur Hayes. Ou monsieur Uglick si vous préférez.
L'autre s'était immobilisé alors qu'il faisait le geste pour s'asseoir. Il mit sa main dans sa poche et fit une grimace en constatant qu'elle était vide.
-Et bien ? Vous avez une explication ?
-Vous m'avez dérobé ?
-Non, vous l'avez seulement laissé tomber par terre.
Il se passa une main dans les cheveux.
-Bon, je crois que je n'ai pas d'autre choix que de dire la vérité.
-Exact ! Quel est votre nom ?
Il fit les cent pas dans le compartiment.
-Mon nom ? Si seulement je me rappelais lequel est le vrai...
-Comment ça ?
-Carla, je ne vous ai pas tout dit à mon sujet car je ne voulais pas que vous me traitiez comme un de ces voyous que vous supportez chaque jour à Los Angeles.
-Pourquoi ?
-Parce que j'ignore comment réagit un policier face à un arnaqueur.
Il y eut un silence.
-Vous êtes un arnaqueur ?
-Oui, je suis un voleur. Quand j'ai dit que j'avais une correspondance à Larena et que ce n'était pas ce que vous pensiez, c'est parce que je me rendais dans... comment dire... le quartier général des escrocs, le RENALA, anagramme de LARENA.
-Le quartier général des escrocs ? répéta Carla, d'un air abasourdi. Je n'en ai jamais entendu parlé.
-C'est parce que c'est une organisation ultra-secrète, créée en 2008 par Conrad Miles. Vous m'avez demandé mon nom ? J'en ai plein ! Tom Hayes, John Uglick, Brad Clinton, Andrew Kadastian, Christian Cincher. Je ne sais plus si l'un d'eux est le vrai ou s'ils sont tous inventés.
-RENALA, organisation secrète, Hayes..., fit la jeune femme d'un air déboussolé.
-Le nom vient de leur initiale.
Carla ne comprit pas cette dernière remarque et elle s'en ficha. Peut-être avait-il parlé en pensant qu'elle comprendrait des choses évidentes pour lui.
-Monsieur... Comment je dois vous appeler alors ?
-On va faire avec Hayes, comme ça, ce sera comme si on avait tout recommencé depuis le début.
-On ne pourra tout recommencer depuis le début, comme vous dîtes, que si et seulement si je suis sûre d'avoir confiance en vous et que vous m'ayez tout avoué.
Il plongea son regard dans le sien.
-Croyez-moi, Clara, je vous ai tout dit, je vous donne ma parole.
Le terrible bruit de craquement venant du haut-parleur résonna à nouveau. Déjà, des cris de panique se firent entendre dans leur wagon. La voix de Chuck, neutre et cruelle, sembla autant pénétrer les tympans que l'âme de la policière.
-Mesdames et messieurs, votre attention s'il vous plaît...
Hayes regarda son portable et remarqua :
-Eh ! Il est en retard ! Il a laissé deux minutes supplémentaires !
-Le deuxième délai de dix minutes vient de s'achever, nous informons donc à tous les passagers que le deuxième wagon en partant de la salle de contrôle est en train de vivre ses dernières secondes.
Et là, encore une fois, les hurlements des pauvres gens se faisant massacrer fut audible pour tous :
-ARGH ! AUX SECOURS ! À L'AIDE ! NON !
PAN ! PAN ! PAN ! PAN ! PAN ! PAN !
-FUYEZ ! VERS LES AUTRES WAGONS ! VITE !
PAN ! PAN ! PAN ! PAN ! PAN ! PAN !
-Mesdames et messieurs, fit la voix de Chuck, je me dois de vous avertir que si des passagers du deuxième wagon arrivent à pénétrer dans les autres dans le but de s'y réfugier, la fusillade continuera dans le reste du train dans la minute qui suit.
Des voix masculines hurlaient dans le couloir :
-VITE ! IL FAUT LES EMPÊCHER DE VENIR ! BLOQUEZ LES ENTRÉES !
Carla sortit de la cabine et vit pleins de gens se précipiter vers les portes qui menaient au troisième wagon. Tous étaient en train de maintenir la porte fermée derrière laquelle des coups de poings et des prières résonnaient.
-LAISSEZ-NOUS ENTRER ! ON SE FAIT EXTERMINER ! ARGH !
-LAISSEZ-LES RENTRER ! hurla la policière à ceux qui scellaient le passage. IlS VONT SE FAIRE TUER !
-S'ILS VIENNENT, NOUS AUSSI ON SE FAIT BUTER, MA JOLIE ! C'EST EUX OU NOUS !
Choquée, elle leva les yeux vers un des hauts-parleurs.
-Il nous dresse les uns contre les autres. Sale pervers !
Elle songea à sortir son arme pour forcer les passagers à ouvrir le passage, mais elle était seule face à tous ces hommes apeurés, et donc dangereux. Et puis, elle devait reconnaître qu'ils avaient raison. S'ils sauvaient les malheureux, ce seraient eux qui paieraient, et là leurs dernières chances de survie auraient été gâchées. Horrifiée par le comportement du monde qui l'entourait, du sadisme du terroriste et de sa propre décision, elle regagna son compartiment. Hayes regardait tout de loin. Elle se jeta sur un siège et se mit les mains sur les oreilles, refusant d'entendre les hurlements des victimes. Au bout de quelques minutes, Hayes vint la voir et lui prit une main.
-C'est fini, dit-il.
Elle ne s'était pas endormi, mais elle avait eu la sensation de s'être envolée de ce monde et de toute violence. Elle avait rêvé qu'elle était chez sa famille au Connecticut, avec sa belle tante qui préparait toujours de délicieux plats chauds. Ils buvaient du bon vin français et se délectaient du succulent foie gras venant du même pays. Elle adorait la France, son rêve était de se rendre à Paris et d'admirer la Tour Eiffel éclairée en pleine nuit. Elle était dans un autre univers ou tout n'était que paix et bonheur. Le monde parfait ? Si seulement il pouvait exister. À la veille du nouvel an 2012, le président avait déclaré que les plus belles années du monde s'ouvraient devant l'humanité. La technologie évoluée, les remèdes contre le cancer, la durée de vie rallongée, le monde avait cru à cette utopie du monde parfait. Puis, la guerre avait tout décimé. Carla était plongée dans les années 2011 et 2012, quand quelqu'un lui avait pris la main et lui avait dit que tout était fini. Elle avait ouvert les yeux et s'était retrouvée face à Hayes, son regard affolé et son portable toujours dans sa main droite. Elle aurait préféré qu'il ne l'arrachât pas de cette belle époque que fut les « Deux Grandes Glorieuses » et la ramenât dans ce temps de terreur.
-Chuck a dit quoi ?
-Il n'a encore rien dit.
-Qu'est-ce qu'il attend ?
-Je n'en sais rien, mais s'il a quelque chose à dire, ça ne devrait pas tarder, la... sentence s'est achevée il y a une minute.
-Certains ont pu entrer ici ?
-Aucun, ils sont tous morts, personne n'a voulu les laisser passer.
Le bruit de craquement des hauts-parleurs résonna.
-Ça y est, c'est lui, fit Hayes.
-Mesdames et messieurs, les deux premiers wagons n'ont comme signes de vie que des insectes à présent. Je me dois de féliciter votre courage, vous n'avez même pas oser héberger un de vos concitoyens. Belle preuve de patriotisme. C'est d'ailleurs ce qu'il manque à notre monde : l'honneur. Depuis quelques années, les humains n'en ont plus aucun, et c'est pour ça que nous sommes là : pour effacer de la carte les lâches qui sont à la tête de notre pays et qui vous servent d'exemple, comme VOUS, monsieur le Ministre, qui préférez laisser périr des innocents et mourir plus tard au lieu d'en finir de suite et de les sauver !
« Peut-être est-il déjà mort ? Peut-être était-il dans le premier wagon et il a été assassiné avec les autres. Dans ce cas, il vous aura tous condamnés. Ceux du fond du train rêvent peut-être pour rien ! Si certains parmi vous savent qui est le ministre en question, s'il est à côté de vous, je vous donne l'opportunité de sauver le reste des survivants. Comment ? En me l'amenant. Mort ou vif, mais vif sera le mieux accueilli, et il ne vous sera fait aucun mal. Le troisième délai commence.

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