Le romancier posa le manuscrit. Malgré le style qui s’étalait trop en longueur, il se demandait qui était « elle » et pourquoi avoir omis de donner son prénom. Il reprit sa lecture.
Neuf mois s’étaient écoulés, elle aurait juré neuf ans. L’accouchement eut lieu, elle était seule. De toute façon elle n’aurait accepté personne. Ayant porté son enfant seule, elle n’aurait pas supporté que quelqu’un d’autre le touche. Elle se sentait louve, seule contre ce monde hostile.
Quand ses patrons eurent vent de la naissance, ils prirent la décision d’élever l’enfant. Leur fils étant unique, ils n’avaient d’autre héritier. Elle ne sut refuser. Elle n’avait pas la possibilité de lui offrir une éducation bourgeoise. Depuis ce sombre jeudi, l’enfant ne dormit plus chez sa mère. Les tuteurs légaux estimèrent que l’enfant subirait une influence négative de sa mère. Ils licencièrent la bonne. Sans raison, du jour au lendemain.
Elle fut effondrée en entendant la nouvelle. Elle devait partir, sans son enfant. Lui, qui restait le dernier représentant vivant qui avait donné sa vie à la guerre. Sa vie, qu’elle aurait préféré qu’il partage avec elle. Tous ses espoirs s’étaient envolés. Il ne lui restait plus rien, que le souvenir des deux êtres qui pouvaient la rendre heureuse. Qu’importe. Elle se rattachera à son fils, même de loin. Elle lui fit une promesse. Promesse qu’il n’entendit pas, mais, elle en était sur, il l’avait compris. Promesse qu’elle exécutât. Elle prit pour cela, et pour survivre, quelques petits boulots. Nonne d’un camarade de classe, surveillante de son internat. D’une manière maladroite, elle avait passé son enfance avec lui. Bien sur l’enfant n’en avait rien su elle en était convaincue.

Ce fut la première fois que le romancier avait lu un écrit de sa mère.

[Sur ce s'acheve ce réçit].