Recueil, ment
Par : Loiseau
Genre : Fantastique
Status : C'est compliqué
Note :
Chapitre 10
Sombre Triptyque I
Publié le 04/11/13 à 18:56:17 par Loiseau
Sombre Triptyque I
La vie est courte à mourir. C’est ce qu’on m’a dit une fois. Personnellement je l’ai toujours trouvée longue, beaucoup trop longue.
Cela a un avantage. Il est beaucoup plus facile de raccourcir quelque chose que de le rallonger.
J’avance sous un ciel gris et pluvieux, l’air triste et le regard vide d’émotions. J’en ai l’habitude. Gavé de divers antidépresseurs et d’autres substances toutes aussi dangereuses mais moins légales j’ai du mal à marcher droit et je bouscule parfois des gens. Même plus la force de m’excuser. Je m’arrête un court instant et regarde autour de moi. Je me trouve au milieu d’une place envahie par la foule, cette soudaine réalisation me fait frissonner. Je ne sais pas comment je me suis retrouvé ici, mes pas m’y ont simplement porté. Je secoue la tête et continue d’avancer en essayant de ne pas faire attention à la pluie qui tombe de plus en plus dru. Certains diraient que ça fait du bien, que ça nettoie la merde dans les rues… Moi ça ne fait que perturber un peu plus mes sens déjà paniqués par l’afflux des drogues dans mes veines et la masse qui m’entoure. Un rire proche me fait sursauter et je vois un couple passer. Un corbeau les survole et va chier sur la tête d’un vieux bonhomme un peu plus loin. J’éclate d’un rire incontrôlable. Les gens m’évitent, certains me jettent des regards apeurés ou courroucés. J’ai l’habitude de ça aussi.
Je reprends conscience quelques minutes plus tard, du moins j’imagine. Je suis sur un pont désert. Un fleuve coule en dessous et j’en admire les remous. Je perds à nouveau la notion du temps et c’est une voix qui me fait rejoindre la réalité.
- Vous ne songez pas à sauter, j’espère ?
C’est une jeune femme d’une vingtaine d’années, un peu plus jeune que moi, qui vient de me poser la question. Son joli visage paraît inquiet à me voir ainsi penché sur l’eau.
- Non, non… Ne vous en faites pas.
Bien sûr que si. Je rêve de sauter et de mettre un terme à cette existence. Et cette envie s’accentue au fur et à mesure que les minutes passent et que les drogues cessent de faire effet. J’enfonce mes mains dans les poches de ma veste en cuir. Un contact métallique dans la poche droite me fait pâlir. Je l’avais oublié…
- Vous êtes sûr que vous allez bien ?
Pourquoi avais-je acheté ce pistolet déjà ? Je n’y connais rien en armes, je n’ai pas besoin de me défendre… Qu’est-ce que ce truc fout dans ma poche ?
- Monsieur ?
Je redresse la tête vers la jeune femme. Elle a l’air vraiment inquiète.
- Oui je… je crois que je vais bien. C’est…
Dans un geste se voulant rassurant je sors les mains de mes poches en oubliant que je tenais serrée dans mon poing la crosse de l’arme. La fille pâlit à sa vue et s’enfuit en courant. Elle va appeler la police et je vais avoir des problèmes. D’un geste automatique, sans réelle conscience de mon environnement, je tends le bras vers elle. La sécurité de l’arme émet un petit déclic lorsque je l’enlève. La détonation qui suit l’instant où je presse la détente m’assourdit et le recul manque de me faire lâcher l’arme. Une odeur étrange se répand dans l’air. Je fixe le corps de la fille étendu à quelques mètres. La balle l’a traversée et pourtant elle vit toujours, j’entends sa respiration saccadée. Merde. Elle gémit. Merde. Ses sanglots, bien que faibles et noyés dans le sang, résonnent dans mes oreilles comme un tocsin. Je fais quoi maintenant ?
La vie est courte à mourir, cette fille en est la preuve. C’est la dernière pensée qui me traverse la tête avant qu’une seconde balle ne le fasse.
La vie est courte à mourir. C’est ce qu’on m’a dit une fois. Personnellement je l’ai toujours trouvée longue, beaucoup trop longue.
Cela a un avantage. Il est beaucoup plus facile de raccourcir quelque chose que de le rallonger.
J’avance sous un ciel gris et pluvieux, l’air triste et le regard vide d’émotions. J’en ai l’habitude. Gavé de divers antidépresseurs et d’autres substances toutes aussi dangereuses mais moins légales j’ai du mal à marcher droit et je bouscule parfois des gens. Même plus la force de m’excuser. Je m’arrête un court instant et regarde autour de moi. Je me trouve au milieu d’une place envahie par la foule, cette soudaine réalisation me fait frissonner. Je ne sais pas comment je me suis retrouvé ici, mes pas m’y ont simplement porté. Je secoue la tête et continue d’avancer en essayant de ne pas faire attention à la pluie qui tombe de plus en plus dru. Certains diraient que ça fait du bien, que ça nettoie la merde dans les rues… Moi ça ne fait que perturber un peu plus mes sens déjà paniqués par l’afflux des drogues dans mes veines et la masse qui m’entoure. Un rire proche me fait sursauter et je vois un couple passer. Un corbeau les survole et va chier sur la tête d’un vieux bonhomme un peu plus loin. J’éclate d’un rire incontrôlable. Les gens m’évitent, certains me jettent des regards apeurés ou courroucés. J’ai l’habitude de ça aussi.
Je reprends conscience quelques minutes plus tard, du moins j’imagine. Je suis sur un pont désert. Un fleuve coule en dessous et j’en admire les remous. Je perds à nouveau la notion du temps et c’est une voix qui me fait rejoindre la réalité.
- Vous ne songez pas à sauter, j’espère ?
C’est une jeune femme d’une vingtaine d’années, un peu plus jeune que moi, qui vient de me poser la question. Son joli visage paraît inquiet à me voir ainsi penché sur l’eau.
- Non, non… Ne vous en faites pas.
Bien sûr que si. Je rêve de sauter et de mettre un terme à cette existence. Et cette envie s’accentue au fur et à mesure que les minutes passent et que les drogues cessent de faire effet. J’enfonce mes mains dans les poches de ma veste en cuir. Un contact métallique dans la poche droite me fait pâlir. Je l’avais oublié…
- Vous êtes sûr que vous allez bien ?
Pourquoi avais-je acheté ce pistolet déjà ? Je n’y connais rien en armes, je n’ai pas besoin de me défendre… Qu’est-ce que ce truc fout dans ma poche ?
- Monsieur ?
Je redresse la tête vers la jeune femme. Elle a l’air vraiment inquiète.
- Oui je… je crois que je vais bien. C’est…
Dans un geste se voulant rassurant je sors les mains de mes poches en oubliant que je tenais serrée dans mon poing la crosse de l’arme. La fille pâlit à sa vue et s’enfuit en courant. Elle va appeler la police et je vais avoir des problèmes. D’un geste automatique, sans réelle conscience de mon environnement, je tends le bras vers elle. La sécurité de l’arme émet un petit déclic lorsque je l’enlève. La détonation qui suit l’instant où je presse la détente m’assourdit et le recul manque de me faire lâcher l’arme. Une odeur étrange se répand dans l’air. Je fixe le corps de la fille étendu à quelques mètres. La balle l’a traversée et pourtant elle vit toujours, j’entends sa respiration saccadée. Merde. Elle gémit. Merde. Ses sanglots, bien que faibles et noyés dans le sang, résonnent dans mes oreilles comme un tocsin. Je fais quoi maintenant ?
La vie est courte à mourir, cette fille en est la preuve. C’est la dernière pensée qui me traverse la tête avant qu’une seconde balle ne le fasse.
06/11/13 à 15:06:49
Merci à vous deux.
Isaac > Bah, en ce moment je trouve ça intéressant d'explorer un peu les côtés sombres de l'âme humaine.
Mais je trouve pas que Pluvieux Triptyque soit triste, ni Ode à l'Automne.
05/11/13 à 21:08:06
J'aime !
05/11/13 à 16:18:04
J'aime bien ce que tu fait, mais tu fait jamais d'écrits heureux ?
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