<h1>Noelfic</h1>

La jeune séductrice


Par : maKharena

Genre : Sayks , Sentimental

Status : C'est compliqué

Note :


Chapitre 16

Publié le 30/08/16 à 18:08:54 par maKharena

Tout en dévorant mon sandwich au jambon, je regardais d'un œil mauvais les baisers que Gwen et Nina échangeaient entre chaque bouchée. Je n'aurais su dire laquelle des deux engageait le baiser, mais j'étais sûre qu'elle faisait ça pour m'énerver.
Assise sur les genoux de sa partenaire, Nina me regardait parfois en souriant juste après la fin d'une embrassade, comme pour me narguer. Derrière elle, Gwendoline avait enroulé un bras autour de son ventre et avait posé sa tête sur son épaule, si bien que les joues des deux filles se collaient presque.
Cette mise en scène était insupportable. De mon côté, toute seule sur ma chaise, j'avais la fâcheuse impression d'être la source d'un milliard de moqueries silencieuses. Je ne rêvais plus que d'une chose, c'était que Nina parte pour que je puisse discuter sérieusement avec mon amie.

-Et donc, vous vous êtes rencontrées comment ? demanda Nina pour meubler le silence.
-J'essayais de faire le mur à l'école primaire, Léa m'a suivi et on s'est faites punir ensemble. J'avais déjà le don de m'attirer des ennuis et elle était déjà suffisamment folle de moi pour me suivre partout.

Cela paraissait amuser Gwen de faire des allusions à un éventuel amour entre nous, et je n'aurais su dire si elle le faisait pour attiser la jalousie de Nina ou simplement pour m'exaspérer.

-Et toi ? Comment t'as rencontré Gwen ? dis-je à la lesbienne en finissant mon sandwich.
-À une fête foraine. Elle voulait une peluche de panda au stand de tir à la carabine, mais elle était nulle. J'ai attendu qu'elle parte, je la lui ai gagnée et je lui ai offerte.
-C'était trop mignon ! ajouta mon amie en embrassant à nouveau sa partenaire.

Je trouvais l'histoire ridicule mais je n'en dis pas un mot. En réalité, ce qui me dérangeait vraiment, c'était de savoir depuis combien de temps durait cette relation sans que je n'ai été mise au courant.

-C'est arrivé quand ?
-Il y a quatre mois. Pourquoi ?
-Je voulais juste savoir...

Une ambiance plus froide nous aurait gelées sur place en quelques secondes. Après ce court échange, personne n'osa reprendre la parole et nous nous contentâmes d'échanger des regards pleins de jalousie ou d'amusement suivant celle qui les lançait.
Au final, après presque une heure entière de torture, Gwen proposa gentiment à sa petite amie de sortir. Ce ne fut que lorsqu'elle eut passé la porte que je pu tomber sur le canapé en relâchant un profond soupir de satisfaction. J'avais le sentiment qu'on venait de me libérer d'un poids.
Mon amie se précipita alors sur le canapé et me serra dans ses bras, toujours en riant de ce même rire qui paraissait ne jamais la quitter.

-Désolée pour... Tout ça. Je n'avais pas prévu qu'elle viendrait. Enfin c'est pas grave, l'important c'est toi. Est-ce que les excuses de Léa-Droguée peuvent être considérées comme de vraies excuses ?
-À moitié oui, disons que c'est dur de rester en froid avec toi. Mais c'est qui cette fille ? Enfin depuis quand tu... Je veux dire, quand on dormait ensemble et que tu blaguais là dessus, je... Merde c'est trop bizarre !
-Qu'est-ce qui y est bizarre ? fit-elle comme si elle ne comprenait pas.
-Bah que tu... Enfin Nina est une fille, tu te rends compte de ça au moins ?
-Sans blague ? Non mais sérieusement, c'est ça qui te choque ? Je pensais que tu me connaissais mieux que ça. Tu me déçois, jeune padawanette. Je vois pas pourquoi on ne pourrait manger que la moitié du gâteau, surtout quand l'autre part est presque meilleure que la première.
-Tu visualises que je peux éventuellement trouver ça bizarre d'avoir dormi avec toi plusieurs fois dans ces circonstances ?
-C'est juste ça ? Dans ce cas tout va bien ! Je t'assure que je ne suis pas intéressée, et puis t'es mon amie, pas mon plan cul. Je peux dormir avec un mec sans le baiser hein ! Enfin je crois... J'ai jamais essayé. Mais bref, si ça te dérange vraiment, t'as qu'à oublier tout ça. En théorie tu ne reverras jamais Nina de ta vie et je pense que c'est mieux pour vous deux. Enfin, si ça peux te rassurer, on n'est pas réellement en couple. On se voit, je fais semblant d'avoir été fidèle et on baise, c'est pas une amie, pas ma meuf, juste une usine à bisou, câlin et autres orgasmes en tout genre. Quand tu auras fini ta crise de jalousie, on pourra parler de ta soirée ?

Ses propos m'avaient légèrement rassurée, et elle en rajouta encore un peu en m'embrassant sur la joue avant de se diriger vers sa chambre. Je la rejoignis immédiatement et nous nous retrouvâmes vite à deux sur son lit, assises en tailleur à discuter d'hier.

-Tu vas être contente : j'ai baisé un mec. Et je dois avouer que... C'était pas mal du tout. Après, il manquait peut être un petit quelque chose, genre deux minutes de plus et ça aurait été parfait.
-Oh, ça je connais. Tu vas voir, c'est le plus fréquent. Dans ce genre de cas, il y a deux types d'écoles, celles qui l'acceptent et celles qui ne baisent jamais sans aider leur partenaire en se caressant pendant l'acte. Je suis plutôt de la première école, mais chacun son truc. Du coup c'était bien ? Qu'est-ce que je t'avais dis ?
-Mouais, t'avais sans doute raison. Mais j'ai pas eu besoin de toi. D'ailleurs c'était quoi ce truc avec le strip-tease et tout ? C'était prévu ?
-Absolument pas, mais c'était trop bien ! Je sais pas qui a eu l'idée ni pourquoi, mais j'ai été impressionné quand je t'ai vu enlever le haut en première. Finalement, ma petite Léa est une vraie chaudasse.
-Répète un peu ça pour voir ?

D'un coup, je bondis sur elle et nous roulâmes sur le lit avant de nous écraser au sol dans un choc qui fit vibrer tout l'immeuble. L'une sur l'autre, les yeux dans les yeux, ce moment aurait presque eut quelque chose de romantique si Gwen n'avait pas éclaté de rire avant de se relever péniblement pour s'asseoir à nouveau.

-La soirée était vraiment cool, c'est sûr. Par contre la pipe, c'était pas encore ça... Tu peux m'expliquer l'intérêt ?
-L'intérêt d'une pipe ? De sentir le mec dans ta bouche ? De savoir que c'est toi la reine de ses désirs ? C'est le seul moment où on peut diriger au lit, alors je t'avoue que l'intérêt est tout trouvé.

Pour la contredire, je lui expliquais mon expérience. Cette impression de contrôle dont elle parlait, je n'étais pas sûre de l'avoir bien ressenti, ou alors elle était sérieusement minime et imperceptible pour l'œil du néophyte.

-Est-ce que tu connais le terme "Étoile de mer", m'interrogea Gwen à la fin de mon récit. En gros, c'est quelqu'un qui ne bouge pas pendant l'acte. On en parle surtout pour les filles vu qu'on est sensée crier et gesticuler comme des folles dans l'imaginaire collectif, mais ça peut s'appliquer à un gars. À ton gars. Ce que t'as vécu, c'était la faute à pas de chance, et éventuellement à l'alcool. À ta place, j'oublierais ça pour repartir sur de bonnes bases. Enfin bref, assez parlé cul. Ça te dirait d'aller faire du shopping mercredi ?

Là je retrouvais mon amie d'avant ma première fois. Celle qui ne s'intéressait pas qu'à me faire séduire un nouveau mec par jour. Je ne savais pas si elle avait appris de ses erreurs ou si c'était une coïncidence, mais je la remerciai intérieurement d'être redevenue celle que j'appréciais.

-Le shopping, ça risque d'être compliqué. Je suis à court de blé et mes parents sont pas forcément disposés à m'en passer du coup...
-Du coup tu vas te dépêcher de trouver une solution, parce que je ne fais pas les magasins toute seule. T'as combien sur toi ?
-À peine cinq euros. C'est vraiment la dech en ce moment. Tu veux pas m'avancer un peu d'argent et je te rembourse dès que je reçois de l'argent de poche ?
-Nope, j'ai un jolie petit pactole de cent euros, le moi de mai est bientôt fini, les vacances d'été approchent et à partir de maintenant, je prépare ma garde-robe pour la plage.
-Quelle plage ? Aucune de nous deux n'est jamais allée à la plage pendant les vacances d'été, je vois pas pourquoi ça changerait cette année.
-Alors déjà c'est faux, quand t'avais douze ans tes parents t'ont emmenée à Saint-Malo, je m'en souviens. Et moi, l'année dernière, j'ai été invitée par un gars à le rejoindre en Normandie. D'accord, j'y suis pas allée parce que j'avais la flemme, mais j'aurais pu aller à la plage. Le fait est que si je veux, j'ai un mois entier pour trouver un pigeon qui m'emmènera au soleil pour pouvoir me dévorer la chatte sur le sable chaud.
-T'es complètement déconnectée de la réalité ma pauvre. Et le pire, c'est que je suis sûre que tu vas y arriver.
-Évidemment que j'y arrive, et je t'invite avec moi. Léa et Gwen, en maillot de bain sexy sur une plage de sable fin, le vent dans les cheveux, tous les mecs torses nus se retournant sur notre passage. Ne me dit pas que tu n'en rêves pas !
-C'est possible que j'en rêve, mais pas que j'y crois. Après, si tu y arrives, je dis pas non.
-Dans ce cas marché conclu, tu récoltes de l'argent pour le shopping et je récolte un pigeon pour les vacances. On va être les reines de Cannes, on va marcher sur le tapis rouge avec les stars, moi au bras de Brad Pitt et toi à celui de Robert Downey Jr.
-Si on oublie que le festival de Cannes n'a pas lieu en Juillet et que les stars Hollywoodiennes n'y sont pas forcément présentes, ton idée est intéressante.
-Arrête de briser mes rêves ! protesta-t-elle dans une moue vexée.

Elle fit semblant de sécher des larmes imaginaires, puis elle me regarda pendant plusieurs secondes de ce regard qui aurait suffit à faire jouir un garçon. Enfin, comme si elle venait de sortir d'un long coma, elle récupéra le paquet de cigarette qui était sur sa table de nuit et s'en alluma une avant de me proposer d'en prendre.
Accoudées à la fenêtre, recrachant régulièrement des volutes de fumées dans l'atmosphère putride de la ville, nous observions de haut le paysage crasseux qui faisait notre quotidien.
Les rues sales, couvertes de détritus, les routes pleines de bouchons alors que la moitié des habitants n'avaient pas l'argent pour se payer une voiture, les cordes à linges qui pendaient sur les façades des immeubles, les antennes accrochés aux balcons. Tout ça était d'une tristesse hallucinante, mais c'était notre monde.

-Tu pars dans quelle filière l'année prochaine ? me demanda Gwen en crachant un nuage de fumée vers l'horizon.
-J'en sais rien. Je veux surtout pas aller en S, pour rien au monde. ES ça doit être sympa. Et toi ?
-J'en sais rien, je vois tellement de gens qui se tirent en technologique, j'ai un peu peur. Je suis à 9,75 de moyenne pour le moment, c'est assez chaud. Je voudrais pas me retrouver en CAP coiffure ou un de ces trucs d'attardées.
-Dis-toi que j'étais à 8,25 au premier trimestre. Là j'ai réussi à passer au dessus de 10 mais pas sûre que ça dure. Après, l'année est bientôt finie et comme on est tous des glandeurs, je suppose qu'ils acceptent n'importe qui pour pas avoir de classes vides.
-Je pense que tu te fais des idées. C'est pas parce qu'on est nulles que tout le monde l'est. Je dirais que y'a trois personnes vraiment fortes par classe, et une dizaine qui sont meilleurs que nous, donc on est sérieusement dans la merde...

Jamais je ne l'avais vue aussi sérieuse. La clope était supposée détendre, mais là elle avait l'air d'une penseuse grecque, regardant au loin avec l'espoir d'y trouver des réponses. Moi-même, je n'avais que rarement pensé à mon orientation, ça m'avait toujours parut loin et sans importance. Dans ma tête, je pouvais difficilement faire pire que mes parents, quelque soit mon bac.

-Au pire, tu pourras toujours sucer deux trois profs pour passer en ES, plaisantai-je en lui donnant une tape sur l'épaule.
-Je suis prête à faire un peu plus, mais pas sûre que ça suffise. Tu penses que si je me met à bosser maintenant, ça pourra se rattraper ?
-Mais où est passée la Gwen qui disait "je suis jeune et jolie, je peux me trouver un taff sans avoir à travailler comme une esclave" ?
-J'ai changée, c'est interdit ? Je suis pas assez belle pour être mannequin et pas vraiment motivée pour faire du porno. J'ai pas envie de me retrouver serveuse ou femme de ménage !
-Si tu passais autant de temps à bosser qu'à baiser, tu serais facilement la meilleure de la classe.
-Je sais, mais j'ai tellement la flemme. Tu te rends compte que même au contrôle sur la reproduction j'ai eu une note de merde ? Je suis juste pas faite pour ça. Ce système scolaire est vraiment nul, j'ai déjà raté ma vie professionnelle juste parce qu'à seize ans, je préférais m'amuser. C'est trop nul !
-Je suis d'accord, mais tu veux faire quoi ? On n'a pas le choix. Je vais essayer de rester à 10 de moyenne jusqu'au conseil de classe, et là je devrais pouvoir passer en ES.
-J'espère pour toi. Je crois que je vais faire pareil, à partir de maintenant. Mardi, le contrôle de physique, je lui explose la gueule ! Je vais commencer à bosser, tu veux rester ?
-Non, désolée mais ça me passionne pas plus que ça. Je crois que je vais rentrer chez moi, faut que je taxe mes parents pour mercredi.

Je lui fis la bise, puis je la quittais pour retourner dans mon appartement. Ça me faisait bizarre de l'avoir vue dans cet état, je n'aurais pas été surprise si elle s'était mise à pleurer et pourtant, personne n'avait jamais du voir Gwen pleurer, à part de rire.
De mon côté, je me souciais assez peu de ces choses là. Je ne visais pas la S et les deux autres filières devaient être offertes, les gens qui partaient en technologiques étaient juste des vrais débiles, c'était loin d'être mon cas.

Dans mon salon, la tension était palpable. La question que je m'apprêtais à poser était d'une importance capitale. L'échec de cette mission me ferait passer pour une fille qui en veut toujours plus, tout en m'empêchant d'aller faire les magasins. Si je réussissais, en revanche, j'avais la preuve que mes parents étaient toujours à mes pieds.

-Maman, je peux avoir un peu d'argent pour faire les magasins mercredi ?
-C'est combien "un peu d'argent" ?

Une lueur d'intérêt naquit dans son regard vide et elle se releva légèrement du canapé. La forme de son dos était moulée sur les coussins et commença lentement à se déformer tandis qu'elle m'observait avec suspicion.

-Euh, disons quatre-vingt euros ?
-Ça ma chérie, ça n'est pas un peu d'argent. Il faut le mériter.

Comme toi tu mérites tes revenus en dormant dans le canapé ?

-Je sais mais j'en ai vraiment besoin ! la suppliai-je en lui faisant les yeux doux.
-C'est une grosse somme quand même. Je peux te donner vingt euros mais pas plus.

Pour m'acheter juste une barrette ? Merci le soutien familiale.

-S'teuplait maman chérie. Quatre vingt euros, c'est vraiment le minimum. Pas de dépenses inutiles, c'est promis.
-Tu sais quoi ? Je suis disposée à te les donner...

Ouais !

-... avec un petit supplément...

Oh putain ouais !

-... si tu...

Oh fais chier !

-... me rapporte une bonne note à ton prochain contrôle. Tu n'en as pas un récent ou qu'on te rendra bientôt ?

J'ai eu un 7 vendredi en maths, je recevrais de l'anglais lundi mais je ne visais pas plus que 11.

-C'est quoi une bonne note pour toi ?
-Au dessus de quinze, allez disons quatorze.

Elle était folle...

-Mais c'est énorme ! Allez maman, s'il te plaît ! Juste cinquante euros, c'est bon.
-Tu n'as pas un contrôle à faire bientôt ?

Physique-chimie, mardi. Le prof avait la réputation de rendre vite, je pouvais l'avoir mercredi. Sauf que pour rien au monde je ne jouerai une après-midi shopping sur un contrôle de physique, n'importe quelle matière mais pas celle là.

-Non, je crois pas...
-Dans ce cas, j'ai bien peur que tu doives attendre. C'est pas grave, ça te forgera le caractère. Et puis vaut mieux pas que tu sois trop gâtée.

Comment ça ? Je vis dans un HLM avec une douche qui a l'eau chaude une fois sur deux. Mon iPhone 3 aurait pu avoir fait la seconde guerre mondiale et j'ai moins de tee-shirt qu'il n'y a de jours dans un mois.

-Tu es sûre ?
-Sûre de sûre. On a été trop gentils avec toi, mais il faut que tu donnes un peu du tiens.

Bon, elle n'allait pas lâcher. La physique était ma dernière option...

-Ah ! J'avais oublié mais en fait, il y a un contrôle bientôt. Je peux essayer de... D'avoir au moins douze.
-Quatorze, pas en dessous.
-Mais maman ! C'est de la physique-chimie !
-Et alors ?

Et alors en plus d'être incompréhensible pour le commun des mortels, ça ne servait à rien.

-Et alors le prof il note super dur, la moyenne de la classe est à 9,5.
-Toi, tu es à combien ? Au dessus ?

4,75

-Euh... Bah ça dépend un peu... Des fois au dessus, des fois au dessous.
-Dans ce cas, c'est l'occasion de repasser au dessus. Quatorze ou plus et tu reçois tes cent euros. C'est un marché honnête non ? Je suis même prête à te donner le double si tu atteint les dix-sept.

Je ne la remerciai même pas pour cette offre bonus tant elle était surréaliste. Simplement le strict nécessaire, un baiser sur la joue, la promesse de tout faire pour y arriver et un retour dans ma chambre en compagnie de mes cahiers.
Finalement, j'aurais mieux fait de rester étudier avec Gwen : je sentais que j'allais rapidement perdre le goût des études à relire mon cours toute seule.
Enfin cela aurait été possible si il y avait eu du cours. Mon cahier de physique se résumait plus à quelques dessins, des gribouillages pour faire semblant de travailler et les quelques polycopiés distribués pendant les séances.
De toutes les matières, la physique était de loin celle que je détestais le plus.

Le chapitre, c'était les moles. Je n'avais aucune idée de ce que c'était, mais je compris bien vite que ça introduisait un demi-million de formules à apprendre par cœur. C=M*V, V=M-m, ou des merdes dans le genre avec des M, des m, des N et des n dans tous les sens.
Les lettres se mélangeaient dans ma tête, alors je décidai de faire une pause en regardant une vidéo, puis une autre.
Une pause toilette et j'y retournais. Sur la cuvette, je checkais mon fil d'actualité Facebook. Sauf qu'en sortant, ça n'était pas fini, alors je pris le temps d'arriver jusqu'en haut.
Un dernier passage sur YouTube et je vis qu'une nouvelle vidéo était sortie. Cinq minutes, ça n'était pas grand choses. Tiens, il met un lien vers une chaîne qui a l'air cool, et si je regardais...

-À table ! Léa viens manger, c'est l'heure !

Déjà ? Après avoir pris le temps de réaliser que j'avais passé presque deux heure sans réviser à côté de mon cahier ouvert, je me précipitai dans le salon et y dévorai mon repas sans un mot pour ma mère. Apres quoi, je revins dans ma chambre, éteignit mon téléphone et me remit à la lecture.

"Une mole contient 6*10^26 unités de matière"

C'est quoi une putain d'unité de matière ? Dans ma tête je voyais une petite boule visqueuse, mais j'étais probablement loin de la vérité. Et puis c'était quoi ce chiffre sans aucun sens, pourquoi pas mille ou sept fois dix puissance quarante-huit pendant qu'on y était ?
Au pire, je n'avais pas besoin de comprendre, le cours c'était juste des formules à apprendre, et les formules allaient m'offrir des nouveaux vêtements. En quelques sortes, elles étaient mes alliées.

C=M/V

Concentration molaire égale à la masse molaire divisée par le volume.
Qu'est-ce que putain de quoi ? Ça n'avait aucun sens, je n'arrivais pas à relier les symboles aux unités, les unités aux noms, les noms aux formules, j'avais envie de pleurer.

Ce ne fut qu'à deux heure du matin que j'explosai en larme sur mon lit. La moitié des pages de mon cahier passaient une à une entre mes mains pour être déchirées et projetées dans la pièce. Je hurlais malgré l'heure tardive, je voulais faire du mal à ces bouts de papier qui étaient en train de gâcher ma nuit.
Si je les haïssais tant, c'était parce que ces feuilles me faisaient douter à nouveau : étais-je vraiment sûre d'être acceptée dans un bac générale ? Avais-je raison de ne pas m'en faire ?

C'était ces questions qui me hantaient lorsque je m'endormis toute habillée, le visage couvert de larmes et des morceaux de papier plein le lit.

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