<h1>Noelfic</h1>

La jeune séductrice


Par : maKharena

Genre : Sayks , Sentimental

Status : C'est compliqué

Note :


Chapitre 18

Publié le 30/08/16 à 18:11:00 par maKharena

J'avais passé les vingts dernières minutes à mordiller nerveusement mon stylo, si bien que le bouchon ressemblait désormais à un vieux chewing-gum bleu séché. Ma main gauche, quand elle n'était pas trop occupée à me gratter le dos de la tête pour donner l'illusion d'un réflexion, tapotait régulièrement la table en énervant toute la classe.
Pour la dixième fois consécutive, je lisais un à un l'énoncé de chaque exercice et, pour la dixième fois consécutive, je les passais tous en espérant que le suivant ait miraculeusement revu sa difficulté à la baisse. Dans mon crâne, je sentais mon cerveau qui brûlait et qui m'empêchait de réfléchir.

Les formules ne correspondaient pas à celles du cours, j'en étais persuadée. Il y avait bien ces histoires de volume et de mole, mais les données n'étaient pas suffisantes pour résoudre le problème. À chaque fois, j'alignais une à une toutes les équations que j'avais apprise, mais ça ne coïncidait pas.
En réalité, il n'y avait que le premier exercice qui avait été rempli. Là, dans un éclair de génie, le professeur avait dû comprendre qu'il valait mieux poser des questions en rapport avec le cours. Je pouvais donc recevoir la satisfaction d'avoir la première page de ma copie remplie, c'était une maigre consolation mais tout était bon à prendre.

Sur le mur du fond, le tic-tac de l'horloge résonnait en cœur avec le bruit des crayons qui frottent le papier et des élèves qui soupirent. Manifestement, je n'étais pas la seule à avoir des difficultés. Je regrettais ne pas avoir ajouté la moyenne de la classe dans mon accord avec ma mère.
Pour l'instant, en attendant la fin de l'heure, je ne pouvais faire qu'une chose. Observer d'un regard vide ces multiples questions insolubles et subir l'attention inquisitrice d'un professeur outré par mon inactivité.

Les minutes passaient et rien ne venait, puis d'un coup, en relisant un énoncé, une idée me vint. Je me précipitai à sa rédaction, j'écrivais vite et mal mais au moins j'avais l'espoir de répondre correctement. Il fallait enchaîner trois formules pour arriver au résultat, c'était quasiment impossible à deviner mais j'avais réussi.
Rapidement, je gribouillais les diverses équations et explications de mon cheminement de pensée, puis je repris ma lecture des questions avec une attention nouvelle. J'avais à présent la certitude que le contrôle était possible, simplement extrêmement difficile. Dans ma tête, je mêlais et j'entremêlais des dizaines de formules en partant des données de l'énoncé pour atteindre la valeur recherchée.
J'avais presque fini la question quatre quand la sonnerie retentit. D'un coup, je me mis à écrire encore plus vite, quitte à être illisible, pour pouvoir terminer à temps. Au final, quand le professeur ramassa ma copie avec un sourire emprunt de pitié, j'avais répondu à trois des cinq questions. Chaque exercice ayant son barème propre, j'allais être notée sur seize, et j'avais donc le droit à deux erreurs maximum.

En sortant de la classe, je n'eu pas besoin de la moindre parole pour comprendre que Gwen avait totalement raté. Elle faisait une moue déçue qui était légèrement exagérée, comme pour montrer qu'au final elle se fichait de sa note, ce qui servait en réalité à camoufler sa réelle déception.

-À ce point là ? demandai-je en descendant les escaliers vers la cour de récréation.
-Encore pire. Après je m'attendait pas à grand-chose et puis la séance de révision n'a pas été totalement gâchée (elle lança un regard vers Dylan qui était juste dernière nous). Je vais plutôt préparer les matières envisageablement faciles comme l'anglais. Fuck me until i cry like a fucking bitch, baby ! J'ai de l'avenir là-dedans.
-Si tu le dis, moi j'ai répondu à quelques questions quand même. J'ai genre deux chances sur quatorze d'avoir assez de points pour faire les magasins avec toi. Et dire qu'il est déjà en train de les corriger...
-Comment tu peux avoir envie de devenir prof de chimie ? Faut vraiment aimer faire du mal aux enfants, il devait se faire victimiser en étant au lycée.

Alors que nous atteignions la sortie du lycée, Gwen s'alluma une clope puis m'en tendit une autre avant de s'adosser aux grillages. Même si elle ne le montrait pas, je sentais que cet échec la touchait profondément. De mon côté, je n'avais aucune idée de mon niveau de réussite, alors j'allais laisser la vie faire pour moi.

-J'ai besoin de me remonter le moral, j'aurais mieux fait de coucher avec Dylan ce soir. Et dire que ce connard l'a super bien réussi, il me l'a dit en sortant. Faut que je me change les idées avant de retourner en cours, t'as pas une idée de mec en chien ?
-Tout va bien se passer, la rassurai-je en la prenant dans mes bras. C'est pas nouveau de rater la chimie. Ce soir, mes parents sont pas là, t'as qu'à venir dormir, je te ferais mes pâtes carbonara.

Le regard de Gwen qui s'illumina gonfla mon orgueil en même temps qu'il fit naître un sourire sur mon visage. Ça n'était pas souvent, mais quand je cuisinais, je recevais rarement des commentaires négatifs. De temps en temps, j'aimais bien préparer quelques plats et les spaghettis carbonara étaient de loin ma spécialité. Principalement parce qu'avec les moyens du bord, c'était difficile de s'entraîner à faire du canard à l'orange.

-Tu sais comment me remonter le moral, dit-elle en souriant. Ça te dit pas t'inviter aussi deux ou trois mecs, histoire de...
-Non, juste toi et moi. Un jour, il va falloir que tu te calmes. Sérieusement c'est un miracle que tu sois pas encore enceinte.
-T'as cru quoi ? Avec ma réputation, personne n'ose coucher avec moi sans se protéger, ils croient tous que j'ai toutes les maladies du monde ou un truc du genre, et au final je peux rien attraper.
-Pratique, en effet. Ce qui n'empêche pas que tu doive... Que tu dois... Enfin arrêtes de baiser tout le temps.
-Comment ça tout le temps ?
-Ce soir t'as envie de le faire, hier t'étais avec Dylan, avant-hier avec Nina, et samedi avec Hugo. À coup sûr, vendredi tu étais avec un autre garçon, au final je trouve ça plutôt régulier.
-T'as peut être raison, mais c'est le week-end ! En semaine je suis plutôt calme. Surtout que là, s'il n'y avait pas eu l'arrivée improviste de Nina et le contrôle de chimie, j'aurais rien fait depuis deux jours. Tu me juges un peu trop sévèrement.
-Mais deux jours c'est rien ! Enfin c'est ta vie, mais ce soir en tout cas, c'est jour de pause.

À nouveau, la sonnerie nous tira de notre activité pour nous forcer à rejoindre les rangs de la foule qui rentrait dans le grand bâtiment mal entretenu. Là, durant le cours d'anglais, je pu assister aux diverses émotions qui passèrent sur le visage de Dylan durant sa discussion avec Gwendoline.
D'abord, il pensait pouvoir profiter un peu plus de sa compagnie, puis les minutes passèrent et elle lui expliqua gentiment qu'il n'était rien de plus qu'un événement isolé de sa vie sexuelle. J'aurais adoré entendre les termes employées, mais voir le visage du garçon se décomposer était déjà assez amusant comme ça.

À la cantine, nous fûmes rejointe par Julie qui avait apparement terminé de lire son livre et n'en avait aucun de rechange. Gwen fit une vanne sur l'honneur que nous inspirait sa présence, et la jeune lectrice ne cacha pas le peu de sentiment qu'elle avait à l'égard de ma meilleure amie.

-Il était bien ton livre, demanda Gwendoline sur le ton de la conversation. Il racontait quoi ?
-Fais pas semblant de t'y intéresser.
-Oh mais je m'y intéresse, rétorqua mon amie dans un sourire moqueur. Même si j'en ai pas l'air, je sais lire.
-Je dis pas le contraire, mais je pense pas que sois du genre à dévorer des bouquins...
-Non, j'ai le sentiment qu'il y a d'autres choses à dévorer.

La bataille de sous-entendus était hilarante et dura pendant tout le repas, pour ne pas l'interrompre je restais parfaitement calme et impassible. Voir Gwen jouer ainsi avec l'agressivité de Julie était un passe-temps des plus agréables, surtout en sachant que ces deux filles n'étaient liées que par moi et, d'une certaine manière, se disputaient donc pour moi.

-Dites les filles, vous avez prévu de partir en vacances ? demanda Julie pour éviter de perdre son sang-froid.
-Ça dépend de nombreux facteurs, expliqua Gwen.
-Non parce que Léa, mes parents vont me payer un truc à la mer avec mon frère, je me disais que tu voudrais peut être y aller.
-Euh... Bah...
-Elle est déjà prise, répondit Gwen à ma place. Je l'emmène dans le sud, voir même aux Caraïbes !
-C'est vrai Léa ? Parce que moi c'est du sérieux.

Le choix était facile faire mais la réponse n'était pas aisée à prononcer. Des vacances avec Gwen, c'était l'assurance d'un truc complètement inoubliable, alors qu'avec Julie, elle allait passer plus de temps à lire qu'à se baigner. C'était même étrange qu'elle propose à quelqu'un de partir en vacances avec elle, peut être était-ce uniquement pour ne pas paraître trop solitaire devant ses parents.

-Euh... Oui, Gwen m'a déjà proposé et donc... Enfin ce serait avec plaisir mais vu que j'ai déjà été invitée, tu vois...
-Je comprends, t'inquiètes pas. Et sinon, le contrôle de physique ?

Je n'aurais su dire si elle s'en fichait véritablement ou si elle cachait merveilleusement bien sa déception, mais je fus soulagée de la voir le prendre aussi bien. Apres cet échange, la discussion reprit son cours normalement, mais vite les plateaux se vidèrent et l'heure de retourna travailler résonna dans la cantine.
Ce ne fut que quatre heures plus tard, une clope dans la main, que je rentrais chez moi en compagnie de mon amie. Le soir précédent, suite à ma séance de révision, ma mère m'avait avertie qu'elle allait manger et dormir chez des amis, et que la soirée n'allait pas être de mon goût. Loin de moi était l'idée de protester face à une telle occasion.

J'étais donc libre avec Gwendoline pour toute la soirée, et puisque le lendemain n'accueillait aucun cours important, nous avions en plus la possibilité de nous coucher à l'heure de notre choix.
À peine étions nous rentrées que déjà, toutes les fenêtres avaient été ouvertes pour empêcher la fumée de cigarette de nous envahir. Assises en tailleur sur le canapé, une cigarette en bouche, nous discutions de Julie.

-Elle est vraiment rabat-joie cette meuf, on dirait toi en pire, plaisanta Gwen.
-Ça lui arrive d'être sympa, enfin elle vient de m'inviter en vacances quand même.
-Ouais, elle t'a invitée à deux semaines d'un ennuie mortel, moi je te propose les meilleures vacances de ta vie, sea, sex and sun.
-J'en doute pas, c'est pour ça que j'ai dit non. N'empêche que je me sens toujours un peu coupable d'avoir refusé. Tu m'as toujours pas trouvé de pigeon d'ailleurs.
-Il paraît que j'ai plus le droit de baiser. Et puis t'as toujours pas récolté tes cent euros.
-On verra demain. À ce propos, si tu trouves monsieur millionnaire, t'auras plus le droit de baiser à tout va, sinon il va te lourder avant qu'on ait vu le moindre grain de sable.
-Je suis la discrétion assurée, regarde avec Nina, elle croit toujours que j'ai jamais baisé une seule autre fille.
-Sauf qu'en l'occurrence, c'est un mec, et tout le monde sait que tu baises tous les mecs de la création. Alors à moins que la rumeur ne dise que tu es devenue fidèle, le gars va penser que tu le trompe sans que tu n'ai rien à faire.
-Je vois...

Elle eut l'air de réfléchir longuement en se grattant le crâne et en lâchant régulièrement des bouffées de fumée dans le salon. Son regard dans le vague avait quelque chose d'envoûtant. En fait, ses yeux et son sourire étaient les deux choses mystiques qui faisaient de Gwendoline une fille aussi attirante pour tous les garçons qu'elle croisait.

-Si il tombe amoureux de moi, genre vraiment, il se foutra que je le trompe. Un peu à la femme fatale, le gars fait tout pour me garder sans se soucier de mes mauvaises actions.
-Surréalistes, tellement que je suis sûre que ça t'est déjà arrivé.
-Une ou deux fois, et c'est assez gênant de se faire harceler. Mais si je peux tourner ça à mon avantage, pourquoi pas ? Et donc, ma petite Léa, un nouvelle proie en perspective toi aussi ?

Je ne répondis pas tout de suite. Depuis la soirée de samedi, je n'avais plus sérieusement pensé à ça, c'était comme si tout s'était évaporé après l'expérience. Je voulais juste tester, et c'était fait, ma vie pouvait reprendre son cours normal.

-Pas grand chose, moins que toi, répondis-je en lui crachant un peu de fumée dans le visage. Ça dépendra des mecs que je croiserais dans les prochains jours, disons que ça ne me déplairait pas de recommencer, mais c'est pas non plus le truc dont je rêve à tout prix.
-Je vois. Tu veux toujours quelque chose de sérieux ?
-Non, j'ai l'impression que c'est désespéré ici. Je connais pas de couples qui ont duré plus de quelques mois, ça a pas l'air d'être super romantique par ici.
-J'aime bien, t'es réaliste. Après il y a toujours des cas isolés, mais la partie la plus intéressante avec un mec ne se situe pas dans le long terme donc c'est pas trop dérangeant. Je préfère ça plutôt qu'une ville où personne ne baise personne avant de s'être connus pendant plus d'une semaine ou je sais pas quoi.
-Tu te rends compte qu'une semaine c'est super court pour un couple ?
-C'est vrai ? Mais putain ils font quoi pendant une semaine ?
-Ils se bécotent et ils vont au cinéma, des gens normaux quoi.

Tout en souriant devant sa déconnection de la réalité, je me levais pour rejoindre ma place derrière les fourneaux et mettre de l'eau à bouillir. De son côté, Gwen s'était couchée sur le canapé et me regardait comme si elle était en admiration totale devant ma manière de mettre de l'eau dans une casserole.

-J'adore te regarder cuisiner, t'es un peu mon fantasme de femme au foyer dominatrice.
-Attends, quoi ?
-Je rigole, détends toi un peu ! me reprocha-t-elle en éclatant de rire.
-J'espère bien que tu rigoles, sinon c'est vraiment flippant. Heureusement que j'ai pas fait des saucisses, t'aurais pas été supportable.
-Le pire c'est que c'est vrai ! Tu veux pas que je t'aide ?
-Non, tout va bien, merci. J'aurais trop peur que tu gâche tout en laissant les lardons brûler.
-Je crois que c'est plus prudent.

Une vingtaine de minutes plus tard, nous étions toute deux devant la télévision, du jaune d'œuf autour des lèvres et les yeux rivés sur le film qui passait sur l'écran. Il n'était pas très bon, mais pas mauvais quand même, et tant que mes parents refuseraient d'acheter Netlix ou un cable pour brancher le portable sur la télé, on était obligées de subir ça.
À la fin du repas, Gwen me nomma "meilleure cuisinière du monde" avant de jeter un coup d'œil sur le logiciel de vie scolaire pour voir si les notes de physique y avaient été affichées.

-Ça aurait été trop beau pour être vrai, dit-elle en éteignant son portable. Tu stress toi aussi ?
-Beaucoup plus que toi, moi au moins j'ai une chance de le réussir, je crois qu'il y a plus d'enjeux de mon côté.
-Disons que je stress pour toi dans ce cas. Bordel mais il les a déjà corrigés, pourquoi ils ne sont pas en ligne ! Ce prof est un vrai pervers. Vaut mieux que je pense à la plage, ça va me relaxer.

Comme si elle avait été sur une serviette en bord de mer, mon amie s'étala sur le sol et ferma les yeux pour profiter du soleil cuisant. Elle avait les doigts de pieds en éventail et dissimulait légèrement un sourire rêveur.

-Ça va être trop bien quand j'y serais, j'ai tellement hâte de me baigner dans autre chose que la piscine municipale. Comment tu penses qu'on s'habille là-bas ?
-Aucune idée, encore pire qu'ici niveau manque de tissu ?
-Je suis pas sûre... J'ai longuement analysé la situation et je crois que vaut mieux être normale. Les mecs voient des filles en sous-vêtements toutes humides à longueur de journée, ils doivent faire une overdose à la longue. Ce qu'il faut, c'est ne pas être celle qui leur donne envie de vomir en en mettant trop d'un coup. S'habiller comme tout le monde me paraît un bon plan, les maillots avec juste deux millimètres de tissus triangulaires sont trop vulgaires. Des beaux deux-pièces doivent être suffisants. Comme tout le monde s'habille pareil, ça doit filtrer au niveau du physique, et là on a un avantage certains. En gros, contrairement à ici, je pense que le meilleur moyen d'attirer l'attention est de s'habiller normalement.
-Bah dis donc, je suis impressionnée. Ta théorie se tient, et on va bientôt pouvoir tester.

Tout en applaudissant sa réflexion, je réfléchissais à ce qui se passerait si l'année se terminait différemment. Pas d'entrée en bac général, pas de vacances à la plage, nous deux séparées dans des établissements technologiques différents, notre monde risquait de s'effondrer très vite et pourtant, on construisait déjà d'immenses attentes dessus...

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