La jeune séductrice
Par : maKharena
Genre : Sayks , Sentimental
Status : C'est compliqué
Note :
Chapitre 15
Publié le 30/08/16 à 18:07:56 par maKharena
Il existe trois types de drogues. Le premier apaise l'esprit, le second l'arrête et le troisième le fait tomber dans un état de plénitude total. Cet état, on pouvait le qualifier d'extase mental, et c'est pourquoi l'ecstasy était la drogue qui portait le mieux son nom.
Ce que je ressentais était indescriptible. La musique qui résonnait dans le pièce, je ne l'entendais pas, je la vivais, je la voyais. Elle était en moi, faisait vibrer mon corps, modifiait ma démarche, j'étais fusionnée à ces mélodies.
Cette soirée était de très loin la meilleure que le monde ait pu connaître. Tout le monde s'amusait, dansait, discutait, je n'avais jamais vu une telle ambiance. Hugo était dans un coin, avec des amis. Je me précipitai vers lui et l'embrassai sur les deux joues.
-Joyeux anniversaire ! Putain j'adore ta soirée ! hurlai-je comme s'il avait été sourd.
-Content que ça te plaise, répondit-il en se grattant nerveusement les cheveux.
-Je viens de me faire un mec ! Bordel c'était le feu ! Promet-moi que t'en refera une comme ça bientôt, je vais plus pouvoir me passer de ça.
-Euh... Si tu veux...
Il avait l'air légèrement gêné mais je n'arrivais à pas comprendre pourquoi. Après tout, il avait réussi à organiser une fête absolument démente, je devais le réconforter. Je me serrais contre lui et déposai un court baiser sur sa joue.
-Qu'est-ce qui ne va pas ? Tu te sens pas bien ? Si c'est à cause de l'alcool ça va passer, t'en fait pas.
-Non, je vais très bien. T'inquiètes pas. Dis, t'as l'air pleine d'énergie, tu voudrais pas aller te libérer sur la piste ?
Il avait raison, c'était une idée merveilleuse. J'aurais eu envie de l'amener avec moi, mais il était avec ses amis et n'avait pas l'air de vouloir bouger. Je l'embrassai pour la troisième fois, puis je me précipitai vers la piste, prête à en mettre plein les yeux.
Je bougeais avec la musique, j'étais la musique. Jamais je n'avais aussi bien dansé. Je me sentais possédée, je devais être le centre de toutes les attentions. Mon énergie était illimitée, je ne ressentais plus aucun besoin autre que celui de profiter de mon bonheur.
À quelques mètres, je vis Gwendoline qui dialoguait avec deux garçons. Elle n'avait pas du retrouver ses vêtements, contrairement à moi, puisqu'elle portait simplement une jupe et son soutien gorge bleu. Cette fille était vraiment parfaite, magnifique, et la voir parler en souriant me fit regretter ma dispute. Je devais aller m'excuser.
En trois bonds, j'étais en face d'elle. Je ne lui laissai pas le temps de réagir, un grand sourire sur le visage, je prononçai ces mots en la serrant dans mes bras :
-Je suis désolée ! T'es la meilleure amie qu'on puisse rêver avoir et je te mérite pas. Tu veux bien me pardonner ?
Elle hésita quelques instants, d'abord sous le choc, puis elle pesa le pour et le contre. Derrière son questionnement intérieur, quelque chose parut l'amuser chez moi mais je n'arrivais pas à comprendre quoi. Enfin, elle acquiesça et me serra dans ses bras à son tour.
J'étais tellement heureuse que je ne pu m'empêcher de l'embrasser. Pas sur la joue ni le front, mais la bouche. Elle avait illuminé ma vie pendant dix ans et elle méritait une preuve de mon affection. J'eu la joie de la voir se laisser faire et, collées l'une à l'autre, nous partagions notre premier baiser.
Mes mains se baladaient sur son dos nu, il était parfaitement lisse et agréable, doux comme une peluche. Je sentais les bosses de ses omoplates et les creux de sa colonne vertébrale. J'avais envie de fusionner avec elle quand elle mît fin à notre étreinte.
-Eh bah ma belle, je sais pas ce que t'as pris mais j'en veux aussi. T'as jamais eu l'air d'autant t'éclater, m'expliqua-t-elle en riant.
J'adorais l'entendre rire, elle avait le don de le faire d'une manière charmante, mélodieuse. Tout son visage semblait se plier à des règles strictes de perfection quand elle riait, et puisqu'elle le faisait continuellement, elle était toujours parfaite.
-J'ai juste un peu bu, menti-je en lui souriant.
-Évidement, je n'en doute pas une seule seconde.
Elle prit ensuite une posture beaucoup plus noble et me tendit sa main comme un gentleman le ferait dans l'attente d'un baise-main.
-M'accorderez-vous cette danse, belle demoiselle ?
-Avec plaisir, répondis-je en me réjouissant d'avance.
Comment avais-je pu me fâcher avec une telle fille ? Elle était adorable, mignonne, drôle, elle avait toujours été ma meilleure amie. Je me détestais vraiment, enfin pas moi-moi mais la moi-sobre. Celle qui était coincée et qui n'osait rien faire, celle qui était incapable de profiter de ce genre de soirée.
Sur la piste, avec mon amie, nous dansions un tango ou l'équivalent. Je tournais sous le bras de Gwen, puis nous nous serrions l'une contre l'autre pendant quelques pas. Ensuite, je me laissais tomber en arrière et elle me retint au dernier moment, avant de m'embrasser à son tour. J'éclatai alors de rire et nous nous écrasâmes toutes les deux au sol dans un fou-rire incontrôlable.
On bloquait la moitié de la piste mais ça n'avait pas d'importance, on était heureuse. Pendant plusieurs minutes, on resta couchées par terre à se tordre de rire, puis l'on finit par rouler sur le côté pour rejoindre les canapés sans avoir à se relever. De là, puisant sur nos petits bras, nous nous remîmes sur pieds et prîmes place sur ces fauteuils usagés.
-Ça fait du bien de te retrouver Léa. Je sais que tu t'en fou complètement vu ton état, mais je suis peut être un peu désolée d'avoir failli te faire violer.
-C'est rien, et puis ça aurait peut être été marrant, qui sait ?
-J'en suis pas si sûre, mais si tu le dis. Hé ! Vik ! Tu peux m'apporter la bouteille grise là, juste sur la table ?
Le garçon qu'elle venait d'interpeller s'exécuta immédiatement : personne ne pouvait résister à Gwen et surtout pas à une Gwen en mini-jupe et soutien-gorge. Quand la bouteille arriva, elle remercia Victor et en but une courte gorgée avant de me la tendre.
-Fais gaffe, c'est un peu fo...
Trop tard. J'avais déjà avalé un quart de la bouteille. L'alcool qui me brûlait la gorge avait quelque chose de réconfortant, comme un feu de cheminée en hiver. Je lui souris et lui assurai que tout allait bien, puis je pris sa main dans la mienne. Elle était douce, fine, elle aurait pu faire du piano avec ses doigts minces et délicats.
-Promet-moi qu'on se disputera plus jamais ! la suppliai-je. C'est trop dur d'être sans toi.
-Promis juré craché.
Pour appuyer son propos, elle cracha à travers la salle et son petit morceau de salive atterrit sur la tête d'un garçon à quelques mètres qui s'était assis sur le sol, probablement pour décuver. Pendant qu'il cherchait d'où venait l'auteur de cette farce, Gwen et moi hurlions de rire comme des folles.
Notre crise d'hystérie comique s'arrêta lorsqu'un garçon s'installa entre nous deux. Il passa ses bras autour de nos épaules et nous targua d'un sourire de séducteur raté.
-Alors les filles, on s'éclate ?
-Plus que tu ne le pense, lui assura mon amie.
-Au moins mille fois plus ! renchéris-je en écartant les bras le plus possible, comme pour montrer l'étendue de mon bonheur.
-Ça a l'air vraiment cool ça. Et vous faites quoi pour vous éclater ?
-On danse le tango...
-... et on crache sur les mecs.
Nouveau fou rire incontrôlable. Le garçon paraissait un peu perdu entre nous deux, il n'arrivait pas bien à suivre le sens de notre discussion et devait probablement se dire que nous draguer était peine perdue.
Tandis qu'il partait, je sentis l'alcool me monter violemment à la tête, d'un coup, comme une chute de pierre sur mon cuir chevelu. La douleur se dissipa rapidement pour laisser place à une profonde distanciation amusée de la situation. Je regardais Gwen quelques instants, puis une question me vint à l'esprit.
-T'as remis ta culotte depuis la danse ?
-Tu veux vraiment savoir ?
Je hochais de la tête en riant.
-Dans ce cas tu vois le mec qui bois tout seul ? T'as deux minutes pour lui proposer de lui... elle hésita, son regard se fit vide comme si son cerveau s'était arrêté, puis elle revint à elle. Je disais quoi ?
-Que j'avais deux minutes.
-Ah oui ! Deux minutes pour lui proposer une pipe.
Le défis était accepté. D'un bond, je me levai pour m'écraser au sol la seconde qui suivit. Mon amie ne put s'empêcher de rire et je la suivis dans cet éclat de joie tout en tentant de me remettre sur pieds. La tentative fut laborieuse, surtout que la jeune fille ne m'aida pas une seule seconde, mais je finis par être en mesure de rejoindre ma cible.
C'était une proie facile, apparement ivre, solitaire. Je m'adossai au mur à ses côtés et commençai à enrouler une mèche autour de mon doigt tout en me mordillant la lèvre inférieure. Je passais plusieurs secondes à fixer son visage sans traits extraordinaires, simplement parce que je n'arrivais pas à me rappeler comment on faisait pour parler.
-T'es tout seul ? demandai-je enfin, fière de moi. Tu veux pas un peu de compagnie ?
-Je dis jamais non. Tu veux une bière ?
-Ça va, je suis déjà rassasiée. Dis, ça te dirait une bite ? Euh... Non... Comment on dit déjà ? Ah, ça te dirait une pipe ?
En prononçant ces mots, je fis un clin d'œil à Gwen qui, avachie sur le canapé, me répondit par un sourire qui joignait ses deux oreilles.
-Oh ? T'es sérieuse ? C'est genre... Une vraie proposition ?
-Évidement, répondis-je en lui caressant délicatement le torse.
Il me suffit d'une seconde de lucidité pour reculer d'un coup et tomber en arrière. Non ! Je n'allais pas faire ça ! Je n'allais pas... sucer un garçon pour les beaux yeux de Gwen. Je retombai dans son petit jeu, je m'étais faite à nouveau avoir.
Et alors ? J'étais venue ici pour ça au départ non ? Baiser. C'était aussi simple que ça, je pouvais tenter de nouveaux trucs avec ce gars. Et puis c'était marrant, on était venues pour s'amuser. Je ne devais pas laisser Léa-Chiante reprendre le dessus, elle ne faisait que gâcher tous mes instants de plaisir.
C'était moi qui dirigeait, moi et moi seule. On ne me laissait pas souvent le droit de m'exprimer, alors j'allais en profiter. Je tirais ma cible avec moi vers la porte du fond de la pièce. En m'éloignant, je regardai un dernière fois Gwen.
La jeune fille venait d'écarter les jambes et, sous sa jupe, j'eu ma réponse. L'éclairage était faible, nous étions dans la pénombre et il était impossible de voir distinctement son vagin, mais une chose était sûre : elle ne portait pas sa culotte. Devant mon expression surprise, elle éclata de rire avant de serrer les jambes à nouveau, puis nous nous quittâmes de vue.
J'avais un nouveau jouet à ma disposition, il était un peu ivre, pas très beau, mais il était à moi et se laissa faire lorsque je le plaquai contre le lit. Mon visage accueillait un sourire pervers tandis que je commençai à défaire la braguette du jeune homme, je sentais l'excitation monter. J'allais voir un penis de tout près pour la première fois, j'allais toucher un penis pour la première fois.
D'abord, je baissai son pantalon, puis ce fut au tour de son caleçon. Là se dressait une petite tour sur la plaine. Je l'observais comme un enfant observe une friandise avant de la manger. Je posai ma première main dessus, c'était beaucoup moins mou que dans mon imagination.
Légèrement hésitante à l'idée de mettre cette chose veineuse dans ma bouche, je commençai par la caresser doucement. Je me doutais bien qu'il ne fallait pas procéder comme ça, mais c'était une entrée en matière, ce ne fut qu'après que commencèrent les choses sérieuses.
J'enroulais ma main autour du penis en érection, puis j'entamai le fameux mouvement. De haut en bas, de bas en haut, de haut en bas, de bas en haut, c'était fortement répétitif et bien plus ennuyant qu'avec un vagin, en plus d'être plus fatiguant pour le bras qui travaillait. J'aurais pu trouver satisfaction dans les manifestations de plaisir de mon partenaire, mais j'avais l'impression de ne produire rien de plus qu'un mince sourire sur son visage.
C'était ça un mec excité ? Gwen avait raison, je détesterais être un homme. Ou alors c'était moi qui m'y prenait mal, mais je ne voyais pas trente mille façons de procéder. Soit je continuais comme ça, avec cette gestuelle lancinante, ou alors j'enfonçai ce truc dans ma bouche.
C'était degueulasse, je ne pouvais pas me résoudre à faire ça.
-Alors ? T'avais dit une pipe, pas une branlette.
-Eh ! Je suis pas ta pute hein ! J'hésite là !
-Dis le tout de suite et on arrête, c'est pas grave.
Je ne voulais pas arrêter, j'avais envie d'essayer, mais c'était tellement répugnant. Il fallait mettre un préservatif pendant une fellation ? Je n'en savais rien, mais ça n'était pas à proprement parler un acte sexuel, donc je devais pouvoir m'en passer.
Après avoir pris une grande inspiration, je fis le grand saut. Ça y était, j'avais à nouveau un penis à l'intérieur de moi, mais pas au même endroit. C'était étrange, très étrange, pas forcément repoussant, mais étrange. Un gros bout de chair informe qui prenait toute la place dans mon palais, ma langue bougeait dans tous les sens, comme terrorisée à l'idée de toucher le gland par inattention.
J'avais terminé la première étape, il me fallait maintenant passer à la suivante. Le sexe du jeune mâle toujours dans la bouche, je levai les yeux vers lui pour le voir toujours avec le même air ahuri par l'alcool.
Continuant mes mouvements de vas-et-viens avec la main, je commençai à embrasser le penis. Mes lèvres glissaient timidement dessus, descendant le long du gland puis remontant, je n'arrivais pas vraiment à savoir ce que je ressentais en ce moment.
C'était plus une corvée qu'une vraie union sexuelle, je me forçais à continuer et à oublier l'ennui. Pour aider mes lèvres, ma langue vint se prêter au jeu. Elle oublia son dégoût et commença à lécher le gland humide du garçon, d'abord avec répugnance, puis je ressentis une aisance nouvelle naître.
-Ouais, comme ça, c'est parfait, me félicita mon partenaire.
Sa main vint se poser sur les cheveux et commença à me caresser le crâne, ça n'était pas désagréable, loin de là. De mon côté, je continuais ma triple besogne : ma main branlait, mes lèvres caressaient et ma langue glissait pour humidifier toute la surface de ce sexe.
Peu à peu, je commençai à y prendre goût. Je changeais ma bouche de position, entourais ma langue autour de son bâton, traçais un ligne partant de son pubis pour s'arrêter à sa fente avec ma langue, je trouvais toujours une nouvelle idée pour tromper l'ennui. Parfois, je stoppais mon action et déposais un baiser sur son ventre, puis je reprenais de plus belle ensuite.
C'était long, et l'inactivité de mon compagnon ne faisait pas accélérer le temps. Je me demandais à quel niveau d'excitation j'étais, allait-il jouir bientôt ou en avais-je encore pour une heure ? C'était rageant de le voir ainsi immobile, simplement souriant, les traits peut être infimement plissés, et la main me caressant les cheveux délicatement.
-Ça y est, ça vient, me révéla-t-il soudain.
Ah ? C'était ça l'orgasme masculin, un simple "ça vient" ? Je peinais à le croire, pourtant je libérai quand même ma bouche à peine deux secondes avant que le sperme ne quitte son refuge pour venir se déverser sur le lit.
Il était en train de jouir et son visage n'avait pas pris la moindre marque de plaisir.
L'expérience avait été profondément décevante, mais il devait y avoir quelque chose qui avait raté quelque part.
-C'était bien ? demandai-je avec anxiété.
-Ouais, c'était cool.
Maintenant c'était sûr, si ça n'avait été que "cool", j'avais du rater quelque chose. En me relevant, je fus prise de vertiges que je commençai par ignorer. Je retournais dans la salle en claudiquant légèrement, m'appuyant continuellement sur les murs adjacents.
J'avais encore dans la bouche le goût particulier que m'avait laissé le penis, et s'il n'était pas répugnant, il me rappelait une période sans grand intérêt que je considérais comme une perte de temps.
Dans la salle, la plupart des gens étaient rentrés chez eux et seuls quelques uns étaient encore là, mais je n'arrivais pas à les reconnaître. L'alcool m'embrumait toujours l'esprit, et le monde continuait à tourner autour de moi. Le moment vint où l'appui des murs ne suffit plus à me tenir debout, et je m'évanouis une seconde avant de toucher le sol.
Mal de tête. Énorme mal de tête. J'étais toute ankylosée, mon corps pesait une tonne, et ma tête une autre tonne. Je n'arrivais pas à formuler une pensée claire, autour de moi des bruits résonnaient. J'entendais une discussion qui rentrait par une oreille puis tambourinait sur tous les coins de mon cerveau sans que je n'arrive à la déchiffrer. Je voulais me boucher les oreilles mais je n'en avais pas la force. J'avais la désagréable impression que ma cervelle se frayait un chemin à la tronçonneuse pour sortir de mon crâne. Une chose était sûre, je ne voulais plus jamais ressentir ça.
Après plusieurs minutes de canalisation, je réussis à réunir l'énergie nécessaire pour sortir de ma torpeur. Lentement mais sûrement, je me remettais debout. Une main sur la tête comme pour apaiser la douleur, une autre sur le sol qui m'aidait à me lever, et en quelques éternités je fus à nouveau debout.
Nous n'étions plus que quatre dans la pièce, deux garçons étaient en train de ranger et un troisième dormait encore, couché sur un canapé. En remarquant mon éveil, Hugo se précipita vers moi et me prit dans ses bras pour m'aider à tenir debout. Je remerciai sa prévenance d'un sourire : je doutais que sans lui, j'aurais pu rester debout plus de trente secondes.
-Tu vas bien ? Je suis vraiment désolé de t'avoir laissé dormir sur le sol, mais t'étais lourde comme une pierre.
-C'est pas grave, merci quand même. Il est quelle heure ?
-Midi passé. T'as pas l'air en bon état, t'es sûre que ça va ? Tu peux t'installer sur un canapé en attendant. J'espère que tu t'es bien amusée au moins.
-Oui, c'était vraiment bien, merci. Je pense juste avoir un peu trop bu.
-Tant mieux, l'important c'est que ça t'ait plu. Oh et avant que j'oublie, Gwen t'attends chez elle quand tu iras mieux. Elle n'a pas dis pourquoi.
-J'ai ma petite idée... Merci pour tout, vraiment. Je vais essayer de me débrouiller maintenant.
Me débrouiller, pour le moment, c'était surtout m'asseoir sur le canapé et attendre de sentir la douleur dans mon crâne s'estomper. Cela pouvait avoir pris une éternité comme deux secondes, je n'en savais rien. J'avais tenté de jauger le temps en regardant les deux hommes nettoyer la pièce, mais bien vite mon attention se trouvait occupée ailleurs et je perdais mes repères.
Quand j'eu retrouvé un semblant de lucidité, je remerciai Hugo pour son hospitalité et sa soirée géniale (du moins dans sa première moitié) puis je quittai le hangar avec un sourire satisfait sur le visage. Cette fête s'était plutôt bien passée, à quelques exceptions prêt. Encore une fois, j'avais le sentiment d'avoir bien appris et que la prochaine fois, je ne risquais plus de commettre la moindre erreur.
Le problème qui occupait mes pensées était mon invitation chez Gwen. Je m'étais excusée le soir précédent devant la jeune fille, j'en avais même fait un peu plus, mais je l'avais fait dans un état de vide intellectuel total. De plus, elle en avait profité pour me renvoyer dans des ennuis au bout de quelques minutes. Certes, rien de mal n'était arrivé, mais le garçon aurait facilement pu être plus entreprenant et dominateur.
Bref, j'étais toujours fâchée contre elle.
Malgré ça, je me persuadai que clarifier les choses restait un bon choix. Je pouvais me rendre dans son appartement sans avoir forcément à la serrer dans mes bras, c'était peut être l'occasion de trouver un commun accord et de reprendre notre amitié là où j'aurais aimé ne jamais l'arrêter.
D'abord, je devais passer chez moi. Ma tenue était peut être confortable, elle n'en restait pas moins légèrement provocante et devait être garnie d'une raison valable pour être portée. Une nouvelle journée commençait et je devais me changer.
En rentrant dans la maison, j'entendis la voix de ma mère résonner dans le salon et me demander où j'avais passé la nuit. Sans prendre la peine de lui répondre, je me précipitai dans ma chambre et je mélangeai mes vêtements au tas de linge sale qui traînait un peu partout : il valait mieux qu'on ne sache pas que j'étais sortie comme ça.
À la place, je récupérai un jean et un haut noir, j'enfilai le tout et je rejoignis ma mère. Sur son visage se lisait une profonde fatigue, comme si elle avait attendu mon retour toute la nuit. Ses rides s'étaient creusés dans la soirée, et ses petits yeux regorgeaient de restes d'anxiété.
-J'étais chez une amie, je t'avais prévenue non ?
-Je ne crois pas. Tu aurais pu répondre, je t'ai appelée sur ton portable !
-Il était éteint, je suis désolée. J'étais persuadée que tu étais au courant. Tu as du t'inquiéter terriblement.
J'essayai tant bien que mal d'insuffler un peu de sincérité dans ma dernière phrase, pour éviter qu'elle ne paraisse trop se moquer de mon interlocutrice. Le résultat était en demi-teinte mais ma mère ne s'en soucia pas.
-La prochaine fois pense à m'appeler, je me suis fait un sang d'encre. Je n'ose pas imaginer la situation si ton père avait été là, il t'aurais cherchée dans toute la ville.
C'était sûr que ça n'allait pas être elle qui allait quitter son sofa pour partir à ma recherche...
Enfin, je pouvais m'estimer heureuse de passer cette étape avec brio. La suite des événements était simple, une douche, puis un rendez-vous illico avec mon ancienne meilleure amie.
En sonnant à sa porte, je sentis les battements de mon cœur s'accélérer. Ce qui allait se passer dans les minutes qui suivirent était plus important que tout, on ne parlait pas d'un garçon ou d'une soirée, mais bien de Gwendoline, la fille la plus géniale que je n'avais jamais rencontrée.
-C'est ouvert ! cria sa voix derrière la porte.
Timidement, je poussai la porte et la refermai derrière moi. Un rapide coup d'œil dans la chambre de mon amie me permit de voir qu'elle n'y était pas. La salle de bain était verrouillée, j'en déduisis que la jeune fille était en train de se soulager, aussi décidai-je de l'attendre dans le salon.
Quelle ne fut pas ma surprise lorsque j'y trouvai une fille de mon âge, mangeant un paquet de chips à pleine main. En me voyant, elle me lança un sourire mauvais, puis reprit sa dégustation.
-Euh... Salut ? T'es qui ? l'interrogeai-je timidement.
-Je peux te retourner la question. J'étais là avant.
Décidément, cette fille ne m'appréciait pas. Pourtant, j'étais sûre de ne pas la connaître et je voyais mal comment j'avais pu la vexer sans faire exprès. Le froid qui s'était installé entre nous provoqua un silence de mort, chacune attendant l'arrivée prochaine de Gwen.
Je profitais de cette pause pour analyser l'invitée. Comme dit précédemment, elle avait mon âge, probablement un peu plus vieille. Elle n'était pas fine, mais pas non plus enrobée, son poids était de manière infime au dessus de la moyenne, mais ça n'était rien de désengageant.
En plus de sa culotte, elle portait un gilet gris dont la fermeture était remontée jusqu'au niveau des seins. La capuche rabattue sur sa tête lui donnait un air d'animal se protégeant sous sa carapace, mais ne m'empêchait pas de voir son visage.
Ses traits étaient banals, mais elle avait une façon de se comporter en se foutant de tout qui lui donnait un air charmeur, du moins quand elle ne regardait pas dans ma direction avec de la colère dans les yeux. Sur ses petits yeux noisettes lui tombaient des mèches de cheveux châtains, beaucoup plus clairs que les miens, mais aussi beaucoup plus courts.
Du reste, je pouvais noter une bague simple à son pouce gauche et deux boucles d'oreilles arc-en-ciel qui pendaient à ses lobes.
L'arrivée de Gwendoline fut une délivrance pour nous deux, mais c'est l'inconnue qui prit la parole en premier, sur un ton d'accusation que je trouvais fort déplacé.
-C'est qui celle la ? Tu m'en a pas parlé d'elle.
J'eu la satisfaction de voir que je n'étais pas la seule que Gwendoline prenait un malin plaisir à tourner en ridicule avec ses explosions de rire spontanées. Elle portait encore sa jupe et son chemisier du soir précédent et, tout en continuant à rire, elle s'approcha de la jeune mangeuse de chips.
-C'est Léa.
-Léa ? C'est sensé me dire quelque chose ?
-C'est sensé te dire qu'il faut me faire confiance. Je fais les présentations ? Léa, voici Nina. Nina, voici Léa. Enchantées toutes les deux, c'est parfait.
Nina était loin d'être enchantée. Je me questionnais même sur la première personne qu'elle allait assassiner : moi ou Gwen. Son regard haineux sautait de l'une à l'autre avec violence, et cela gâchait son aspect de fille libérée.
Ce qui suivit me surpris tellement que je libérai un hoquet involontaire. Mon amie se baissa délicatement, puis déposa un baiser sur les lèvres de Nina qui l'accepta à contrecœur. L'hôte explosa à nouveau de rire avant de tout expliquer.
-Calme toi Nina, c'est juste une amie. Je t'ai faite une promesse et je la tiendrais. Léa, je te présente mon... comment dire ?
-Ta petite amie ? proposa-t-elle avec innocence en finissant les dernières miettes du paquet.
-Ma petite amie à qui j'ai juré une fidélité exclusivement féminine, précisa Gwendoline en souriant. En bref, je suis désolée, mais le langoureux baiser d'hier soir n'ira pas plus loin. Sèche tes larmes Léa, je n'aime pas te voir pleurer.
Si j'avais pleuré, ça aurait été de rire en voyant la réaction de Nina quand elle avait entendu que nous avions échangé un baiser le soir précédent. Elle qui s'était légèrement calmée était de nouveau prête à bondir pour décapiter mon amie.
-Oups, j'aurais pas dû dire ça. Mais embrasser, ça n'est pas tromper, se rattrapa Gwendoline. Enfin bref, on s'en fout, arrêtez de vous regarder comme deux ennemies. Nina, tu oublies ta jalousie et Léa, tu m'expliques pourquoi j'ai le sentiment que toi aussi, tu es un peu jalouse.
-Je suis pas jalouse, juste surprise. J'ignorais que tu... Enfin c'est ta vie, peu importe.
Peut être que j'étais un peu jalouse en réalité, mais alors rien qu'un peu. C'était le fait de voir Gwendoline aussi proche d'une autre fille, la serrer dans ses bras comme elle le faisait en cet instant et la couvrir de baiser. Non pas que j'ai eu envie de coucher avec mon amie, mais elles partageaient une intimité que je croyais être la seule à connaître.
De plus, il était probable que Nina n'ait jamais eu à subir les obsessions sexuelles de Gwen qui l'aurait obligée à sortir en petite tenue pour draguer les inconnus. Leur relation devait être bien plus simple et équilibrée que celle que j'entretenais avec l'adolescente.
En bref, oui j'étais jalouse, sans pour autant vouloir échanger ma place.
-C'était pour ça que tu m'as demandé de venir ? Pour me présenter ta copine ?
-Pas vraiment. Elle est passée à l'improviste, et puis voilà. Mais c'est pas plus mal que vous vous connaissiez, je suis sûre que vous allez vous entendre à merveille.
-Dit, Gwen. À propos d'hier soir, je...
-On était défoncées, j'oubli ce baiser, il n'a jamais eu lieu. Et je crois que Nina va me mordre si je recommence à en parler.
-C'est pas ça. J'aimerais juste savoir pourquoi trente secondes après avoir reçu mes excuses, tu m'envoyais déjà au front pour t'amuser.
-La pipe ? Je tiens à préciser que je t'avais demandé de lui proposer une pipe, pas d'en faire une. D'autant que tu as eu le droit à un paysage qui vaut qu'on gravisse des montagnes (elle me fit un clin d'œil que Nina ne put pas remarquer). Mais c'était bête quand même, disons que c'était ta punition pour m'avoir insultée, et qu'on est quitte. Bon, qui veut un sandwich ?
Ce que je ressentais était indescriptible. La musique qui résonnait dans le pièce, je ne l'entendais pas, je la vivais, je la voyais. Elle était en moi, faisait vibrer mon corps, modifiait ma démarche, j'étais fusionnée à ces mélodies.
Cette soirée était de très loin la meilleure que le monde ait pu connaître. Tout le monde s'amusait, dansait, discutait, je n'avais jamais vu une telle ambiance. Hugo était dans un coin, avec des amis. Je me précipitai vers lui et l'embrassai sur les deux joues.
-Joyeux anniversaire ! Putain j'adore ta soirée ! hurlai-je comme s'il avait été sourd.
-Content que ça te plaise, répondit-il en se grattant nerveusement les cheveux.
-Je viens de me faire un mec ! Bordel c'était le feu ! Promet-moi que t'en refera une comme ça bientôt, je vais plus pouvoir me passer de ça.
-Euh... Si tu veux...
Il avait l'air légèrement gêné mais je n'arrivais à pas comprendre pourquoi. Après tout, il avait réussi à organiser une fête absolument démente, je devais le réconforter. Je me serrais contre lui et déposai un court baiser sur sa joue.
-Qu'est-ce qui ne va pas ? Tu te sens pas bien ? Si c'est à cause de l'alcool ça va passer, t'en fait pas.
-Non, je vais très bien. T'inquiètes pas. Dis, t'as l'air pleine d'énergie, tu voudrais pas aller te libérer sur la piste ?
Il avait raison, c'était une idée merveilleuse. J'aurais eu envie de l'amener avec moi, mais il était avec ses amis et n'avait pas l'air de vouloir bouger. Je l'embrassai pour la troisième fois, puis je me précipitai vers la piste, prête à en mettre plein les yeux.
Je bougeais avec la musique, j'étais la musique. Jamais je n'avais aussi bien dansé. Je me sentais possédée, je devais être le centre de toutes les attentions. Mon énergie était illimitée, je ne ressentais plus aucun besoin autre que celui de profiter de mon bonheur.
À quelques mètres, je vis Gwendoline qui dialoguait avec deux garçons. Elle n'avait pas du retrouver ses vêtements, contrairement à moi, puisqu'elle portait simplement une jupe et son soutien gorge bleu. Cette fille était vraiment parfaite, magnifique, et la voir parler en souriant me fit regretter ma dispute. Je devais aller m'excuser.
En trois bonds, j'étais en face d'elle. Je ne lui laissai pas le temps de réagir, un grand sourire sur le visage, je prononçai ces mots en la serrant dans mes bras :
-Je suis désolée ! T'es la meilleure amie qu'on puisse rêver avoir et je te mérite pas. Tu veux bien me pardonner ?
Elle hésita quelques instants, d'abord sous le choc, puis elle pesa le pour et le contre. Derrière son questionnement intérieur, quelque chose parut l'amuser chez moi mais je n'arrivais pas à comprendre quoi. Enfin, elle acquiesça et me serra dans ses bras à son tour.
J'étais tellement heureuse que je ne pu m'empêcher de l'embrasser. Pas sur la joue ni le front, mais la bouche. Elle avait illuminé ma vie pendant dix ans et elle méritait une preuve de mon affection. J'eu la joie de la voir se laisser faire et, collées l'une à l'autre, nous partagions notre premier baiser.
Mes mains se baladaient sur son dos nu, il était parfaitement lisse et agréable, doux comme une peluche. Je sentais les bosses de ses omoplates et les creux de sa colonne vertébrale. J'avais envie de fusionner avec elle quand elle mît fin à notre étreinte.
-Eh bah ma belle, je sais pas ce que t'as pris mais j'en veux aussi. T'as jamais eu l'air d'autant t'éclater, m'expliqua-t-elle en riant.
J'adorais l'entendre rire, elle avait le don de le faire d'une manière charmante, mélodieuse. Tout son visage semblait se plier à des règles strictes de perfection quand elle riait, et puisqu'elle le faisait continuellement, elle était toujours parfaite.
-J'ai juste un peu bu, menti-je en lui souriant.
-Évidement, je n'en doute pas une seule seconde.
Elle prit ensuite une posture beaucoup plus noble et me tendit sa main comme un gentleman le ferait dans l'attente d'un baise-main.
-M'accorderez-vous cette danse, belle demoiselle ?
-Avec plaisir, répondis-je en me réjouissant d'avance.
Comment avais-je pu me fâcher avec une telle fille ? Elle était adorable, mignonne, drôle, elle avait toujours été ma meilleure amie. Je me détestais vraiment, enfin pas moi-moi mais la moi-sobre. Celle qui était coincée et qui n'osait rien faire, celle qui était incapable de profiter de ce genre de soirée.
Sur la piste, avec mon amie, nous dansions un tango ou l'équivalent. Je tournais sous le bras de Gwen, puis nous nous serrions l'une contre l'autre pendant quelques pas. Ensuite, je me laissais tomber en arrière et elle me retint au dernier moment, avant de m'embrasser à son tour. J'éclatai alors de rire et nous nous écrasâmes toutes les deux au sol dans un fou-rire incontrôlable.
On bloquait la moitié de la piste mais ça n'avait pas d'importance, on était heureuse. Pendant plusieurs minutes, on resta couchées par terre à se tordre de rire, puis l'on finit par rouler sur le côté pour rejoindre les canapés sans avoir à se relever. De là, puisant sur nos petits bras, nous nous remîmes sur pieds et prîmes place sur ces fauteuils usagés.
-Ça fait du bien de te retrouver Léa. Je sais que tu t'en fou complètement vu ton état, mais je suis peut être un peu désolée d'avoir failli te faire violer.
-C'est rien, et puis ça aurait peut être été marrant, qui sait ?
-J'en suis pas si sûre, mais si tu le dis. Hé ! Vik ! Tu peux m'apporter la bouteille grise là, juste sur la table ?
Le garçon qu'elle venait d'interpeller s'exécuta immédiatement : personne ne pouvait résister à Gwen et surtout pas à une Gwen en mini-jupe et soutien-gorge. Quand la bouteille arriva, elle remercia Victor et en but une courte gorgée avant de me la tendre.
-Fais gaffe, c'est un peu fo...
Trop tard. J'avais déjà avalé un quart de la bouteille. L'alcool qui me brûlait la gorge avait quelque chose de réconfortant, comme un feu de cheminée en hiver. Je lui souris et lui assurai que tout allait bien, puis je pris sa main dans la mienne. Elle était douce, fine, elle aurait pu faire du piano avec ses doigts minces et délicats.
-Promet-moi qu'on se disputera plus jamais ! la suppliai-je. C'est trop dur d'être sans toi.
-Promis juré craché.
Pour appuyer son propos, elle cracha à travers la salle et son petit morceau de salive atterrit sur la tête d'un garçon à quelques mètres qui s'était assis sur le sol, probablement pour décuver. Pendant qu'il cherchait d'où venait l'auteur de cette farce, Gwen et moi hurlions de rire comme des folles.
Notre crise d'hystérie comique s'arrêta lorsqu'un garçon s'installa entre nous deux. Il passa ses bras autour de nos épaules et nous targua d'un sourire de séducteur raté.
-Alors les filles, on s'éclate ?
-Plus que tu ne le pense, lui assura mon amie.
-Au moins mille fois plus ! renchéris-je en écartant les bras le plus possible, comme pour montrer l'étendue de mon bonheur.
-Ça a l'air vraiment cool ça. Et vous faites quoi pour vous éclater ?
-On danse le tango...
-... et on crache sur les mecs.
Nouveau fou rire incontrôlable. Le garçon paraissait un peu perdu entre nous deux, il n'arrivait pas bien à suivre le sens de notre discussion et devait probablement se dire que nous draguer était peine perdue.
Tandis qu'il partait, je sentis l'alcool me monter violemment à la tête, d'un coup, comme une chute de pierre sur mon cuir chevelu. La douleur se dissipa rapidement pour laisser place à une profonde distanciation amusée de la situation. Je regardais Gwen quelques instants, puis une question me vint à l'esprit.
-T'as remis ta culotte depuis la danse ?
-Tu veux vraiment savoir ?
Je hochais de la tête en riant.
-Dans ce cas tu vois le mec qui bois tout seul ? T'as deux minutes pour lui proposer de lui... elle hésita, son regard se fit vide comme si son cerveau s'était arrêté, puis elle revint à elle. Je disais quoi ?
-Que j'avais deux minutes.
-Ah oui ! Deux minutes pour lui proposer une pipe.
Le défis était accepté. D'un bond, je me levai pour m'écraser au sol la seconde qui suivit. Mon amie ne put s'empêcher de rire et je la suivis dans cet éclat de joie tout en tentant de me remettre sur pieds. La tentative fut laborieuse, surtout que la jeune fille ne m'aida pas une seule seconde, mais je finis par être en mesure de rejoindre ma cible.
C'était une proie facile, apparement ivre, solitaire. Je m'adossai au mur à ses côtés et commençai à enrouler une mèche autour de mon doigt tout en me mordillant la lèvre inférieure. Je passais plusieurs secondes à fixer son visage sans traits extraordinaires, simplement parce que je n'arrivais pas à me rappeler comment on faisait pour parler.
-T'es tout seul ? demandai-je enfin, fière de moi. Tu veux pas un peu de compagnie ?
-Je dis jamais non. Tu veux une bière ?
-Ça va, je suis déjà rassasiée. Dis, ça te dirait une bite ? Euh... Non... Comment on dit déjà ? Ah, ça te dirait une pipe ?
En prononçant ces mots, je fis un clin d'œil à Gwen qui, avachie sur le canapé, me répondit par un sourire qui joignait ses deux oreilles.
-Oh ? T'es sérieuse ? C'est genre... Une vraie proposition ?
-Évidement, répondis-je en lui caressant délicatement le torse.
Il me suffit d'une seconde de lucidité pour reculer d'un coup et tomber en arrière. Non ! Je n'allais pas faire ça ! Je n'allais pas... sucer un garçon pour les beaux yeux de Gwen. Je retombai dans son petit jeu, je m'étais faite à nouveau avoir.
Et alors ? J'étais venue ici pour ça au départ non ? Baiser. C'était aussi simple que ça, je pouvais tenter de nouveaux trucs avec ce gars. Et puis c'était marrant, on était venues pour s'amuser. Je ne devais pas laisser Léa-Chiante reprendre le dessus, elle ne faisait que gâcher tous mes instants de plaisir.
C'était moi qui dirigeait, moi et moi seule. On ne me laissait pas souvent le droit de m'exprimer, alors j'allais en profiter. Je tirais ma cible avec moi vers la porte du fond de la pièce. En m'éloignant, je regardai un dernière fois Gwen.
La jeune fille venait d'écarter les jambes et, sous sa jupe, j'eu ma réponse. L'éclairage était faible, nous étions dans la pénombre et il était impossible de voir distinctement son vagin, mais une chose était sûre : elle ne portait pas sa culotte. Devant mon expression surprise, elle éclata de rire avant de serrer les jambes à nouveau, puis nous nous quittâmes de vue.
J'avais un nouveau jouet à ma disposition, il était un peu ivre, pas très beau, mais il était à moi et se laissa faire lorsque je le plaquai contre le lit. Mon visage accueillait un sourire pervers tandis que je commençai à défaire la braguette du jeune homme, je sentais l'excitation monter. J'allais voir un penis de tout près pour la première fois, j'allais toucher un penis pour la première fois.
D'abord, je baissai son pantalon, puis ce fut au tour de son caleçon. Là se dressait une petite tour sur la plaine. Je l'observais comme un enfant observe une friandise avant de la manger. Je posai ma première main dessus, c'était beaucoup moins mou que dans mon imagination.
Légèrement hésitante à l'idée de mettre cette chose veineuse dans ma bouche, je commençai par la caresser doucement. Je me doutais bien qu'il ne fallait pas procéder comme ça, mais c'était une entrée en matière, ce ne fut qu'après que commencèrent les choses sérieuses.
J'enroulais ma main autour du penis en érection, puis j'entamai le fameux mouvement. De haut en bas, de bas en haut, de haut en bas, de bas en haut, c'était fortement répétitif et bien plus ennuyant qu'avec un vagin, en plus d'être plus fatiguant pour le bras qui travaillait. J'aurais pu trouver satisfaction dans les manifestations de plaisir de mon partenaire, mais j'avais l'impression de ne produire rien de plus qu'un mince sourire sur son visage.
C'était ça un mec excité ? Gwen avait raison, je détesterais être un homme. Ou alors c'était moi qui m'y prenait mal, mais je ne voyais pas trente mille façons de procéder. Soit je continuais comme ça, avec cette gestuelle lancinante, ou alors j'enfonçai ce truc dans ma bouche.
C'était degueulasse, je ne pouvais pas me résoudre à faire ça.
-Alors ? T'avais dit une pipe, pas une branlette.
-Eh ! Je suis pas ta pute hein ! J'hésite là !
-Dis le tout de suite et on arrête, c'est pas grave.
Je ne voulais pas arrêter, j'avais envie d'essayer, mais c'était tellement répugnant. Il fallait mettre un préservatif pendant une fellation ? Je n'en savais rien, mais ça n'était pas à proprement parler un acte sexuel, donc je devais pouvoir m'en passer.
Après avoir pris une grande inspiration, je fis le grand saut. Ça y était, j'avais à nouveau un penis à l'intérieur de moi, mais pas au même endroit. C'était étrange, très étrange, pas forcément repoussant, mais étrange. Un gros bout de chair informe qui prenait toute la place dans mon palais, ma langue bougeait dans tous les sens, comme terrorisée à l'idée de toucher le gland par inattention.
J'avais terminé la première étape, il me fallait maintenant passer à la suivante. Le sexe du jeune mâle toujours dans la bouche, je levai les yeux vers lui pour le voir toujours avec le même air ahuri par l'alcool.
Continuant mes mouvements de vas-et-viens avec la main, je commençai à embrasser le penis. Mes lèvres glissaient timidement dessus, descendant le long du gland puis remontant, je n'arrivais pas vraiment à savoir ce que je ressentais en ce moment.
C'était plus une corvée qu'une vraie union sexuelle, je me forçais à continuer et à oublier l'ennui. Pour aider mes lèvres, ma langue vint se prêter au jeu. Elle oublia son dégoût et commença à lécher le gland humide du garçon, d'abord avec répugnance, puis je ressentis une aisance nouvelle naître.
-Ouais, comme ça, c'est parfait, me félicita mon partenaire.
Sa main vint se poser sur les cheveux et commença à me caresser le crâne, ça n'était pas désagréable, loin de là. De mon côté, je continuais ma triple besogne : ma main branlait, mes lèvres caressaient et ma langue glissait pour humidifier toute la surface de ce sexe.
Peu à peu, je commençai à y prendre goût. Je changeais ma bouche de position, entourais ma langue autour de son bâton, traçais un ligne partant de son pubis pour s'arrêter à sa fente avec ma langue, je trouvais toujours une nouvelle idée pour tromper l'ennui. Parfois, je stoppais mon action et déposais un baiser sur son ventre, puis je reprenais de plus belle ensuite.
C'était long, et l'inactivité de mon compagnon ne faisait pas accélérer le temps. Je me demandais à quel niveau d'excitation j'étais, allait-il jouir bientôt ou en avais-je encore pour une heure ? C'était rageant de le voir ainsi immobile, simplement souriant, les traits peut être infimement plissés, et la main me caressant les cheveux délicatement.
-Ça y est, ça vient, me révéla-t-il soudain.
Ah ? C'était ça l'orgasme masculin, un simple "ça vient" ? Je peinais à le croire, pourtant je libérai quand même ma bouche à peine deux secondes avant que le sperme ne quitte son refuge pour venir se déverser sur le lit.
Il était en train de jouir et son visage n'avait pas pris la moindre marque de plaisir.
L'expérience avait été profondément décevante, mais il devait y avoir quelque chose qui avait raté quelque part.
-C'était bien ? demandai-je avec anxiété.
-Ouais, c'était cool.
Maintenant c'était sûr, si ça n'avait été que "cool", j'avais du rater quelque chose. En me relevant, je fus prise de vertiges que je commençai par ignorer. Je retournais dans la salle en claudiquant légèrement, m'appuyant continuellement sur les murs adjacents.
J'avais encore dans la bouche le goût particulier que m'avait laissé le penis, et s'il n'était pas répugnant, il me rappelait une période sans grand intérêt que je considérais comme une perte de temps.
Dans la salle, la plupart des gens étaient rentrés chez eux et seuls quelques uns étaient encore là, mais je n'arrivais pas à les reconnaître. L'alcool m'embrumait toujours l'esprit, et le monde continuait à tourner autour de moi. Le moment vint où l'appui des murs ne suffit plus à me tenir debout, et je m'évanouis une seconde avant de toucher le sol.
Mal de tête. Énorme mal de tête. J'étais toute ankylosée, mon corps pesait une tonne, et ma tête une autre tonne. Je n'arrivais pas à formuler une pensée claire, autour de moi des bruits résonnaient. J'entendais une discussion qui rentrait par une oreille puis tambourinait sur tous les coins de mon cerveau sans que je n'arrive à la déchiffrer. Je voulais me boucher les oreilles mais je n'en avais pas la force. J'avais la désagréable impression que ma cervelle se frayait un chemin à la tronçonneuse pour sortir de mon crâne. Une chose était sûre, je ne voulais plus jamais ressentir ça.
Après plusieurs minutes de canalisation, je réussis à réunir l'énergie nécessaire pour sortir de ma torpeur. Lentement mais sûrement, je me remettais debout. Une main sur la tête comme pour apaiser la douleur, une autre sur le sol qui m'aidait à me lever, et en quelques éternités je fus à nouveau debout.
Nous n'étions plus que quatre dans la pièce, deux garçons étaient en train de ranger et un troisième dormait encore, couché sur un canapé. En remarquant mon éveil, Hugo se précipita vers moi et me prit dans ses bras pour m'aider à tenir debout. Je remerciai sa prévenance d'un sourire : je doutais que sans lui, j'aurais pu rester debout plus de trente secondes.
-Tu vas bien ? Je suis vraiment désolé de t'avoir laissé dormir sur le sol, mais t'étais lourde comme une pierre.
-C'est pas grave, merci quand même. Il est quelle heure ?
-Midi passé. T'as pas l'air en bon état, t'es sûre que ça va ? Tu peux t'installer sur un canapé en attendant. J'espère que tu t'es bien amusée au moins.
-Oui, c'était vraiment bien, merci. Je pense juste avoir un peu trop bu.
-Tant mieux, l'important c'est que ça t'ait plu. Oh et avant que j'oublie, Gwen t'attends chez elle quand tu iras mieux. Elle n'a pas dis pourquoi.
-J'ai ma petite idée... Merci pour tout, vraiment. Je vais essayer de me débrouiller maintenant.
Me débrouiller, pour le moment, c'était surtout m'asseoir sur le canapé et attendre de sentir la douleur dans mon crâne s'estomper. Cela pouvait avoir pris une éternité comme deux secondes, je n'en savais rien. J'avais tenté de jauger le temps en regardant les deux hommes nettoyer la pièce, mais bien vite mon attention se trouvait occupée ailleurs et je perdais mes repères.
Quand j'eu retrouvé un semblant de lucidité, je remerciai Hugo pour son hospitalité et sa soirée géniale (du moins dans sa première moitié) puis je quittai le hangar avec un sourire satisfait sur le visage. Cette fête s'était plutôt bien passée, à quelques exceptions prêt. Encore une fois, j'avais le sentiment d'avoir bien appris et que la prochaine fois, je ne risquais plus de commettre la moindre erreur.
Le problème qui occupait mes pensées était mon invitation chez Gwen. Je m'étais excusée le soir précédent devant la jeune fille, j'en avais même fait un peu plus, mais je l'avais fait dans un état de vide intellectuel total. De plus, elle en avait profité pour me renvoyer dans des ennuis au bout de quelques minutes. Certes, rien de mal n'était arrivé, mais le garçon aurait facilement pu être plus entreprenant et dominateur.
Bref, j'étais toujours fâchée contre elle.
Malgré ça, je me persuadai que clarifier les choses restait un bon choix. Je pouvais me rendre dans son appartement sans avoir forcément à la serrer dans mes bras, c'était peut être l'occasion de trouver un commun accord et de reprendre notre amitié là où j'aurais aimé ne jamais l'arrêter.
D'abord, je devais passer chez moi. Ma tenue était peut être confortable, elle n'en restait pas moins légèrement provocante et devait être garnie d'une raison valable pour être portée. Une nouvelle journée commençait et je devais me changer.
En rentrant dans la maison, j'entendis la voix de ma mère résonner dans le salon et me demander où j'avais passé la nuit. Sans prendre la peine de lui répondre, je me précipitai dans ma chambre et je mélangeai mes vêtements au tas de linge sale qui traînait un peu partout : il valait mieux qu'on ne sache pas que j'étais sortie comme ça.
À la place, je récupérai un jean et un haut noir, j'enfilai le tout et je rejoignis ma mère. Sur son visage se lisait une profonde fatigue, comme si elle avait attendu mon retour toute la nuit. Ses rides s'étaient creusés dans la soirée, et ses petits yeux regorgeaient de restes d'anxiété.
-J'étais chez une amie, je t'avais prévenue non ?
-Je ne crois pas. Tu aurais pu répondre, je t'ai appelée sur ton portable !
-Il était éteint, je suis désolée. J'étais persuadée que tu étais au courant. Tu as du t'inquiéter terriblement.
J'essayai tant bien que mal d'insuffler un peu de sincérité dans ma dernière phrase, pour éviter qu'elle ne paraisse trop se moquer de mon interlocutrice. Le résultat était en demi-teinte mais ma mère ne s'en soucia pas.
-La prochaine fois pense à m'appeler, je me suis fait un sang d'encre. Je n'ose pas imaginer la situation si ton père avait été là, il t'aurais cherchée dans toute la ville.
C'était sûr que ça n'allait pas être elle qui allait quitter son sofa pour partir à ma recherche...
Enfin, je pouvais m'estimer heureuse de passer cette étape avec brio. La suite des événements était simple, une douche, puis un rendez-vous illico avec mon ancienne meilleure amie.
En sonnant à sa porte, je sentis les battements de mon cœur s'accélérer. Ce qui allait se passer dans les minutes qui suivirent était plus important que tout, on ne parlait pas d'un garçon ou d'une soirée, mais bien de Gwendoline, la fille la plus géniale que je n'avais jamais rencontrée.
-C'est ouvert ! cria sa voix derrière la porte.
Timidement, je poussai la porte et la refermai derrière moi. Un rapide coup d'œil dans la chambre de mon amie me permit de voir qu'elle n'y était pas. La salle de bain était verrouillée, j'en déduisis que la jeune fille était en train de se soulager, aussi décidai-je de l'attendre dans le salon.
Quelle ne fut pas ma surprise lorsque j'y trouvai une fille de mon âge, mangeant un paquet de chips à pleine main. En me voyant, elle me lança un sourire mauvais, puis reprit sa dégustation.
-Euh... Salut ? T'es qui ? l'interrogeai-je timidement.
-Je peux te retourner la question. J'étais là avant.
Décidément, cette fille ne m'appréciait pas. Pourtant, j'étais sûre de ne pas la connaître et je voyais mal comment j'avais pu la vexer sans faire exprès. Le froid qui s'était installé entre nous provoqua un silence de mort, chacune attendant l'arrivée prochaine de Gwen.
Je profitais de cette pause pour analyser l'invitée. Comme dit précédemment, elle avait mon âge, probablement un peu plus vieille. Elle n'était pas fine, mais pas non plus enrobée, son poids était de manière infime au dessus de la moyenne, mais ça n'était rien de désengageant.
En plus de sa culotte, elle portait un gilet gris dont la fermeture était remontée jusqu'au niveau des seins. La capuche rabattue sur sa tête lui donnait un air d'animal se protégeant sous sa carapace, mais ne m'empêchait pas de voir son visage.
Ses traits étaient banals, mais elle avait une façon de se comporter en se foutant de tout qui lui donnait un air charmeur, du moins quand elle ne regardait pas dans ma direction avec de la colère dans les yeux. Sur ses petits yeux noisettes lui tombaient des mèches de cheveux châtains, beaucoup plus clairs que les miens, mais aussi beaucoup plus courts.
Du reste, je pouvais noter une bague simple à son pouce gauche et deux boucles d'oreilles arc-en-ciel qui pendaient à ses lobes.
L'arrivée de Gwendoline fut une délivrance pour nous deux, mais c'est l'inconnue qui prit la parole en premier, sur un ton d'accusation que je trouvais fort déplacé.
-C'est qui celle la ? Tu m'en a pas parlé d'elle.
J'eu la satisfaction de voir que je n'étais pas la seule que Gwendoline prenait un malin plaisir à tourner en ridicule avec ses explosions de rire spontanées. Elle portait encore sa jupe et son chemisier du soir précédent et, tout en continuant à rire, elle s'approcha de la jeune mangeuse de chips.
-C'est Léa.
-Léa ? C'est sensé me dire quelque chose ?
-C'est sensé te dire qu'il faut me faire confiance. Je fais les présentations ? Léa, voici Nina. Nina, voici Léa. Enchantées toutes les deux, c'est parfait.
Nina était loin d'être enchantée. Je me questionnais même sur la première personne qu'elle allait assassiner : moi ou Gwen. Son regard haineux sautait de l'une à l'autre avec violence, et cela gâchait son aspect de fille libérée.
Ce qui suivit me surpris tellement que je libérai un hoquet involontaire. Mon amie se baissa délicatement, puis déposa un baiser sur les lèvres de Nina qui l'accepta à contrecœur. L'hôte explosa à nouveau de rire avant de tout expliquer.
-Calme toi Nina, c'est juste une amie. Je t'ai faite une promesse et je la tiendrais. Léa, je te présente mon... comment dire ?
-Ta petite amie ? proposa-t-elle avec innocence en finissant les dernières miettes du paquet.
-Ma petite amie à qui j'ai juré une fidélité exclusivement féminine, précisa Gwendoline en souriant. En bref, je suis désolée, mais le langoureux baiser d'hier soir n'ira pas plus loin. Sèche tes larmes Léa, je n'aime pas te voir pleurer.
Si j'avais pleuré, ça aurait été de rire en voyant la réaction de Nina quand elle avait entendu que nous avions échangé un baiser le soir précédent. Elle qui s'était légèrement calmée était de nouveau prête à bondir pour décapiter mon amie.
-Oups, j'aurais pas dû dire ça. Mais embrasser, ça n'est pas tromper, se rattrapa Gwendoline. Enfin bref, on s'en fout, arrêtez de vous regarder comme deux ennemies. Nina, tu oublies ta jalousie et Léa, tu m'expliques pourquoi j'ai le sentiment que toi aussi, tu es un peu jalouse.
-Je suis pas jalouse, juste surprise. J'ignorais que tu... Enfin c'est ta vie, peu importe.
Peut être que j'étais un peu jalouse en réalité, mais alors rien qu'un peu. C'était le fait de voir Gwendoline aussi proche d'une autre fille, la serrer dans ses bras comme elle le faisait en cet instant et la couvrir de baiser. Non pas que j'ai eu envie de coucher avec mon amie, mais elles partageaient une intimité que je croyais être la seule à connaître.
De plus, il était probable que Nina n'ait jamais eu à subir les obsessions sexuelles de Gwen qui l'aurait obligée à sortir en petite tenue pour draguer les inconnus. Leur relation devait être bien plus simple et équilibrée que celle que j'entretenais avec l'adolescente.
En bref, oui j'étais jalouse, sans pour autant vouloir échanger ma place.
-C'était pour ça que tu m'as demandé de venir ? Pour me présenter ta copine ?
-Pas vraiment. Elle est passée à l'improviste, et puis voilà. Mais c'est pas plus mal que vous vous connaissiez, je suis sûre que vous allez vous entendre à merveille.
-Dit, Gwen. À propos d'hier soir, je...
-On était défoncées, j'oubli ce baiser, il n'a jamais eu lieu. Et je crois que Nina va me mordre si je recommence à en parler.
-C'est pas ça. J'aimerais juste savoir pourquoi trente secondes après avoir reçu mes excuses, tu m'envoyais déjà au front pour t'amuser.
-La pipe ? Je tiens à préciser que je t'avais demandé de lui proposer une pipe, pas d'en faire une. D'autant que tu as eu le droit à un paysage qui vaut qu'on gravisse des montagnes (elle me fit un clin d'œil que Nina ne put pas remarquer). Mais c'était bête quand même, disons que c'était ta punition pour m'avoir insultée, et qu'on est quitte. Bon, qui veut un sandwich ?
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