Note de la fic : :noel: :noel: :noel: :noel:

Mictlantecuhtli


Par : Scarou
Genre : Action, Fantastique
Statut : C'est compliqué



Chapitre 7


Publié le 07/11/2015 à 13:51:01 par Scarou

Los Angeles, CA
Le 27 Août 1991


Ce matin là, c'est mon corps qui se réveille le premier. Je sursaute et me rend compte que tout va bien. Enfin, tout va bien, c'est relatif : j'ai un gout de sang dans la bouche, je me suis couché tout habillé, j'ai salopé la moquette de ma chambre avec mes pompes pleines de flotte et je ne saurais pas reconstituer les événements d'hier. Les souvenirs que j'ai sont.. flous et irréels. Dur de croire que j'ai vraiment volé au-dessus de la ville.

Je me retourne et mon cœur s'arrête de battre un instant en voyant que le crâne est revenu sur mon bureau alors que j'aurais juré l'avoir pris hier pour le montrer à Ed. D'ailleurs, en parlant de lui, il y a un post-it à côté du crâne qui dit "Bouge chez moi dès que tu vois ce papier, c'est important. Ed."

Je sors de ma chambre vais dans la salle de bain pour me passer un coup de flotte sur la tronche et me changer. C'est en me croisant dans le miroir que je me rends compte que quelque chose a merdé hier soir parce que, le goût de sang que j'ai dans la bouche vient en réalité de mon nez qui a assez saigné pour remplir une baignoire. J'ai du sang partout sur la gueule, sur le torse et je ne sais foutrement pas comment c'est arrivé. Heureusement que les parents ne sont pas là.
J'enfile des fringues propres, je prends ma planche et je sors pour aller chez Ed.

Le soleil qui tape me fait mal au crâne. J'ai l'impression d'avoir pris une cuite monstrueuse. Ma montre indique 14h30, j'ai dû dormir comme un enculé. J'arrive devant chez Ed et je sonne. Je l'entends dévaler les marches de sa chambre à toute allure. Il sort et me regarde comme si j'étais un fantôme.

" - Ça va mec ?! me dit Ed sur un ton affolé
-Bah ouais gros.
-T'es sûr ?!
-Bah heu.. Je peux entrer ?
-Nan y'a ma mère ! T'as le truc d'hier soir ?
-Le crâne ? Non mec je l'ai laissé chez oim.
-Et bah on repasse chez toi !"

Aussitôt dit, aussitôt fait, on repasse chez moi et je suis Ed jusqu'au squat. Le squat, c'est un ancien entrepôt complètement vide en plein Compton où on a foutu un canapé et un cendrier. On y va souvent pour se fumer des gros oinjs et pour skater sur le sol lisse et sale. C'est très haut de plafond et très beau pour les amateurs d'endroits abandonnés. Il y a un vieil échafaudage rouillé d'un côté qui devait servir à monter des caisses ou ce genre de choses et, de l'autre côté, il y a des vitres sales qui laissent passer un peu de lumière jaunâtre. J'adore cet endroit.

Après avoir parlé de ce qui s'était passé la nuit dernière et avoir eu la confirmation que j'avais effectivement volé au-dessus de la ville, Ed me raconte que mes yeux étaient devenus brillants et que mon nez saignait abondamment. C'est lui qui m'a ramené chez moi hier soir. Je ne me souviens de rien, mais il m'a dit que j'arrivais à peine à tenir debout et que je ne parlais absolument pas. Il m'a aidé à passer par ma fenêtre et à rentrer discrètement. C'est à partir de là qu'il a commencé à suggérer de réitérer l'expérience :

"-Réfléchis gros : ce truc permet de voler et sûrement de faire tout un tas d'autres trucs de fou ! Si on essayait juste de..
-Non.
-Comment ça "Non" ?
-Non, je veux pas réessayer. Ça m'a terrifié ce truc.
-Fais pas la tarlouze !
-Non c'est hors de question, va niquer ta mère. On va cacher ou détruire cette merde. Je sais même pas pourquoi je l'ai pris putain..
-Et si c'est moi qui le fait ? Moi j'ai envie de faire des trucs de ouf contrairement à certains !
-Ça marchera pas.
-Et pourquoi ça ? T'es jaloux ? T'as peur que je vole mieux que toi avoue !
-Non. C'est juste que tu l'as eu entre les mains hier soir et ça a rien fait.
-Je l'ai pas eu entre les mains mec.
-Mais si crétin ! Sinon comment tu l'aurais posé sur mon bureau ?
-Je l'ai pas posé sur ton bureau... Je pensais que tu l'avais pris avec toi, j'ai pas fait gaffe..." dit Ed d'un air soudain inquiet.

On passe un petit moment sans rien dire, à fixer ce crâne qui aurait dû rester dans le canal Venice. Les pierres de ses yeux sont redevenues noires et le crâne semble sourire à pleines dents, comme s'il voulait nous narguer. C'est en fixant les pierres noires de ses yeux que me revient un souvenir d'hier soir.

"-La lune.
-Quoi la lune ?
-C'est ça qui déclenche le truc.
-Tu crois.. ?
-Hier soir, c'est en arrivant sous la lumière de la lune que les pierres de ses yeux sont devenues blanches.
-Tu veux pas attendre la nuit pour essayer ?
-Non toujours pas, mais je suis sûr que toi t'es partant pour rester ici jusqu'à la tombée de la nuit en fumant des gros pétards pour tester ce truc.
-Grave !"

Ed est un gros débile, mais on peut dire qu'il en a dans le froc. C'est donc comme ça qu'on a attendu la nuit en fumant cône sur cône dans cet entrepôt trop glauque avec ce crâne trouvé chez un dealer qui est surement mort par la faute de cette merde. J'ai eu une boule au ventre toute la journée, même au bout du septième pétard. Ed, lui, était super serein. Pendant qu'il me racontait ses exploits sexuels avec une "nana trop bonne d'une soirée", je m'amusais à l'analyser. Ses cheveux mi-longs, bouclés et un peu gras couplés avec son baggy et son t-shirt de "The Toy Dolls" le classaient clairement dans la catégorie des skaters. En tout point, physiquement, on se ressemblait. Pourtant, toutes les nanas étaient folles de lui, ce qui m'a toujours rendu jaloux. Mais bon, c'est clair qu'il est plus extraverti que moi donc je peux comprendre.

La nuit tombée et la lune brillant légèrement par les fenêtres sales, Ed monte sur l’échafaudage et se tient prêt, face à la fenêtre. Il fous le crâne face à lui, en plein dans la lumière de la lune, mais rien ne se passe. Je lui gueule :

"-Alors ça donne quoi ?
-Rien du tout gros.
-Les pierres deviennent blanches ?
-Nan.
-Il est chaud ?
-Non plus.
-Tu te sens port.."

J'ai pas le temps de finir qu'Ed se met à brailler que le crâne lui brûle les mains. Je lui dis "Bah lâche-le connard !" ce qu'il fait. Au lieu de tomber tout droit, le crâne tombe en courbe et arrive directement dans ma main droite. J'ai à peine de réagir que ma main se referme toute seule sur l'objet et celui-ci m'entraîne au niveau d'une des fenêtres, comme s'il cherchait la lumière de la lune. Je me retrouve à cinq ou six mètres du sol, suspendu à ma propre main qui ne veut pas lâcher prise sur le crâne. Ses yeux redeviennent blancs et lumineux, je me sens m'alléger à nouveau et je sens, encore une fois, l'aura de lumière blanche qui m'entoure. J'entends Ed lâcher un gros "Bâtaaaaard !" de joie mêlée de jalousie.

Cette fois-ci, je ne suis plus effrayé. Je me sens... bien, et j'ai pleinement le contrôle de ma lévitation. Je vole doucement vers Ed, toujours en haut de son échafaudage. Contrairement à la dernière fois, j'entends distinctement ce qui se passe autour de moi. Ed me dit qu'on va faire des tests.


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