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Année 3020

La nuit tombe et l'homme ne sait pas encore où il va dormir. Il marche toujours en direction du feu des dieux et il sait que sa quête n'est pas absurde. Comment le sait-il ? C'est un mystère. La question, en ce moment, c'est de savoir où il va dormir.
Parfois, l'homme dort à même le sable. Parfois, il trouve une bâtisse dont le premier étage n'a pas été enfoui sous le sable. Parfois même, il trouve d'anciens bâtiments dont les hauts étages ont été conservés de l'âge. Mais tout cela n'est évidemment qu'un coup de chance.

Aujourd'hui il semblerait que l'homme ait de la chance : il a repéré, à environ un kilomètre, le toit d'une bâtisse qui, semblerait-il, n'a pas été totalement ensevelie. L'homme a souvent peur de ce qu'il pourrait trouver : pillards, cannibales, cadavres, créatures, et tout un tas de choses que l'esprit humain n'est pas fait pour concevoir dans son imagination mais qui, pourtant, existent. L'homme en a vu toutes sortes : insectes de dix kilogrammes, morts-vivants n'agissant que par spasmes nerveux, monstres humanoïdes et bien d'autres choses que les voyageurs ne croisent qu'une fois.

Une fois arrivé à la bâtisse, l'homme remarque que le bâtiment n'est que partiellement enfoui et que le sable a formé une descente à travers un carreau cassé. L'homme glisse sur tout ce sable, passe par le carreau et arrive dans ce qui semble avoir été l'étage d'un bar. Le calendrier date des années 1950. Pour l'homme, c'est presque une découverte archéologique.

Sans un bruit, il se déplace dans l'étage, observant minutieusement chaque détail : une horloge arrêtée sur 4h20, un poster qui vante les mérites d'une énergie inépuisable, un autre qui fait la réclame d'une marque de bière. C'est en passant sa main sur la surface lisse du bar que son attention est captée par un petit paquet de forme rectangulaire posé dessus. L'homme met environ dix secondes à se rendre compte qu'il s'agit d'un paquet de cigarettes pas encore entamé, ce qui se fait extrêmement rare par les temps qui courent.

Tel un enfant déchirant ses paquets cadeaux, l'homme ouvre fébrilement le paquet rouge sur lequel on peut lire "Viceroy" et en sort une des quelques cigarettes qui semblent encore fumables dans ce paquet. Puis, de la poche intérieure de son manteau, il sort une boîte d'allumettes contenant encore 5 allumettes. Il réussit à allumer sa cigarette du premier coup, ce qui est surement signe de chance ou quelque chose comme ça.

Tout en la fumant, il se dirige derrière le bar, découvrant un objet fascinant : un long cône doré relié à une table sur laquelle un disque noir est posé. Sur le côté de cette table, il y a une manivelle et un bras mécanique. D'instinct, l'homme remonte la manivelle, ce qui fait tourner le disque, puis il place le bras mécanique sur l’extrémité du disque.

À ce moment précis lui parviennent les accords d'une musique étrange, qui, en ce lieu, paraît irréelle.