Les quelques nouvelles ratés d'une âme en Pain
Par : Pain
Genre : Réaliste
Status : C'est compliqué
Note :
Chapitre 12
Petites sauteries humaines.
Publié le 22/06/14 à 22:40:14 par Pain
Et ils courraient, sur le macadam taché de sang. Ils courraient vers ces informes personnages se cachant derrière la masse de metal et d'acier d'un tank. La pierre à la main, ils n'avaient qu'à espérer mourir sans douleurs. La terreur se lisait dans leurs yeux.
Affolé par les coups de feu, un chien galeux traversa cette rue en ruine, rejoignant ces jeunes âmes, fauché par une balle perdu. Se joignant à cette population massacrée, sacrifiée sur l'autel de la liberté, à jamais en guerre pour sa terre.
Intifada, la guerre des pierres, 1987.
"Et nous réclamons justice..."
Le brassard noirs, la main levé, le poing fermé.
La détermination fait briller leurs yeux. Les barricades de bus et de voitures les séparent des tanks de l'APL. La foule occupe les grands boulevards de la ville, faisant fi des armes pointés, des canons levés.
Et bientôt la poudre explose, propulsant la mort vers le coeur de la jeunesse. Les tanks avancent, repoussant peu à peu les étudiants sur la place, broyant indifféremment véhicules et personnes. En de rares occasions, des officiers sont extraits de leur chars en flammes, battus ou tués par les manifestants.
La mort règne, même au sein de l'armée.
Les régiments et corps d'armées se déchirent et s'entre tues.
Car voilà l'avenir, voilà la liberté. À mort la jeunesse, à mort la justice.
2ème Printemps de Pékin, Massacre de la place Tian'anmen 1989
"Abattez les grands arbres"
La machette est sortie, froide, luisante dans la pénombre. La mère pleure et tente, face à "l'outil", de protéger son denier enfant. Mais celui-ci, finalement arraché aux bras protecteurs, voit s'approcher le metal luisant.
Le sang gicle, éclabousse les hommes rassemblés dans la hutte. Les morceaux sont tranchés, et retranchés, la femme hurle. Les vêtements déchirés tombent, et les cris redoublent, pour finalement s'éteindre dans un gargouillis de gorge tranchée.
Les hommes courent, crient. Ils ne le rattraperont pas avant le checkpoint des FAR, mais c'est un détaille inutile. Le groupe s'arrête enfin. Mais l'enfant de 15 ans cours toujours sur la grande route. Il court comme si sa vie en dépendait, il n'a pas tort. Il court vers l'espoir, vers ces uniformes kakis, vers ces hommes représentant l'autorité.
Leurs sourires accueillant et la vue d'autres civiles apeurés le rassure. Il n'est plus seul. Un ordre vient interrompre ses pensées, on lui demande de monter dans un vieux pickup garé négligemment sur le bord de la route. Un sergent et deux hommes les protègent durant le voyage. Et bientôt, ils se retrouvent dans un stade de football, remplit à moitié de civiles, assis à même le sol.
Une discussion animée s'engage entre le gradé responsable du lieu et le sergent du groupe du jeune homme. Un accord est rapidement trouvé. On rassemble hommes, femmes et enfants au milieu du stade afin que tous puissent entendre les instructions. Le gradé prend la parole, mais sa voix est bientôt noyé sous le claquement des culasses et le rire gras de quelques soldats. Puis les grenades finissent par voler, les balles, siffler. les membres volent. Une épaisse marre de sang commence à se répandre autour des corps grotesques amassés. Le jeune homme regarde le ciel de ces yeux vitrés. Le silence s'installe, uniquement perturbé par la conclusion du gradé :
"Abattez les grands arbres".
Rwanda, Génocide des Tutsis, 1994
Affolé par les coups de feu, un chien galeux traversa cette rue en ruine, rejoignant ces jeunes âmes, fauché par une balle perdu. Se joignant à cette population massacrée, sacrifiée sur l'autel de la liberté, à jamais en guerre pour sa terre.
Intifada, la guerre des pierres, 1987.
"Et nous réclamons justice..."
Le brassard noirs, la main levé, le poing fermé.
La détermination fait briller leurs yeux. Les barricades de bus et de voitures les séparent des tanks de l'APL. La foule occupe les grands boulevards de la ville, faisant fi des armes pointés, des canons levés.
Et bientôt la poudre explose, propulsant la mort vers le coeur de la jeunesse. Les tanks avancent, repoussant peu à peu les étudiants sur la place, broyant indifféremment véhicules et personnes. En de rares occasions, des officiers sont extraits de leur chars en flammes, battus ou tués par les manifestants.
La mort règne, même au sein de l'armée.
Les régiments et corps d'armées se déchirent et s'entre tues.
Car voilà l'avenir, voilà la liberté. À mort la jeunesse, à mort la justice.
2ème Printemps de Pékin, Massacre de la place Tian'anmen 1989
"Abattez les grands arbres"
La machette est sortie, froide, luisante dans la pénombre. La mère pleure et tente, face à "l'outil", de protéger son denier enfant. Mais celui-ci, finalement arraché aux bras protecteurs, voit s'approcher le metal luisant.
Le sang gicle, éclabousse les hommes rassemblés dans la hutte. Les morceaux sont tranchés, et retranchés, la femme hurle. Les vêtements déchirés tombent, et les cris redoublent, pour finalement s'éteindre dans un gargouillis de gorge tranchée.
Les hommes courent, crient. Ils ne le rattraperont pas avant le checkpoint des FAR, mais c'est un détaille inutile. Le groupe s'arrête enfin. Mais l'enfant de 15 ans cours toujours sur la grande route. Il court comme si sa vie en dépendait, il n'a pas tort. Il court vers l'espoir, vers ces uniformes kakis, vers ces hommes représentant l'autorité.
Leurs sourires accueillant et la vue d'autres civiles apeurés le rassure. Il n'est plus seul. Un ordre vient interrompre ses pensées, on lui demande de monter dans un vieux pickup garé négligemment sur le bord de la route. Un sergent et deux hommes les protègent durant le voyage. Et bientôt, ils se retrouvent dans un stade de football, remplit à moitié de civiles, assis à même le sol.
Une discussion animée s'engage entre le gradé responsable du lieu et le sergent du groupe du jeune homme. Un accord est rapidement trouvé. On rassemble hommes, femmes et enfants au milieu du stade afin que tous puissent entendre les instructions. Le gradé prend la parole, mais sa voix est bientôt noyé sous le claquement des culasses et le rire gras de quelques soldats. Puis les grenades finissent par voler, les balles, siffler. les membres volent. Une épaisse marre de sang commence à se répandre autour des corps grotesques amassés. Le jeune homme regarde le ciel de ces yeux vitrés. Le silence s'installe, uniquement perturbé par la conclusion du gradé :
"Abattez les grands arbres".
Rwanda, Génocide des Tutsis, 1994
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