Quand Viendra l'An Mille après l'An Mille (Vae Victis)
Par : Conan
Genre : Action , Réaliste
Status : C'est compliqué
Note :
Chapitre 19
Publié le 10/03/14 à 22:32:05 par Conan
''Charlie Uniforme de Papa Charlie, Parlez.'' Grésille le poste radio carré dans l'habitacle du véhicule. Reconnaissant la voix du colonel De la Jatte, Berger se suspend au marche-pied et décroche le combiné.
-Ici Charlie Uniforme Unité, parlez.
-Rassemblement à mon niveau pour instructions, terminé.
''C'est reparti.'' Laisse souffler Louis, encore endormi, en se dirigeant vers la jeep du chef de corps, située en milieu de convoi. Celui-ci en est descendu et, entouré des six autres capitaines que compte le régiment, désigne du bout de sa canne l'étendue grisâtre sans fin.
''Voilà, nous y sommes, messieurs. La grande couronne de Paris. Le dernier effort à fournir avant d'atteindre la capitale.''
N'entendant aucune réponse à son envolée lyrique, La Jatte plonge sa main dans son porte-documents kaki, pour en sortir vivement une carte froissée et écornée qu'il déplie sur le capot de son véhicule.
''Tout le monde possède une carte de la région ?'' Demande-t-il. Les officiers hochent la tête ou acquiescent d'une onomatopée. Seul Berger reste immobile. ''Bien, l'affaire est vite vue. Nous sommes ici, dans le département du Val de Marne, à une vingtaine de kilomètres au sud de la capitale.'' Continue le vieux militaire, tout en détaillant la carte et ses tracés du bout de sa canne de bois. ''Les camions ne peuvent pas aller plus loin. Vous n'avez pas d'autre choix que de rallier ce qu'il nous reste à pied. Nous procéderons de cette manière : la première compagnie prendra la route au nord-ouest, la deuxième et la troisième partiront plein nord, suivis de la quatrième et de la cinquième. La sixième compagnie fermera la marche et prendra l'itinéraire de la première. L’état-major de nos forces se trouve sur l’Île de la Cité, en plein centre de Paris. Pour ceux qui connaissent, c'est en face de la cathédrale de Notre-Dame. Apparemment, les autorités ont organisé un gala en notre honneur. Si vos hommes rechignent à avancer, faites-leur miroiter les amuse-bouches qui les y attendent. Trêve de plaisanterie, il nous faut rallier ce point au plus vite, c'est pour cela que j'ai séparé les chemins en plusieurs itinéraires distincts. Nous ne sommes pas à l'abri d'une entrave à notre progression.'' Termine-t-il.
-Mon colonel, qu'entendez-vous par ''entrave à notre progression'' ? Questionne le capitaine de Montigny en levant sa main dont l’annulaire est orné d'une chevalière familiale.
-Que l'on pourrait être obligés de rebrousser chemin face à un obstacle inattendu, ou une mauvaise rencontre. Mais il n'y a pas d’inquiétude à avoir : les zones à risque ont été balisées et grillagées par les équipes spécialisées, et l'on connaît les quartiers où les parias vivent depuis belle lurette. De plus, mon chauffeur m'a certifié que l'endroit où nous sommes actuellement est, certes lugubre, mais parfaitement sécurisé.
-Ah, hé bien si votre chauffeur vous l'a certifié... Au temps pour moi. Ironise Montigny.
Le colonel fronce les sourcils, ce qui accentue encore les rides de son front déjà bien marquées.
-Il suffit, capitaine de Montigny. De toutes manières, sachez que cela ne change rien : nous n'avons pas d'autre choix que de faire cette dernière étape à pieds. Alors vos doléances, vous pouvez vous asseoir dessus. Avez-vous d'autres questions ?
Louis lève à son tour la main.
-Oui, Berger ?
-Nos cartes ne délimitent pas les zones infestées des zones sûres. Comment savoir si nos hommes ne courent pas le danger de tomber en plein dans un nid de parias ?
-Vous en ferez appel de votre sens aiguë de l'observation et votre logique afin d'éviter ces zones ''contaminées'' comme vous les appelez. Sourit cyniquement le vieux bouc. Bien, est-ce que l'un de ces messieurs a quelque chose à ajouter ? Dans ce cas, j'ouvre la route avec ma jeep. Si nid d'infectés il doit y avoir, je serai le premier à y laisser ma vie. J'espère que cet humble sacrifice sera à votre goût.
Les officiers baissent les yeux et tournent des talons afin de rejoindre leurs troupes respectives.
''Et n'oubliez pas : contact radio permanent, rendez-moi compte de toute situation anormale !'' S’écrie une dernière fois le colonel de la Jatte en remontant dans son véhicule avant que son chauffeur ne démarre.
-Non mais est-ce que tu l'a entendu ? ''Ces messieurs ont organisé un gala en votre honneur''. Des fois j'ai l'impression qu'on vit pas sur la même planète. Qui dit gala dit forcément cérémonie, prise d'armes devant le gratin et tout ce qui va bien. Nos hommes ont bien besoin de ça, tiens ! Peste le capitaine commandant la deuxième compagnie tout en marchant aux côtés de Louis.
-Je te pensais plus réfléchi, Montigny. Répond simplement Louis.
-Comment ça ?
-Penses-tu réellement que notre bien aimé chef de corps va désavouer la crème des crèmes de notre élite politico-militaire, et qui plus est devant des subalternes ? On voit bien que lui-même patauge dans la semoule, et que cette cité lui file plus la frousse que tout un bataillon de choc Russe.
-Alors pourquoi nous faire prendre des chemins différents, plutôt que de rester groupés ?
-Il a raison. Si quelque chose nous bloque la route, on sera bien content qu'une autre compagnie ait reconnu un itinéraire un peu plus loin. Et peut-être pire encore.
-Je préfère que tu gardes le pire pour toi, Louis. Merde ! Favalet a déjà rassemblé la trois ! Je te laisse. Bon courage, on se revoit à Paris ! S’exclame le fougueux officier à la mèche blonde en se dirigeant vers sa compagnie.
Berger arrive au niveau de ses hommes alors que les lieutenants ont déjà fait rassembler les sections en ordre de marche et attendent les instructions. Le capitaine se plante devant ses hommes et les fixe droit dans les yeux.
-Bien ! Je pense que je n'ai pas besoin de vous faire un dessin, nous allons avoir l'honneur et le privilège de monter sur la capitale à pieds ! Marche plein nord, jusqu'à l’Île de la Cité et son Palais des Délices.
Un léger rire parcourt l'ensemble de la troupe, vite dissipé par l'angoisse de la marche qui va suivre. Berger ressent bien ce malaise qui tiraille ses soldats, et risque de les faire craquer. Il continue donc :
-Écoutez. Je sais que ces derniers jours ont été difficiles, pour tout le monde. Je sais que la fatigue et la faim vous rongent. Mais vous ne devez pas relâcher l'effort : nous arrivons enfin à l'état-major où deux jours de repos bien mérités vous attendent avant de repartir. Je vous demanderai d'être aussi vifs, aussi robustes et aussi attentifs que vous ne l'avez été jusqu'à présent. Dans moins de trois heures, la nuit tombera. Et avec elle, beaucoup de ce que certains d'entre-vous connaissent sous le nom de ''parias'' ou encore ''infectés''. Alors ne flanchez pas, marchez plein nord, et je vous promet que dans deux heures, vous vous enfoncerez dans des canapés de velours en buvant un verre de champagne bien mérité.
Regagnant un peu de confiance , les soldats se mettent en marche, toujours avec appréhension, mais galvanisés par le discours de leur chef. Berger a juste le temps de taper sur l'épaule de Bougnac avant que celui-ci ne parte à son tour.
-Hé, Bougnac.
L'adjudant, prêt à remonter dans son véhicule, se retourne.
-Mon capitaine ?
-Merci.
Les joues du vieux militaire bourru rougissent légèrement tandis qu'il baisse les yeux comme un enfant timide.
-Bah, c'était que mon boulot, vous conduire d'un point A à un point B. Vous risquez plus de morfler que moi dans les affaires qui viennent. Mais bon, même si vous êtes pas un grand bavard, j'ai bien aimé faire ce p'tit bout de route avec vous. Bon, bah j'vais pas vous retarder plus longtemps, on a tous les deux du chemin à faire. Chacun d'son coté.
Le sous-officier se remet au volant de son véhicule tandis que Berger sourit en la tête de la colonne. Et tandis que la rame de camion rebrousse chemin, l'un d'entre-eux klaxonne, et la vieille carcasse qui le conduit fait un signe de la main en direction des troupes en marche. La première compagnie se retrouve à nouveau seule au milieu du chaos.
-Ici Charlie Uniforme Unité, parlez.
-Rassemblement à mon niveau pour instructions, terminé.
''C'est reparti.'' Laisse souffler Louis, encore endormi, en se dirigeant vers la jeep du chef de corps, située en milieu de convoi. Celui-ci en est descendu et, entouré des six autres capitaines que compte le régiment, désigne du bout de sa canne l'étendue grisâtre sans fin.
''Voilà, nous y sommes, messieurs. La grande couronne de Paris. Le dernier effort à fournir avant d'atteindre la capitale.''
N'entendant aucune réponse à son envolée lyrique, La Jatte plonge sa main dans son porte-documents kaki, pour en sortir vivement une carte froissée et écornée qu'il déplie sur le capot de son véhicule.
''Tout le monde possède une carte de la région ?'' Demande-t-il. Les officiers hochent la tête ou acquiescent d'une onomatopée. Seul Berger reste immobile. ''Bien, l'affaire est vite vue. Nous sommes ici, dans le département du Val de Marne, à une vingtaine de kilomètres au sud de la capitale.'' Continue le vieux militaire, tout en détaillant la carte et ses tracés du bout de sa canne de bois. ''Les camions ne peuvent pas aller plus loin. Vous n'avez pas d'autre choix que de rallier ce qu'il nous reste à pied. Nous procéderons de cette manière : la première compagnie prendra la route au nord-ouest, la deuxième et la troisième partiront plein nord, suivis de la quatrième et de la cinquième. La sixième compagnie fermera la marche et prendra l'itinéraire de la première. L’état-major de nos forces se trouve sur l’Île de la Cité, en plein centre de Paris. Pour ceux qui connaissent, c'est en face de la cathédrale de Notre-Dame. Apparemment, les autorités ont organisé un gala en notre honneur. Si vos hommes rechignent à avancer, faites-leur miroiter les amuse-bouches qui les y attendent. Trêve de plaisanterie, il nous faut rallier ce point au plus vite, c'est pour cela que j'ai séparé les chemins en plusieurs itinéraires distincts. Nous ne sommes pas à l'abri d'une entrave à notre progression.'' Termine-t-il.
-Mon colonel, qu'entendez-vous par ''entrave à notre progression'' ? Questionne le capitaine de Montigny en levant sa main dont l’annulaire est orné d'une chevalière familiale.
-Que l'on pourrait être obligés de rebrousser chemin face à un obstacle inattendu, ou une mauvaise rencontre. Mais il n'y a pas d’inquiétude à avoir : les zones à risque ont été balisées et grillagées par les équipes spécialisées, et l'on connaît les quartiers où les parias vivent depuis belle lurette. De plus, mon chauffeur m'a certifié que l'endroit où nous sommes actuellement est, certes lugubre, mais parfaitement sécurisé.
-Ah, hé bien si votre chauffeur vous l'a certifié... Au temps pour moi. Ironise Montigny.
Le colonel fronce les sourcils, ce qui accentue encore les rides de son front déjà bien marquées.
-Il suffit, capitaine de Montigny. De toutes manières, sachez que cela ne change rien : nous n'avons pas d'autre choix que de faire cette dernière étape à pieds. Alors vos doléances, vous pouvez vous asseoir dessus. Avez-vous d'autres questions ?
Louis lève à son tour la main.
-Oui, Berger ?
-Nos cartes ne délimitent pas les zones infestées des zones sûres. Comment savoir si nos hommes ne courent pas le danger de tomber en plein dans un nid de parias ?
-Vous en ferez appel de votre sens aiguë de l'observation et votre logique afin d'éviter ces zones ''contaminées'' comme vous les appelez. Sourit cyniquement le vieux bouc. Bien, est-ce que l'un de ces messieurs a quelque chose à ajouter ? Dans ce cas, j'ouvre la route avec ma jeep. Si nid d'infectés il doit y avoir, je serai le premier à y laisser ma vie. J'espère que cet humble sacrifice sera à votre goût.
Les officiers baissent les yeux et tournent des talons afin de rejoindre leurs troupes respectives.
''Et n'oubliez pas : contact radio permanent, rendez-moi compte de toute situation anormale !'' S’écrie une dernière fois le colonel de la Jatte en remontant dans son véhicule avant que son chauffeur ne démarre.
-Non mais est-ce que tu l'a entendu ? ''Ces messieurs ont organisé un gala en votre honneur''. Des fois j'ai l'impression qu'on vit pas sur la même planète. Qui dit gala dit forcément cérémonie, prise d'armes devant le gratin et tout ce qui va bien. Nos hommes ont bien besoin de ça, tiens ! Peste le capitaine commandant la deuxième compagnie tout en marchant aux côtés de Louis.
-Je te pensais plus réfléchi, Montigny. Répond simplement Louis.
-Comment ça ?
-Penses-tu réellement que notre bien aimé chef de corps va désavouer la crème des crèmes de notre élite politico-militaire, et qui plus est devant des subalternes ? On voit bien que lui-même patauge dans la semoule, et que cette cité lui file plus la frousse que tout un bataillon de choc Russe.
-Alors pourquoi nous faire prendre des chemins différents, plutôt que de rester groupés ?
-Il a raison. Si quelque chose nous bloque la route, on sera bien content qu'une autre compagnie ait reconnu un itinéraire un peu plus loin. Et peut-être pire encore.
-Je préfère que tu gardes le pire pour toi, Louis. Merde ! Favalet a déjà rassemblé la trois ! Je te laisse. Bon courage, on se revoit à Paris ! S’exclame le fougueux officier à la mèche blonde en se dirigeant vers sa compagnie.
Berger arrive au niveau de ses hommes alors que les lieutenants ont déjà fait rassembler les sections en ordre de marche et attendent les instructions. Le capitaine se plante devant ses hommes et les fixe droit dans les yeux.
-Bien ! Je pense que je n'ai pas besoin de vous faire un dessin, nous allons avoir l'honneur et le privilège de monter sur la capitale à pieds ! Marche plein nord, jusqu'à l’Île de la Cité et son Palais des Délices.
Un léger rire parcourt l'ensemble de la troupe, vite dissipé par l'angoisse de la marche qui va suivre. Berger ressent bien ce malaise qui tiraille ses soldats, et risque de les faire craquer. Il continue donc :
-Écoutez. Je sais que ces derniers jours ont été difficiles, pour tout le monde. Je sais que la fatigue et la faim vous rongent. Mais vous ne devez pas relâcher l'effort : nous arrivons enfin à l'état-major où deux jours de repos bien mérités vous attendent avant de repartir. Je vous demanderai d'être aussi vifs, aussi robustes et aussi attentifs que vous ne l'avez été jusqu'à présent. Dans moins de trois heures, la nuit tombera. Et avec elle, beaucoup de ce que certains d'entre-vous connaissent sous le nom de ''parias'' ou encore ''infectés''. Alors ne flanchez pas, marchez plein nord, et je vous promet que dans deux heures, vous vous enfoncerez dans des canapés de velours en buvant un verre de champagne bien mérité.
Regagnant un peu de confiance , les soldats se mettent en marche, toujours avec appréhension, mais galvanisés par le discours de leur chef. Berger a juste le temps de taper sur l'épaule de Bougnac avant que celui-ci ne parte à son tour.
-Hé, Bougnac.
L'adjudant, prêt à remonter dans son véhicule, se retourne.
-Mon capitaine ?
-Merci.
Les joues du vieux militaire bourru rougissent légèrement tandis qu'il baisse les yeux comme un enfant timide.
-Bah, c'était que mon boulot, vous conduire d'un point A à un point B. Vous risquez plus de morfler que moi dans les affaires qui viennent. Mais bon, même si vous êtes pas un grand bavard, j'ai bien aimé faire ce p'tit bout de route avec vous. Bon, bah j'vais pas vous retarder plus longtemps, on a tous les deux du chemin à faire. Chacun d'son coté.
Le sous-officier se remet au volant de son véhicule tandis que Berger sourit en la tête de la colonne. Et tandis que la rame de camion rebrousse chemin, l'un d'entre-eux klaxonne, et la vieille carcasse qui le conduit fait un signe de la main en direction des troupes en marche. La première compagnie se retrouve à nouveau seule au milieu du chaos.
18/03/14 à 04:07:14
Ici Charlie Uniforme de Maman Tango Charlie (dernier nom de code encore disponible),
Chapitre lu. Comme d'habitude, intéressant. Je me demande sur qui les ennuis vont tomber...
Vont-ils parvenir à Paris ? Si oui, y aura-t-il des fauteuils et du champagne ? Suspense...
Terminé.
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