Dimanche 2 octobre. Oui, encore une fois j'ai manqué la rentrée, mais a vrai dire je m'en fous. D'autres choses occupent ma tête en ce moment. Un mois de cours, voila ce que j'ai manqué. Mais c'est quoi, un mois de cours, par rapport a ce que je vis?
Je suis dans une situation qui nécessite beaucoup de self-control. Mais a part garder mon calme, je ne sais plus vraiment quoi faire. Tout a changé? Ou tout est resté comme avant? Je ne sais plus quoi faire c'est sur, ni plus quoi dire, ni quoi penser.

Il est 16h. Mon train part dans une demi-heure. La situation est la même qu'en janvier dernier. Je pars de chez ma mère pour aller chez oncle Louis, mais cette fois, les circonstances sont différentes. Bien différentes. Mais encore une fois, Dieu sait ce qui m'attend la bas.

-ça fait un mois Gael, je comprend tout a fait ta douleur, mais... Je pense que tu devrais avancer cette fois, ne pas manquer trop de cours... Tu devras avancer quoi qu'il arrive.

-Maman...

-Il restera toujours avec toi de toute façon, continue-t-elle, quoi qu'il arrive. Il sera la dans ton coeur.

Des mots que je n'aurais pas compris autrefois. Alors... Perdre un proche... C'est ça que ça fait? L'amitié, ou plutot les sentiments, mènent-ils a la souffrance?
J'étais très attaché a Ben. Plus que je ne le croyais. Et cet instant du 26 aout dernier. Je l'ai redouté toute ma vie. Plus que ma propre mort même... Mais maintenant... Que reste-t-il de cet attachement? Que reste-t-il du Duo Bella-Bond? J'ai l'impression... Que tout recommence...

Sans mot dire, je prend mes valises et part de la maison de ma mère pour prendre le train de 16h30. Avant de passer le seuil, ma mère conclut par:

-Et moi aussi je resterais toujours avec toi. Sache le. Tu seras toujours mon fils.

-Merci maman, lui répondis-je doucement, mais cette fois, je vais une fois de plus affronter la vie...

-Sois fort Gael, sois fort. T'es bien un Bellamy, t'es le portrait craché de ton pauvre père...

Je souris nostalgiquement a cette remarque. Mais c'en est trop. Ce grand huit émotionnel, ce n'est pas pour moi. Ma mère n'étant pas très tendre d'habitude, cette fois je la trouve bien maternelle. Est-ce qu'elle... M'aiderais dans ma souffrance?
Je pars sans enthousiasme de ma maison et saute dans le premier train qui m'emmène chez Tonton Louis. Impression de déja-vu oui. Sauf que cette fois, je réalise que beaucoup plus terrible m'attend. Oui, beaucoup, beaucoup plus terrible...

J'avance donc tout doucement vers la maison de Tonton Louis, comme la dernière fois. Même si la dernière fois, Ben était encore de ce monde.

Je toque a la porte, et encore une fois, j'entends une voix bien grasse de beauf qui me crie:

-C'est ouvert!

J'ouvre la porte, et ici rien a changé. La maison est restée tel quelle depuis mon départ. Quelques bouteilles a moitié vide par-ci par la, d'autres totalement vides... Comme si personne n'y était rentré depuis longtemps.

Sauf qu'a ma grande surprise, quand je commence a monté sans lui dire bonjour, il se lève de son fauteuil, éteins la télé et se retourne pour se mettre face a moi.

-Tiens! Commence-t-il d'une vive voix. Regardez qui voila! Un oiseau tombé du nid!

-Merde Tonton, répondis-je nonchalant, c'est pas le moment...

-Alors ce sera quand? Hein? Tu compte stagner toute ta vie?

Pendant que je m'allume une clope, je me demande bien: "Ah quoi il joue?" Qu'est ce qu'il me veut?

-Ta mère m'a tout raconter tu sais, enchaine-t-il en mettant ses mains dans les poches, et vois-tu, ta douleur n'a rien d'étonnant, tu récolte ce que tu sème.

C'est donc ça. Mais pour qui se prend-il? Putain je ne te supporte pas des masses d'habitude mais la, je crois que c'est encore pire.

-Descend de la mon garçon, m'ordonne-t-il, il est temps que je te parle sérieusement.

-Me parler de quoi gros lard? Dis-je en m'éxécutant malgré tout.

-T'es un grand garçon maintenant, il est temps que je te donne une petite leçon de vie...