<h1>Noelfic</h1>

Une Vie Mouvementée


Par : Goloump

Genre : Sentimental , Réaliste

Status : Terminée

Note :


Chapitre 25

Quand le destin s'en mêle

Publié le 22/07/14 à 12:24:12 par Goloump

Le jour du départ arrive enfin. Les valises sont faites. Cher est parti chercher Clara pour qu’elle fasse l’état des lieux.
Clara passe en revue chaque tiroir, chaque placard et inspecte minutieusement le lit ou nous avons eu nos premiers ébats.
En regardant dans un tiroir de la cuisine, elle reste perplexe :

- Il manque un couteau il me semble…

Le couteau, on avait complètement oublié. En ce moment, il était dans le sable, profondément enfoui :

- Non je ne pense pas, il est peut-être ailleurs répondis-je.
- Au pire ça n’est que une couteau. J’espère que ce n’est pas vous qui l’avez pris pour tuer quelqu’une :-)

La remarque était sur le ton de la plaisanterie mais Cher devint subitement livide. Elle sentit un besoin urgent d’aller aux toilettes :

- Elle à vécu un drame dans sa famille récemment, elle ne supporte plus d’entendre tout ce qui se rapporte à la mort mentais-je.
- Oh désolé.
- Vous ne pouviez pas savoir.
- Quoi qu’il en soit, vous avez pris soin de la maison et je n’ai rien à vous reprocher. Vous avez passés un agréable séjour ?
- Très bien très bien dis-je.

Cher revint des toilettes l’air un peu plus serein. Clara s’excusa du mieux qu’elle put.

Direction le bus, afin d’arriver rapidement à la gare. Le temps est maussade et la pluie tombe par intermittence sur le littoral :

- Je suis désolé pour tout à l’heure mais je me suis senti très mal.
- Ce n’est pas grave. Elle ne s’est rendu compte de rien.

La gare était peu animée en ce samedi 17 juillet. On acheta nos places, s’assit dans un wagon et attendit que le TGV démarre.

Le trajet se déroulait bien. Je mis mon casque sur les oreilles et somnolait en écoutant de la musique commerciale.
Cher reprit son bouquin qu’elle avait commencé à l’aller et le poursuivit. Nos nuits furent agitées et elle n’avait pas put entreprendre de continuer sa lecture.

Durant le trajet, je repense à ce fameux meurtre. Désormais, la vie me parait différente, je me méfie davantage des gens qui m’entourent. Et ses personnes que je retrouverais à la rentrée et qui ne se douteront de bien, ces mêmes personnes qui m’on dit mille et une fois « t’es un gars sympa, un mec bien ».

Subitement, un crissement se fait sentir dans le wagon. Un passager debout s’effondre puis se relève tant bien que mal.
Puis à lieu une deuxième secousse, le train est en train de dérailler. Des enfants hurlent, un homme serre sa femme dans ses bras, Cher me regarde, terrifiée. Le wagon se scinde en deux.
Tout est allé si vite, quatre cinq seconde tout au plus. Mais c’est long cinq secondes quand l’on sait que la mort est peut-être au bout.
Une tôle froissé à atterri sur moi. Cette même tôle m’à sauvé la vie et à empêché le toit du wagon de retomber lourdement sur moi. Je ne suis que légèrement blessé et je m’extirpe de la carcasse ne réalisant pas encore l’ampleur du désastre.

Puis, je ne pense qu’à une chose :

- Cher, Cher !

Pas de réponse…

Je commençais à paniquer sérieusement. Je percevais ça et là des gémissements de personnes en détresse. Le wagon s’était couché le long des rails et un autre homme était parvenu à s’extraire des tôles froissées.

Je pris mon portable pour appeler des secours. Nous étions en pleins milieu de la campagne et l’on ne captait rien. C’est alors que je m’aperçus qu’une vitre était brisée au sommet. Un bon saut suffirait à s’accrocher et à basculer sur le sommet du wagon.
L’homme commençais à aidait des personnes à sortir. Il me fit la courte échelle et je parvins à grimper sur le toit. Je m’avancer sur le wagon délabré et parvins à trouver miraculeusement deux barres. Je passais un appel aux pompiers et à la police puis redescendu en vitesse dans le wagon.

Du haut de la voiture, j’avais pu apercevoir l’ampleur du désastre. Les cinq wagons étaient couchés sur le sol et l’avant du train est allé percuter de plein fouet le mur en béton. Il commençait à pleuvoir et je cherchais désespérément Cher parmi les décombres. Le choc l’avait sans doute propulsé quelque part parmi les tôles froissées et je l’appelais maintes fois sans qu’une réponse aussi faible sois-t-elle ne me parvint :

- Help me help me please !!! dit une voix faible

Je repris soudainement espoir, une voix anglaise, une voix d’adolescente !
Je me précipitais en direction de la voix et je parvins à la distinguer. Ce n’était pas Cher mais une jeune fille aux long cheveux blonds.

Sa jambe était coincée sous un siège qui s’était disloquée. Avec une barre trouvée à même le sol, je parvins à faire levier et à soulever le siège. C’est alors que je m’aperçus avec effroi que la jeune fille avait perdu sa jambe droite dans l’accident, celle retenue sous le siège.

Elle poussa un cri d’effroi. Je lui répondis que j’étais désolé mais que je devais chercher une personne en vitesse. Je l’aidais à s’allonger à un endroit ou les débris ne jonchaient pas le sol du wagon. Elle me remercia. De toute façon, que pouvais-je faire d’autre…

Je poursuivais inlassablement mes recherches, plus le temps passait, plus l’espoir diminuait. Le wagon ressemblait à un véritable parcours d’obstacle et je me surpris à marcher sur deux trois corps quelquefois.
Un vieil homme à la moustache bien fournie était étendu par terre. Il saignait de la bouche et se tenait au niveau du corps. Il avait le souffle court et n’en avait sans doute plus pour longtemps. J’étais dépité d’être si impuissant devant tant de souffrance…

Tout en parcourant le wagon de long en large, je repensais à Cher. Je n’osais pas m’imaginer le pire, qu’elle ait pu …
Non, ce n’est pas possible. Nous avions vécut tant de bon moments ensemble. Je ressens encore le gout de ses lèvres quand elles se posaient sur ma bouche. Quand elle me serrait dans ses bras pas plus tard que se matin, quand elle me chuchotait des mots d’amour à l’oreille, son sourire, sa voix, ses beaux yeux. Tout en elle incarnait la perfection à mes yeux. Je l’aimais, je l’aime, je l’aime à mourir :

- As-tu prévenu les pompiers me dit le jeune homme qui ne m’avait pas encore adressé la parole.
- Oui, ils arrivent bientôt dis-je.
- Je cherche désespérement ma femme, si tu vois une jeune aux cheveux courts et noirs, le teint mate, préviens moi je t’en prie.
- Promis monsieur. Et si vous voyez une jeune fille aux longs cheveux bruns de mon âge, prévenez moi aussi.

Je n’étais pas croyant, n’avait jamais prié mais si le bon Dieu existe, je souhaitais en mon plus fort intérieur qu’il accomplisse un miracle maintenant.

Sous une immense tôle, une main attira mon attention. Elle pendait et était ensanglantée. Cette main, je l’ai prise dans la mienne de nombreuses fois.
A l’annulaire, une bague, « Ma mère me l’a offert pour mon anniversaire l’année dernière » m’avait dit Cher pas plus tard qu’avant-hier.

Cher…

Je m’empressais de soulever la tôle mais elle était trop lourde et même avec toute la meilleure volonté du monde, je n’y parvins pas. L’énergumène dont je ne connaissais toujours pas le nom réapparut subitement :

- Venez m’aider s’il vous plaît le suppliais-je.

Il saisit la tôle sans dire un mot et ensemble nous essayons toujours avec autant d’insuccès. Un petit vieux s’approcha à son tour. A trois, nous parvînmes à soulever la tôle et à la faire basculer.

Je remerciais chaleureusement les deux bonhommes sans encore oser me retourner. Mon cœur battait la chamade, voir cette main ensanglanté m’avait tout bonnement anéanti. Mais il fallait faire vite. Je me retournais et le monde cessa de tourner autour de moi.
Y’avait il seulement encore un espoir qu’elle s’en sorte ? Une entaille profonde au poignet était présente. Son front était enfoncé et elle saignait abondamment de la bouche. Le reste de son corps semblait intact même si je voyais quantité de bleu et d’égratignures.

Je l’allongeais le plus délicatement que je pus sur un endroit approprié. Je sortis mon mouchoir de la poche pour faire pression sur le poignet et empêcher le sang de couler.
Le long filet rouge cessa de partir de sa bouche.
Je m’approchais de son ventre avec précaution, je posais mon oreille sur sa poitrine et elle respirait encore. Mais pour combien de temps ?

Je m’impatientais de plus en plus, chaque minute était interminable et le secours n’arrivaient toujours pas. Chaque minute était peut-être la dernière pour elle. J’aurais voulu crier, exprimer ma rage et ma haine mais je n’y arrivais pas.

Je la regardais intensément. Quelquefois, il me semblait que ses yeux bougeaient et me fixaient. Douce illusion.
Je vis un jeune garçon se débattant corps et âmes avec une barre de fer pour s’échapper de celle-ci. J’avais une conscience à me racheter depuis l’incident de cette semaine. Je poussais la barre qui n’était pas bien lourde et aidait le jeune garçon à panser ses plaies bien qu’elles étaient superficielles.

Puis je retournais auprès de Cher. Je posais sa main dans la mienne et attendit. J’entendais un grésillement dans sa poche. Je sortis l’objet en question et je vis que son portable n’avait pas été endommagé…

C’était sa mère. Ne me sentant pas le courage de tout lui expliquer, je laissais sonner et attendit encore. Je retenais mes larmes mais je ne m’étais jamais senti aussi triste de ma vie :

- Je t’en prie reste. Tu ne peux pas partir comme ça. Pas maintenant. C’est encore trop tôt. J’ai besoin de toi, de ton amour. I need your love.

Une sirène retentit au loin. Ils étaient là enfin ! :

- Putain c’est pas trop tôt dis-je libéré.

Des dizaines de camions de pompiers arrivaient. Face à l’ampleur du désastre, ils ne seraient pas de trop. Trois pompiers s’introduisent par la vitre brisé et commencèrent à emporter les blessés. L’un d’eux installa Cher sur le brancard.

Je caressais sa joue :

- Ca va aller, tu va t’en sortir lui dis-je

Je devais désormais appeler sa mère pour la prévenir de la situation. Je demandais rapidement à un pompier qui passait :

- S’il vous plait, à quel hôpital transférez vous les blessés ?
- A l’hôpital Nord Laennec de Nantes
- Merci beaucoup

Je commençais à composer le numéro de sa mère. Mes mains étaient moites et je ne savais comment lui annoncer cette terrible nouvelle. Un bip, deux bip puis elle décrocha :

- Hi Cher. You’re well ?
- Non madame, c’est J-F.
- Ah, tu vas bien. Vous avez passé une bonne semaine.
- Ecoutez, je ne sais pas comment vous annoncez cela mais Cher et moi avons eu un accident de train.
- U-un accident murmura-elle.

Sa voix devint tremblante, elle avait deviné mais elle me posa quand même la question :

- Et, et ma petite Cher. Que lui ait-t-il arrivé ?
- Ils l’ont emmené à l’hôpital Nord Laennec de Nantes.
- Et, tu penses qu’elle va s’en sortir ?
- Je n’en sais trop rien
- J’arrive tout de suite et je ta prends en passant ! Ou à eu lieu l’accident ?

J’interrogeais encore un pompier et nous étions à deux kilomètres d’un petit village du nom de Pannecé :

- Allez à Pannecé, au centre du village, je serais devant l’église.
- Entendu, Oh god.

Un pompier examina mes égratignures et je lui dis que je devais expressément me rendre au petit village du coin. Il accepta de me laissait partir. Lorsque je partis, le brancard ou était allongé Cher venait de partir dans une ambulance.

Deux heures passèrent quand la mère de Cher me prit en toute hâte au pied de l’Eglise du petit village. J’avais auparavant prévenu mon père du drame qui venait d’arriver :

- Dans quel état l’as-tu trouvé me dit-elle au bord des larmes alors qu’elle venait de grillé un feu rouge.
- Elle était inconsciente mais respirait toujours. Elle avait quelques égratignures.

Je tentais de minimiser la chose histoire de ne pas trop inquiéter sa mère. Après une petite heure de route, nous arrivions au grand hôpital.

Une grande effervescence se faisait ressentir dans le hall. Les ambulanciers allaient et venaient sans arrêts. Une cellule de crise venait d’être mise en place.
Une infirmière visiblement débordée s’avança vers nous :

- Bonjour, vous venez pour l’accident de train.
- O-oui, c’est pour ma fille. Cher.
- Je suis désolé mais vous allez devoir patienter dans le hall, nous sommes débordés et il y à quantité de vie à sauver en ce moment. Merci de vous installer sur ces chaises afin de ne pas gêner les ambulanciers. Nous reviendrons vous voir bientôt.

Nous installâmes sur les chaises en question. La mère de Cher passa un coup de fil à son mari pour le prévenir.
La fatigue de ces dernières heures éprouvantes me fit somnoler…
Après deux heures d’attentes, un médecin consent à nous recevoir. Il nous accueilli dans son bureau. C’était un vieil homme chauve et un peu bourru :

- Je suis désolé mais nous n’avons rien put faire.
- Tu viens, un docteur va nous recevoir pour nous dire comment va Cher.

Mon front était détrempé. J’avais du m’assoupir sur ces chaises bien qu’inconfortables. Ce n’était donc qu’un rêve… Tout du moins, j’espère que cela la resterait.

Après donc deux heures d’attentes, un médecin consent à nous recevoir. Il nous accueilli dans son bureau. C’était un vieil homme chauve et un peu bourru, comme dans mon cauchemar… A la vue de cet homme, je me senti subitement mal. Il avait l’air grave, remplit de tristesse :

- Je suis désolé mais nous n’avons rien put faire.

« Je suis désolé mais nous n’avons rien put faire », cette phrase eut le même effet qu’un couteau que l’on m’enfonçait en plein cœur. Cette fois, c’était définitivement fini.
La mère de Cher se laissa aller à son chagrin, s’écroulant sur une chaise. Elle commença à sangloter… :

- Les blessures étaient trop importantes pour que nous y remédions… ajouta le docteur.

Je ne la prendrais donc plus jamais dans mes bras, ne verrais jamais ses beaux yeux, son corps, sa silhouette, ne pourrait plus jamais sentir sa peau, passer ma main dans ses cheveux, je ne la caresserais plus jamais, ne l’embrasserais plus jamais.
Non, plus jamais… :

- Je suis sincèrement désolé Mme Hamer dit le vieux docteur en posant une main qui se voulait réconfortante l’épaule de la mère de Cher.

Sa mère dévisagea longuement le médecin sans comprendre pourquoi il l’avait appelé Hamer :

- Je crois que vous faites erreur. Mon nom est Lloyd, Kelly Lloyd.
- Vraiment.
- Je pense tout de même savoir mon nom dit-elle passablement énervée.

Le docteur semblait confus, il se pencha sur une feuille laissée sur le bureau et la regarda attentivement. Il mit ses lunettes puis nous regarda à nouveau :

- Je suis vraiment désolé mais il y avait une autre Cher dans ce train, une certaine Cher Hamer décédée des suites de ses blessures.

Kelly semblait reprendre espoir tout comme moi. Plus que jamais, les miracles semblaient exister. Elle se redressa brusquement de sa chaise et se plaça face au médecin :

- A-alors, m-ma fille est…
- Vivante madame l’interrompit le médecin
- My god s’exclama-t-elle en pleurant de joie.
- Mais nous ne savons pas pour combien de temps. Elle à subit des blessures très importantes.
- M-mais elle va survivre ! intervenais-je à mon tour.
- Difficile à dire pour l’instant mais elle n’en sortirait pas indemne quoi qu’il arrive. Un des poumons ne fonctionne presque plus et une entaille profonde au niveau du poignet à eu lieu. Nous ne savons pas encore s’il faudra l’amputer de sa main gauche. Elle souffre également d’un important hématome au niveau du front. Nous n’avons pas encore décelé d’éventuelles autres blessures mais sans vouloir être pessimiste, la partie n’est pas gagnée d’avance. Mais en médecine, les miracles sont toujours possibles.
- Vous allez l’opérez ? Faire quelque chose questionna la mère.
- Dans la nuit, nous allons sans doute lui retirer le poumon endommagé. Ne vous inquiétez pas, on survit très bien avec un poumon. Ensuite, nous aviserons en fonction des blessures mais je vous promets que nous allons faire tout notre possible.
- Merci docteur.
- Maintenant si vous voulez bien m’excusez j’ai du travail dit-il en nous ramenant vers la porte.

Prions pour qu’elle s’en sorte…

Nous retournions nous asseoir dans les fauteuils, attendant patiemment.
J’étais à la foi heureux et dégoûté. Heureux car elle était encore en vie mais dégouté car elle ne serait peut-être, sûrement plus jamais comme avant. L’amputation… Rien que ce mot m’effrayait au plus haut point. Qu’avait-elle fait au bon Dieu pour mériter pareil châtiment ?

L’infirmière qui vint nous réconforter nous conseilla de trouver un hôtel dans la ville et de revenir demain dans la matinée. La plupart des opérations se dérouleraient dans la nuit dont celle de Cher…

Ce fut plutôt une bonne idée et je partais avec Kelly de l’hôpital ou quelque part, Cher allait bientôt passer sur le billard si elle n’y était pas encore… :

- Tu veux aller manger un morceau me proposa-elle en s’efforçant à sourire.
- Après ce qui s’est passé, je n’ai pas très faim.
- Ca tombe bien, moi non plus…

On se trouva finalement une chambre d’hôtel à quelque pâté de maison de l’hôpital que l’on pouvait apercevoir à la fenêtre de la chambre. Seul petit problème, il n’y avait plus aucune chambre avec un lit simple disponible…

L’idée de coucher avec la mère de ma petite amie ne m’enchantait pas particulièrement mais pour une nuit je m’y ferais…
Kelly pris sa douche la première et vint me rejoindre. Nous n’avions pas prévu de dormir ici, elle était donc en soutien gorge et en string. Elle me rappelait Cher. Elle avait les mêmes yeux, les mêmes cheveux et toutes les deux avaient sensiblement la même taille…

Je me lavais à mon tour et me glissait sous la couette ou Kelly s’était déjà introduit. Les esprits étaient tristes. L’atmosphère lourde. Nous restions deux heures les yeux ouverts, à scruter le plafond.

Je ne parvenais toujours pas à trouver le sommeil, je pensais à Cher, à ce qu’elle vivait en ce moment, je ne pensais qu’à ça et je devinais que c’était aussi le cas pour Kelly.

Elle avait laissé son portable allumé. Je ne voulais qu’une chose, ne l’entendre en aucun cas sonné. Cela ne pourrait être qu’annonciateur d’une mauvaise nouvelle.

Vers 2h00, alors que nous ne dormions toujours pas, elle brisa le silence qui s’était installé dans la pénombre depuis longtemps :

- Tu crois qu’elle va s’en sortir ?
- Oui, elle s’en sortira dis-je pour la rassurer.

Moi-même, je n’étais sur de rien, je me préparais encore au pire :

- Si elle meurt, je n’y survivrai jamais m’avoua-elle.
- Elle va survivre ne t’en fait pas répondis-je calmement.

Je l’avais tutoyé sans m’en rendre compte. Je n’avais jamais vraiment eut l’occasion de connaître sa mère et nous avions passé l’après-midi ensemble sans il est vrai, vraiment ce parler :

- Désolé m’excusais-je
- De quoi ? Non vas-y ça ne me dérange pas, au contraire…

Puis elle se mit à me raconter son enfance, dans la grande ville de Manchester, comment elle avait rencontré le père de Cher, pourquoi ils étaient venus s’installer du côté de Birmingham… :

- Vous avez passé une bonne semaine ?
- Oui, très bonne répondis-je
- Au moins, si elle doit s’en aller, elle partira heureuse dit-elle alors qu’une larme coula le long de sa joue.

Clair que j’avais passé la plus merveilleuse semaine de ma vie jusqu’à aujourd’hui.
Je n’espérais qu’une seule chose, pouvoir la revivre encore, avec elle…

Vers 5 heures, alors que nous étions parvenus à nous endormir, le téléphone sonna. Kelly s’était blotti contre moi et je fus pris d’une érection inopportune en me réveillant heureusement bien cachée sous la couette.

Elle se dépêcha de décroché, affolée et répondit :

- Allô.
- Kelly, it’s me, Janet s’exclama la voix à l’autre bout du combiné.
- Oh, il est cinq heures du matin en France.
- Désolé, je ne me ferais jamais au décalage horaire.

Kelly sorti de la couette. Elle fouilla dans son sac à main en ayant toujours le téléphone collé à l’oreille. Elle prit un paquet de cigarette, ouvrit la baie vitrée et alla s’accoudait à la rambarde du balcon. Elle tirait des volutes de fumées tout en parlant :

- J’ai appris pour Cher. Ton mari m’à appelé dans l’après-midi. C’est tout simplement horrible ! Je prends directement un avion pour la France pour vous rejoindre.
- Ce n’est pas nécessaire Janet tu sais dis Kelly en posant son gilet sur ses épaules saisie par la froideur de la nuit.
- Si, je ne peux pas rester les bras croisés. De toute façon, j’ai quelqu’un à revoir…
- Qui ? dit Kelly intriguée.
- Je t’expliquerais tout plus tard. A demain sœurette.
- A demain.

Kelly raccrocha, balança le mégot consumé par la fenêtre et sortit aussitôt une deuxième cigarette. Elle revint près de moi vingt minutes après. Je n’avais pas bougé :

- Tu fumes toi demandais-je
- Seulement quand je suis stressée… Et c’est le cas.
- Qui étais-ce au téléphone demandais-je ?
- Janet, la tante de Cher. Tu l’avais rencontré aux USA. Elle vient demain pour voir Cher et quelqu’un dont elle n’à pas voulu me dire le nom… :(

Je ne répondais pas à cette dernière phrase. Je me contentais de hochais la tête en signe de compréhension et me rendormit presque aussitôt.

Le jour se levait sur la ville de Nantes. Les voitures commençaient à circuler et un crissement de pneu me réveilla brusquement. A côté de moi, Kelly dormait toujours, recroquevillée contre moi. Je m’extirpais de la couette en prenant garde de ne pas la réveiller. Je m’approchais de la fenêtre et ouvrit le rideau. Au loin, l’horloge de la cathédrale indiquait 8h30.

Je me rendis dans la salle de bain, enfila mes affaires de la veille et réveilla Kelly. Elle dormait profondément et je dus m’y reprendre à deux fois avant qu’elle ne dédaigne ouvrir les yeux.

A 11h00, nous arrivions dans le hall de l’hôpital. Nous n’étions visiblement pas les seuls à demander des renseignements. De nombreuses personnes patientaient déjà et il n’y avait plus un siège de libre.
Vers midi, le même professeur de la veille nous reçut dans son cabinet. Ses yeux étaient marqués par des cernes sans doutes dut à une nuit sans sommeil :

- J’ai de bonnes et de mauvaises nouvelles.
- Eh bien dîtes nous tout et vite, je n’en peux plus d’attendre. Chaque minute m’est insupportable depuis l’accident dis Kelly.
- L’opération pour retirer le poumon non fonctionnel s’est bien passé. De plus l’entaille au poignet était moins profonde que l’on ne le pensait. Aucun nerf n’à était atteint. Le problème est que l’hématome au front semble assez sérieux. De plus, deux orteils ont été considérablement endommagés sur son pied gauche et nous avons été contraints d’amputer. Elle souffre également d’une fracture du bassin et du tibia-péroné. Si elle s’en sort, la rééducation sera longue et fastidieuse. Mais nous sommes réellement préoccupés par l’hématome au front qui ne s’améliore pas…
- Et, elle pourra quand même marcher malgré l’amputation des deux orteils.
- Normalement oui… Nous allons poursuivre l’opération dans la journée pour ses diverses fractures. Elle va rester en observation pendant 3-4 jours et vous pourrez la voir. Pour l’instant, elle est toujours dans un profond coma. Les chances de survie sont toujours faibles mais nous y croyons franchement.

Le vieux docteur prit une profonde inspiration comme si le pire était encore à venir et prit un ton grave :

- Nous avons aussi décelé une grave anomalie au niveau du cœur.
- Grave comment s’enquit Kelly qui commençait à faire les 100 pas dans le bureau
- Elle souffre d’une cardiopathie congénitale.
- Et en quoi cela consiste ? demandais-je moi aussi inquiet.
- Elle souffre plus précisément d’une artésie pulmonaire. Pour faire simple, le sang ne passe pas du tout entre le ventricule droit et l’artère pulmonaire
- Et que faut-il faire.
- Encore une chance que nous l’ayons décelé à temps mais il faudra mettre en place un tuyau entre l’aorte et l’artère pulmonaire. Et il faudra surtout que le cœur réagisse positivement car nous y introduirons un corps inconnu. Mais elle à déjà subi deux grosses opérations dans la nuit avec l’amputation et le retrait du poumon. Sa respiration est courte et saccadé. Elle retournera au bloc opératoire demain pour opérer les fractures.
- Merci de tout ce que vous faites docteur dit Kelly au bord des larmes.
- Je ne fais que mon travail. Je sais que cela est très dur pour vous mais encore une fois, nous ferons tout notre possible pour maintenir votre fille en vie. Revenez dans une semaine madame Lloyd, quand nous jugerons que vous pourrez lui rendre visite.

Le docteur nous fit un signe de main alors que nous franchissions les portes de l’hôpital. Nous retournions dans la voiture :

- Que fait-on me demanda Kelly qui avait la tête ailleurs ce matin.
- On ne va pas attendre ici une semaine. On rentre à la maison.
- Oui tu as raison. Excuses moi c’était une question stupide.

Elle fondit en larme en terminant de prononcer ces mots. De grosses larmes de chagrin coulaient le long de ses joues. Je la posais une main réconfortante sur son épaule. Ca ma mettait mal à l’aise de la voir dans un tel état. Moi aussi j’étais triste, moi aussi j’étais blessé, moi aussi j’étais détruit. Mais je ne voulais rien laisser transparaître, ou presque :

- Bon, on va rentrer dit-elle en essuyant les dernières larmes qui coulaient.

Elle mit la voiture en marche. Sur les petites routes de campagnes, nous avions failli percuter deux camions et rentrer dans deux voitures :

- Si tu te sens pas bien, ne conduis pas dis-je. Tu vas nous tuer si tu continues comme ça !

On s’arrêta dans un petit village. Il restait encore une demi-heure de route. Dehors, le vent soufflait en rafale, les arbres penchaient et les fils électriques se balançaient.

Kelly inspira profondément puis sorti. Elle alluma une cigarette. Elle me proposa de tiré une bouffé. J’acceptais pour lui faire plaisir et je dois avouer que ce fut tout simplement dégueulasse. Elle sourit en voyant ma mine déconfite puis me repris la cigarette des mains :

- Je n’en peux plus, je ne sais pas combien de temps je vais pouvoir continuer à vivre dans l’incertitude dit Kelly en écrasant le mégot.
- Je t’ai déjà dit qu’elle va s’en sortir.
- Oui mais dans quel état ! s’emporta-elle. Elle à déjà un poumon en moins, perdu deux orteils, s’est brisée les os et à une anomalie du cœur en plus ! cria-elle. Whore !
- Je sais que c’est dur mais essaye de garder ton calme. On ne sait jamais ce que la vie nous réserve.

Le vent se fit plus violent et les bourrasques redoublèrent d’intensité.
Nous nous réfugiâmes à l’intérieur de la voiture. On avait presque l’impression qu’une tornade arrivait en entendant le bruit assourdissant au dehors…

Nous fermions les portes et attendions patiemment. Dehors, le vent ne cessait pas. Les nuages s’amoncelaient au dessus de nos têtes et le tonnerre retentit. Kelly sursaute sur son siège. Une heure passe. Je décide de mettre la radio pour savoir si on pourrait savoir quelque chose à propos de ce violent coup de vent. « Grzz ». Que des grésillements. Je renonce et parle avec Kelly pour passer le temps.

Soudain la foudre retentit et atterrit sur le sommet d’un arbre à côté de nous. L’arbre penche dangereusement et tombe. Le choc est terrible. Le tronc est tombé sur le capot qui est complètement défoncé.

Je fais les gros yeux et Kelly à la même réaction que moi. Aucun de nous deux ne parle :

- Je n’en peux plus, viens. Le bar n’est qu’à 500 mètres et l’on y sera plus en sécurité. On va y passer si ça continue me dit Kelly
- Non arrête c’est trop dangereux, tu vas te tuer !
- Mais non, et puis ici ou là-bas.

Pas le temps de la retenir elle avait déjà ouverte sa porte et enjambé l’arbre. Je m’apprêtais à la suivre. Mais une tuile qui volait, sans doute décroché du toit du barre percuta le front de Kelly. Elle s’effondra sur le sol goudronné :

- Putain de merde mais c’est pas vrai ! gueulais-je

Je pris mon courage à deux mains et sortit à mon tour. De la grêle commençait à tomber et les petites boules de glaces me fouettaient le visage. Je pris le corps de Kelly inanimé et le ramena à la voiture, le bar étant encore trop loin.

Une fois en sécurité, j’examinais son front. La tuile avait laissé une grosse marque et elle la plaie saignait toujours. Je décidais d’appeler le SAMU.
Décidément, ils vont finir par me connaître par cœur dis-je en repensant à l’accident de train et à la tentative de suicide de Sonia.

Les secours étaient débordés mais essaieraient de venir le plus rapidement possible. C’est une tornade venant d’Amérique qui s’abat sur le littoral ouest français m’a dit la dame au téléphone.

J’espérais que l’avion de Janet n’avait pas été pris dans cette tempête.
Je commençais sérieusement à croire que je portais la poisse à tout les gens que je côtoyais. Sonia, Cher puis maintenant Kelly… Je faisais pression avec ma main sur la plaie qui ne cessait pas de saigner.
Après 30 minutes d’une angoissante attente, une ambulance débarqua en quatrième vitesse à l’angle de la rue manquant de percuter le poteau électrique.
Kelly venait d’ouvrir les yeux… :

- Where am I balbutia-elle
- Tu es en France dans une voiture. Tu t’es pris une tuile en tentant de rejoindre le bar plus loin.
- Ah oui c’est vrai. Je suis désolé, tu avais raison, je n’aurais pas du sortir.

Les secours arrivèrent et virent que Kelly était réveillé :

- Vous nous aviez dit qu’elle était inconsciente dit un ambulancier passablement énervé.
- Elle vient de se réveiller à l’instant mais elle saigne toujours. Pas la peine de vous exciter comme un macaque acariâtre.

L’ambulancier fit une tête bizarre, baissa les yeux et avec l’aide d’un collègue mis Kelly sur un brancard :

- Vous l’emmenez à Nantes demandais-je.
- Non, la Roche/Yon est plus proche.
- Pourquoi me dit le macaque acariâtre qui avait retrouvé son calme.
- Non, comme ça…

Il ne me restait plus, qu’à rentrer. Juste avant de partir, Kelly me dit :

- S’il te plait, vas voir Cher la semaine prochaine. Et tiens moi au courant, je ne sais pas si je vais rester longtemps mais j’ai l’impression que cette connerie de tuile m’a bien ouvert le front.
- Compte sur moi. Soignes-toi bien…

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