Une Vie Mouvementée
Par : Goloump
Genre : Sentimental , Réaliste
Status : Terminée
Note :
Chapitre 28
Je t'accepterais comme tu es
Publié le 24/07/14 à 13:42:58 par Goloump
- Pour cause de folie passagère avec démence.
- Mais pourquoi ?
- Calmez vous me dit l’infirmière.
- Je veux la voire.
- Impossible, elle est en train de se faire opérer actuellement.
- On ne se fait pas opérer pour une folie !
- Non … mais je ne peux pas vous en dire plus. Par pitié, partez et revenez dans la soirée, je vous promets de vous en dire plus.
J’obéis non sans une certaine inquiétude et partit. J’appelais mon père. Je tombais sur Janet qui visiblement n’avait pas perdue de temps pour s’installer définitivement chez nous.
Je m’installais à la terrasse d’un Mc Do’ et mangeais en vitesse n’étant préoccupé que par l’état de Cher. Cela ne finira donc jamais, y aura toujours autant de problèmes à l’avenir ?
J’errais dans les rues sans réel but me perdant à travers les grandes enseignes, les immeubles et les petits commerces. La grande cathédrale sonna les 23 heures et je décidais de retourner à l’hôpital avant de rentrer me coucher. Après tout, j’avais juste une rue à traverser…
Je pénétrais à nouveau dans le hall ou un pesant silence régnait. La même infirmière attendait derrière son bureau, lisant une revue féminine :
- C’est encore moi et je veux toujours voir Cher, je vous en prie !
- On lui à mis une camisole de force et elle à été affecté à une aile spéciale.
- Quelle aile ?
- L’aile réservée aux malades mentaux…
- Cher n’est pas folle ! m’écriais-je fou de rage.
- Pour l’instant si mais nous espérons qu’elle ne le restera pas.
C’était Laura qui venait de parler, son service venait de prendre fin et elle était visiblement très fatiguée. De gros cernes trahissaient de nombreuses nuits blanches :
- C’est toi J-F ? Cher m’a beaucoup parlé de toi.
- Oui c’est moi. Je peux voir Cher ? dis-je d’une voix plus douce.
- Je ne pense pas mais si tu veux, je peux tout te raconter.
Elle sortit et nous marchions et nous installions dans un café encore ouvert tard le soir. Laura prit un café fort et s’installa sur la banquette. Je me mis en face d’elle :
- La nuit dernière, Cher à commencé à déliré. Elle à retiré sa perfusion, et s’est mise à hurler. Elle à couru dans le couloir en appelant sa mère. Nous sommes parvenus à la maitriser et tout semblait redevenu normal. Mais le soir, Cher avait subtilisé un couteau sur son plateau. Au moment ou je suis entrée, elle gravait sur son avant bras droit « Maman » avec le couteau. Alors que je me précipitais pour lui ôter le couteau, elle enfonça le couteau profondément dans son bassin. Nous l’avons opéré dans la nuit et heureusement que les organes vitaux n’ont pas été touché mais on doit se rendre à l’évidence, Cher à de sérieux problèmes…
- Mais pourquoi « Maman » ?
- Parce que sa mère est décédée dans la semaine.
- Non ?! dis-je à demi-voix.
- Si.
- Kelly.
- Cher à reprit connaissance et continue à délirer. Nous craignons de devoir la placer à l’asile mais nous ferons tout pour que cela ne lui arrive pas.
Alors je suis arrivé trop tard, tu l’as finalement faite ta bêtise et quelle bêtise…
Quand j’entre dans la chambre, je ressens une sensation de malaise. Kelly est morte et elle était allongée dans ce lit voilà quelques semaines à peine. La nuit fut longue, très longue, interminable même. Je me retournais et me rappelais de chacun de ses gestes, j’avais encore l’impression de sentir l’odeur de sa peau.
Le matin se levait sur Nantes, je me levais le cœur lourd. Je voulais voir Cher par n’importe quels moyens. Je m’habillais en vitesse, déjeuna dans un café et me rendit à l’hôpital.
Laura était dans le hall en train de parler à une vieille dame qui souffrait de rhumatismes. Je la laissais terminer avec la patiente puis me rua vers elle alors qu’elle se dirigeait vers le bloc opératoire :
- Je veux voir Cher. Je sais que ça n’est peut-être pas raisonnable mais je suis persuadée qu’elle retrouvera toute sa raison en me revoyant. Juste avant de délirer, elle m’a envoyé un message. Elle voulait me voir au plus vite.
- Je ne peux pas prendre une aussi lourde décision, je risque ma place tu sais. Mais je vais demander au médecin. Attends-moi ici, j’en ai pour quelques minutes.
Je patientais en restant un bon quart d’heure sur le trône des toilettes. Quand je revins Laura faisait la moue et montra du doigt sa montre. J’eus un petit sourire bêta dans ce genre et me confondit en excuse :
- Suis-moi. dit-elle.
Nous remontions dans les couloirs. Je passais devant la chambre ou se situait Cher pas plus tard que la semaine dernière. Nous arrivions devant une grande porte ou était inscrit en gros l’écriteau « Seul le personnel peut franchir cette porte ». Laura ouvrit la porte :
- Tu as eu l’accord du médecin au moins ?
- Dépêches toi et cesse de poser des questions. Répondit-elle
Il n’y avait pas beaucoup de chambre, peut-être une dizaine. Les murs étaient blancs et l’ambiance était sinistre. Nous arrivions devant la dernière chambre de l’aile :
- Elle à toujours sa camisole. Ne la lui enlève sous aucun prétexte. Je reste dehors si tu as besoin d’aide mais normalement, elle ne te fera pas de mal.
- Pourquoi me ferait-elle du mal ? dis-je
- Si elle est ici, ce n’est pas parce qu’elle s’est comportée normalement !
Je balayais ces recommandations d’un signe de main et entrouvrit la porte. Cher était allongée de tout son long. En même temps, elle pouvait difficilement changée de position. Elle tourna la tête et me regarda alors que je fermais la porte :
- Tu m’as manqué.
- Tu parles m’interloquais-je
- Oui.
- Pourquoi as-tu fait-ça dis-je en m’asseyant à côté d’elle.
- Après ce que j’ai vécu, je pense que n’importe qui perdrait un peu la tête. Mais maintenant que tu es revenu, ça va aller.
Elle me prit la main :
- J’ai envie de t’embrasser. Cette foutue camisole me gêne, tu ne peux pas me l’enlever.
Je repensais à ce que Laura m’avait dit juste avant. Cher semblait lire dans mes pensées :
- Tu ne penses tout de même pas que je vais te sauter au cou et t’égorger non ? Je ne suis pas folle, enfin plus maintenant. Dit-elle toujours avec beaucoup de calme. Je veux juste t’embrasser, retrouver un peu de bonheur qui me fuit depuis ce stupide accident.
- Moi aussi je suis triste depuis cet accident.
- Tu n’as rien eu…
- Mais quand tu es malheureuse, je le suis aussi…
Je lui retirai sa camisole et l’embrassa tendrement. Elle enroula ses bras autour de mon cou et se laissa aller à son bonheur.
Nous restâmes longtemps comme cela. Au bout d’un moment, elle desserra son étreinte et me regarda dans les yeux avec beaucoup d’émotion :
- Je t’en prie, ne me quittes pas. Tu es tout ce qui me reste. La seule chose qui me rattache à la vie. Sans toi, je ne suis rien.
- Je ne te laisserais pas partir.
Elle me serra dans ses bras, prit mes mains et les posa dans les siennes et profita de cet instant. Je savourais ces retrouvailles qui étaient je l’avoue un peu spéciale. Cher était maigre et son visage blafard mais je l’aimais pour ce qu’elle était. Je l’accepterais comme elle sera…
Encore emprisonnée dans son corset, une nouvelle cicatrice était désormais son avant bras et son bassin :
- Pourquoi cette folie ? lui dis-je.
- J’avoue n’en rien savoir balbutia-elle en baissant les yeux.
- Promets-moi de ne plus jamais refaire ça. Plus jamais…
- Plus jamais… répéta-elle
Elle posa sa tête sur mon épaule et ferma les yeux. Je jouais avec ses longs cheveux bruns et posait ma main sur son doux visage. Elle releva la tête, me regarda et sourit :
- Mais, que faites-vous !!! s’exclama une voix derrière nous.
Je me retournais et aperçut avec effroi le Dr Mater qui était furibard. Il me fixa dans les yeux, les siens étaient injectés de sang et semblaient haineux :
- Ca ne va pas la tête. On ne voit pas les fous. Comment êtes vous entrés ici ?
- Cher n’est pas folle dis-je calmement
- Non plus maintenant dit-elle en souriant.
- M-mais. Elle n’a plus sa camisole !
- Bien sur que non. Vous avez cru qu’elle allait tuer quelqu’un. Cher n’est plus folle. Remettez là dans une chambre normale !
- Ici c’est moi le médecin. Et vous jeune homme, vous ne savez pas ou vous mettez les pieds. Il est formellement interdit d’entrer dans cette partie de l’hôpital.
- Laissez le tranquille, c’est moi qui ai demandé à le voir.
- Mais vous ne savez même pas ce que vous dîtes ! s’esclaffa le médecin.
- Au contraire, je suis en pleine possession de mes moyens et avec toute ma tête dit Cher calmement.
- Tu as bientôt fini J-F, il va falloir repartir.
Cette voix, c’était Laura qui venait de faire irruption dans la pièce. En voyant le médecin, elle devint aussi pâle que Cher et était au bord du malaise. Elle regarda furtivement la pièce, comme cherchant une issue de secours :
- Quelqu’un peut-il enfin m’expliquer ce qui se passe ici ! s’exclama le médecin au bord de la crise de nerf.
- On se croirait dans Dr House dis-je pour détendre l’atmosphère.
Mauvaise idée, le docteur, Laura et Cher me fusillèrent du regard… Laura supplia au vieux médecin de se calmer lui promettant de tout lui expliquer. Après avoir prit deux cachets d’aspirines, il revint un peu plus calme. C’est alors que Laura lui conta tout ce qui s’était passé jusque là :
- Bien je suis près à passer l’éponge sur ce grave incident mais Cher devra malgré tout passer des tests de … disons de …
- Des tests pour voir si je suis plus débile c’est ça ? dit Cher.
- En gros oui…
Cher esquissa un sourire de satisfaction. Elle passa les tests dans l’après-midi même et ne présentait plus aucun signe de folie mais restait malgré tout sous haute surveillance. « Une rechute peut toujours arriver » avait déclaré le médecin. Elle reprit finalement place dans son ancienne chambre, plus heureuse que jamais :
- J’ose enfin espérer que désormais, tout ira pour le mieux pour moi…
- J’en suis persuadé mon amour
Je l’embrassais longuement mais je devais partir. Cela me fendait le cœur après cette longue journée passé ensemble :
- Je reviendrais demain dis-je
- Ja ne bougerais pas rigola-elle.
En sortant, je décidais de prendre un peu l’air ce qui me ferait le plus grand bien, je me dirigeais vers la plage et marchait le long du rivage. En remontant les escaliers qui menaient à la grande place ou se trouvaient de nombreux restaurants, je tombais nez à nez avec … Sonia.
L’incrédulité fit ensuite place à l’étonnement. Je restais là, à quelques centimètres d’elle et un gros blanc s’ensuivit, aucun des deux n’osant prendre la parole. Je fus le premier à balancer un tout simple :
- S-salut.
- Salut répondit Sonia aussi surprise que moi par cette rencontre un peu surpris.
- Tes vacances se sont bien passées ?
- Très bien et toi ? Je t’emmène prendre un café ?
- C’est pas de refus après tout ce qui m’est arrivé pendant ces deux mois.
Nous marchions le long de la jetée et nous installâmes à la terrasse d’un petit café. Après avoir passé commande, Sonia alla un moment au toilette et j’en profitais pour envoyer un message à mon père pour qu’il vienne me chercher demain matin.
Sonia revint rapidement, souriante. Elle portait un jean taille basse et un simple débardeur blanc :
- Tu es bien bronzée, ou es-tu allée en vacances ?
- Valence, j’ai de la famille là-bas.
- Valence en Espagne ou en France.
- En Espagne affirma-elle avec un sourire en coin.
Un petit moment se passa sans que personne ne dise quoi que ce soit se contentant de fixer l’horizon. Enfin, je fixais l’horizon, je voyais bien que Sonia me fixait moi :
- Cher va bien dit-elle finalement.
- Pas vraiment.
- Que c’est-il passé dit-elle l’air subitement grave.
- Si je te raconte tout, on en à pour toute la nuit…
- Pas grave j’ai tout mon temps m’interrompit-elle.
- N’y pense même pas. Bref, je vais te la faire court.
Je lui racontais rapidement l’accident de train, puis ce qui avait suivit en évitant les détails les plus sordides :
- J’irais la voir à l’hôpital dès que je peux affirma-elle.
- Je suis sur que ça lui fera plaisir.
Je payais l’addition alors que Sonia insista pour payer sa part. Nous nous levâmes et marchèrent sur la plage. La mer remontait et les vagues fouettèrent nos pieds. Au loin, le soleil commençait à décliner, il se faisait déjà tard. Sonia me regarda intensément dans les yeux :
- Ca fait combien de temps que l’on n’à pas été comme ça tout les deux… ?
*
Le plateau repas arriva pour Cher. Elle respirait de bonheur de retrouver son ancienne chambre, ses repères, la vue habituelle. Non, elle n’était pas folle, il ne manquait plus que ça après tout ce qu’elle avait subie.
En découpant les carottes à moitié carbonisées, elle fixa intensément le bout brillant du couteau quoique bien rond. Elle tremblait et lâcha le couteau. Elle était agitée et ne put empêcher sa main de retourner agripper fermement le couteau. Elle le porta vers son bras :
- Je ne peux pas, j’ai promis murmura-elle.
Elle répéta cette phrase comme pour se convaincre elle-même. Elle repoussa le couteau respira profondément mais lorsqu’elle croyait plus dur passer, son bras fut à nouveau animé par une force invincible vers le couteau. Cher agrippa sa couette de toute ses forces et se blottit dedans. Elle transpirait à grosse goutte et ne cessait pas de trembler. Des larmes de tristesses coulèrent le long de son front :
- Je suis donc folle murmura-elle.
Dehors, bien caché derrière la porte en verre, la docteur Mater venait d’assister à la scène. Il affichait une mine réjouie sur son visage. Il avait donc raison. Comme il le supposait, Cher était encore folle, son état s’était même aggravé. Il appela rapidement une équipe pour l’emmener :
- Dans une demi-heure, elle sera là où elle doit être dit-il à voix basse.
Cher pleura sans retenue. Trois hommes entrèrent dans sa chambre sur le qui-vive, près à se défendre.
Ils me voient comme un animal pensa-elle.
Elle resta prostrée et laissa libre court à sa tristesse alors qu’on l’emmena. Son ventre la brulait. La maladie était toujours présente et continuait de la ronger de l’intérieur, elle était malheureusement impuissante…
*
Sonia continuait de me regarder en espérant une quelconque réponse de ma part qui tardait à venir :
- Longtemps, presque un an dis-je songeur en regardant l’horizon.
Sonia acquiesça et resta silencieuse. Nous remontions sur le petit trottoir qui longeait la plage. Elle accélérait le pas et remonta les ruelles pour prendre son bus qui partait à 20h00. N’ayant rien de mieux à faire, je la raccompagnais jusqu’à l’arrêt. Arrivé là-bas, il restait encore vingt minutes à attendre. Nous nous assîmes sur les sièges un peu durs et attendîmes :
- Tu sais, ça m’as fait plaisir de te revoir dit-elle en me prenant la main.
- Moi aussi, ça va pas très fort en ce moment…
- Oui je m’en doute. Surtout si ça va pas, appelle moi, je serais toujours là pour toi.
- Sonia, tu sais bien que c’est fini depuis longtemps entre toi et moi… soupirais-je
- Hélas je ne le sais que trop bien.
Elle réajustait machinalement sa mèche et détournait son regard du mien. J’étais triste de la voir blessée et à la fois flatté que de savoir qu’une fille m’aimait toujours depuis deux ans. Mais mon cœur était pris. Et particulièrement en ce moment ou pas une heure, pas une minute ne se passa sans que je ne pense à Cher, mon unique préoccupation de ces derniers temps. Le bus arrivait au détour d’un virage serré et s’arrêta à notre hauteur :
- Tu rentres chez toi ? demandais-je
- Oui, et toi, ou iras-tu ?
- Je rentre chez moi demain.
- Viens passer la nuit chez moi dit-elle en m’entraînant dans le bus. :)
*
Cher traversait les couloirs dans son lit. Elle regarda sans protester sa chambre s’éloigner, les yeux remplient de larmes. Une fois de plus, elle pénétrait dans l’aile réservée aux personnes mentalement atteintes. Elle parut résignée et n’esquissa une moue. Elle prit un élastique qu’elle gardait toujours précieusement sur elle et attacha ses cheveux :
- Doit-on lui mettre une camisole demandait un infirmier auprès du docteur.
- Naturellement.
- Non pas ça s’il-vous-plait !! C’est un vrai supplice dit Cher les yeux rouges. Aidez-moi plutôt que de m’empêcher de guérir ! Je suis consciente que je vais mal. Je vous en prie.
L’infirmier adressa un signe de tête au médecin qui était songeur. Il partit dans son cabinet et examina attentivement le dossier médical de Cher. Il poussa un long soupir et haussa les épaules en ajustant ses lunettes. Il revint finalement auprès de Cher et de l’infirmier :
- Admettons, pas de camisole.
- Vous en êtes sur ?
Le médecin répondit finalement que la camisole n’était pas nécessaire pour le moment. Cher fut enfermée dans sa chambre ou le strict minimum demeurait. Un lit et une table de chevet ainsi que des toilettes. Une vraie prison…
Déjà deux mois qu’elle était ici.
Deux mois qu’elle vivait un enfer permanent.
Deux mois qu’elle ne passait pas un jour sans pleurer.
Deux mois qu’elle n’était pas sortie de l’enceinte de l’hôpital.
Deux mois ou la vie, n’était plus vraiment la vie…
*
J’étais déjà dans le bus alors que je n’avais pas eu le temps d’exprimer la moindre réprimande :
- Ecoute, ce n’est pas une bonne idée Sonia.
- Pourquoi, ça serait parfaitement innocent.
- Justement non…
- Allez quoi ! Tu ne vas pas passer la nuit tout seul dans ton hôtel miteux juste à côté de l’hôpital.
Je soupirais longuement alors que nous nous installions sur la dernière rangée ou deux jeunes étaient en train de s’embrasser. Ils devaient avoir dans nos âges :
- Tu ne me referas pas encore le coup du lit double demandais-je
- Promis rigola-elle. De toute façon, ma mère est là et il y à deux lits simples maintenant.
- Alors ça marche mais je te préviens, c’est juste pour la nuit.
- Bien sur, que vas-tu t’imaginer…
Nous bifurquions à la sortie de Nantes avec un autre bus. C’est alors que je réalisais que j’avais oublié mais valise dans l’hôtel. Je réfléchissais à un quelconque moyen de la récupérer :
- Ecoute Sonia, j’ai oublié ma valise à l’hôtel, je dois à tout pris aller la rechercher.
- Bah le bus à fini son trajet et reviens à destination. Fait le chemin inverse et reviens après.
- Ca fait chier !
Je reprenais finalement le même bus. Le chauffeur me regarda bizarrement en me voyant descendre exactement au même endroit que j’étais monté une heure auparavant :
- Euh excusez-moi jeune homme mais pourquoi redescendez-vous au même endroit que vous êtes montés ?
- A cause d’une femme.
- Tout s’explique…
Il rigola et me laissa partir sans payer. Je remontais les ruelles et arrivait à mon hôtel. Il était déjà 21h00. Je n’avais aucune envie de reprendre le bus. J’étais fatigué et voulais juste m’allonger dans mon lit. Je pris mon portable pour envoyer un message à Sonia. Mince, j’avais oublié que son numéro était supprimé de mes contacts depuis longtemps.
Je n’avais nullement envie de lui faire de la peine mais tant pis, je lui expliquerais tout plus tard. Je montais à ma chambre et m’allongea sur mon lit, exténué. Je n’avais même pas mangé et m’endormi tout habillé. Je me réveillais au beau milieu de la nuit, alarmé par des bruits étranges. Je ressentais une présence humaine et allumait la lumière. Quelqu’un de l’extérieur essayait de crocheter la serrure, pourtant bien fermée à clef. Je me levais en sursaut et me réfugia dans les toilettes, la peur m’ayant donné la chiasse…
*
Assise sur son lit, Sonia ne parvenait toujours pas à trouver le sommeil. Elle regardait toujours la même photo.
Pourquoi n’es-tu pas venu murmura-elle.
La tristesse fit ensuite place à la colère. Elle s’emporta et pesta contre elle-même de sa faiblesse.
- Un an que tu me fais souffrir cria-elle. Tout ça à cause de l’autre pu** anglaise. J’espère bien qu’elle ne survivra pas !
Elle se laissa tomber sur son oreiller, choquée par les atrocités qu’elle venait de prononcer. Mais elle n’était toujours pas prête à pardonner à celle qui avait volé son cœur.
*
Après avoir passé dix minutes d’angoisse sur le trône, je ressortais bien apeuré. Un pet foireux lâché dans mon caleçon acheva cette soirée décidément bien cauchemardesque. L’odeur n’était pas agréable, et je courus à ma valise prendre un caleçon de rechange. Je retournais dans les toilettes ou se trouvait aussi la douche et fit une rapide toilette. Quand je ressortis, j’étais propre et un peu plus rassuré.
Mais qui avait bien voulu tenter de forcer ma porte ?
Et surtout, y est-il parvenu ? Si c’était le cas, ou peut-il donc bien se trouver ?
Je farfouillais la pièce dans les moindres recoins mais aucune trace d’une présence humaine. C’est en regardant près de ma table de chevet que je remarquai que mon portable avait disparu. A cette minute là, je me suis dis que j’aurais peut-être mieux fait de mettre un code dessus…
Bon, je me remets à chercher, peut-être l’ai-je juste laissé trainer quelque part. Je fouille encore et encore mais je dois bien me rendre à l’évidence, on m’a volé mon portable. Mais dans quel but et qui ?
Je remarquais que la porte était restée entrouverte ce qui ne laissait supposer aucun doute sur la visite que j’avais eu pendant que j’étais concentré à évacuer toute la merde que j’avais au cul.
Habitué à être assez calme même dans les situations les plus tordues, je décidais de me recoucher et d’aller porter plainte au commissariat le lendemain. Le reste de la nuit fut calme et je me réveillais au petit matin confiant.
Ce fut avec stupeur qu’en ouvrant les yeux, je découvris au même endroit que je l’avais laissé la veille le portable. Sauf qu’il était allumé et que la page des contacts était restée ouverte. Cette découverte me plongea à nouveau dans le doute. Je faisais les cent pas dans ma chambre. Celui qui à fait ça me connaissait.
Sonia ? Non, quel intérêt y-aurait-il à ce qu’elle fasse ça…
Cher ? Non, elle est dans sa chambre, hélas dans l’incapacité de bouger.
Papa ? Hum… nan.
Alfonso ? Mais n’importe quoi ! Il est au Brésil.
Kelly ? Elle est 6 pieds sous terre désormais…
Sonia ? Hum… Sonia.
Je fis ma valise, papa m’attendait à 11h00 sur le parking de l’hôpital. Le temps d’aller voir une dernière fois Cher. Elle était surement folle de joie de retrouver sa chambre et soulagée de savoir que tout allait bien. Désormais, tout irait pour le mieux. Oui, tout ira bien.
Après un petit déjeuner prit à la terrasse d’un café, j’entrais dans le hall de l’hôpital :
- Bonjour madame, je viens voir Cher. Chambre 313, comme la voiture de Donald Duck.
Qui est donc cet abruti pensa surement l’infirmière en me dévisageant :
- Il n’y à personne en chambre 313 monsieur dit-elle en regardant l’écran de son ordinateur.
- Nettoyez vos lunettes et revérifiez. Lloyd.
- Non monsieur, pas de Lloyd. Ah si.
- Ah vous voyez.
- Oui mais vous ne pouvez pas la voir, elle est en chambre 13, dans l’aile réservé aux malades mentaux.
- Il y à erreur. Elle est retournée dans sa chambre hier !
- Exact mais elle à aussitôt fait le chemin en sens inverse. Je vais appeler le Dr. Mater il va tout vous expliquer.
Je patientais dans le hall, furieux et énervé. Le docteur arriva finalement, il semblait joyeux comme si un heureux évènement avait eu lieu auparavant :
- Bonjour, Cher à été remis à l’asile.
- C’en est trop ! Pourquoi ?
- Mais pour démence et folie bien entendu ! Hier encore elle à tenté de se mutiler les bras mais notre équipe est intervenu à temps.
- Mais, elle m’avait promis murmurais-je au bord des larmes.
- Ne soyez donc pas naïf jeune homme dit le médecin en me tapotant l’épaule. Elle était folle…
- Je ne peux plus lui faire confiance.
Je sortis abattu. Jusqu’à présent, j’avais le sentiment que tout était possible.
Je suis en train de te perdre, mon amour…
L’ombre, l’ignorance, la peur, l’abîme. Je marchais sans but dans les rues, me heurtant à un panneau de signalisation. Je n’en pouvais plus. J’avais passé les vacances les plus cauchemardesques mais aussi les plus riches en évènements que je ne vivrais en une vie entière.
Avec toutes ces émotions, j’oubliais que Papa m’attendais à onze heures sur le parking de l’hôpital. Je me précipitais dans les rues, courant comme un dératé et manquant de me faire renverser par une Opel et une Fiat Punto.
J’arrivais sur le parking de l’hôpital, en sueur et à bout de souffle. Mon père m’ouvrit la portière et vit immédiatement ma mine déconfite :
- Que se passe-t-il encore ?
- Ils l’ont mise dans l’aile des malades mentaux et menacent de l’envoyer à l’asile.
- C’est peut-être la meilleure chose à faire tempéra mon père.
Je ne cachais pas ma nervosité et mon énervement et pesta contre ce maudit docteur pendant tout le trajet. Arrivé à la maison, je pris ma valise et rangeais mes affaires avec soin.
Je vis alors Janet entrer dans ma chambre, en short en jean et t-shirt un peu trop grand pour elle. Une américaine quoi pensais-je :
- Alors comment va-elle ?
- Mal, très mal…
- Mal comment ?
- Elle est très malade répondis-je simplement. Je n’ai pas trop envie d’en parler maintenant.
- Ok, je n’insiste pas alors.
Elle sortit sans ajouter un mot.
ENFIN SEUL.
Je ne me réveillais que dans la soirée, vers 20h00. J’avais dormi presque toute la journée. Les dernières semaines étaient épuisantes. Dans une semaine, rentrée au lycée.
Encore une année puis université…
Je mangeais rapidement en compagnie de papa et Janet puis retournais dans ma chambre.
La dernière semaine fut longue. Pas une minute passa sans que je ne pense à Cher. J’osais imaginer que ce n’était un affreux malentendu, que tout allait bien. J’aurais aimé que tout ne soit qu’un rêve, que nous vivions comme avant ce maudit accident de train.
Mais hélas, la vie n’est pas un rêve…
Ca y est, c’est parti pour une nouvelle année. Me changer les idées me fera du bien au fond et je suis presque heureux de retourner au lycée. Seul ombre au tableau, que j’y retourne seul…
Et je vais devoir répondre aux questions de tout le monde, répéter cinquante fois la même histoire…
Mon père me dépose et je regarde les tableaux des classes. Pas mal de nouveau, des gars comme des filles.
Il y à deux nouvelles filles dans ma classe. L’une à un nom bien français mais l’autre aurait plutôt une consonance…
- Mais pourquoi ?
- Calmez vous me dit l’infirmière.
- Je veux la voire.
- Impossible, elle est en train de se faire opérer actuellement.
- On ne se fait pas opérer pour une folie !
- Non … mais je ne peux pas vous en dire plus. Par pitié, partez et revenez dans la soirée, je vous promets de vous en dire plus.
J’obéis non sans une certaine inquiétude et partit. J’appelais mon père. Je tombais sur Janet qui visiblement n’avait pas perdue de temps pour s’installer définitivement chez nous.
Je m’installais à la terrasse d’un Mc Do’ et mangeais en vitesse n’étant préoccupé que par l’état de Cher. Cela ne finira donc jamais, y aura toujours autant de problèmes à l’avenir ?
J’errais dans les rues sans réel but me perdant à travers les grandes enseignes, les immeubles et les petits commerces. La grande cathédrale sonna les 23 heures et je décidais de retourner à l’hôpital avant de rentrer me coucher. Après tout, j’avais juste une rue à traverser…
Je pénétrais à nouveau dans le hall ou un pesant silence régnait. La même infirmière attendait derrière son bureau, lisant une revue féminine :
- C’est encore moi et je veux toujours voir Cher, je vous en prie !
- On lui à mis une camisole de force et elle à été affecté à une aile spéciale.
- Quelle aile ?
- L’aile réservée aux malades mentaux…
- Cher n’est pas folle ! m’écriais-je fou de rage.
- Pour l’instant si mais nous espérons qu’elle ne le restera pas.
C’était Laura qui venait de parler, son service venait de prendre fin et elle était visiblement très fatiguée. De gros cernes trahissaient de nombreuses nuits blanches :
- C’est toi J-F ? Cher m’a beaucoup parlé de toi.
- Oui c’est moi. Je peux voir Cher ? dis-je d’une voix plus douce.
- Je ne pense pas mais si tu veux, je peux tout te raconter.
Elle sortit et nous marchions et nous installions dans un café encore ouvert tard le soir. Laura prit un café fort et s’installa sur la banquette. Je me mis en face d’elle :
- La nuit dernière, Cher à commencé à déliré. Elle à retiré sa perfusion, et s’est mise à hurler. Elle à couru dans le couloir en appelant sa mère. Nous sommes parvenus à la maitriser et tout semblait redevenu normal. Mais le soir, Cher avait subtilisé un couteau sur son plateau. Au moment ou je suis entrée, elle gravait sur son avant bras droit « Maman » avec le couteau. Alors que je me précipitais pour lui ôter le couteau, elle enfonça le couteau profondément dans son bassin. Nous l’avons opéré dans la nuit et heureusement que les organes vitaux n’ont pas été touché mais on doit se rendre à l’évidence, Cher à de sérieux problèmes…
- Mais pourquoi « Maman » ?
- Parce que sa mère est décédée dans la semaine.
- Non ?! dis-je à demi-voix.
- Si.
- Kelly.
- Cher à reprit connaissance et continue à délirer. Nous craignons de devoir la placer à l’asile mais nous ferons tout pour que cela ne lui arrive pas.
Alors je suis arrivé trop tard, tu l’as finalement faite ta bêtise et quelle bêtise…
Quand j’entre dans la chambre, je ressens une sensation de malaise. Kelly est morte et elle était allongée dans ce lit voilà quelques semaines à peine. La nuit fut longue, très longue, interminable même. Je me retournais et me rappelais de chacun de ses gestes, j’avais encore l’impression de sentir l’odeur de sa peau.
Le matin se levait sur Nantes, je me levais le cœur lourd. Je voulais voir Cher par n’importe quels moyens. Je m’habillais en vitesse, déjeuna dans un café et me rendit à l’hôpital.
Laura était dans le hall en train de parler à une vieille dame qui souffrait de rhumatismes. Je la laissais terminer avec la patiente puis me rua vers elle alors qu’elle se dirigeait vers le bloc opératoire :
- Je veux voir Cher. Je sais que ça n’est peut-être pas raisonnable mais je suis persuadée qu’elle retrouvera toute sa raison en me revoyant. Juste avant de délirer, elle m’a envoyé un message. Elle voulait me voir au plus vite.
- Je ne peux pas prendre une aussi lourde décision, je risque ma place tu sais. Mais je vais demander au médecin. Attends-moi ici, j’en ai pour quelques minutes.
Je patientais en restant un bon quart d’heure sur le trône des toilettes. Quand je revins Laura faisait la moue et montra du doigt sa montre. J’eus un petit sourire bêta dans ce genre et me confondit en excuse :
- Suis-moi. dit-elle.
Nous remontions dans les couloirs. Je passais devant la chambre ou se situait Cher pas plus tard que la semaine dernière. Nous arrivions devant une grande porte ou était inscrit en gros l’écriteau « Seul le personnel peut franchir cette porte ». Laura ouvrit la porte :
- Tu as eu l’accord du médecin au moins ?
- Dépêches toi et cesse de poser des questions. Répondit-elle
Il n’y avait pas beaucoup de chambre, peut-être une dizaine. Les murs étaient blancs et l’ambiance était sinistre. Nous arrivions devant la dernière chambre de l’aile :
- Elle à toujours sa camisole. Ne la lui enlève sous aucun prétexte. Je reste dehors si tu as besoin d’aide mais normalement, elle ne te fera pas de mal.
- Pourquoi me ferait-elle du mal ? dis-je
- Si elle est ici, ce n’est pas parce qu’elle s’est comportée normalement !
Je balayais ces recommandations d’un signe de main et entrouvrit la porte. Cher était allongée de tout son long. En même temps, elle pouvait difficilement changée de position. Elle tourna la tête et me regarda alors que je fermais la porte :
- Tu m’as manqué.
- Tu parles m’interloquais-je
- Oui.
- Pourquoi as-tu fait-ça dis-je en m’asseyant à côté d’elle.
- Après ce que j’ai vécu, je pense que n’importe qui perdrait un peu la tête. Mais maintenant que tu es revenu, ça va aller.
Elle me prit la main :
- J’ai envie de t’embrasser. Cette foutue camisole me gêne, tu ne peux pas me l’enlever.
Je repensais à ce que Laura m’avait dit juste avant. Cher semblait lire dans mes pensées :
- Tu ne penses tout de même pas que je vais te sauter au cou et t’égorger non ? Je ne suis pas folle, enfin plus maintenant. Dit-elle toujours avec beaucoup de calme. Je veux juste t’embrasser, retrouver un peu de bonheur qui me fuit depuis ce stupide accident.
- Moi aussi je suis triste depuis cet accident.
- Tu n’as rien eu…
- Mais quand tu es malheureuse, je le suis aussi…
Je lui retirai sa camisole et l’embrassa tendrement. Elle enroula ses bras autour de mon cou et se laissa aller à son bonheur.
Nous restâmes longtemps comme cela. Au bout d’un moment, elle desserra son étreinte et me regarda dans les yeux avec beaucoup d’émotion :
- Je t’en prie, ne me quittes pas. Tu es tout ce qui me reste. La seule chose qui me rattache à la vie. Sans toi, je ne suis rien.
- Je ne te laisserais pas partir.
Elle me serra dans ses bras, prit mes mains et les posa dans les siennes et profita de cet instant. Je savourais ces retrouvailles qui étaient je l’avoue un peu spéciale. Cher était maigre et son visage blafard mais je l’aimais pour ce qu’elle était. Je l’accepterais comme elle sera…
Encore emprisonnée dans son corset, une nouvelle cicatrice était désormais son avant bras et son bassin :
- Pourquoi cette folie ? lui dis-je.
- J’avoue n’en rien savoir balbutia-elle en baissant les yeux.
- Promets-moi de ne plus jamais refaire ça. Plus jamais…
- Plus jamais… répéta-elle
Elle posa sa tête sur mon épaule et ferma les yeux. Je jouais avec ses longs cheveux bruns et posait ma main sur son doux visage. Elle releva la tête, me regarda et sourit :
- Mais, que faites-vous !!! s’exclama une voix derrière nous.
Je me retournais et aperçut avec effroi le Dr Mater qui était furibard. Il me fixa dans les yeux, les siens étaient injectés de sang et semblaient haineux :
- Ca ne va pas la tête. On ne voit pas les fous. Comment êtes vous entrés ici ?
- Cher n’est pas folle dis-je calmement
- Non plus maintenant dit-elle en souriant.
- M-mais. Elle n’a plus sa camisole !
- Bien sur que non. Vous avez cru qu’elle allait tuer quelqu’un. Cher n’est plus folle. Remettez là dans une chambre normale !
- Ici c’est moi le médecin. Et vous jeune homme, vous ne savez pas ou vous mettez les pieds. Il est formellement interdit d’entrer dans cette partie de l’hôpital.
- Laissez le tranquille, c’est moi qui ai demandé à le voir.
- Mais vous ne savez même pas ce que vous dîtes ! s’esclaffa le médecin.
- Au contraire, je suis en pleine possession de mes moyens et avec toute ma tête dit Cher calmement.
- Tu as bientôt fini J-F, il va falloir repartir.
Cette voix, c’était Laura qui venait de faire irruption dans la pièce. En voyant le médecin, elle devint aussi pâle que Cher et était au bord du malaise. Elle regarda furtivement la pièce, comme cherchant une issue de secours :
- Quelqu’un peut-il enfin m’expliquer ce qui se passe ici ! s’exclama le médecin au bord de la crise de nerf.
- On se croirait dans Dr House dis-je pour détendre l’atmosphère.
Mauvaise idée, le docteur, Laura et Cher me fusillèrent du regard… Laura supplia au vieux médecin de se calmer lui promettant de tout lui expliquer. Après avoir prit deux cachets d’aspirines, il revint un peu plus calme. C’est alors que Laura lui conta tout ce qui s’était passé jusque là :
- Bien je suis près à passer l’éponge sur ce grave incident mais Cher devra malgré tout passer des tests de … disons de …
- Des tests pour voir si je suis plus débile c’est ça ? dit Cher.
- En gros oui…
Cher esquissa un sourire de satisfaction. Elle passa les tests dans l’après-midi même et ne présentait plus aucun signe de folie mais restait malgré tout sous haute surveillance. « Une rechute peut toujours arriver » avait déclaré le médecin. Elle reprit finalement place dans son ancienne chambre, plus heureuse que jamais :
- J’ose enfin espérer que désormais, tout ira pour le mieux pour moi…
- J’en suis persuadé mon amour
Je l’embrassais longuement mais je devais partir. Cela me fendait le cœur après cette longue journée passé ensemble :
- Je reviendrais demain dis-je
- Ja ne bougerais pas rigola-elle.
En sortant, je décidais de prendre un peu l’air ce qui me ferait le plus grand bien, je me dirigeais vers la plage et marchait le long du rivage. En remontant les escaliers qui menaient à la grande place ou se trouvaient de nombreux restaurants, je tombais nez à nez avec … Sonia.
L’incrédulité fit ensuite place à l’étonnement. Je restais là, à quelques centimètres d’elle et un gros blanc s’ensuivit, aucun des deux n’osant prendre la parole. Je fus le premier à balancer un tout simple :
- S-salut.
- Salut répondit Sonia aussi surprise que moi par cette rencontre un peu surpris.
- Tes vacances se sont bien passées ?
- Très bien et toi ? Je t’emmène prendre un café ?
- C’est pas de refus après tout ce qui m’est arrivé pendant ces deux mois.
Nous marchions le long de la jetée et nous installâmes à la terrasse d’un petit café. Après avoir passé commande, Sonia alla un moment au toilette et j’en profitais pour envoyer un message à mon père pour qu’il vienne me chercher demain matin.
Sonia revint rapidement, souriante. Elle portait un jean taille basse et un simple débardeur blanc :
- Tu es bien bronzée, ou es-tu allée en vacances ?
- Valence, j’ai de la famille là-bas.
- Valence en Espagne ou en France.
- En Espagne affirma-elle avec un sourire en coin.
Un petit moment se passa sans que personne ne dise quoi que ce soit se contentant de fixer l’horizon. Enfin, je fixais l’horizon, je voyais bien que Sonia me fixait moi :
- Cher va bien dit-elle finalement.
- Pas vraiment.
- Que c’est-il passé dit-elle l’air subitement grave.
- Si je te raconte tout, on en à pour toute la nuit…
- Pas grave j’ai tout mon temps m’interrompit-elle.
- N’y pense même pas. Bref, je vais te la faire court.
Je lui racontais rapidement l’accident de train, puis ce qui avait suivit en évitant les détails les plus sordides :
- J’irais la voir à l’hôpital dès que je peux affirma-elle.
- Je suis sur que ça lui fera plaisir.
Je payais l’addition alors que Sonia insista pour payer sa part. Nous nous levâmes et marchèrent sur la plage. La mer remontait et les vagues fouettèrent nos pieds. Au loin, le soleil commençait à décliner, il se faisait déjà tard. Sonia me regarda intensément dans les yeux :
- Ca fait combien de temps que l’on n’à pas été comme ça tout les deux… ?
Le plateau repas arriva pour Cher. Elle respirait de bonheur de retrouver son ancienne chambre, ses repères, la vue habituelle. Non, elle n’était pas folle, il ne manquait plus que ça après tout ce qu’elle avait subie.
En découpant les carottes à moitié carbonisées, elle fixa intensément le bout brillant du couteau quoique bien rond. Elle tremblait et lâcha le couteau. Elle était agitée et ne put empêcher sa main de retourner agripper fermement le couteau. Elle le porta vers son bras :
- Je ne peux pas, j’ai promis murmura-elle.
Elle répéta cette phrase comme pour se convaincre elle-même. Elle repoussa le couteau respira profondément mais lorsqu’elle croyait plus dur passer, son bras fut à nouveau animé par une force invincible vers le couteau. Cher agrippa sa couette de toute ses forces et se blottit dedans. Elle transpirait à grosse goutte et ne cessait pas de trembler. Des larmes de tristesses coulèrent le long de son front :
- Je suis donc folle murmura-elle.
Dehors, bien caché derrière la porte en verre, la docteur Mater venait d’assister à la scène. Il affichait une mine réjouie sur son visage. Il avait donc raison. Comme il le supposait, Cher était encore folle, son état s’était même aggravé. Il appela rapidement une équipe pour l’emmener :
- Dans une demi-heure, elle sera là où elle doit être dit-il à voix basse.
Cher pleura sans retenue. Trois hommes entrèrent dans sa chambre sur le qui-vive, près à se défendre.
Ils me voient comme un animal pensa-elle.
Elle resta prostrée et laissa libre court à sa tristesse alors qu’on l’emmena. Son ventre la brulait. La maladie était toujours présente et continuait de la ronger de l’intérieur, elle était malheureusement impuissante…
Sonia continuait de me regarder en espérant une quelconque réponse de ma part qui tardait à venir :
- Longtemps, presque un an dis-je songeur en regardant l’horizon.
Sonia acquiesça et resta silencieuse. Nous remontions sur le petit trottoir qui longeait la plage. Elle accélérait le pas et remonta les ruelles pour prendre son bus qui partait à 20h00. N’ayant rien de mieux à faire, je la raccompagnais jusqu’à l’arrêt. Arrivé là-bas, il restait encore vingt minutes à attendre. Nous nous assîmes sur les sièges un peu durs et attendîmes :
- Tu sais, ça m’as fait plaisir de te revoir dit-elle en me prenant la main.
- Moi aussi, ça va pas très fort en ce moment…
- Oui je m’en doute. Surtout si ça va pas, appelle moi, je serais toujours là pour toi.
- Sonia, tu sais bien que c’est fini depuis longtemps entre toi et moi… soupirais-je
- Hélas je ne le sais que trop bien.
Elle réajustait machinalement sa mèche et détournait son regard du mien. J’étais triste de la voir blessée et à la fois flatté que de savoir qu’une fille m’aimait toujours depuis deux ans. Mais mon cœur était pris. Et particulièrement en ce moment ou pas une heure, pas une minute ne se passa sans que je ne pense à Cher, mon unique préoccupation de ces derniers temps. Le bus arrivait au détour d’un virage serré et s’arrêta à notre hauteur :
- Tu rentres chez toi ? demandais-je
- Oui, et toi, ou iras-tu ?
- Je rentre chez moi demain.
- Viens passer la nuit chez moi dit-elle en m’entraînant dans le bus. :)
Cher traversait les couloirs dans son lit. Elle regarda sans protester sa chambre s’éloigner, les yeux remplient de larmes. Une fois de plus, elle pénétrait dans l’aile réservée aux personnes mentalement atteintes. Elle parut résignée et n’esquissa une moue. Elle prit un élastique qu’elle gardait toujours précieusement sur elle et attacha ses cheveux :
- Doit-on lui mettre une camisole demandait un infirmier auprès du docteur.
- Naturellement.
- Non pas ça s’il-vous-plait !! C’est un vrai supplice dit Cher les yeux rouges. Aidez-moi plutôt que de m’empêcher de guérir ! Je suis consciente que je vais mal. Je vous en prie.
L’infirmier adressa un signe de tête au médecin qui était songeur. Il partit dans son cabinet et examina attentivement le dossier médical de Cher. Il poussa un long soupir et haussa les épaules en ajustant ses lunettes. Il revint finalement auprès de Cher et de l’infirmier :
- Admettons, pas de camisole.
- Vous en êtes sur ?
Le médecin répondit finalement que la camisole n’était pas nécessaire pour le moment. Cher fut enfermée dans sa chambre ou le strict minimum demeurait. Un lit et une table de chevet ainsi que des toilettes. Une vraie prison…
Déjà deux mois qu’elle était ici.
Deux mois qu’elle vivait un enfer permanent.
Deux mois qu’elle ne passait pas un jour sans pleurer.
Deux mois qu’elle n’était pas sortie de l’enceinte de l’hôpital.
Deux mois ou la vie, n’était plus vraiment la vie…
J’étais déjà dans le bus alors que je n’avais pas eu le temps d’exprimer la moindre réprimande :
- Ecoute, ce n’est pas une bonne idée Sonia.
- Pourquoi, ça serait parfaitement innocent.
- Justement non…
- Allez quoi ! Tu ne vas pas passer la nuit tout seul dans ton hôtel miteux juste à côté de l’hôpital.
Je soupirais longuement alors que nous nous installions sur la dernière rangée ou deux jeunes étaient en train de s’embrasser. Ils devaient avoir dans nos âges :
- Tu ne me referas pas encore le coup du lit double demandais-je
- Promis rigola-elle. De toute façon, ma mère est là et il y à deux lits simples maintenant.
- Alors ça marche mais je te préviens, c’est juste pour la nuit.
- Bien sur, que vas-tu t’imaginer…
Nous bifurquions à la sortie de Nantes avec un autre bus. C’est alors que je réalisais que j’avais oublié mais valise dans l’hôtel. Je réfléchissais à un quelconque moyen de la récupérer :
- Ecoute Sonia, j’ai oublié ma valise à l’hôtel, je dois à tout pris aller la rechercher.
- Bah le bus à fini son trajet et reviens à destination. Fait le chemin inverse et reviens après.
- Ca fait chier !
Je reprenais finalement le même bus. Le chauffeur me regarda bizarrement en me voyant descendre exactement au même endroit que j’étais monté une heure auparavant :
- Euh excusez-moi jeune homme mais pourquoi redescendez-vous au même endroit que vous êtes montés ?
- A cause d’une femme.
- Tout s’explique…
Il rigola et me laissa partir sans payer. Je remontais les ruelles et arrivait à mon hôtel. Il était déjà 21h00. Je n’avais aucune envie de reprendre le bus. J’étais fatigué et voulais juste m’allonger dans mon lit. Je pris mon portable pour envoyer un message à Sonia. Mince, j’avais oublié que son numéro était supprimé de mes contacts depuis longtemps.
Je n’avais nullement envie de lui faire de la peine mais tant pis, je lui expliquerais tout plus tard. Je montais à ma chambre et m’allongea sur mon lit, exténué. Je n’avais même pas mangé et m’endormi tout habillé. Je me réveillais au beau milieu de la nuit, alarmé par des bruits étranges. Je ressentais une présence humaine et allumait la lumière. Quelqu’un de l’extérieur essayait de crocheter la serrure, pourtant bien fermée à clef. Je me levais en sursaut et me réfugia dans les toilettes, la peur m’ayant donné la chiasse…
Assise sur son lit, Sonia ne parvenait toujours pas à trouver le sommeil. Elle regardait toujours la même photo.
Pourquoi n’es-tu pas venu murmura-elle.
La tristesse fit ensuite place à la colère. Elle s’emporta et pesta contre elle-même de sa faiblesse.
- Un an que tu me fais souffrir cria-elle. Tout ça à cause de l’autre pu** anglaise. J’espère bien qu’elle ne survivra pas !
Elle se laissa tomber sur son oreiller, choquée par les atrocités qu’elle venait de prononcer. Mais elle n’était toujours pas prête à pardonner à celle qui avait volé son cœur.
Après avoir passé dix minutes d’angoisse sur le trône, je ressortais bien apeuré. Un pet foireux lâché dans mon caleçon acheva cette soirée décidément bien cauchemardesque. L’odeur n’était pas agréable, et je courus à ma valise prendre un caleçon de rechange. Je retournais dans les toilettes ou se trouvait aussi la douche et fit une rapide toilette. Quand je ressortis, j’étais propre et un peu plus rassuré.
Mais qui avait bien voulu tenter de forcer ma porte ?
Et surtout, y est-il parvenu ? Si c’était le cas, ou peut-il donc bien se trouver ?
Je farfouillais la pièce dans les moindres recoins mais aucune trace d’une présence humaine. C’est en regardant près de ma table de chevet que je remarquai que mon portable avait disparu. A cette minute là, je me suis dis que j’aurais peut-être mieux fait de mettre un code dessus…
Bon, je me remets à chercher, peut-être l’ai-je juste laissé trainer quelque part. Je fouille encore et encore mais je dois bien me rendre à l’évidence, on m’a volé mon portable. Mais dans quel but et qui ?
Je remarquais que la porte était restée entrouverte ce qui ne laissait supposer aucun doute sur la visite que j’avais eu pendant que j’étais concentré à évacuer toute la merde que j’avais au cul.
Habitué à être assez calme même dans les situations les plus tordues, je décidais de me recoucher et d’aller porter plainte au commissariat le lendemain. Le reste de la nuit fut calme et je me réveillais au petit matin confiant.
Ce fut avec stupeur qu’en ouvrant les yeux, je découvris au même endroit que je l’avais laissé la veille le portable. Sauf qu’il était allumé et que la page des contacts était restée ouverte. Cette découverte me plongea à nouveau dans le doute. Je faisais les cent pas dans ma chambre. Celui qui à fait ça me connaissait.
Sonia ? Non, quel intérêt y-aurait-il à ce qu’elle fasse ça…
Cher ? Non, elle est dans sa chambre, hélas dans l’incapacité de bouger.
Papa ? Hum… nan.
Alfonso ? Mais n’importe quoi ! Il est au Brésil.
Kelly ? Elle est 6 pieds sous terre désormais…
Sonia ? Hum… Sonia.
Je fis ma valise, papa m’attendait à 11h00 sur le parking de l’hôpital. Le temps d’aller voir une dernière fois Cher. Elle était surement folle de joie de retrouver sa chambre et soulagée de savoir que tout allait bien. Désormais, tout irait pour le mieux. Oui, tout ira bien.
Après un petit déjeuner prit à la terrasse d’un café, j’entrais dans le hall de l’hôpital :
- Bonjour madame, je viens voir Cher. Chambre 313, comme la voiture de Donald Duck.
Qui est donc cet abruti pensa surement l’infirmière en me dévisageant :
- Il n’y à personne en chambre 313 monsieur dit-elle en regardant l’écran de son ordinateur.
- Nettoyez vos lunettes et revérifiez. Lloyd.
- Non monsieur, pas de Lloyd. Ah si.
- Ah vous voyez.
- Oui mais vous ne pouvez pas la voir, elle est en chambre 13, dans l’aile réservé aux malades mentaux.
- Il y à erreur. Elle est retournée dans sa chambre hier !
- Exact mais elle à aussitôt fait le chemin en sens inverse. Je vais appeler le Dr. Mater il va tout vous expliquer.
Je patientais dans le hall, furieux et énervé. Le docteur arriva finalement, il semblait joyeux comme si un heureux évènement avait eu lieu auparavant :
- Bonjour, Cher à été remis à l’asile.
- C’en est trop ! Pourquoi ?
- Mais pour démence et folie bien entendu ! Hier encore elle à tenté de se mutiler les bras mais notre équipe est intervenu à temps.
- Mais, elle m’avait promis murmurais-je au bord des larmes.
- Ne soyez donc pas naïf jeune homme dit le médecin en me tapotant l’épaule. Elle était folle…
- Je ne peux plus lui faire confiance.
Je sortis abattu. Jusqu’à présent, j’avais le sentiment que tout était possible.
Je suis en train de te perdre, mon amour…
L’ombre, l’ignorance, la peur, l’abîme. Je marchais sans but dans les rues, me heurtant à un panneau de signalisation. Je n’en pouvais plus. J’avais passé les vacances les plus cauchemardesques mais aussi les plus riches en évènements que je ne vivrais en une vie entière.
Avec toutes ces émotions, j’oubliais que Papa m’attendais à onze heures sur le parking de l’hôpital. Je me précipitais dans les rues, courant comme un dératé et manquant de me faire renverser par une Opel et une Fiat Punto.
J’arrivais sur le parking de l’hôpital, en sueur et à bout de souffle. Mon père m’ouvrit la portière et vit immédiatement ma mine déconfite :
- Que se passe-t-il encore ?
- Ils l’ont mise dans l’aile des malades mentaux et menacent de l’envoyer à l’asile.
- C’est peut-être la meilleure chose à faire tempéra mon père.
Je ne cachais pas ma nervosité et mon énervement et pesta contre ce maudit docteur pendant tout le trajet. Arrivé à la maison, je pris ma valise et rangeais mes affaires avec soin.
Je vis alors Janet entrer dans ma chambre, en short en jean et t-shirt un peu trop grand pour elle. Une américaine quoi pensais-je :
- Alors comment va-elle ?
- Mal, très mal…
- Mal comment ?
- Elle est très malade répondis-je simplement. Je n’ai pas trop envie d’en parler maintenant.
- Ok, je n’insiste pas alors.
Elle sortit sans ajouter un mot.
ENFIN SEUL.
Je ne me réveillais que dans la soirée, vers 20h00. J’avais dormi presque toute la journée. Les dernières semaines étaient épuisantes. Dans une semaine, rentrée au lycée.
Encore une année puis université…
Je mangeais rapidement en compagnie de papa et Janet puis retournais dans ma chambre.
La dernière semaine fut longue. Pas une minute passa sans que je ne pense à Cher. J’osais imaginer que ce n’était un affreux malentendu, que tout allait bien. J’aurais aimé que tout ne soit qu’un rêve, que nous vivions comme avant ce maudit accident de train.
Mais hélas, la vie n’est pas un rêve…
Ca y est, c’est parti pour une nouvelle année. Me changer les idées me fera du bien au fond et je suis presque heureux de retourner au lycée. Seul ombre au tableau, que j’y retourne seul…
Et je vais devoir répondre aux questions de tout le monde, répéter cinquante fois la même histoire…
Mon père me dépose et je regarde les tableaux des classes. Pas mal de nouveau, des gars comme des filles.
Il y à deux nouvelles filles dans ma classe. L’une à un nom bien français mais l’autre aurait plutôt une consonance…
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