La jeune Kokiri allait à présent m'en apprendre plus sur la magie végétale. Je lus brièvement l'ancienne feuille puis elle me la prit soudain des mains et m'expliqua quelque chose d'important. La densité magique pouvait être canalisée par le corps, puis être relâchée pour déclencher une photosynthèse.

«- Mais, heu... Saria, nous ne sommes pas des plantes, tu sais ?...
- Oui, je le sais, affirma-t-elle en riant. Mais sachant que la végétation est l'élément avec lequel tu vas pouvoir te soigner, il va peut-être falloir que tu puisses en absorber les nutriments, ou encore les capacités. Observe et apprends, Misaki.
- Pas de soucis.

Je compris alors le ton sérieux et intuitif de sa seconde phrase. Son calme plat stagnait, et augmentait encore et encore. Jusqu'au moment ou elle ouvrit ses yeux : Ses yeux d'origine cyan s'étaient changés en un vert sombre. Ses mains se lièrent en un vacarme assourdissant. Je remarquais alors qu'un trou de quarante centimètres environ, avait pris place sous le corps du sage. Au creux de ses paumes apparaissait une minuscule sphère émeraude et luisante. Elle sépara ses mains, envoya la boule en l'air et me demanda d'approcher, ce que je fis sur le champ.

- Qu'est ce que veux ?
- Approche, viens...

Sa voix était restée la même, preuve que son pouvoir ne la maîtrisait pas, elle en était maîtresse.

- Bien.

Je commençai à courir vers mon interlocutrice, en observant les alentours. Erreur. Tout à coup, je reçus un violent coup dans l'abdomen et je fus projeté à quelques mètres de là, jusqu'à percuter un arbre. Elle me regarda avec son sourire, inchangé. Je compris immédiatement la situation dans laquelle elle voulait me mettre : en péril, en danger. La minuscule boule verte qu'elle venait d'envoyer dans les cieux était une formule, une technique de photosynthèse. Elle voulait me faire connaître les pouvoirs guérissant de celui-ci. Je m'élançai alors sur elle, comprenant tout le stratagème mis en place.

- Finalement, tu veux tester ta photosynthèse sur moi, c'est ça ?
- Exactement, alors viens !

Je dégainai rapidement et mis, ou plutôt essayai de mettre un rapide coup horizontal vers son estomac. Le poids de mon épée, je l'avais littéralement oublié ! Mon bras chuta, cloué au sol, si je peux ainsi dire. Je laissai mon épée sur l'humus frais, mais c'est alors que privé de toute arme, je me mis stupidement à recréer de nouvelles flammes au bout de mes doigts.

« La densité magique peut être canalisée par le corps, puis être relâchée... »

Je pensai que cela pouvais être une formule, une indication universelle pour tous les sorts, offensifs ou défensifs. Je tentai alors de suivre ce conseil. Ma paume devint dès lors bleuâtre, puis jaune doré, puis rougeoyante. Mon but allait enfin prendre fin quand je sentis un immense coup de « plante » m'atteindre le dos.

Je voltigeai, atterris in extremis sur mes pieds douloureusement, certes ainsi que dans une mauvaise position, puis je regardai ma main. La flamme rouge que j'avais réussi à matérialiser dans le creux de ma main avait totalement disparue. Un deuxième coup arriva devant moi, si je ne l'arrêtai pas, je serai grièvement blessé. Je parai tant bien que mal avec les plaques ferreuses disposées sur mes deux avant bras.

Le choc fut titanesque. Je n'arrivais pas ou difficilement à parer cette puissante attaque, alors je préférai l'esquiver et reprendre mes forces, brillamment retirées. Les protections métalliques étaient rayées… Mais cela m'importait, je ne devais pas faiblir. Je mis tout le pouvoir forestier – le maximum possible pour un débutant comme moi – dans ma paume droite, puis je courus finalement vers ma lame rayonnante.

Je la soulevais avec crainte, crainte qu'elle soit trop lourde pour être maniée aisément, même avec le pouvoir emmagasiné dans ma main. Ce ne fut pas le cas, maintenant elle semblait plutôt légère. Je fonçai vélocement sur le sage, plaçai un vif coup oblique, qu'elle ne put esquiver, elle chuta à terre.

- Tr... Très bien, voilà, mais il faudra que tu sache la manier de manière habile sans pouvoir, tu sais ?
- O... oui, je comprends, mais sommes-nous obligés de nous battre entre nous ? Je n'aime pas ça, tu vois ?!
- Bien, vu que nous sommes tout deux épuisés, voici le pouvoir végétal qui nous attend depuis le début du combat... Autre chose, tu es plutôt bon ! Je pense que je pourrai tirer quelque chose de toi, dans le futur.
- Merci pour ce compliment, ça fait énormément plaisir...
- Allez, ne te plains pas : je vais te soigner, me répondit-elle, souriante.

La bulle verte, emplie d'énergie positive, descendit à notre hauteur, se distordit puis éclata. Je me protégeai le visage avec un de mes membres, par précaution. Elle pris mon bras, le descendit, puis me fis signe. Je regardai mes bras, mon corps, et je fus agréablement surpris par le résultat.

- Alors, c'est ça, la photosynthèse, hein ? Ce... c'est génial ! Je n'ai plus aucune trace de notre combat !
- Oui, le but de la photosynthèse est de guérir toute blessure, physique ou psychologique d'une manière instantané, mais peu discrète, me dit-elle, sérieuse. Bon maintenant, essaie de me matérialiser une minuscule boule de feu, dans ta paume.
- Bon, maintenant que tu ne me dérange plus, je peux y arriver, dis-je en ironisant.
- Bien. »

La flamme, censée être minuscule, devint de plus en plus grande, jusqu'à atteindre son paroxysme. Saria me stoppa net. Elle me dit qu'il fallait que mon élément magique garde une taille adaptée. Je l'écoutai et fis ce qu'elle me dicta. Ma flamme grandissait, et grandissait encore, Saria fut rapide.

« Stop ! »

Je la compressais, jusqu'à atteindre la bonne envergure. Je la canalisais dans ma main puis la rejetai sans plus attendre vers le sol. Une mini explosion bruyante fit son apparition. Saria m'expliqua qu'il n'y avait aucun danger à la maintenir longtemps. Je retentai, mais cette fois avec un élément différent. J'avais remarqué, la première fois, que l'intérieur de ma main était devenu jaune, cyan et rouge, j'expliquai alors l'étrange phénomène à ma comparse :

«- Ah, la première fois que j'ai réellement canalisé de l'énergie (une flamme, précisément), eh bah ma main est devenu de plusieurs couleurs avant de virer au rouge, pourquoi ?
- Hé bien, ça c'est ce que l'on appelle le « choix magique ». Tous les êtres vivant à Hyrule peuvent exploiter la magie, et ce de différentes façons : foudre, eau, feu. Ce sont ici les trois sorts offensifs présents à Hyrule. Il en existe quand même d'autre, comme les ténèbres, qui ne sont utilisées uniquement par les plus machiavéliques, les plus sombres.
- Donc nous sommes capables d'utiliser que les sorts positifs, c'est ça ?
- Exactement ! Maintenant, essaie de former une magie de type foudre.
- O.K., répondis-je avec conviction.

Je choisissais ma couleur, jaune ! La foudre prit place en boule d'énergie, très dévastatrice. L'élément stagnait dans ma main, je recherchais du regard un endroit où je pourrais l'envoyer. Je la lançai plus loin, encore au sol. Elle s'écrasa dans la terre ferme, stagna puis aspira les herbes et autres faibles végétaux se trouvant près de celle-ci avant d'éclater bruyamment. Alors voilà ce qu'il se passait lorsque la concentration magique était parfaite. J'avais simplement eu la chance du débutant...

- Whaa !
- Bravo ! Maintenant que tu as appris les bases fondamentales de la magie, nous allons pouvoir nous reposer ici même. Néanmoins, fait attention à toi, ces lieux ne sont pas sûrs.
- D'accord, dis-je en avalant ma salive. »

Notre longue et épuisante journée touchait à sa fin, tout comme le crépuscule luisant. Le lendemain allait obtenir le mérite d'être un jour de voyage, sûrement peu serein...