Le voyage à travers les plaines fut exaspérant, d'un ennui fatal, et surtout incroyablement long. Le silence pesait d'autant plus l'ambiance, et cette fine pluie m'agaçait d'avantage. Les gouttelettes ruisselaient sur nos membres, jusqu'à atteindre nos doigts, puis s'écraser au sol... Nous traversâmes le petit pont, reliant les plaines d'Hyrule au passage menant à Cocorico. Link, quant à lui, prononça un faible mot.

«- Inutile...
- Pardon ? le questionnai-je.
- Je suis... parfaitement inutile...
- ...

Il retomba dans son sommeil profond, tant profond que dangereux. Son somme durait... Une fois dans le village, nous nous reposâmes, et prîmes des forces, grâce au peu de nourriture que fournissait le village, quoi que suffisant. La marche était vraisemblablement ardue, notamment à cause des nombreux rochers qui avaient dévalés les falaises depuis la dernière fois... Quelques Araknons nous avaient barrées la route, mais elles furent rapidement éliminées, grâce à l'intervention de Saria qui me fit un sourire, que je pus interpréter comme un « Mais de rien. »

La bruine rendait la pratique du chemin rocailleux de plus en plus difficile. Ce n'était plus qu'une question de temps, avant d'atteindre le village chaleureux des Gorons. Nous arrivâmes devant un long poteau de bois, sur lequel un morceau de tissu était attaché en son mât. Je savais que nous nous trouvions non loin du village. Nous avançâmes à notre rythme, puis nous nous posâmes devant le village, sur la plateforme surélevée de la dernière fois... Les dernières lueurs du soleil laissaient transparaître un ciel bleu, d'un bleu sombre : la nuit.

Le profond monde des songes m'emportait tel un vent doux et chaleureux. Néanmoins, le réveil fut autrement terrible. Ma vue était encore trouble au réveil, mais j'apercevais une silhouette, puis un corps massif, et enfin Darunia.

«- Voilà une limace qui roupille devant mon camp, ah, ah, ah !
- Très drôle... cela n'empêche pas que l'on vous a ramené quelqu'un, une personne chère pour vous, votre frère de sang...
- Mais... ce... non...

L'impressionnant chef ne trouvait plus ses mots pour décrire sa surprise, son étonnement... Il regarda son visage, observa son œil et fit une conclusion plus rapide que la notre, précédemment faite...

- Il a... été possédé, n'est-ce pas ? Et cet enfoiré de Ganondorf est encore en vie...
- Exactement, fit Saria.
- Oui..., répondis-je.

Il nous expliqua que le sorcier ayant ressuscité le seigneur du mal ne provenait pas simplement de ce monde, les trois pierres ancestrales faisaient parti de son invocation. Une fois celles-ci réunies, les trois pouvoirs élémentaires fusionnent pour rompre le maléfice qui l'emprisonnait lourdement.

- Alors c'est de là que provient cette enflure !
- Oui, mais avant ça, Link doit se rétablir, il vous sera certainement d'une aide précieuse contre le sorcier, mais notez que seul un objet peut renvoyer sa sombre magie.
- Ouais, ouais, je sais, c'est le bouclier miroir, fis-je exaspéré de devoir aller le chercher.
- Exactement, fit le chef, étonné.

Il m'expliqua alors que ce bouclier était détenu par un trio de sorcière, apparemment très âgées. Il nous dit aussi qu'elle ne le laisserait pas à la portée du premier venu...

- Dans ce cas là, on va devoir se battre ?
- Oui, et ainsi traverser le désert Gerudo !
- Oh misère...

Link se retourna et nous parla de ces constatations.

- Vous savez, le désert n'est pas si terrible, je l'ai traversé tant de fois...
- Super, répondis-je, tu viens avec nous, alors ?
- Je regrette, je ne peux pas, pas avec ce que j'ai fais...

Le Goron lui donna une tunique, similaire à la mienne, mis à part que Link l'arborait bien mieux que moi. Cela voulait dire qu'il partirait avec nous ! Darunia le leva, le dépoussiéra, et lui remettait alors ses armes : une épée simple, suivit d'un bouclier en bois...

- Hum, j'aurais sans doute préféré brandir Excalibur, mais...

Je lui tendis avec conviction la précieuse lame, qu'il repoussa rapidement, puis finit sa phrase :

- ... mais elle ne me servira plus comme autrefois, je ne suis plus le détenteur du courage... Et puis, j'ai un petit faible pour les lames lambda.
- Oh... c'est vrai..., lui dis-je.

Nous nous assîmes près du Goron et prîmes des forces en buvant et mangeant. Link tomba à terre après son repas conséquent. J'en déduis un excès de fatigue. Je fis de même et observai Saria qui s'endormit une larme au coin de l'œil ; sûrement bouleversée par le choc que lui fit Link, par tout ce qu'elle venait de vivre... Le ciel s'éclaircissait peu à peu, le soleil allait bientôt prendre place dans la hauteur des cieux. Il restait environ trois bonnes heures, qui seraient bénéfiques à notre sommeil. Je décidai d'en faire autant que mes compagnons, puis me laissai submerger par la lourdeur des songes...

Mon sommeil était léger, puis j'entendis des pas provenir de loin, des pas de plus en plus proches... J'étais trop somnolent pour lever et vérifier la raison de cela... La silhouette s'arrêta devant moi, d'après le son.

- Alors, on dort à la belle étoile... ?

Ma surprise était à son plein régime...