Les Fantômes Peuvent Mourir
Par : BaliBalo
Genre : Polar , Réaliste
Status : C'est compliqué
Note :
Chapitre 14
Gin et folie
Publié le 01/04/13 à 11:30:39 par BaliBalo
La porte grinça et le bois gémit sous son poids : il s’était jeté dessus de toutes ses forces, avec la volonté inébranlable de détruire cet obstacle entre lui et cet être immonde : il avait un devoir à accomplir. L’homme lâcha un râle, agacé par la situation. Cela faisait déjà plusieurs minutes qu’il essayait de forcer la lourde porte vernie et sa réserve d’alcool commençait à s’épuiser, il le sentait bien, le poids de la bouteille avait changé : il lui était désormais plus aisé de mener le goulot à ses lèvres, il lui semblait que son bras était moins lourd. D’un autre côté, les chocs répétés contre la porte alliés à l’alcool rendait son membre de plus en plus insensible.
La bouteille. Sans s’en apercevoir, il contemplait la grosse bouteille de verre, à la fois admiratif et soumis au réconfort que son contenu lui procurait. Il profita de cette courte pause pour boire une gorgée de Gin, sec. C’était affreusement infect mais il en avait besoin. A l’origine, il avait acheté cette bouteille pour oublier et éteindre la flamme de colère qui l’envahissait, enflant progressivement au cours de la journée dans son ventre. Il n’avait pas réfléchi au fait que l’alcool attisait le feu, si bien que cette petite flammèche avait grandi et était devenue une obsession insupportable : la satisfaire était, selon lui, le seul moyen de l’endiguer. Sans quoi, il restait persuadé qu’il brûlerait de l’intérieur, détruit par ce sentiment innommable, plus fort que la haine et plus ardent que la colère.
Cette femme. C’était elle qui était à l’origine de tous ses maux, elle qui engendrait le brasier de ce sentiment trop puissant pour lui, c’était elle qui devait disparaître, si elle mourrait, la haine, la colère, le ressentiment, ces émotions intenables qui causait sa souffrance ne seraient plus, toutes aspirées dans le néant causé par la mort de leur génitrice. Voilà pourquoi il devait la supprimer. Pour lui, pour sa famille aussi, mais surtout pour se préserver d’une folie qui le rongeait lentement mais sûrement, une folie guidée par la rage, une folie destructrice à laquelle il obéissait en cet instant car il devait sauver sa propre âme : il ne pourrait jamais supporter de voir cette femme ressurgir un jour, rallumant les incendies de son cœur. Voilà pourquoi il se trouvait là, sur ce palier avec son alcool : il voulait en finir avec cette histoire. Au début, il avait essayé de l’attirer au dehors, avec pour simple plan de lui fracasser la bouteille de gin sur la tête, mais elle avait refusé malgré son insistance. Alors il avait changé de tactique, la déflagration se faisant trop douloureuse en lui, et à présent il essayait de défoncer la porte.
Derechef, il se jeta de tout son poids sur la porte mais, encore une fois, elle résista sans ciller. Cette incroyable dureté provenait de la véritable matière du battant : en effet, si cette grosse porte était élégante dans son bois verni, elle renfermait un cœur de métal bien plus solide, voire inviolable. Néanmoins, l’homme s’obstinait, déterminé à cracher le feu qui le dévorait au visage de sa mère avant de l’assassiner purement et simplement. Il s’accorda encore une rasade de gin qu’il but à la bouteille, à présent presque vide, avant de s’élancer contre la porte, sa rage grandissant à mesure que la coque de bois réfrénait ses assauts. Sans faillir, gémissant à peine, le bois moqueur dessinait peu à peu un hématome sur l’épaule du jeune homme. De sorte que plus la porte semblait le narguer, plus il s’enhardissait, ne s’offrant plus qu’une goutte de gin comme rare pause. Cependant, ni la porte, ni sa mère ne réagirent, imperméables à ses attaques. Le découragement ne l’atteignit que lorsqu’il réalisa que la bouteille ne contenait plus que qu’un fond peu épais d’alcool, marquant ainsi la fin. Il ne pourrait continuer sans carburant : il lui en fallait encore. Il irait en rechercher après. Après cet assaut, si celui-ci n’était pas le dernier.
L’homme fit glisser les dernières gouttes de gin sur sa langue, savourant leur gout écœurant et piquant. Une dernière fois, il se dressa sur ses jambes tremblantes, toisant le bois verni qui protégeait le cœur de métal froid, et, avec tout l’élan possible, il se jeta contre la porte, en un choc sourd et violent. Avec lui toute sa rage, tous ses espoirs, sa colère envers cette femme qui l’avait ridiculisé, sa fierté, son éminence, tout ce fatras vint s’éclater contre le bois et glissa silencieusement sur la coque vernie, sans même y laisser la moindre trace, à part, peut-être, une trace d’haleine alcoolisée qui disparut en quelques instants, anéantissant toute preuve du passage de l’homme.
Alors, vaincu, celui-ci se releva en s’appuyant contre le mur fraîchement peint et descendit les escaliers en trainant des pieds, la bouteille toujours à la main. Son épaule gauche le lançait, tandis que le brasier rugissait dans son estomac, faisant bouillir l’alcool qui remontait le long de son œsophage en un magma brûlant. Il s’efforça de retenir cette lave qui menaçait de l’incinérer de l’intérieur et, à peine eut-il traversé le hall et ouvert la porte donnant sur la rue, il l’expulsa.
La bouteille. Sans s’en apercevoir, il contemplait la grosse bouteille de verre, à la fois admiratif et soumis au réconfort que son contenu lui procurait. Il profita de cette courte pause pour boire une gorgée de Gin, sec. C’était affreusement infect mais il en avait besoin. A l’origine, il avait acheté cette bouteille pour oublier et éteindre la flamme de colère qui l’envahissait, enflant progressivement au cours de la journée dans son ventre. Il n’avait pas réfléchi au fait que l’alcool attisait le feu, si bien que cette petite flammèche avait grandi et était devenue une obsession insupportable : la satisfaire était, selon lui, le seul moyen de l’endiguer. Sans quoi, il restait persuadé qu’il brûlerait de l’intérieur, détruit par ce sentiment innommable, plus fort que la haine et plus ardent que la colère.
Cette femme. C’était elle qui était à l’origine de tous ses maux, elle qui engendrait le brasier de ce sentiment trop puissant pour lui, c’était elle qui devait disparaître, si elle mourrait, la haine, la colère, le ressentiment, ces émotions intenables qui causait sa souffrance ne seraient plus, toutes aspirées dans le néant causé par la mort de leur génitrice. Voilà pourquoi il devait la supprimer. Pour lui, pour sa famille aussi, mais surtout pour se préserver d’une folie qui le rongeait lentement mais sûrement, une folie guidée par la rage, une folie destructrice à laquelle il obéissait en cet instant car il devait sauver sa propre âme : il ne pourrait jamais supporter de voir cette femme ressurgir un jour, rallumant les incendies de son cœur. Voilà pourquoi il se trouvait là, sur ce palier avec son alcool : il voulait en finir avec cette histoire. Au début, il avait essayé de l’attirer au dehors, avec pour simple plan de lui fracasser la bouteille de gin sur la tête, mais elle avait refusé malgré son insistance. Alors il avait changé de tactique, la déflagration se faisant trop douloureuse en lui, et à présent il essayait de défoncer la porte.
Derechef, il se jeta de tout son poids sur la porte mais, encore une fois, elle résista sans ciller. Cette incroyable dureté provenait de la véritable matière du battant : en effet, si cette grosse porte était élégante dans son bois verni, elle renfermait un cœur de métal bien plus solide, voire inviolable. Néanmoins, l’homme s’obstinait, déterminé à cracher le feu qui le dévorait au visage de sa mère avant de l’assassiner purement et simplement. Il s’accorda encore une rasade de gin qu’il but à la bouteille, à présent presque vide, avant de s’élancer contre la porte, sa rage grandissant à mesure que la coque de bois réfrénait ses assauts. Sans faillir, gémissant à peine, le bois moqueur dessinait peu à peu un hématome sur l’épaule du jeune homme. De sorte que plus la porte semblait le narguer, plus il s’enhardissait, ne s’offrant plus qu’une goutte de gin comme rare pause. Cependant, ni la porte, ni sa mère ne réagirent, imperméables à ses attaques. Le découragement ne l’atteignit que lorsqu’il réalisa que la bouteille ne contenait plus que qu’un fond peu épais d’alcool, marquant ainsi la fin. Il ne pourrait continuer sans carburant : il lui en fallait encore. Il irait en rechercher après. Après cet assaut, si celui-ci n’était pas le dernier.
L’homme fit glisser les dernières gouttes de gin sur sa langue, savourant leur gout écœurant et piquant. Une dernière fois, il se dressa sur ses jambes tremblantes, toisant le bois verni qui protégeait le cœur de métal froid, et, avec tout l’élan possible, il se jeta contre la porte, en un choc sourd et violent. Avec lui toute sa rage, tous ses espoirs, sa colère envers cette femme qui l’avait ridiculisé, sa fierté, son éminence, tout ce fatras vint s’éclater contre le bois et glissa silencieusement sur la coque vernie, sans même y laisser la moindre trace, à part, peut-être, une trace d’haleine alcoolisée qui disparut en quelques instants, anéantissant toute preuve du passage de l’homme.
Alors, vaincu, celui-ci se releva en s’appuyant contre le mur fraîchement peint et descendit les escaliers en trainant des pieds, la bouteille toujours à la main. Son épaule gauche le lançait, tandis que le brasier rugissait dans son estomac, faisant bouillir l’alcool qui remontait le long de son œsophage en un magma brûlant. Il s’efforça de retenir cette lave qui menaçait de l’incinérer de l’intérieur et, à peine eut-il traversé le hall et ouvert la porte donnant sur la rue, il l’expulsa.
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