Les partenaires de l'Archange
Par : Sebantey
Genre : Fantastique , Action
Status : C'est compliqué
Note :
Chapitre 13
Itami et Ikari
Publié le 07/04/13 à 22:43:36 par Sebantey
L'influence de l'Archange sur la police était telle qu'il était possible de modifier directement certaines données de leurs dossiers. Dans le cas présent, il était même possible de déclarer que l'affaire était classée et d'annuler les recherches sur Heather Gillan ; malheureusement, Sebantey ne disposait pas de l'autorité nécessaire pour une telle action. Mais cela lui importait peu, le principal étant qu'il avait maintenant la preuve de l'innocence de la jeune fille. Tant qu'ils restaient discrets, ils n'auraient pas de problème. Sebantey avait encore du temps avant de devoir retrouver sa partenaire devant l'hôtel. Qu'avait-elle bien pu faire pendant ces quelques heures ? Il espérait qu'elle avait au moins profité de l'argent qu'il lui avait donné avant qu'ils se séparent.
Un vent froid traversa soudain le cimetière de part en part. Personne à l'horizon. Il était seul avec cet océan de pierres tombales.
« Ci-gît le dénommé Riketz, courageux chasseur de démons qui a protégé la ville pendant la terrible attaque du 13 décembre. Mari et père, son épouse et ses deux fils reposent à présent à ses côtés. »
Voilà ce que prétendait la stèle qui lui faisait face. Il avait raté son propre enterrement. Cette pensée le fit sourire tristement. Ils ne l'avaient pas eu. Et il se promit qu'ils ne l'auraient jamais. Le jour commençait à décliner ; il était temps de partir. Il eut un dernier pincement au cœur tandis que ses yeux se posaient sur la date gravée dans la pierre. Joyeux anniversaire…
Il repensa à sa longue conversation avec Catherine Woodrow. Comment pouvait-on aider quelqu'un dans une telle situation ? Comment rendre définitivement le sourire à un enfant qui avait été si profondément déçu ? En l'apprivoisant, jour après jour. En gagnant lentement sa confiance et en lui prouvant qu'il en était digne. Voilà ce qu'il pensait. Il ne savait pas s'il en était capable, s'il pouvait rester longtemps auprès de cette fille sans la décevoir, ni même s'il réussirait à se faire accepter. Mais, ici et maintenant, il se jura de faire de son mieux pour prendre soin de cette jeune fille qui paraissait si fragile. Il décida de devenir son nouveau gardien.
Qu'allait-il faire, à présent ? Il voulut prendre son téléphone pour regarder l'heure. En palpant sa poche vide, il se souvint que c'était Alessa qui l'avait. C'est alors qu'il eut une idée. Quelque chose qui l'aiderait à coup sûr à décrocher un sourire auprès de la jeune fille. Arpentant les rues d'un pas tranquille, il se dirigea vers sa nouvelle destination.
Deux heures plus tard, il arrivait devant l'hôtel, un grand sachet à la main. Il n'eut aucun mal à repérer Alessa : elle attendait tranquillement devant le bâtiment, adossée au mur, regardant distraitement les gens qui passaient devant elle.
- Alors, lui dit-il en la rejoignant, raconte ! Qu'est-ce que tu as fait pendant ce temps ?
- Pas grand-chose. Ca fait un moment que je t'attends. Je commençai à me demander si tu allais venir.
- Je suis venu exactement à l'heure convenue. Et puis, je te rappelle que tu as mon téléphone.
- Ah oui, se souvint-elle. Tiens.
Elle lui tendit l'appareil, intact. Sebantey le rangea dans sa poche intérieure.
- Je voulais juste être sûre que tu reviendrais, dit-elle en toute franchise.
- Méthode intéressante mais inutile, vu que je ne comptais pas partir. Tu as dépensé l'argent que je t'ai donné ?
- Pas même une pièce.
- Je m'en doutais. Du coup, j'ai pris à manger pour deux.
Il remua un peu son sachet comme pour confirmer ce qu'il venait de dire. Ils se rendirent ensuite dans le hall de l'hôtel pour prendre une chambre. De là, ils empruntèrent l'ascenseur jusqu'au huitième étage. Un hôtel pareil n'avait rien à voir avec les auberges qu'on trouvait en rase campagne. La chambre était plus grande, décorée plus sobrement, et surtout, la baie vitrée offrait une magnifique vue sur la ville. Sebantey admirait les lueurs qui se dessinaient en même temps que le ciel s'obscurcissait.
- Tu ne manges pas ?
La voix d'Alessa le tira de ses rêveries. Elle s'étonnait qu'il n'ait pas encore commencé son repas alors qu'elle-même en était déjà à la moitié.
- Pas faim.
- Alors pourquoi tu t'es pris à manger ?
- Si je n'avais pris qu'une seule part, tu aurais surement refusé d'y toucher. Je me trompe ?
- Possible, en effet, répondit-elle en souriant légèrement.
Il sourit à son tour. Puis, il se rappela soudain ce qu'il était allé chercher deux heures plus tôt.
- Au fait, j'ai quelque chose pour toi.
Il se leva et alla fouiller sa veste tandis qu'Alessa l'observait d'un air surpris.
- Et voilà ! dit-il en jetant un petit objet sur le lit.
La jeune fille n'en crut pas ses yeux. Il s'agissait d'un téléphone portable flambant neuf.
- J'espère que ça te plaît, j'ai mis un temps fou à le choisir !
En toute honnêteté, elle le trouvait magnifique. Il s'agissait d'un modèle rétractable, essentiellement noir mais avec des traces de rouge. Sebantey lui annonça qu'il avait fait tous les réglages nécessaires et qu'il avait déjà entré son numéro dedans. Il lui montra ensuite les commandes de base, car il se doutait qu'elle n'avait jamais touché à un téléphone portable auparavant.
- Avec ça, on restera en contact même quand on sera séparé. C'est vraiment un outil indispensable.
- C'est...c'est vraiment sympa de ta part. Merci.
Un sourire ravi se dessina sur son visage, embellissant ses traits. Le garçon souriait également, satisfait de l'effet de son cadeau. La jeune fille contemplait le portable avec une sorte d'adorable fascination, comme s'il s'agissait d'un objet d'une très grande valeur. C'était une drôle de sensation que d'avoir quelque chose à soi.
- Et maintenant, si tu veux bien, on va allez chercher tes armes, annonça Sebantey.
- Déjà ? s'étonna-t-elle.
- La nuit est tombée, ça veut dire que c'est l'heure.
Ils débarrassèrent les restes de leur repas et se préparèrent à sortir. Alessa rangea délicatement son tout nouveau téléphone dans l'une de ses poches ; puis, ils prirent l'ascenseur et sortirent de l'hôtel. Il s'était mis à pleuvoir, et de fines gouttelettes d'eau leur tombaient sur la tête. Ils trouveraient ce qu'ils cherchaient dans une armurerie apparemment ordinaire, mais qui cachait des objets infiniment plus puissants que les armes standards.
- Il ressemble à quoi le marchand ? questionna Alessa tandis qu'ils marchaient dans la rue.
- C'est un vieux type bizarre qui s'appelle Marty, même si ce n'est sans doute pas son vrai nom. De nombreux chasseurs à travers le monde vont s'équiper chez lui.
- Tes armes viennent de chez lui aussi ?
- J'ai fabriqué mon pistolet moi-même. Quant à l'épée, c'est mon père qui me l'a donnée, mais il y a de grandes chances pour qu'il l'ait prise chez lui.
- Je vois…
Ils étaient déjà trempés lorsque Sebantey pointa une grande boutique du doigt en disant : « C'est là ». Un peu nerveuse, Alessa le suivit et entra derrière lui.
Des vitrines pleines d'armes en tout genre étaient posées autour d'eux dans des cadres en bois qui commençaient à vieillir. Alessa voyait des armes à feu, des armes blanches, et même des explosifs...Il y avait du choix, mais pour l'instant, elle ne voyait rien d'extraordinaire. Un vieil homme leur tournait le dos derrière un comptoir usé. Lorsqu'il se retourna pour voir ses clients, ses yeux s'agrandirent de stupeur. Alessa remarqua qu'il fixait Sebantey, la bouche légèrement ouverte.
- Ah oui, dit le garçon en remarquant la stupeur du vieil homme. J'aurais du y penser avant. Désolé Marty.
- Eh bien c'est... c'est une sacrée surprise ! s'exclama-t-il.
Alessa leur jeta à tous les deux un regard d'incompréhension.
- Si j'avais su que je reverrai l'un des fils de Riketz en vie...poursuivit le marchand. Mais puisque vous êtes là, serait-il possible que… ?
Sebantey sembla comprendre ce qu'il voulait dire, car il hocha la tête en signe de négation. Le vieil homme prit un air désolé. La jeune fille ne comprenait toujours rien à ce qu'il se passait. Après avoir surpris son regard, le garçon lui glissa furtivement qu'il lui fournirait des explications plus tard.
- En tout cas, vous me voyez ravi de vous revoir, ajouta Marty en souriant. Alors, qu'est-ce que je peux faire pour vous ?
D'un regard, Sebantey encouragea Alessa à prendre la parole.
- Je...Il me faut une arme. Une arme suffisamment puissante pour tuer des démons.
- Ah...fit l'homme d'un air intéressé. Bien sûr. Je pense avoir ce qu'il vous faut dans l'arrière-boutique. Malheureusement, vous n'êtes pas autorisés à y aller.
- Mais alors comment je fais pour choisir ? s'inquiéta-t-elle.
- Ne vous en faites pas, je ne suis pas qu'un vieil homme qui encaisse les chèques derrière un comptoir, répondit-il en riant. La spécialité d'un marchand d'armes de cette nature, c'est avant tout de savoir repérer quelle arme va avec quelle personne...C'est tout un art, croyez-moi. Je vais juste vous poser quelques questions, puis j'irais chercher ce qu'il vous faut ; et je vous garantie que vous en serez satisfaite.
Alessa avait du mal à croire que ce vieux type était capable d'une chose pareille, mais ça ne coûtait rien d'essayer, après tout. Sebantey, de son côté, ne prêtait pas grande attention à la scène. Il était simplement en train de se dire qu'à son âge, la plupart des garçons emmenaient les filles au restaurant ou au cinéma, et non pas dans une armurerie. Question de priorité, sans doute. Le marchand commença par lui demander son nom. Ensuite, il voulut savoir ce qu'elle comptait faire exactement avec son arme, et il eut l'air pleinement satisfait quand elle lui répondit qu'elle voulait exterminer le plus de démons possible. Il lui demanda ensuite si elle avait un genre d'arme de prédilection ; suite à quoi, elle lui montra sa machette préférée. Il n'en fallut pas plus pour que Marty prenne une petite clef dans sa poche et se rendre dans l'arrière-boutique, en les priant d'attendre ici.
- Alors, t'en pense quoi ? demanda Sebantey après son départ.
- Il a l'air sympa. Mais tu crois qu'il va me trouver quelque chose de bien ?
- Je te l'ai dit, il a une grande réputation dans plusieurs pays, et certains viennent de loin pour ses services. Il y arrivera.
Anxieuse, elle fixait la porte par laquelle l'homme s'était éclipsé, attendant de le voir revenir et se demandant ce qu'il pourrait bien ramener. Enfin, quelques minutes plus tard, la porte se rouvrit. Une grosse caisse en bois entra, posée sur un diable et suivie par le vieux marchand.
- Et...voilà…, dit-il, un peu essoufflé. Ce n'est plus de mon âge, tout ça. Comme vous le voyez, la caisse est fermée, parce que j'estime que personne à part le propriétaire n'a le droit de poser la main sur une arme. Mais n'ayez craintes, je suis convaincu que c'est exactement ce qu'il vous faut. Tenez.
Il lui tendit un pied de biche pour qu'elle puisse ouvrir la caisse. Avec un frisson d'excitation, elle saisit l'outil et fit violemment craquer le panneau de bois, qui ne tarda pas à céder et à tomber sur le sol de la boutique. A l'intérieur se trouvaient deux magnifiques lames qui étincelaient dans la pénombre. L'une était tranchante comme un rasoir tandis que l'autre était dentée, idéale pour déchirer la chair.
- Ces deux merveilles, expliqua le marchand, sont des machettes dites « soeurs ». Ces lames ont été plongées conjointement dans une pinte de sang de démon pendant plusieurs lunes ; ainsi, elles réagissent parfaitement bien à l'essence sombre. Elles sont donc capables de percer et de déchirer n'importe quel tissu vivant comportant de l'essence sombre dans ses cellules. Ces deux lames auraient appartenues à Noroi, déesse démoniaque de la colère et de la souffrance. La première, Itami, peut paralyser un ennemi de douleur grâce à ses terribles dents ; et la deuxième, Ikari, est capable de trancher n'importe quel membre avec une facilité insoupçonnable. Ces deux armes forment ainsi un couple parfait qui, utilisé intelligemment, peut être magnifiquement destructeur pour les pauvres démons qui viendront s'y frotter. Un excellent choix quand on est confronté à ces créatures.
Alessa admirait ces deux armes, les yeux brillants. C'était exactement ce dont elle avait besoin pour exterminer ces créatures. Elle ne savait pas si ces histoires de déesse étaient vraies, et elle s'en fichait bien. La seule chose qui lui importait, c'était de devenir la nouvelle propriétaire d'Itami et d'Ikari.
- C'est...c'est parfait ! s'écria-t-elle.
- C'est vrai que ça fait envie, ajouta Sebantey.
- Vous voyez ? jubila le marchand. J'avais bien raison. Il ne reste plus qu'à payer, et elles sont à vous !
Le prix qu'il annonça alors fit soudainement chuter l'esprit d'excitation qui régnait dans la pièce. Sebantey savait qu'il aurait à payer, mais une telle somme dépassait l'entendement. Il remarqua ensuite qu'Alessa le regardait avec insistance, mais sans rien dire. Visiblement, pour une fois, l'envie l'emportait sur la fierté. Heureusement pour lui, son père lui avait autrefois donné ce qui s'apparentait à un bon de réduction. Il sortit le papier un peu usé de l'une de ses poches, et le tendit au marchand. Celui-ci le prit et l'observa un instant à la faible lumière qui régnait dans la pièce. Le coupon n'avait absolument aucune valeur.
- Eh bien, voilà qui est rare ! dit-il en souriant.
- Ca vaut quelque chose ? interrogea le garçon.
- Grâce à ça, vous n'aurez qu'à payer la moitié du montant. Mais vous savez quoi ? Rien que pour le bonheur de vous avoir retrouvé, j'augmente la valeur de l'offre ; ainsi, vous n'avez qu'à payer le quart de la somme initiale. Qu'en pensez-vous ?
- C'est vrai ? s'étonna l'autre. Génial, merci !
Le quart restait un montant important, mais ça en valait la peine. Il se rendit au comptoir pour payer, et ce n'est qu'à ce moment-là qu'Alessa eut le droit de prendre ses armes en main. Un sourire heureux sur les lèvres, elle les tournait dans sa main pour les admirer sous tous les angles possibles. Après quoi, ils saluèrent le marchand et retournèrent sous la pluie. En les regardant s'éloigner, le vieil homme soupira. Il venait de passer à côté d'une somme colossale. Itami et Ikari étaient de véritables trésors, des armes d'une rare qualité. A nouveau, l'homme poussa un profond soupir. Décidément, cela coûtait cher de se divertir.
Un vent froid traversa soudain le cimetière de part en part. Personne à l'horizon. Il était seul avec cet océan de pierres tombales.
« Ci-gît le dénommé Riketz, courageux chasseur de démons qui a protégé la ville pendant la terrible attaque du 13 décembre. Mari et père, son épouse et ses deux fils reposent à présent à ses côtés. »
Voilà ce que prétendait la stèle qui lui faisait face. Il avait raté son propre enterrement. Cette pensée le fit sourire tristement. Ils ne l'avaient pas eu. Et il se promit qu'ils ne l'auraient jamais. Le jour commençait à décliner ; il était temps de partir. Il eut un dernier pincement au cœur tandis que ses yeux se posaient sur la date gravée dans la pierre. Joyeux anniversaire…
Il repensa à sa longue conversation avec Catherine Woodrow. Comment pouvait-on aider quelqu'un dans une telle situation ? Comment rendre définitivement le sourire à un enfant qui avait été si profondément déçu ? En l'apprivoisant, jour après jour. En gagnant lentement sa confiance et en lui prouvant qu'il en était digne. Voilà ce qu'il pensait. Il ne savait pas s'il en était capable, s'il pouvait rester longtemps auprès de cette fille sans la décevoir, ni même s'il réussirait à se faire accepter. Mais, ici et maintenant, il se jura de faire de son mieux pour prendre soin de cette jeune fille qui paraissait si fragile. Il décida de devenir son nouveau gardien.
Qu'allait-il faire, à présent ? Il voulut prendre son téléphone pour regarder l'heure. En palpant sa poche vide, il se souvint que c'était Alessa qui l'avait. C'est alors qu'il eut une idée. Quelque chose qui l'aiderait à coup sûr à décrocher un sourire auprès de la jeune fille. Arpentant les rues d'un pas tranquille, il se dirigea vers sa nouvelle destination.
Deux heures plus tard, il arrivait devant l'hôtel, un grand sachet à la main. Il n'eut aucun mal à repérer Alessa : elle attendait tranquillement devant le bâtiment, adossée au mur, regardant distraitement les gens qui passaient devant elle.
- Alors, lui dit-il en la rejoignant, raconte ! Qu'est-ce que tu as fait pendant ce temps ?
- Pas grand-chose. Ca fait un moment que je t'attends. Je commençai à me demander si tu allais venir.
- Je suis venu exactement à l'heure convenue. Et puis, je te rappelle que tu as mon téléphone.
- Ah oui, se souvint-elle. Tiens.
Elle lui tendit l'appareil, intact. Sebantey le rangea dans sa poche intérieure.
- Je voulais juste être sûre que tu reviendrais, dit-elle en toute franchise.
- Méthode intéressante mais inutile, vu que je ne comptais pas partir. Tu as dépensé l'argent que je t'ai donné ?
- Pas même une pièce.
- Je m'en doutais. Du coup, j'ai pris à manger pour deux.
Il remua un peu son sachet comme pour confirmer ce qu'il venait de dire. Ils se rendirent ensuite dans le hall de l'hôtel pour prendre une chambre. De là, ils empruntèrent l'ascenseur jusqu'au huitième étage. Un hôtel pareil n'avait rien à voir avec les auberges qu'on trouvait en rase campagne. La chambre était plus grande, décorée plus sobrement, et surtout, la baie vitrée offrait une magnifique vue sur la ville. Sebantey admirait les lueurs qui se dessinaient en même temps que le ciel s'obscurcissait.
- Tu ne manges pas ?
La voix d'Alessa le tira de ses rêveries. Elle s'étonnait qu'il n'ait pas encore commencé son repas alors qu'elle-même en était déjà à la moitié.
- Pas faim.
- Alors pourquoi tu t'es pris à manger ?
- Si je n'avais pris qu'une seule part, tu aurais surement refusé d'y toucher. Je me trompe ?
- Possible, en effet, répondit-elle en souriant légèrement.
Il sourit à son tour. Puis, il se rappela soudain ce qu'il était allé chercher deux heures plus tôt.
- Au fait, j'ai quelque chose pour toi.
Il se leva et alla fouiller sa veste tandis qu'Alessa l'observait d'un air surpris.
- Et voilà ! dit-il en jetant un petit objet sur le lit.
La jeune fille n'en crut pas ses yeux. Il s'agissait d'un téléphone portable flambant neuf.
- J'espère que ça te plaît, j'ai mis un temps fou à le choisir !
En toute honnêteté, elle le trouvait magnifique. Il s'agissait d'un modèle rétractable, essentiellement noir mais avec des traces de rouge. Sebantey lui annonça qu'il avait fait tous les réglages nécessaires et qu'il avait déjà entré son numéro dedans. Il lui montra ensuite les commandes de base, car il se doutait qu'elle n'avait jamais touché à un téléphone portable auparavant.
- Avec ça, on restera en contact même quand on sera séparé. C'est vraiment un outil indispensable.
- C'est...c'est vraiment sympa de ta part. Merci.
Un sourire ravi se dessina sur son visage, embellissant ses traits. Le garçon souriait également, satisfait de l'effet de son cadeau. La jeune fille contemplait le portable avec une sorte d'adorable fascination, comme s'il s'agissait d'un objet d'une très grande valeur. C'était une drôle de sensation que d'avoir quelque chose à soi.
- Et maintenant, si tu veux bien, on va allez chercher tes armes, annonça Sebantey.
- Déjà ? s'étonna-t-elle.
- La nuit est tombée, ça veut dire que c'est l'heure.
Ils débarrassèrent les restes de leur repas et se préparèrent à sortir. Alessa rangea délicatement son tout nouveau téléphone dans l'une de ses poches ; puis, ils prirent l'ascenseur et sortirent de l'hôtel. Il s'était mis à pleuvoir, et de fines gouttelettes d'eau leur tombaient sur la tête. Ils trouveraient ce qu'ils cherchaient dans une armurerie apparemment ordinaire, mais qui cachait des objets infiniment plus puissants que les armes standards.
- Il ressemble à quoi le marchand ? questionna Alessa tandis qu'ils marchaient dans la rue.
- C'est un vieux type bizarre qui s'appelle Marty, même si ce n'est sans doute pas son vrai nom. De nombreux chasseurs à travers le monde vont s'équiper chez lui.
- Tes armes viennent de chez lui aussi ?
- J'ai fabriqué mon pistolet moi-même. Quant à l'épée, c'est mon père qui me l'a donnée, mais il y a de grandes chances pour qu'il l'ait prise chez lui.
- Je vois…
Ils étaient déjà trempés lorsque Sebantey pointa une grande boutique du doigt en disant : « C'est là ». Un peu nerveuse, Alessa le suivit et entra derrière lui.
Des vitrines pleines d'armes en tout genre étaient posées autour d'eux dans des cadres en bois qui commençaient à vieillir. Alessa voyait des armes à feu, des armes blanches, et même des explosifs...Il y avait du choix, mais pour l'instant, elle ne voyait rien d'extraordinaire. Un vieil homme leur tournait le dos derrière un comptoir usé. Lorsqu'il se retourna pour voir ses clients, ses yeux s'agrandirent de stupeur. Alessa remarqua qu'il fixait Sebantey, la bouche légèrement ouverte.
- Ah oui, dit le garçon en remarquant la stupeur du vieil homme. J'aurais du y penser avant. Désolé Marty.
- Eh bien c'est... c'est une sacrée surprise ! s'exclama-t-il.
Alessa leur jeta à tous les deux un regard d'incompréhension.
- Si j'avais su que je reverrai l'un des fils de Riketz en vie...poursuivit le marchand. Mais puisque vous êtes là, serait-il possible que… ?
Sebantey sembla comprendre ce qu'il voulait dire, car il hocha la tête en signe de négation. Le vieil homme prit un air désolé. La jeune fille ne comprenait toujours rien à ce qu'il se passait. Après avoir surpris son regard, le garçon lui glissa furtivement qu'il lui fournirait des explications plus tard.
- En tout cas, vous me voyez ravi de vous revoir, ajouta Marty en souriant. Alors, qu'est-ce que je peux faire pour vous ?
D'un regard, Sebantey encouragea Alessa à prendre la parole.
- Je...Il me faut une arme. Une arme suffisamment puissante pour tuer des démons.
- Ah...fit l'homme d'un air intéressé. Bien sûr. Je pense avoir ce qu'il vous faut dans l'arrière-boutique. Malheureusement, vous n'êtes pas autorisés à y aller.
- Mais alors comment je fais pour choisir ? s'inquiéta-t-elle.
- Ne vous en faites pas, je ne suis pas qu'un vieil homme qui encaisse les chèques derrière un comptoir, répondit-il en riant. La spécialité d'un marchand d'armes de cette nature, c'est avant tout de savoir repérer quelle arme va avec quelle personne...C'est tout un art, croyez-moi. Je vais juste vous poser quelques questions, puis j'irais chercher ce qu'il vous faut ; et je vous garantie que vous en serez satisfaite.
Alessa avait du mal à croire que ce vieux type était capable d'une chose pareille, mais ça ne coûtait rien d'essayer, après tout. Sebantey, de son côté, ne prêtait pas grande attention à la scène. Il était simplement en train de se dire qu'à son âge, la plupart des garçons emmenaient les filles au restaurant ou au cinéma, et non pas dans une armurerie. Question de priorité, sans doute. Le marchand commença par lui demander son nom. Ensuite, il voulut savoir ce qu'elle comptait faire exactement avec son arme, et il eut l'air pleinement satisfait quand elle lui répondit qu'elle voulait exterminer le plus de démons possible. Il lui demanda ensuite si elle avait un genre d'arme de prédilection ; suite à quoi, elle lui montra sa machette préférée. Il n'en fallut pas plus pour que Marty prenne une petite clef dans sa poche et se rendre dans l'arrière-boutique, en les priant d'attendre ici.
- Alors, t'en pense quoi ? demanda Sebantey après son départ.
- Il a l'air sympa. Mais tu crois qu'il va me trouver quelque chose de bien ?
- Je te l'ai dit, il a une grande réputation dans plusieurs pays, et certains viennent de loin pour ses services. Il y arrivera.
Anxieuse, elle fixait la porte par laquelle l'homme s'était éclipsé, attendant de le voir revenir et se demandant ce qu'il pourrait bien ramener. Enfin, quelques minutes plus tard, la porte se rouvrit. Une grosse caisse en bois entra, posée sur un diable et suivie par le vieux marchand.
- Et...voilà…, dit-il, un peu essoufflé. Ce n'est plus de mon âge, tout ça. Comme vous le voyez, la caisse est fermée, parce que j'estime que personne à part le propriétaire n'a le droit de poser la main sur une arme. Mais n'ayez craintes, je suis convaincu que c'est exactement ce qu'il vous faut. Tenez.
Il lui tendit un pied de biche pour qu'elle puisse ouvrir la caisse. Avec un frisson d'excitation, elle saisit l'outil et fit violemment craquer le panneau de bois, qui ne tarda pas à céder et à tomber sur le sol de la boutique. A l'intérieur se trouvaient deux magnifiques lames qui étincelaient dans la pénombre. L'une était tranchante comme un rasoir tandis que l'autre était dentée, idéale pour déchirer la chair.
- Ces deux merveilles, expliqua le marchand, sont des machettes dites « soeurs ». Ces lames ont été plongées conjointement dans une pinte de sang de démon pendant plusieurs lunes ; ainsi, elles réagissent parfaitement bien à l'essence sombre. Elles sont donc capables de percer et de déchirer n'importe quel tissu vivant comportant de l'essence sombre dans ses cellules. Ces deux lames auraient appartenues à Noroi, déesse démoniaque de la colère et de la souffrance. La première, Itami, peut paralyser un ennemi de douleur grâce à ses terribles dents ; et la deuxième, Ikari, est capable de trancher n'importe quel membre avec une facilité insoupçonnable. Ces deux armes forment ainsi un couple parfait qui, utilisé intelligemment, peut être magnifiquement destructeur pour les pauvres démons qui viendront s'y frotter. Un excellent choix quand on est confronté à ces créatures.
Alessa admirait ces deux armes, les yeux brillants. C'était exactement ce dont elle avait besoin pour exterminer ces créatures. Elle ne savait pas si ces histoires de déesse étaient vraies, et elle s'en fichait bien. La seule chose qui lui importait, c'était de devenir la nouvelle propriétaire d'Itami et d'Ikari.
- C'est...c'est parfait ! s'écria-t-elle.
- C'est vrai que ça fait envie, ajouta Sebantey.
- Vous voyez ? jubila le marchand. J'avais bien raison. Il ne reste plus qu'à payer, et elles sont à vous !
Le prix qu'il annonça alors fit soudainement chuter l'esprit d'excitation qui régnait dans la pièce. Sebantey savait qu'il aurait à payer, mais une telle somme dépassait l'entendement. Il remarqua ensuite qu'Alessa le regardait avec insistance, mais sans rien dire. Visiblement, pour une fois, l'envie l'emportait sur la fierté. Heureusement pour lui, son père lui avait autrefois donné ce qui s'apparentait à un bon de réduction. Il sortit le papier un peu usé de l'une de ses poches, et le tendit au marchand. Celui-ci le prit et l'observa un instant à la faible lumière qui régnait dans la pièce. Le coupon n'avait absolument aucune valeur.
- Eh bien, voilà qui est rare ! dit-il en souriant.
- Ca vaut quelque chose ? interrogea le garçon.
- Grâce à ça, vous n'aurez qu'à payer la moitié du montant. Mais vous savez quoi ? Rien que pour le bonheur de vous avoir retrouvé, j'augmente la valeur de l'offre ; ainsi, vous n'avez qu'à payer le quart de la somme initiale. Qu'en pensez-vous ?
- C'est vrai ? s'étonna l'autre. Génial, merci !
Le quart restait un montant important, mais ça en valait la peine. Il se rendit au comptoir pour payer, et ce n'est qu'à ce moment-là qu'Alessa eut le droit de prendre ses armes en main. Un sourire heureux sur les lèvres, elle les tournait dans sa main pour les admirer sous tous les angles possibles. Après quoi, ils saluèrent le marchand et retournèrent sous la pluie. En les regardant s'éloigner, le vieil homme soupira. Il venait de passer à côté d'une somme colossale. Itami et Ikari étaient de véritables trésors, des armes d'une rare qualité. A nouveau, l'homme poussa un profond soupir. Décidément, cela coûtait cher de se divertir.
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