Peu à peu, deux silhouettes se dessinèrent à l'horizon. Derrière elles, j'apercevais ce qui ressemblait à une falaise. Pendant que les contours se précisaient, je devinai à leur symétrie qu'elles marquaient l'entrée de quelque chose : j'étais enfin arrivé. C'était un duo de statues qui encadraient un immense bâtiment. Elles étaient constituées de pierre jaune, comme le sable. Les serpents géants qu'elles représentaient semblaient me fixer. Je les fixais en retour. Soudain, une puissante bourrasque souleva un nuage de poussière, me brouillant la vue. Lorsqu'ils réapparurent, ils ondulaient légèrement, comme si ils vivaient, je compris que c'était le cas.

« -Nous t'attendions, nous t'attendions Matthieu. »
Tels furent leurs premiers mots. Ils ne me rappelaient pas de bons souvenirs. Cependant, à la différence de mon rêve, ils étaient deux, et de couleur tout à fait normal pour des statues.

J'allais leur sauter dessus pour les détruire, mais ils se remirent à parler.

« -Nous ne sommes pas tes ennemis Matthieu. Nous voulons t'aider, laisses nous nous expliquer.
-D'accord, mais si vous vous avérez être des monstres, je n'aurais aucune pitié.
-Nous sommes les gardiens du temple de la forteresse de pierre. Nous avions pour but d'empêcher Skull Kid de le profaner et de le pervertir. Nous avons échoués, il était trop fort. Nous connaissons tes intentions, et nous savons qu'elles sont bonnes. Nous devons tout de même vérifier que tu pourras triompher des créatures habitant ce sanctuaire. Avant d'entrer, tu devras subir « l'épreuve ». Rejoins-nous près de ce rocher, dirent-ils simultanément en désignant un point noir à une centaine de mètres. » Après quoi ils s'en allèrent.

Je les suivis, méditant sur l'épreuve. Il semblait évident qu'elle était hors du commun, malheureusement, je n'en savais pas plus que ça. Le morceau de roche désigné était lisse, comme si la mer l'avait poli, et noir comme le charbon, mais n'en avait pas la consistance.

« -Ton épreuve est de trouver la faille de ce minéral. Pour ton information, c'est le rocher de Mirtane. Le rocher de Termina. »

Je m'exécutai, et tournai autour, cherchant la moindre anfractuosité dans la roche. À mon grand désespoir, je ne vis aucune. Je saisis alors la difficulté de la tache, plus philosophique qu'autre chose. Je frappai alors le caillou. Ma lame rebondit dans un bruit sourd. Ma cible n'en portait aucune séquelle. Je ne comprenais pas ce qu'attendaient de moi les gardiens. Si je ne réussissais pas, je serais obligé de les tuer pour passer. J'allais leur dire qu'il n'y avait aucun point faible à exploiter, lorsqu'une idée me vint. Certes farfelue, mais il fallait la tenter.

Je concentrai mon énergie magique dans la lame de mon arme, et vins la planter dans le rocher Mirtane. Elle pénétra celui-ci comme du beurre, et mes examinateurs acquiescèrent :
« -Ce que tu viens de comprendre est une chose fondamentale...
-En fait je n’ai pas compris.
-Laisses-nous t'expliquer. Si tu ne vois pas de point faible, crée-en un.
-Pourquoi ne pas me l'avoir dit tout de suite ?
-C'est une chose qu'il fallait que tu découvre par toi-même. Tu peux maintenant entrer dans le temple. Tu ne triompheras, je peux te l'assurer. Nous resterons à l'extérieur et empêcherons quiconque d'autre de rentrer. Va, tu dois protéger cette belle terre de Termina. Lorsque tu auras fini, reviens nous voir devant la grande porte. »

Après avoir écouté attentivement, je les remerciai et me dirigeai vers l'entrée de la forteresse de pierre. Elle était composée de deux lourds battants de pierre. Apparemment de l'onyx. Ils étaient beaucoup plus hauts que moi, et je ne pouvais les ouvrir par ma simple force. Il devait y avoir un mécanisme, magique où non. Au centre de ce portail était apposé un sceau. Yuro m'expliqua sa signification :
« -C'est le symbole de Termina, il représente la prospérité de la paix ainsi que le déséquilibre permanent qui essaye de la détruire. Cette prospérité, nous espérons tous la conserver, mais ce n'est pas chose facile. »

C'était une sorte de « T » bancal, sous lequel on distinguait un « 8 » couché. Je remarquai un trou dans le motif : « C'est la serrure, il ne me reste plus qu'à trouver la clef. »

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Je ne pouvais me permettre de chercher une clef pendant des heures, encore plus si je doutais de son existence. J'improvisai donc : je plaçai la Master Sword dans l'interstice, et tournai. Le premier quart de tour se fit sans difficultés, mais la lame légendaire bloqua au deuxième. Ce ne pouvait être que le sable qui encrassait méchamment le mécanisme.

Je tournai par conséquent plus fort, et avec l'aide d'une petite touche de magie. Le temple s'ouvrit devant moi. Une vague de rats en sortit, me griffant les bottes au passage. Lugubre comme accueil. Cependant, j'étais joyeux, j'avais fini la traversée de l'impitoyable désert. Et, pour mon plus grand plaisir, l'air était frais à l'intérieur. L'antichambre dans laquelle j'entrai était immense et mal éclairée. Pourtant, je pouvais quand même voir le décor : au fond de la salle se trouvait une porte en bois, défendue par une grille et une chaine en métal ; un Armos se tenait à ma droite, et un interrupteur bleu à ma gauche ; un coffre était posé dans une alcôve en face.

Je marchai calmement vers lui, surveillant en même temps mes arrières. Je l'ouvris, et pris la clef qui était cachée à l'intérieur. Jusque là, tout était trop facile. Cela ne présageait rien de bon. Ne pouvant prévoir le piège, je décidai de continuer normalement. Je tirai l'Armos, qui était immobile sur l'interrupteur, et ce qui devait arriver arriva. Une trappe s'ouvrit à mes pieds, et je chutai lourdement. J'avais bien fait de ne pas utiliser la clef, elle me servirait sûrement.