Lorsque j'ouvris les yeux pour la deuxième fois en une demi-journée, je vis ce que je m'attendais à voir, et par la même occasion ce que je redoutais de voir. J'étais dans une partie inconnue et inquiétante des bois perdus. Devant moi s'ouvraient trois larges chemins creusés dans des troncs, ils faisaient facilement quatre mètres de diamètre et étaient trop longs et trop sombres pour que je puisse voir l'autre extrémité sans les traverser. J'étais assis contre une souche rugueuse de bonne taille, et dû me concentrer pour étudier la situation sans céder à la panique que mon incompréhension alimentait.

J'avais sur moi une tunique goron rouge, m'empêchant d'avoir trop chaud par cette épuisante journée d'été ; le bouclier miroir à la surface polie dans la main droite, utile pour parer les attaques magiques aussi bien que les attaques normales ; la Master Sword dans la main gauche, cette épée légendaire forgée pour anéantir le mal sous toute ses formes ,plus vicieuses les unes que les autres ; un arc, dangereuse arme de jet lorsqu'elle est placée entre de bonnes mains ,et des flèches aiguisées et indispensables pour faire fonctionner celui-ci. J'avais pénétré dans le jeu vidéo par un passage qui, logiquement, devait se trouver derrière moi. En le prenant en sens inverse je devrais par conséquent me retrouver chez moi, du moins c'est ce que je pensais.

Je me levai, me retournai vivement de peur que la forêt ne m'attaque, de je ne sais quelle façon. Quelle ne fut pas ma surprise quand je ne vis que du roc. En effet les seules issues de cette prison de granit grisâtre étaient: la voie des airs qui était pour moi impensable et les trois troncs à l'aspect lugubre et menaçant.

Comme si cela ne suffisait pas je découvris en me touchant l'oreille par inadvertance que je n'étais pas resté totalement moi-même lors de mon mystérieux voyage, je m'étais transformé en hylien comme le prouvait mes oreilles pointues et allongées.

La mort me guettait donc de tous les côtés, et je n'avais que peu de temps avant qu'elle ne sorte de sa cachette et me bondisse dessus. En effet: « Tout hylien qui se perd dans les bois perdus se transforme en Stalfos. » Tels était les mots que j'avais entendus maintes fois dans le jeu lors de la quête de l'épée de Biggoron. Saisi par la panique, je me jetai dans le tronc le plus proche pour sortir au plus vite de cette forêt infernale, pas le temps de décider le quel était le bon, si du moins il y en avait un, chose dont je doutais.

Une fois sorti de celui-ci, je vis devant moi une autre clairière circulaire, cette fois ci, un seul chemin d'écorce se déployait à l'autre bout.

Je le pris, toujours en courant, et me retrouvais dans un endroit semblable, ainsi de suite trois fois. Je fus terrorisé à l'idée de ne jamais sortir de ces bois, de mourir si jeune. Je désespérais, mais ne m'arrêtais pas, je pris un sentier, je ne pouvais abandonner.

Une fois à l'autre bout de ce chemin lugubre, des lierres m'empêchèrent de faire demi-tour en condamnant le tronc qui se trouvait derrière moi. « Je n'ai plus qu’à espérer que ce ne sera pas une meute de Wolfos », pensais-je amèrement en sachant à peu près ce qui m'attendait. Il semblait que la forêt n'était pas de cet avis car deux de ces adversaires rapides et dangereux surgirent de nulle part et j'eus juste le temps de brandir l'épée de légende face à mes adversaires. Cette lame me servirait pour mon tout premier combat, qui s'annonçait ardu. Cependant il serait important dans un futur proche.