Note de la fic : :noel: :noel: :noel: :noel:

Entre poussière et ruines


Par : Spyko
Genre : Action, Horreur
Statut : C'est compliqué



Chapitre 9


Publié le 26/09/2012 à 13:30:02 par Spyko

Du fait de son enfermement pendant une heure entière, la jeune fille n'avait pas grand chose à dire. Elle avait 16 ans et était en première, et elle habitait dans un village à une vingtaine de kilomètres. A peine ces quelques informations divulguées, elle se mit à pleurer en repensant à ce qu'il s'était passé, et en se demandant ce qui avait pu arriver à sa famille.
David hésita quelques instants, puis lui passa un bras sur les épaules avant de l'attirer vers lui. Dans des circonstances ordinaires, il n'aurait pas été aussi direct avec une inconnue, fut-elle en train de se noyer dans ses larmes, mais les circonstances n'étaient pas ordinaires. Elle eut une légère hésitation, puis se laissa faire. Probablement qu'elle non plus n'aurait pas fait ça en temps normal.
Une fois que les larmes de l'adolescente se furent un peu stoppées, elle demanda au jeune homme ce qu'il avait vu.
David la regarda quelques secondes, essayant de déterminer dans quelle mesure il pouvait raconter ça, puis commença son récit. Il raconta son départ de chez lui et l'arrivée à la gare, puis ce qu'il s'y était passé, sa fuite éperdue vers sa maison. Il marqua un temps d'arrêt, le temps de respirer un grand coup et d'arrêter la vague d'émotion qui menaçait de le submerger, au moment de parler de sa mère et son frère. Elle renifla, et ce fut à son tour de resserrer ses bras dans une étreinte compatissante.
Il en arriva finalement à parler de ce qu'il s'était passé au terrain de foot, en omettant volontairement quelques détails gênants, et son arrivée ici.

« Et... fit-elle après un temps d'arrêt, sans autre son que les lointains grognements des cinglés, ton père... T'en as pas parlé, il est... ? »
« Il est mort quand j'avais dix ans. Accident de voiture. »
« Ah... désolée... »

Et elle se tut, craignant sans doute d'avoir soulevé la mauvaise pierre.

« T'as pas à l'être. C'est du passé. »
« C'est à cause de ça que t'arrive à affronter tout ça ? Demanda t-elle finalement. »
« Comment... »

Mais il s'arrêta au milieu de sa phrase. Il ne savait pas quoi répondre. Le fait d'avoir déjà vécu la perte d'un proche et de s'en être remis avait peut-être permis à son cerveau de faire revivre cette réaction pour lui permettre de mieux affronter le présent. Comment savoir ?
Il secoua mentalement la tête, afin de ne pas se perdre dans ses pensées, ce qui se traduisit par un long battement de paupière. Il y avait plus important actuellement.

« Ouais, répondit-il finalement, ouais, c'est possible. »

Une sonnerie grave, faisant davantage penser à un klaxon de camion qu'à une cloche, résonna dans les couloirs, les faisant sursauter tous les deux. Le jeune homme contint ses tremblements et consulta sa montre pour se rendre compte qu'il était 8h55. C'était donc la sonnerie d'intercours qui venait de retentir.
Voila déjà près de deux heures que tout avait dégénéré, sans la moindre explication rationnelle. Laura avait fini par se blottir sur sa chaise, les pieds sur le siège et ses bras entourant ses genoux, le menton posé dessus. Lorsque la sonnerie cessa, elle se tourna à nouveau vers David.

« Tu m'as pas dit... pourquoi t'es venu ici ? »
« Comment ça ? »
« Je veux dire... T'es pas venu au lycée pour t'enfermer dans une salle, si ? »
« Non, bien sûr que non. Je... Il s'arrêta momentanément, essayant de se souvenir pourquoi il était venu. La dernière demi-heure passée à rassurer l'adolescente avait éclipsé tout le reste. Puis il se souvint. J'étais venu pour la cantine au début. Trouver de quoi manger... et de quoi me défendre. »

Elle eut une vague moue de dégoût en comprenant ce que ''se défendre'' signifiait vraiment en terme d'armements trouvables dans une cantine, mais déplia les jambes. Elle avait l'air plutôt intéressée, maintenant que sa paralysie était passée. Puis elle ouvrit la bouche, mais hésita, avant de dire finalement :

« Je... je peux venir avec toi ? »
« Évidemment ! Répondit-il, étonné de la question. Je vais pas te laisser là, toute seule ! »
« Et comment on va y aller ? »

La question le bloqua net dans le déroulement de ses pensées – toutes axées sur le après la cantine. Jusqu'à présent, il avait eu l'intention de rejoindre la cuisine par les couloirs en allant aussi vite que possible, mais il devait concéder que ça ne le mènerait pas bien loin.
Aussi, il se contenta de fixer bêtement la jeune fille en clignant des yeux, incapable de répondre. Son regard fut l'équivalent d'un ''je sais pas'', puisqu'elle haussa les épaules, et se contenta de regarder devant elle, les yeux dans le vague, des idées défilant dans la tête.
David, lui, se laissa aller sur sa chaise, et laissa son regard dériver tandis qu'il réfléchissait. Il pouvait tenter les couloirs, mais cela revenait à mettre sa vie entre les mains de la simple chance. C'était elle qui l'avait sauvé de la première vague, mais maintenant, il devait la mettre de côté et se fier à ses capacités. Et à celles de Laura.
Ce fut d'ailleurs elle qui le tira par la manche de son blouson, le visage soudain illuminé par un espoir de réussite.

« On pourrait passer par le toit ! Par l'échelle qui est derrière, fit-elle en désignant d'un geste vague le rideau qui masquait la vitre. De là, vu que les bâtiments sont reliés entre eux, on pourrait atteindre la cuisine ! »
« Et comment on descend après ? Demanda David, pour voir jusqu'où pouvait aller ce plan. »
« Une fois dans le bâtiment B, on devrait pouvoir trouver une échelle aussi. Et, dans le pire des cas, les murs sont en pente... acheva t-elle avec un sourire hésitant. »

Le jeune homme se frotta la nuque, la tête inclinée de côté. Il se souvenait plutôt bien de l'architecture du lycée. Actuellement, ils étaient dans le côté gauche du bâtiment A, qui était le plus long de l'établissement. A l'opposé, un autre couloir vitré le reliait au B, dans lequel se trouvait, entre autre, la cantine et la cuisine. Il essaya de retourner la situation dans tous les sens, mais en arriva à la conclusion que le plan de la jeune fille était envisageable.
Il était même probablement le plus sûr.
Il hocha lentement la tête, et lui demanda si elle voulait prendre son sac.

« Y a presque que des livres et des cahiers là-dedans. Laisse moi juste voir ce que je peux emmener. »

Elle alla dans le coin où elle l'avait déposé, et commença à fouiller dedans. Si elle avait eu un sac ''normal'', ils auraient pu le garder, quitte à ce qu'il le porte, afin de pouvoir transporter de la nourriture dedans, mais là...
Finalement, elle se contenta d'en sortir un porte-feuille noir, et, observant attentivement le contenu du sac, se releva et glissa l'objet dans une des poches de son jean. Il se souvint alors qu'il avait toujours le sien dans sa poche arrière, mais ne s'en soucia pas. L'argent pourrait peut-être leur servir encore, mais rien n'était moins sûr.
Finalement, ils s'approchèrent du rideau et le tirèrent, dévoilant à nouveau la vitre et l'espace vide qui s'y trouvait. David poussa un soupir de découragement en découvrant l'accès à cette zone. Loin d'être une porte, il s'agissait d'une trappe vitrée d'un mètre de haut, disposée au ras du sol.
Devant l'air dépité du jeune homme, Laura ne put réprimer un petit rire, avant de s'agenouiller pour retirer les verrous, l'ouvrir et s'y glisser avec aisance. Elle se redressa, debout sur une étroite passerelle métallique qui contournait le vide et permettait accessoirement de rejoindre la salle en face.

« Commence à monter, je te rejoins... souffla l'étudiant en se baissant lentement. »
« Comme tu veux. »

Elle avança sur la passerelle, tandis qu'il se mettait à quatre pattes, et commençait à se glisser par l'ouverture. Heureusement que je suis pas un gros balèze, pensa t-il en essayant de se relever de l'autre côté. Laura, elle, venait d'entamer son escalade, le bruit de ses pieds sur les barreaux emplissant l'espace de tintements métalliques.
David contourna à son tour, empoignant les fines barres, avant d'y poser les pieds. C'était infiniment plus simple qu'un mur d'escalade ou une petite falaise. Aussi, il ralentit pour ne pas heurter les talons de l'adolescente, qui traînait un peu plus. Elle s'arrêta, et il entendit un petit déclic, alors qu'elle s'occupait de déverrouiller une trappe. Il y eut un grognement d'effort, suivit un bruit nettement plus sourd, et la lumière du ciel envahit cette portion du conduit.
Elle se hissa à l'extérieur, et il la suivit rapidement.
Une fois dessus, il referma la trappe d'un coup de pied, avant de regarder le chemin qu'il leur fallait faire. La bâtiment A était formé de plusieurs portions plus ou moins élevées. Il leur faudrait descendre d'un cran, puis remonter sur un autre morceau de toit, avant de rejoindre le couloir vitré. De là, s'ils ne passaient pas par-dessus bord ou tout simplement à travers, ils pourraient chercher une trappe pour descendre dans le B.
Il fit quelques pas, se penchant dans le vide, tout en veillant à ne pas déraper sur le mur incliné couvert de panneaux solaires.
En contrebas, des dizaines de cinglés arpentaient la cour centrale. S'ils venaient à tomber, et qu'ils survivaient à la chute, l'accueil serait particulièrement chaleureux.


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