Note de la fic : :noel: :noel: :noel: :noel:

Entre poussière et ruines


Par : Spyko
Genre : Action, Horreur
Statut : C'est compliqué



Chapitre 8


Publié le 19/09/2012 à 15:27:31 par Spyko

Chapitre 7 :

C'est derrière un arbre, situé au milieu des herbes hautes, que David choisit de s'abriter, le temps de réfléchir à la situation. Il s'agissait d'une bien piètre cachette, mais il n'y en avait pas d'autre dans les environs immédiats, à l'exception d'un long et large amas de buissons qui montaient sur près de trois mètres, et dans lequel il ne se serait risqué qu'avec une combinaison épaisse, un casque et des gants.
Les fous furieux se déplaçaient aléatoirement, se penchant régulièrement pour arracher un lambeau de chair au cadavre d'un lycéen ou professeur mort. Ils commençaient à se disperser le long de la route, remontant vers le centre-ville pour la plupart. Certains entraient ou sortaient du bâtiment qui formait l'une des parties de l'établissement.
Pour y avoir passé trois ans, le jeune homme connaissait très bien l'intérieur du lycée, même s'il avait sans doute changé depuis qu'il l'avait quitté. Son regard coulissa sur la gauche, où un portail, un peu plus à l'écart, permettait l'accès des professeurs lorsque leur parking était plein. C'est par là qu'il pourrait entrer sans risques. Il fit jouer ses souvenirs, afin de déterminer par où passer une fois dedans.
En passant par là, il devrait pouvoir atteindre un couloir vitré qui reliait deux bâtiments, qui lui permettrait d'atteindre la cour centrale. De là, il lui suffirait de traverser, pour rejoindre presque directement la cantine, et donc la cuisine. Vu comme ça, le trajet paraissait simple.
Après un dernier regard aux fous furieux, il commença à courir vers le portail électrique rouge.

Il traversa la route au pas de course, et le claquement de ses baskets sur le béton fit se retourner plus d'un cinglé. Le fait que la grande majorité d'entre eux et des cadavres n'était que des adolescents lui fit monter un début de nausée, mais il fit en sorte de se contenter de fixer sa destination. Il sauta, posant le pied sur l'une des barres lisses du portail, et se hissa lentement par-dessus. Quelques fous s'étaient mis à pousser des grognements en le voyant, et plusieurs avaient décidé de le poursuivre.
David se laissa tomber de l'autre côté, et s'engagea au pas de course vers le couloir vitré, plus loin sur la droite. Il s'étendait sur deux niveau, reliant les bâtiments en forme de trapèze, dont certaines faces étaient couvertes de panneaux solaires. Une double porte permettait d'accéder au rez-de-chaussée, et il se jeta dessus, enfonçant les barres poussoir pour l'ouvrir.
Il se retrouva dans l'espace confiné, légèrement plus frais que l'extérieur. Cependant, le trajet qu'il avait prévu s'avérait perturbé. La cour intérieure, encadrée par les quatre bâtiments du lycée, était elle aussi remplie de corps et de fous. Il regarda brièvement derrière lui pour s'assurer qu'il n'était pas suivi, et tenta d'établir un nouvel itinéraire.
Un grognement guttural le fit sursauter.
Dans le couloir de droite, qui tournait à angle droit et menait au hall d'entrée, une jeune fille d'une quinzaine d'année le regardait, ses yeux rougis par le sang lui renvoyant l'éclat de la lumière dans une lueur qu'il aurait pu juger d'affamée. Elle se jeta brutalement sur lui, les bras tendus en avant, ses ongles vernis dirigés vers lui.
Il avança d'un pas, et lui attrapa les poignets. Profitant de l'élan de l'adolescente, il pivota d'un quart de tour et la projeta contre la porte qui menait à la cour. Elle s'y écrasa avec violence, ouvrant le panneau sous son poids. Elle trébucha sur le seuil, et s'étala sur le béton.
Dans la cour, plusieurs des cinglés qui erraient sans but pivotèrent vers eux.

La respiration du jeune homme s'accéléra, et il partit sur la gauche, dans le bâtiment qui menait aux laboratoires. Le couloir faisait un ''C'' carré, et une autre porte coupe-feu rouge masquait l'accès à des escaliers. Il s'y engagea, priant pour qu'aucun de ces monstres ne l'attende en haut. Il escalada les marches quatre à quatre, et se précipita dans le couloir de l'étage. De là, il partit sans réfléchir sur la droite, rejoignant à nouveau le couloir vitré, mais plus haut.
Arrivé au milieu, il se figea.
Une dizaine de fous se précipitait vers la porte qui menait à l'endroit où il se trouvait auparavant, piétinant la jeune fille au passage. Plusieurs paires d'yeux s'attardèrent sur lui, et il comprit avec un frisson qu'il allaient le poursuivre ici.
David se remit à courir, arrivant dans un nouveau large couloir, parsemé de portes de salles de cours. A droite, un autre couloir plus étroit menait à un cul-de-sac, avec deux autres portes. Et à l'entrée du corridor, il y en avait une autre. Il se jeta dessus, agitant la poignée frénétiquement. Elle résista. Il donna un coup de pied rageur dans le bois, avant de partir vers l'impasse. Plus loin, des portes claquèrent, dans le bâtiment des labos.
La poignée de la première porte lui résista à nouveau. Il l'abaissa encore et força, espérant pouvoir l'ouvrir, mais les grognements le firent renoncer. Il avait pensé avoir plus de temps, et c'est pourquoi il s'était orienté vers ce cul-de-sac.
Des gouttes de sueur perlant sur son front, il enroula ses doigts autour de celle de la seconde porte. Il y eut un petit claquement, et la poignée s'abaissa. Le jeune homme s'épargna un soupir de soulagement, et s'engouffra dans la salle, avant de la refermer derrière lui, tournant le verrou.
Puis il s'adossa de tout son poids contre la porte, relâchant enfin ses poumons. La salle était sans dessus dessous, plusieurs tables gisaient sur le sol, dont une qui était appuyé contre le bureau du professeur.
Sur le mur du fond, une vitre permettait de voir la classe d'en face, au delà d'un espace vide contenant une échelle qui montait sur le toit. David s'en approcha à grand pas, et tira sur un rideau pour masquer cette vue. Puis il s'immobilisa, guettant l'approche des fous furieux.
Il resta ainsi deux minutes, sans d'autres bruits que les pas qui passèrent en courant dans le couloir plus large. Aucune main ne vint agiter la poignée de porte. Le jeune homme allait s'asseoir sur une chaise pour souffler un peu quand un détail retint son attention.
Un sac à main, assez large pour accueillir les livres de cours, avait été jeté dans un coin de la salle, là où le mur s'inclinait légèrement pour épouser la forme du bâtiment. Le doute s'empara aussitôt de l'étudiant.

« Il y a quelqu'un ? Demanda t-il à haute voix. »

Il n'y eut bien évidemment aucune réponse. La présence de ce sac continuait néanmoins de le perturber. Il n'y avait pas la moindre trace de sang, malgré que la salle soit complètement retournée. La propriétaire de ce sac n'avait pas pu juste entrer, le déposer dans un coin et repartir tranquillement. Il fit quelques pas vers le tableau blanc, puis s'arrêta à nouveau, tendant l'oreille.
Un léger souffle finit par percer le silence.
Le regard du jeune homme se posa instantanément sur le bureau, contre lequel était posé cette table. David se rendit alors compte que la table était posée de façon à ce que son plateau puisse boucher l'espace où le professeur était censé mettre ses jambes.

« Je suis pas l'un d'eux, continua t-il, s'approchant lentement de l'endroit où il pensait trouver la propriétaire du sac. »

Il arriva enfin devant l'obstacle qui faisait office de trappe de fortune, et posa un genoux au sol. Un léger halètement s'en échappait, qui s'accéléra quand il posa la main sur le rebord.

« Du calme, murmura t-il, pas de panique... »

Il craignait plus que tout que la jeune fille qui se cachait ne l'attaque une fois qu'il aurait retiré la table. Tout en soufflant des paroles qui se voulaient réconfortante, il tira doucement sur la trappe, l'écartant du bureau. La jeune fille qui s'y était cachée n'esquissa même pas un mouvement, si ce n'est qu'elle se mit à trembler de plus en plus fort.
Elle s'était recroquevillée, les genoux ramenés devant elle, tandis que ses bras les enlaçaient. Ses yeux d'un marron clair, sous sa chevelure noire qui lui tombait en vague ondulante sur les épaules, restaient rivés sur le pan de bureau en face d'elle. Ses joues roses qui portaient quelques traces d'acné tremblaient au rythme du léger claquement de ses dents.
La peur et la fragilité de l'adolescente ouvrirent une brèche dans les sentiments, pourtant verrouillés depuis la mort de sa famille, du jeune homme. Il écarta totalement la table, et vint s'asseoir à côté d'elle. Elle portait un jean et des converses, ainsi qu'un gilet gris par-dessus un débardeur rose pâle. L'un de ses poignets comptait un grand nombre de bracelets, et une petite perle, attachée à une fine chaîne, pendait autour de son cou.
Un peu en-dessous de son menton, le débardeur était devenu d'un rose nettement plus foncé, à l'endroit où des larmes avaient dû couler sans fin depuis qu'elle était là.

« Comment tu t'appelles ? Demanda le jeune homme avec douceur. »

Il ponctua sa question d'un geste, avançant doucement la main pour la placer sous le menton de l'adolescente, et lui fit délicatement tourner la tête. Elle n'opposa pas de résistance, et, quand ses yeux ses rivèrent à ceux de l'étudiant, elle se contenta de ciller, sans cesser de trembler. David retira sa main, et réitéra sa question. Elle finit par rebaisser les yeux, laissant de nouvelles larmes en couler.
Puis, après un temps qui parut au jeune homme infiniment long, elle ouvrit la bouche.

« Laura. »

Et ce fut tout. David sentit néanmoins un sourire naître sur ses lèvres en l'entendant parler. Sa voix tremblait, elle était étranglée et à peine audible, mais au moins elle avait parlé. Il décida de progresser encore un peu, en refermant sa main sur l'une des siennes.

« Tu peux sortir, ils ne sont plus là. »

Elle attarda son regard sur les doigts du jeune homme, qui venaient de s'enrouler autour des siens, puis le regarda à nouveau. Alors, avec lenteur, elle se déplia. Comprenant ce qu'elle faisait, David se releva et s'écarta pour la laisser sortir. Elle s'extirpa à quatre pattes de sa cachette, sans cesser de regarder autour d'elle comme une souris effrayée à l'idée qu'un chat rôde encore.
Elle faisait à peine une tête de moins que lui, et, si son corps n'avait pas tout à fait les courbes féminines qu'elle prendrait avec les années, elle était tout de même assez séduisante pour son âge.

« Comment t'es venu ici ? Lâcha t-elle finalement d'une voix qu'elle s'efforçait de maîtriser. »
« En courant, répondit-il avec un sourire. Ça fait combien de temps que tu es ici ? »

Elle consulta son portable, et David regarda brièvement sa montre. Il était huit heures et demi passées.

« Une heure à peu près. Mes amis sont devenus fous et... j'ai réussi à m'enfuir. Je me suis caché dans la première salle ouverte que j'ai trouvé. »
« Et tu l'as pas refermé... ? »
« Je... j'étais trop paniquée... »

David lui jeta un regard compatissant, avant de lui tirer une chaise et de lui proposer de s'asseoir, tandis qu'il en prenait une. Quoi qu’ait été son plan quelques minutes auparavant, il était provisoirement passé à la trappe en croisant le regard de l'adolescente.
Elle s'assit à côté de lui, et, gardant un œil sur la porte, ils commencèrent à discuter à voix basse. La peur de Laura s'atténua progressivement, et David finit par remettre en question la philosophie qu'il avait tenté de s'imposer.
Il ne pourrait pas survivre seul.
Physiquement, comme mentalement.


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