Note de la fic : :noel: :noel: :noel: :noel:

Entre poussière et ruines


Par : Spyko
Genre : Action, Horreur
Statut : C'est compliqué



Chapitre 23


Publié le 16/02/2013 à 12:26:23 par Spyko

Une fois au premier étage, David hésita brièvement. Ils pouvaient monter jusqu'au sommet pour espérer échapper aux créatures, qui arrêteraient leur recherche. Mais bien vite, cette idée fut repoussée. Il ne s'agissait pas de zombies stupides de films d'horreur, mais de créatures intelligentes, vives et puissantes. Si elles les traquaient, elles chercheraient dans tout le bâtiment, et monter plus haut ne servirait à qu'à leur faire perdre de précieuses secondes qu'ils pourraient consacrer à barricader leur refuge.
D'un geste, il fit comprendre à Christophe que c'était à lui d'utiliser un coup de fusil pour ouvrir l'un des appartements.

« Attends! S'exclama Melinda. »

Le jeune homme baissa son arme, l'interrogeant du regard. Elle indiquait un squelette aux vêtements pourris et aux quelques lambeaux de chair subsistants. A force, ils ne faisaient même plus attention aux cadavres, et cette inattention manqua de leur porter préjudice. En effet, La jeune femme s'approcha du corps, se pencha et récupéra une petite clé pendue à un anneau, encore accrochée aux doigts du malheureux.

« Il a dû se faire avoir tout au début, ou en voulant récupérer quelque chose chez lui, soupira t-elle. »
« Tu crois qu'elle va résister dans la serrure? »
« Ça coûte rien d'essayer, fit-elle en haussant les épaules. »

Elle s'approcha de la porte contre lequel le squelette était affalé, puis inséra le morceau métallique dans la serrure. Elle tourna délicatement la clef, la mâchoire crispée.

« Si c'est pas la bonne, je pense qu'on est mal, fit Emeric, appuyé contre le mur à côté de la fenêtre. Ils sont en train de débarquer. »

Un léger cliquetis stoppa net David, qui s'apprêtait à lui faire remarquer que ça n'allait pas les aider. Mel' appuya sur la poignée, puis poussa la porte sans la brusquer, faisant signe aux autres de la suivre. Les cinq rescapés s'engouffrèrent dans l'appartement, avant de rabattre le panneau derrière eux. Personne n'eut à parler pour la suite.
Les trois hommes se précipitèrent dans les différentes salles pour chercher des meubles suffisamment robustes pour bloquer la porte, tandis que Laura et Melinda s'occupaient de chaque verrous, un en haut, un en bas, et de la serrure. Derrière, le hall fit résonner les hurlements de guerre des créatures qui venaient d'y entrer. Christophe et David arrivèrent bientôt en poussant une lourde commode dont les tiroirs avaient été arrachés et vidés. Si on sort de là, on pourra l'embarquer pour la palissade, pensa sinistrement le jeune homme.
Il la placèrent devant la porte, dans l'étroit couloir, et Emeric les rejoignit avec une table, qu'ils firent basculer. Elle passait tout juste dans l'espace étroit. Deux portes s'ouvraient de chaque côtés, l'une sur des toilettes, l'autre sur un placard, et Melinda eut l'idée judicieuse de bloquer les pieds de la table en se servant des encadrements.

« Ça en est où? S'inquiéta Christophe. »
« Ils sont entrés, mais on dirait qu'ils sont toujours en bas. »
« S'ils nous ont pas entendus, c'est qu'on est tombé sur une bande de sourds... »

Laura lui décocha un regard un brin agressif, puis s'éloigna dans le couloir, se plaçant juste à l'entrée de la salle qui faisait office à la fois de cuisine et de salon. Ils entendaient des pieds qui tambourinaient dans les escaliers, bientôt suivis d'un craquement sonore, probablement quand plusieurs d'entre eux enfoncèrent une porte d'une simple poussée. Ils savaient qu'ils étaient à l'étage à cause du bruit qu'avait fait le déplacement des barricades, mais pas dans quel appartement.
Les deux jeunes femmes et Emeric s'accroupirent dans l'encadrement, de façon à ce que tous puissent viser avec leur Beretta. David et Christophe, eux, pointaient la porte d'entrée avec les Mossberg, debout.
L'étroit couloir était un avantage précieux, les infectés ne pouvant s'y jeter qu'un par un. Selon leur nombre, ils seraient tous décimés sans qu'un seul d'entre eux n'atteigne la position des cinq compagnons. S'ils n'étaient pas trop nombreux, bien sûr.
Mais il n'y eut pas le moindre coup donné contre la porte. L'appartement à côté du leur subit le même sort que celui proche des escaliers, et ils entendirent le fracas de leurs pas sur le parquet, suivi d'autres craquements sourds, preuves de différentes portes enfoncées. Laura échangea un regard inquiet avec David, mais ne dit rien.
Puis une vitre se brisa, derrière les murs. Ils entendirent le tintement des éclats de verre qui ricochaient sur les parois, certains tombant probablement das l'étroite ruelle qui séparait les deux bâtiments.

« Mais qu'est-ce qu'ils foutent? Chuchota Christophe, dont le regard rebondissait sur chaque mur. »
« J'en ai pas la moindre idée... »

De l'autre côté, il n'y avait plus le moindre bruit, à part celui de pas foulant silencieusement le sol couvert de débris. Les cinq rescapés retinrent leur souffle, espérant en silence qu'ils finiraient par repartir.
Et c'est ce qu'ils firent. Des pas lourds et, comme s'en rendit compte David par la suite, trop bruyants pour être naturels, leur parvinrent depuis l'appartement d'à côté. Les infectés quittaient la pièce, et ils ne tardèrent pas à quitter le bâtiment, laissant derrière eux des bruits de pas claqués beaucoup trop forts. A l'écoute de ces sons causés, semblait-il, délibérément, un long frisson remonta depuis la base du dos de l'ancien étudiant, sans qu'il parvienne à en déterminer la cause.
Puis il n'y eut plus que le silence.

« Ils sont.... partis...? demanda Melinda d'une voix étranglée. »
« On dirait.... »

Patiemment, ils restèrent en position pendant quelques minutes. Puis ils finirent par se détendre. Même si tous se demandaient pourquoi les créatures étaient parties sans chercher davantage. Aussi décidèrent-ils de laisser la barricade en place, pendant qu'ils fouillaient l'appartement. Le temps filaient inexorablement, et après ce qu'il venait de se passer, aucun d'eux n'avait particulièrement envie de s'attarder dans les environs. La barrière pourrait attendre un jour de plus, et ils pourraient commencer à la construire avec ce qu'ils avaient sous la main.
Melinda et Laura maniaient un vieux meuble de télé sous une fenêtre qui finiraient par leur lâcher entre les doigts tant il était pourri. David, lui, vidait les quelques tiroirs de la cuisine encore en place, mais ne trouva rien de plus consistant qu'une vieille boîte de cure-dents et un tire-bouchon rouillé. Le comportement des infectés, pourtant si intelligents d'habitude, le troublait profondément. Ils s'étaient contentés d'entrer dans un appartement, de défoncer les portes et de....
Casser une fenêtre? C'est complètement...
Le jeune homme se secoua mentalement. Rien de tout ça ne collait vraiment. Ils SONT intelligents. Ils ne font presque plus rien par simple curiosité. Il tenta de remonter plus loin dans son raisonnement. Ils avaient ouvert un autre appartement avant ça. Ils étaient entré à l'intérieur. Ils en avaient vu la configuration. Et ils ont cassé cette fenêtre?
Celle au-dessous de laquelle les deux femmes repoussaient le meuble pourri contre le mur explosa. Laura, qui venait de se redresser, fut percutée de plein fouet par la masse qui s'y engouffra. Elle fit quelques pas en arrière, les bras à moitié levé de chaque côté, comme une danseuse qui s'élance sur la scène, avant de trébucher sur les restes d'une table basse et de s'étaler sur le sol.
David, lui, n'avait eut que le temps de tourner la tête, alors que Melinda se cachait le visage pour éviter les débris de verre. Emeric et Christophe, occupés à voir s'ils pouvaient rapidement démonter le lit de la chambre, ne faisaient même pas partie de l'équation.

L'ancien étudiant se redressa en toute hâte, se précipitant vers son fusil, qu'il avait posé à côté de la porte. La créature qui venait d'entrer, elle, était déjà sur ses pieds, et, captant ce qui attirait l'attention de l'une de ses proies, fondit sur lui.
Comme tous les autres infectés, il aurait pu paraître humain de loin, mais la ressemblance ne continuait pas bien loin. Celui-ci portait encore une esquisse de chemise sur le dos, dont les lambeaux de tissus qui faisaient encore le tour de son torse ne demandaient qu'à céder, mais le reste de son corps aux muscles sur-développés était à l'air libre. Une peau rude et presque écailleuse en recouvrait chaque parcelle, prenant presque l'allure d'une carapace souple au niveau du bassin et des jambes, abritant leurs membres inférieurs et leurs organes génitaux sous une surface presque reptilienne. Sans les nombreuses écorchures, cicatrices et les mouvements incessants de leurs muscles, le bas de leur corps pourrait presque faire penser à celui d'un mannequin exposé en vitrine d'un magasin de vêtements.
Le mal qui les avaient profondément changé avait été jusqu'à altérer certaines parties de leurs corps. Si les autopsies montraient que leurs os étaient devenus beaucoup plus résistants pour absorber le choc des bonds qu'ils faisaient, il était possible d'en discerner d'autres directement, et les changements les plus flagrants étaient leurs mains et leurs pieds, dont les ongles étaient devenus de longues griffes. Leurs pieds, d'ailleurs, ressemblaient presque à ceux d'un loup, légèrement plus allongés et relevés sur l'arrière, n'ayant plus rien d'humains.
Celui qui venait d'entrer dans l'appartement percuta David de plein fouet, l'attrapa et le jeta littéralement contre le four, où il s'écrasa lourdement. La porte de l'appareil s'ouvrit, et le jeune homme manqua de la prendre sur le crâne.
L'infecté le regarda, ses yeux dont les iris avaient finies par prendre une teinte orangée, les vaisseaux éclatés colorant le reste du globe de rouge, avant de se tourner vers la porte reliant le salon-cuisine au hall. Il envoya un violent coup de pied dans celle-ci pour la refermer, et tous entendirent distinctement le cri de douleur de Christophe, qui allait la franchir à cet instant précis. Le panneau craqua, mais ne se brisa pas.
Il y eut une détonation, et la tête de l'abomination partit en avant, une fleur rouge s'étalant sur l'arrière de son crâne. Elle se retourna en hurlant, braquant la lueur meurtrière de son regard sur Melinda, qui ne frémit pas une seconde. Un autre tir atteignit la créature au milieu du front, un troisième fractura davantage sa boite crânienne beaucoup plus solide depuis l'infection, et, alors qu'elle s'élançait vers sa cible, balayant Laura, à quatre pattes, d'un coup de genoux, un quatrième tir la frappa, pénétrant l'os et perforant son cerveau.
Le monstre trébucha, s'écrasa en avant et alla rouler aux pieds de la jeune femme blonde. Christophe entra finalement, un filet de sang coulant de son front, mais s'immobilisa.

« Qu'est-ce qu'il s'est passé.....? »

David, qui venait de se relever et de s'assurer que Laura n'avait rien, releva la tête vers lui, encore trop sonné pour penser à faire preuve d'indulgence.

« Tu veux que je te dises ce qu'il s'est passé? Commença t-il à crier. Ils ont vu qu'ils avaient aucune chance en entrant par le hall, et ils ont vu ça en défonçant la porte du premier appart'. Et quand ils s'en sont rendus compte, ils ont cherché un autre moyen d'entrer, voilà ce qu'il s'est passé! »

Il se tu, se rendant compte de sa rudesse. Sa colère n'était dirigée que vers leur incapacité à comprendre ce que les infectés préparaient, et Christophe avait eu le malheur de parler à ce moment.

« Désolé... fit-il finalement. »

Laura le serra brièvement dans ses bras pour faire retomber légèrement sa colère.

« C'est bon, ok ? On va bien, il est mort, on s'en est sorti sans problèmes. Maintenant, on ferait mieux de rentrer. »

Il devait rester moins de deux heures avant le coucher du soleil. Le temps qu'ils parviennent à charger la commode et éventuellement la table qu'ils avaient utilisé comme barricade, il n'en resterait sans doute plus qu'une. Ils s'entendirent également pour récupérer les portes que les infectés avaient forcé. C'était toujours ça de gagné.
Les trois hommes commencèrent donc à retirer leur barricade de fortune puis, quand Melinda eut rouvert la porte, ils prirent une grande inspiration et la soulevèrent.

*

Cinq portes, trois commodes et une table. C'était le maigre butin qu'ils avaient eu le temps de charger dans le camion, alors que le soleil était suffisamment descendu derrière les bâtiments pour les plonger dans une semi-obscurité. Ils avaient pris le temps d'explorer les deux appartements ouverts par les créatures et en avaient ressorti ces deux meubles supplémentaires. Mais il était désormais temps de rentrer.
L'obscurité était le domaine des infectés.
Ils dormaient, comme les humains, mais moins souvent, et leurs pupilles s'adaptaient à la lumière comme celles des chats. Leur visibilité, leur vitesse et leur agilité en faisaient des ennemis redoutables en pleine nuit, encore davantage que de jour. D'après les scientifiques qui avaient étudié ces créatures, il devait leur suffire d'un infime rayon de lumière pour voir relativement correctement.
Aussi se mirent-ils en route sans perdre de temps. Lorsqu'ils arrivèrent à un endroit plus dégagés, ils virent tous que des nuages noirs envahissaient l'horizon, plus si loin. La nuit serait pour le moins humide. Et sombre.
Quand ils arrivèrent au camp, l'autre camion était déjà rentré, avec assez de fil barbelé ou de bouteilles en verre, qu'ils briseraient avant de ficher les tessons dans leur barricade, pour rendre les barrières efficaces. Plusieurs rescapés les aidèrent à décharger le camion à côté de la brèche, qu'ils s'occuperaient de réparer en partie le lendemain.

« Une bonne journée, souffla David en s'étirant. Je pense que je vais pas traîner dehors ce soir. »
« Ouais, pareil. »

Ils se dispersèrent dans des directions opposées, le jeune couple se dirigeant vers leur cabane tandis que leurs coéquipiers allaient vers les leurs.

La pluie tomba une ou deux heures après le coucher du soleil. Ils étaient capables de repérer l'heure de jour grâce à un système de cadrans solaires, mais personne ne s'en préoccupait la nuit. Le temps exécrable rendait le travail difficile pour les sentinelles, dont la visibilité était largement réduite. Même les projecteurs installés au niveau de la brèche peinaient à percer le rideau d'eau qui se fracassait sur le sol.
Les nuages noirs avaient envahis le ciel, dissimulant la lumière de la Lune, et plongeant toute la ville dans une obscurité presque totale, seulement percée par la foudre qui tombait régulièrement.
Et, l'obscurité était le domaine des infectés.


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