Note de la fic : :noel: :noel: :noel: :noel:

Entre poussière et ruines


Par : Spyko
Genre : Action, Horreur
Statut : C'est compliqué



Chapitre 14


Publié le 24/10/2012 à 13:31:08 par Spyko

« Droite ou gauche ? Demanda t-il finalement à Laura. »

La jeune fille jeta un regard à la jambe qui dépassait derrière l'encadrement de la porte, puis à la porte menant au bâtiment B.

« Ça dépend de ce qu'on veut faire. »
« Rejoindre une salle pour réfléchir à ce qu'on veut faire, répondit-il avec un sourire en coin. »
« Autant pas prendre de risques alors. »

Le jeune homme échangea un dernier coup d’œil à l'adolescente pour s'assurer qu'elle était sûre de son choix, puis commença à marcher vers le bâtiment où ils étaient descendus du toit, la jeune fille à ses côtés. A peine passée la porte coupe-feu ouverte, les deux jeunes gens ralentirent le pas.
Il y avait une salle de classe immédiatement sur leur droite, et Laura alla tester la poignée, qui résista. Elle se colla à l'encadrement, essayant visiblement d'écouter à l'intérieur ce que David jugea une fois de plus inutile. Ce couloir-ci était en E, avec trois branches qui menaient chacune à des salles. Celle du milieu comptait également l'escalier qu'ils avaient empruntés. Quoiqu'il arrive, à chaque fois qu'ils chercheraient un abri, ils s'aventureraient dans une impasse.

« Laisses tomber, on va chercher plus loin. »
« Ouais. C'est juste... J'ai cru entendre un bruit, expliqua t-elle. »
« S'il y a quelqu'un enfermé là-dedans, il risque pas d'ouvrir. Allez, viens. »

Elle se décolla de la porte, et passa devant lui, en prenant garde à ne pas se précipiter à l'angle du mur. Après tout, ils ne pouvaient pas deviner à l'avance ce qui les attendait à chaque coin. La prudence était donc de rigueur.
Une idée germa dans l'esprit du jeune homme, qui fit glisser l'une des sangles du sac, avant de l'ouvrir et de le fouiller. Il en sortit l'objet qu'il cherchait, et appela Laura, qui avait fait quelques pas en voyant que la voie était sûre.

« Eh, attrapes ça ! Fit-il en lui lançant le petit miroir rond »
« Pourquoi faire ? Demanda t-elle en réceptionnant l'objet. »
« Pour regarder aux angles. Ça peut être pratique. »
« Bonne idée. »

Elle continua à avancer jusqu'à la branche du milieu, puis utilisa le miroir pour vérifier qu'il n'y avait rien d'inquiétant à l'intérieur. David referma le sac et se redressa en le replaçant correctement sur ses épaules. Il jeta un bref coup d’œil en arrière, et resserra machinalement sa poigne sur le manche du hachoir.
La jambe avait disparu. Et le reste du corps avec, sans doute.
Restait à voir s'il s'était relevé de sa propre initiative, ou s'il avait été traîné. Dans les deux cas, mieux valait ne pas rester trop longtemps à découvert. Qu'ils n'aient pas vu de cinglés depuis un moment ne signifiait pas qu'ils étaient partis.
La jeune fille l'appela pour lui demander ce qu'il faisait, et il la rejoignit, non sans jeter un dernier regard à la flaque de sang qui avait cessé de s'étendre.
Un hurlement résonna dans le couloir. Son écho se répercuta sur les murs, figeant les deux compagnons. Quelqu'un s'écrasa sur la double porte des escaliers, et David fit un bond sur le côté, le cœur battant. De là où ils étaient, il fallait pousser la porte pour l'ouvrir. De l'autre côté, il fallait la tirer.

« Au secours ! Hurla une voix rendu affreusement aiguë par la terreur »
« Laura, recules ! S'écria David en se jetant contre le panneau. »

L'adolescente fit quelques pas en arrière, puis se dirigea en courant vers l'une des deux portes au fond de ce cul-de-sac. L'étudiant parvint à ouvrir la porte, malgré le malheureux qui pesait dessus par l'autre côté. Ce-dernier hurla de plus belle en voyant qu'il était repoussé vers les marches, puis tenta stupidement de refonçer sur le panneau.
Des claquements de pas résonnaient dans la cage d'escalier. David intercepta le garçon en lui attrapant le col, puis le jeta presque dans le couloir, au moment où cinq fou furieux se précipitaient vers eux. Ils s'abattirent sur la porte comme une vague sur une digue, et le bois craqua sous cette force. Le gamin s'était étalé par-terre, et le jeune homme le releva sans la moindre douceur, avant de le tirer vers le fond du couloir.
Laura avait échoué avec la première porte, mais la seconde était visiblement ouverte. Elle s'engouffra dans la salle de classe, manquant de s'écrouler sur le bureau du professeur.

« Allez, rentres là-dedans, cria David à l'adolescent, avant de le pousser d'une main, gardant son hachoir dans l'autre. »

Les cinglés venaient de comprendre le système, et manquèrent d'arracher la porte de ses gonds. Ils étaient vraiment devenus plus forts, quelle que soit la chose qui leur avait fait ça. Quatre d'entre eux voulurent passer en même temps, et finirent par jouer les paillassons pour le cinquième, plus patient. Ce-dernier marcha littéralement sur ses compagnons, avant de fondre sur ses proies.
C'était un vieux professeur, qui devait sans doute approcher de la retraite, saucissonné dans un costume gris. Ses cheveux en bataille virevoltaient dans les airs. Il tenait une longue règle jaune à la main. Ce détail aurait en temps normal fait rire l'étudiant s'il avait vu cette scène dans un film d'horreur, mais ici, l'action n'avait rien de drôle pour lui.
L'objet fendit l'air horizontalement, et le jeune homme eut juste le temps de se baisser. La règle heurta le mur avec force et s'y cassa, en laissant au passage un bel enfoncement sur la paroi.
Par simple réflexe, et prit par l'action, David se redressa et voulut envoyer un uppercut dans la mâchoire du vieil homme.
Avec le hachoir.
Il ne se souvint de la présence de l'arme que lorsque la lame, courte mais haute, s'enfonça presque entièrement dans le menton du professeur en émettant un craquement des plus sinistres. Il écarquilla les yeux, horrifié par son geste, puis repoussa son agresseur, en essayant d'extraire son arme. Elle en sortit avec un claquement sec, recouverte de sang. Un morceau de chair qui ressemblait à un lambeau de langue était planté dessus.
Mais le vieil homme ne se laissa pas abattre par le coup, bien qu'il lui ait traversé le crâne du menton jusqu'au nez. Voyant que les autres cinglés se relevaient tant bien que mal, David oublia toute éthique et balança le hachoir à nouveau, l'enfonçant cette fois ci dans sa boite crânienne, alors qu'il tendait le bras, brandissant l'une des portions brisées de sa règle jaune.
Le jeune homme l'attrapa pour ne pas se faire empaler, lâchant dans le même temps son autre arme, et recula dans la salle au moment où les fou furieux se précipitaient à sa rencontre.
Laura claqua la porte avec force, puis enclencha le verrou. Le panneau trembla lorsque les agresseurs s'y heurtèrent.
David se laissa tomber assis sur le bureau, le souffle court. Il laissa tomber la règle brisée au sol, et se reporta sur l'adolescent qu'ils venaient de sauver, qui était toujours par-terre, sur le dos, les mains sur le sol pour se redresser.

« D'où tu sors comme ça ? Siffla t-il entre deux inspirations profondes. »

Les cinglés tambourinaient à la porte. Sans attendre la réponse du garçon, il contourna le bureau et pesa de tout son poids dessus. Le meuble glissa sur le lino, jusqu'à ce qu'il le bloque contre la porte.

« On s'était planqué dans une salle avec deux de mes potes, finit-il par répondre. C'était y a plus d'une heure. Ils nous on trouvé, et y en a un qui a bouffé Lucas, alors on s'est barré. » Les larmes commençaient à lui monter aux yeux. « Avec Ludo, on a voulu descendre les escaliers pour trouver un autre endroit, mais il s'est fait avoir aussi, et j'ai été me cacher dans les toilettes quand il est tombé dans les escaliers avec un de ces mecs. J'ai voulu ressortir tout à l'heure, mais y en avait plein... »

Le regard de l'étudiant, qui se voulait amical, se durcit considérablement lorsque le garçon évoqua les escaliers. Si la douleur du coup qu'il avait donné avec l'extincteur presque une heure plus tôt avait disparu, le souvenir, lui, était bien présent. Et il l'était plus que jamais.
Laura du noter son changement d'expression, car elle lui attrapa un bras et le força à se retourner vers elle. Elle referma son autre main sur celle couverte de sang du jeune homme, comme un étau.

« Je sais à quoi tu penses, chuchota t-elle, mais c'est pas le moment. Tu vas pas l'engueuler alors que tu viens de le sauver ! »
« Il a laissé son pote crever ! Cracha l'étudiant. Tu crois qu'il mérites que je le dorlotte ? »
« Il avait peur ! Tu as laissé personne mourir toi ? »

La dernière phrase fut un véritable coup de massue. Elle ne l'aurait pas blessé davantage si elle avait plongé à l'instant même son couteau dans sa poitrine. L'image de son petit frère se jetant sur leur mère du haut des marches flotta quelques secondes devant ses yeux, et il vacilla. Il posa la main sur le mur pour rester debout, et décocha un regard brillant de larmes à la jeune fille.

« Désolée, je voulais pas... »
« Laisses tomber, coupa t-il. Tu ferais mieux de t'occuper de lui plutôt, acheva t-il en désignant le garçon d'un signe de tête. »

Et accessoirement, de m'aider à barricader cette porte, pensa le jeune homme en voyant un éclat de bois passer au-dessus de sa tête suite à un nouveau choc. Il parcourut la salle du regard, cherchant de quoi bloquer davantage le panneau, mais ce fut un autre détail qui attira son attention. Certaines classes étaient reliées par une porte annexe, et c'était le cas de celle-ci.
Ces cinglés ne tarderaient pas à entrer s'ils ne faisaient rien. Mais si, quand ils entraient, ils ne trouvaient qu'une pièce vide, ils ne chercheraient peut-être pas plus loin. Après tout, ils ne brillaient pas par leur intelligence.
La peinture et le bois se fissurèrent autour de la poignée, et de la serrure.

« Changement de plan, on passe à côté. »

Il n'attendit pas de réponse, et se dirigea vers l'autre porte, qu'il ouvrit sans problème. Les deux lycéens entrèrent dans la nouvelle salle, et il referma derrière eux. Laura se précipita vers la véritable entrée de cette classe, et la verrouilla au moment où David faisait de même avec la sienne. Ils seraient plus en sécurité ici.
Les deux adolescents s'assirent sur une table pour discuter à voix basse. Il s'appelait Christophe, et il n'avait que 15 ans. David lui en aurait donné un ou deux de moins. Le garçon était assez chétif. Il était fin, et pas bien grand. Pas plus d'un mètre soixante-dix, comme Laura. Ses cheveux en bataille qui frisaient sur la nuque étaient du même noir que ses yeux, et il avait une acné beaucoup plus virulente que celle de l'adolescente. Il portait un jean bleu délavé, des baskets grises, et une fine veste de sport qui recouvrait un T-shirt aux motifs étranges auquel il manquait un bon morceau. D'après ses dires, il avait perdu son portable, son sac et toutes ses affaires.
David s'installa contre le mur, à côté de la porte qui joignait les deux salles. Que les deux adolescents fassent connaissance et discutent. De toute façon, ils n'avaient que ça à faire en attendant de décider de la suite. Et pour l'instant, le jeune homme n'avait pas le cœur à ça.
Il guettait le moment où la porte céderait, derrière le mur.


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