Mais, le conte s’arrêta ici. Parce que non, Joran n’était pas la compensation du manque d’amour de son père, du départ de son frère ou encore de la mort de sa mère.
Il n’était pas l’ami, le confident et encore moins son amoureux. Elle ne s’en rendit compte que lorsque elle pu ouïe dire de la bouche de personnes indiscrètes qu’elle n’était pour lui rien d’autre qu’un passe-temps, un trophée qui ne méritait que l’attention que lui conférait l’exotisme d’une nouvelle conquête.

Si naïve.

La rupture inévitable se fit et leurs chemins se séparèrent. Mais elle ne ressortit pas indemne de leur courte relation. Quelque chose s’était brisée en elle. Elle perdit ce qu'il lui restait de confiance quelle pouvait avoir envers les autres.
L’hiver dernier, lorsque son frère revint pour passer Noël avec sa soeur, chose qui ne s’était plus produite depuis plus de deux ans, et lorsque il apprit ce qu’il lui était arrivé en cette période, il s’en alla passer à tabac celui qui avait ruiné l’adolescence de sa sœur bien aimée.

Personne ne sût ce qui le poussa à agir en cachette. Elle m’assura qu’elle n’en savait rien avant qu’un appel venant de la police la réveille en pleine nuit pour lui annoncer que son frère s’était fait arrêter ce même soir de Noël.

Justice fût rendue, et son frère écopa de trois ans de prison pour agression. Le temps passa, et la situation ne s’arrangeait pas pour autant. Lorsque son père l’apprit, il rejeta le mal causé par sa négligence et ses absences sur la frivolité de sa fille et son manque de discernement.
La vie gâchée de son frère lui incombait et elle le vivait mal.
Tandis qu'au lycée, elle était devenu un paria, au regard et au mépris des autres.

Nous partîmes alors d’IKEA et je l’emmenai au bord du lac, pour continuer notre conversation, elle y tenait vraiment.
J’étais bientôt en rade d’essence mais nous y arrivâmes, le temps s’étant rafraîchi car le Soleil était bientôt couché.
Nous nous assîmes sur un banc et elle me raconta comment elle était arrivée ici.

Lorsqu’elle eût 18 ans, elle planifia de quitter la Suède pour la France que son frère décrivait dans ses courriels durant son absence.
Ce sont ces quelques mots échangés qui lui donnèrent envie d'en apprendre plus sur ce pays et sa culture qu'il décrivait comme magnifique.
Elle avait besoin de partir, pour oublier, pour se pardonner et prendre un nouveau départ. Briser l’image qu’elle s’était donnée d’elle-même. Redevenir une personne enchantée et pleine de vie comme dans sa prime jeunesse.

Elle voulait se détacher de ses liens avec sa famille et prît le nom de Chloé. La marque du manteau de laine que son frère lui offrit pour leur dernier Noël ensemble ...