<h1>Noelfic</h1>

Les oubliés de Jabiim.


Par : case2000

Genre : Science-Fiction

Status : C'est compliqué

Note :


Chapitre 8

L'Alcazar.

Publié le 28/06/12 à 15:23:14 par case2000

Majestueux édifice de cinq étages, il surpassait en magnificence tous les bâtiments alentours. Placé en hauteur, le palais fortifié, trônant sur sa colline, surplombait les lieux. Édifié en pierre noire de Jabiim, il projetait une sinistre aura sur le champ de bataille. Cette dernière était amplifiée par la pluie battante et les nombreux éclairs qui striaient les airs, empreints de la toute pénombre du macabre requiem atmosphérique. Bien obscure mélopée, qui faisait office de ciel de par le concert du tonnerre, des tambours et des tirs. La tempête grondait mais elle était encore insuffisante pour éteindre les foyers des incendies qui germaient un peu partout dans la cité. Je vis rapidement à ma gauche un véhicule de sapeurs-pompiers éventré sur tout le côté droit. Les restes de ses occupants gisaient à même le sol, en un amas de chair et de boyaux mélangés à la boue. C'était bien les seuls inconscients à se soucier du danger que faisait peser les flammes sur la capitale.

Bien trop faible aussi était la pluie pour empêcher les hommes de se battre. Positionnées sur le toit de l'Alcazar six mitrailleuses arrosaient les positions de nos troupes en contrebas. Tandis que de nombreux tireurs étaient postés derrières les multiples fenêtres et embrasures qui ornaient le bâtiment. Deux pièces d'artilleries antichar étaient positionnées devant son entrée. Tirant avec ardeur dans les rangs des armées révolutionnaires.

Les « lâches » qui se débinèrent devant nous s'étaient en réalité repliés dans une tranchée où des dizaines de leurs pairs nous canardèrent avec vigueur. Armés de mitrailleuses, de fusils, de pistolets, d'armes laser diverses et variées ils fauchèrent plusieurs dizaines de Nimbus en quelques instants. Je me mordais la lèvre inférieure de honte. Si je n'avais pas été aussi empressé de suivre ces prétendus fuyards j'aurais pu, sans difficulté, deviner un piège aussi grossier. Au moins trois tranchées séparaient les défenseurs des attaquants.

Ces dernières semblaient avoir été creusées en toute catastrophe. Sans doute à peine une poignée d' heures avant l'éclatement du putsch. Avions nous été trahis par quelques sordides espions à la solde du gouvernement ? La terre, fort meuble en raison de la pluie, avait été stabilisée à la va-vite, presque négligemment, avec quelques pauvres fagots de bois ici et là. Tandis que les tranchées manquaient suffisamment de profondeur pour que ses occupants puissent escompter échapper à une salve d'obus correctement ajustée. En outre, elles ne semblaient pas toutes reliées entre elles par des boyaux. De ce fait les premières tranchées, c'est à dire celles les plus proches de nos troupes, semblaient relativement isolées du reste des forces républicaines. Je repliais mes commandos non sans une pointe de soulagement, ce n'était pas notre rôle de donner l'assaut sur cette horreur.

Il semblait y avoir pas mal d'uniformes bleus azur dans le camp des défenseurs. Si le vert était la couleur de ces pitoyables miliciens, le bleu azur était quand à lui l'ornement réglementaire des troupes régulières. Pourquoi le bleu azur ? Tout simplement parce que le haut commandement partait du principe qu'un soldat ennemi posait en premier lieu les yeux sur l'horizon avant de ramener son regard vers le sol. Et donc nos glorieux généraux étaient persuadés que des hommes vêtus de bleu azur se confondrait dans le lointain avec le bleu du ciel et qu'il serait alors plus difficile à repérer et encore plus à toucher. C'était pour la théorie. Dans les faits cette conception stratégique totalement aberrante eut pour conséquence de vêtir nos armées d'uniformes visibles à des kilomètres à la ronde. Même les miliciens étaient mieux habillés. La guerre civile battant son plein, les réformes nécessaires à l'amélioration de nos armées attendront. Qu'il me tardait d'obtenir la victoire pour hisser l'Armée Jabiimienne au rang des plus grandes de la galaxie ! Plus préoccupant néanmoins, la présence de ces bleus azurs aux côtés des républicains signifiait une chose : notre mouvement avait reçu moins de ralliements qu'espéré. Ainsi donc la tumeur républicaine sévissait avec effroi, même dans les rangs de la simple troupe. Il était plus que temps de mettre à genoux le Congrès qui n'en finissait plus de corrompre notre peuple et ses plus belles institutions comme l'armée.

Une dizaine de chars était présent pour appuyer les loyalistes. La majorité d'entre eux portaient un blindage tout de noir lustré. Pas de doute c'était des unités du 1 er régiment blindé : les Dragons de Khomodor (du nom d'une région marécageuse de l'hémisphère nord jabiimien). Des durs à cuire et fervents républicains de surcroît. A première vue toutes les unités du 1er semblaient modernes. Je fus attiré par une impressionnante machine lourdement blindée et équipée de canons jumelés. En plus de ses canons il était en outre doté de trois mitrailleuses dernier cri. Ce modèle avait fait la une des journaux il y'a quelques semaines. C'était un blindé lourd, fleuron de nos forces motorisées. L'on disait, dans le doux méandre des ragots populaires, que cette machine pouvait presque tenir la comparaison avec les engins de l'armée clone de la République. C'était évidemment très exagéré, rien que les chenilles prouvaient l'archaïsme du véhicule à l'échelle galactique. Mais par contre, de Jabiimiens à Jabiimiens ce monstre de métal pouvait être un sacré défi à relever.

Tout en me repliant, j'épaulais rapidement mes jumelles. Peut-être que tout ceci n'était qu'un coup de bluff des républicains ? Peut-être l'engin était-il dénué de munitions ? Ou bien qu'il manquait d'un équipage convenablement formé, apte à le manœuvrer ? Le blindé démentit bientôt mes soupçons et tira dans la masse des attaquants : des dizaines de fantassins moururent en une seule explosion. Les mitrailleuses du véhicule achevèrent le travail en atteignant mortellement une bonne dizaine d'autres soldats. Son double canon fit feu une seconde fois puis à une troisième reprise. Sa cadence de tir semblait élevée. L'arme principale devait être au bord de la surchauffe et manquerait rapidement de munitions à ce rythme-là. Mais l'équipage devait peu s'en soucier, plus préoccupé à lutter contre le flot incessant des attaquants. Il se déplaçait avec aisance parmi les lignes républicaines faisant tonner son canon là où le besoin s'en faisait sentir. Pour l'instant nos troupes n'attaquaient pas véritablement (et heureusement d'ailleurs), elles s'efforçaient plutôt de consolider nos propres lignes en adoptant une posture de « défense agressive » qui consistait à lancer quelques escarmouches sur les points faibles du dispositif ennemi. Ceci afin de permettre le déploiement d'armements lourd, de plus de mitrailleuses, d'attendre l'arrivée de blindés, d'un barrage d'artillerie....

Les autres blindés qui accompagnaient le char lourd commencèrent à tirer eux aussi sur les lignes révolutionnaires avec plus de précaution pour leurs armes et munitions. Ce n'était bien heureusement pas des blindés lourds. Mais il y'avait là dans le lot plusieurs spécimens de blindés moyens qui étaient des unités modernes également très efficaces. Le reste était un ensemble hétéroclite de blindés légers qui n'étaient d'ailleurs même pas tous du 1 er régiment. Ici encore le gris-marron du 2 ème de reco, là le blanc du 3 ème de soutien mécanisé. Il y'avait même une unité du 10 ème régiment motorisé, stationné pourtant à l'autre bout de la ville ! Ces chars avaient du être surpris par le pronunciamiento. Incapable de rejoindre leurs bataillons respectifs pour le défilé originellement prévu ou au contraire fuyant par conviction républicaine les corps mécanisés dissidents, ils s'étaient joints aux Dragons pour défendre l'Alcazar.

Cette puissance de feu couplée à celle des deux batteries antichars menaient la vie dure à nos troupes. Il fallait rajouter à cela le fait que de nombreux obus s'écrasaient sur nos troupes à partir du ciel. Sans doute les loyalistes disposaient d'une ou plusieurs batteries de mortiers dans les environs capable de soutenir les défenseurs. Une fois à l'abri avec mes Nimbus, je me mis en quête de la tente de commandement. Nous allions avoir besoin d'un sacré plan pour déloger les positions adverses. L'Alcazar semblait dénué de tout dispositif antiaérien. Peut-être fallait-il attendre une éclaircie pour qu'un bombardement aérien puisse être effectué ? Quoi qu'il en soit au vu de la situation de l'ennemi un véritable assaut ne pouvait être que désastreux, au mieux nous ne pouvions que tenir nos positions et encercler totalement l'édifice pour le couper du ravitaillement républicain. Sans munitions les loyalistes seraient fortement affaiblis. Sans combustible les blindés seraient immobilisés. Sans nourriture les hommes commenceraient à perdre espoir. Les nombreux cadavres et épaves de véhicules au pied des tranchées loyalistes témoignèrent que pourtant non pas une mais plusieurs attaques d'envergure avaient déjà été tenté pour ravir les positions républicaines. Qui donc commandait nos hommes ?

Bientôt deux coups de sifflets résonnèrent parmi le vacarme des explosions. Deux coups c'était pour l'attaque. Ils annonçaient l'imminence d'un assaut. Quelqu'un allait donc bientôt charger et je voyais mal les républicains quitter l'humide confort de leurs tranchées haut de gamme. Cela ne signifiait qu'une chose. Je forçais le pas vers la tente de commandement. Il fallait à tout prix empêcher qu'une telle hérésie se reproduise encore.

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