La Prophétie d'Acier
Par : Gregor , Sarezzo , Remedy
Genre : Science-Fiction
Status : C'est compliqué
Note :
Chapitre 4
Publié le 30/11/10 à 22:54:26 par Sarezzo
Calum Mac Graegor attendait patiemment, assis à son large bureau informatique, dans sa cellule. La pièce était éclairée par la douce lueur violacée d’une paire de néon ; les volets d’aciers empêchaient la lumière du jour de pénétrer à l’intérieur. Calum préférait de beaucoup cette atmosphère feutrée, détendue.
Lui-même était un pur produit de la cybernétisation. D’organique, seul sa tête et une partie de son cou l’étaient encore, ainsi que les pouces, index et majeurs de ses mains par souci de conserver un sens tactile biologique. Une crinière de cheveux anthracite prenait racine sur son large front ridé, rendu étroit par ces sourcils foncés broussailleux qui surplombaient ses yeux marrons artificiels. Quelques implants cérébraux et à l’intérieur des conduits auditifs achevaient la perfection cybernétique qui le constituait.
Sa bouche, encadrée par un bouc épais, achevait de lui octroyer cette allure de force tranquille justifiée par ses deux mètres et l’alliage noir de métal que constituait l’exosquelette et l’armure impressionnants qui lui recouvraient le reste du corps.
Les iris de silice scrutaient le rapport que lui avait directement envoyé Mac Mordan quelques instants plus tôt. Ainsi l’Héritier avait enfin été décelé. Calum se doutait lui-même de la réaction de la Régence si elle venait à apprendre immédiatement telle chose.
L’abolition des privilèges et même de leur rang leur serait un coup trop intolérable si la nouvelle se propageait alors qu’on n’avait même pas encore rapatrié et informé l’Héritier de sa véritable nature. La fin d’un règne de plusieurs millénaires pour la famille d’Harnois représentait en soi un véritable retournement politique ; néanmoins le retour d’un Magister descendant d’Odarrick par le sang était indispensable, et même nécessaire, et à cela personne ne saurait s’y opposer, même le Régent.
Un bruit succinct tira Mac Graegor de ses pensées. Il se leva et indiqua que l’on pouvait entrer. Un autre techno-moine fit son apparition, toujours dans une allure et des manières solennelles. Calum n’avait jamais pu se conformer à cela ; il jugeait qu’être cybernétisé physiquement n’incluait pas à le devenir aussi mentalement dans le sens où l’Homme n’avait pas vocation à devenir une machine dans le sens strict du terme. L’Homme est humain comme il aimait à le dire. Ce pléonasme faisait parfois rire Mac Mordan lorsque lui-même s’exaspérait encore de voir les techno-moines s’évertuer à le nommer par son titre officiel.
- Le Colonel vous attend, déclara-t-il d’une voix atone. Ne le faites pas attendre, vous partez immédiatement apparemment.
- En la compagnie de Zeno n’est-ce pas ? répondit Mac Graegor en saisissant la lourde cape grenat où le sceau de la Confrérie ornait le centre en coutures d’or.
- C’est ce qui est prévu.
- Parfait. Le temps d’éteindre la console, annoncez que je suis en chemin.
Son interlocuteur hocha la tête et se retira. Calum rabattit un pan de sa cape sur son bras gauche et se regarda dans la haute glace qui ornait le mur en face du lit de métal. Allure officielle et solennelle, lui aussi. À croire que l’on ne pouvait y échapper dès lors qu’on était régi par une discipline de fer. Sa poitrine était frappée par son grade de Commandant, une gravure au motif de médaille représentant en son sein la croix de Saint André sur laquelle était gravée plus profondément « Commandus ». Calum effleura les lettres de son index, soupira profondément et sortit de la pièce.
Le Temple des Saints, tel qu’il était appelé, était une vaste infrastructure creusée à même la roche. Sa façade avait été taillée sur la paroi rocheuse de Valles Marineris. Haut de trois étages et d’un sous-sol constituant la crypte commune, le Temple avait été creusé en forme de croissant dans les entrailles du canyon sous l’impulsion du Très Saint Magister Odarrick au milieu de son règne. Calum avait comprit dès son arrivée ici pourquoi. Seule véritable bâtiment de la planète regroupant la seule communauté organisée et sédentaire de celle-ci. Des tribus nomades pouvant se compter sur les doigts d’une main erraient dans l’immense désert rouge, survivant tant bien que mal aux caprices météorologiques. Calum en avait vu passer de nombreuses fois depuis son arrivée, toujours moins nombreuses, ses membres à la peau tannées et tirée par les conditions déplorables dans lesquelles ils vivaient. Ils refusaient la conversion, l’avait toujours rejetée, et c’était pour cela que le Très Saint les avait envoyé ici, voulant faire un exemple probant de sa toute-puissance sur la question de vie et de mort de ses sujets. Mars n’était qu’un dépotoir. Il cessa toutefois d’envoyer des captifs ici lorsqu’il décida de construire le Temple dont la Confrérie qui l’occupait depuis tout ce temps appliquait depuis toujours l’ordre qui avait été donné ; aucune aide à leur égard ne saurait être tolérée. L’exemple éternel de Marcus Standberg faisait force exutoire ; le père du Magister Kris lui-même, à jamais emprisonné dans son linceul de glace.
Calum se souvint de la première fois qu’il le vit. Une sensation de pitié se dégageait de la carcasse sèche de cet homme qui dégageait encore un charisme puissant dont ses enfants avaient hérités.
« Et à présent me voici à remplir le même rôle que le Commandus Magnus Keller envers Odarrick », pensa Mac Graegor en souriant.
Il parcouru l’immense couloir en forme d’ogive, jusqu’à arriver dans l’impressionnant hall du Temple, dallé d’un marbre noir luisant sous les lueurs feutrées des néons bleuâtres. Le techno-colonel Mac Mordan se tenait au centre en compagnie de Zeno, donnant d’ultimes directives.
- Ah ! Vous voici Commandus, fit-il en voyant Mac Graegor arriver.
- À vos ordres, répondit Calum au garde à vous.
Mac Mordan lui fit un geste de la main pour lui signifier qu’il pouvait abandonner la forme solennelle.
- À présent que l’Héritier a été décelé, il est inutile d’attendre plus longtemps, répondit Mac Mordan. Vous accompagnerez Zeno sur Messina. C’est une planète océan composée de deux archipels principaux situés de part et d’autre de l’équateur. Ah et prenez ceci, ajouta-t-il en faisant signe à l’un des techno-moine en retrait.
Ce dernier vint vers eux, muni d’une espèce de scanner portable, appareil longiligne muni d’une vitre de plexiglas bleutée cerclée d’une armature de plastique.
- Il ne paye pas de mine, je sais, commenta Gregor en le saisissant. Mais c’est ce qui vous permettra d’identifier l’Hériter. Le procédé est très simple, il réagit à la proximité. Vous pourrez le brancher sur le radar du vaisseau pour localiser immédiatement le point géographique où il se trouve. Une fois arrivés sur place il vous faudra tout de même mener une recherche hasardeuse. Le problème est que l’appareil a été conçu sous ordre du Magister Odarrick ; autant dire qu’il est à peu près aussi vieux que moi, plaisanta Mac Mordan avec un rire amer.
- Nous ferons le nécessaire, fit Zeno. Il est hors de question que nous repartions sans lui.
- À espérer qu’il n’est pas aussi fielleux que la base de donnée semble le suggérer, dit Calum. J’aimerai éviter autant que possible de le ramener contre son gré, d’une manière ou d’une autre…
- Nous n’avons pas le choix, répondit Mac Mordan en lui donnant l’appareil.
Calum rangea l’appareil dans une poche intérieure de sa lourde cape et salua le techno-colonel.
- Per Animus et Magister !
- Per Animus et Magister ! répéta Zeno en se mettant à son tour au garde à vous.
- Que le Globe vous protège, fit Mac Mordan en se retirant.
Les deux autres inclinèrent le buste et partirent en direction de la sortie.
- Toujours le même vaisseau ? demanda Mac Graegor.
- Toujours, répondit Zeno.
- Tu as l’air tendu, remarqua Mac Graegor en lui jetant un coup d’œil. C’est à cause du moment historique que l’on est en train d’engendrer ? ajouta-t-il en éclatant d’un rire jaune.
- Non, pas vraiment, fit Zeno. Plutôt que je ne m’attendais pas à avoir pour coéquipier le descendant du Commandus Magnus Keller, surtout en y ajoutant la légende du massacre de Juillet 17.100, Millénaire Quinzième de l’Empire.
- Au moins tu auras appris correctement l’histoire en classe, soupira-t-il en ouvrant la large porte d’argent du Temple.
Lui-même était un pur produit de la cybernétisation. D’organique, seul sa tête et une partie de son cou l’étaient encore, ainsi que les pouces, index et majeurs de ses mains par souci de conserver un sens tactile biologique. Une crinière de cheveux anthracite prenait racine sur son large front ridé, rendu étroit par ces sourcils foncés broussailleux qui surplombaient ses yeux marrons artificiels. Quelques implants cérébraux et à l’intérieur des conduits auditifs achevaient la perfection cybernétique qui le constituait.
Sa bouche, encadrée par un bouc épais, achevait de lui octroyer cette allure de force tranquille justifiée par ses deux mètres et l’alliage noir de métal que constituait l’exosquelette et l’armure impressionnants qui lui recouvraient le reste du corps.
Les iris de silice scrutaient le rapport que lui avait directement envoyé Mac Mordan quelques instants plus tôt. Ainsi l’Héritier avait enfin été décelé. Calum se doutait lui-même de la réaction de la Régence si elle venait à apprendre immédiatement telle chose.
L’abolition des privilèges et même de leur rang leur serait un coup trop intolérable si la nouvelle se propageait alors qu’on n’avait même pas encore rapatrié et informé l’Héritier de sa véritable nature. La fin d’un règne de plusieurs millénaires pour la famille d’Harnois représentait en soi un véritable retournement politique ; néanmoins le retour d’un Magister descendant d’Odarrick par le sang était indispensable, et même nécessaire, et à cela personne ne saurait s’y opposer, même le Régent.
Un bruit succinct tira Mac Graegor de ses pensées. Il se leva et indiqua que l’on pouvait entrer. Un autre techno-moine fit son apparition, toujours dans une allure et des manières solennelles. Calum n’avait jamais pu se conformer à cela ; il jugeait qu’être cybernétisé physiquement n’incluait pas à le devenir aussi mentalement dans le sens où l’Homme n’avait pas vocation à devenir une machine dans le sens strict du terme. L’Homme est humain comme il aimait à le dire. Ce pléonasme faisait parfois rire Mac Mordan lorsque lui-même s’exaspérait encore de voir les techno-moines s’évertuer à le nommer par son titre officiel.
- Le Colonel vous attend, déclara-t-il d’une voix atone. Ne le faites pas attendre, vous partez immédiatement apparemment.
- En la compagnie de Zeno n’est-ce pas ? répondit Mac Graegor en saisissant la lourde cape grenat où le sceau de la Confrérie ornait le centre en coutures d’or.
- C’est ce qui est prévu.
- Parfait. Le temps d’éteindre la console, annoncez que je suis en chemin.
Son interlocuteur hocha la tête et se retira. Calum rabattit un pan de sa cape sur son bras gauche et se regarda dans la haute glace qui ornait le mur en face du lit de métal. Allure officielle et solennelle, lui aussi. À croire que l’on ne pouvait y échapper dès lors qu’on était régi par une discipline de fer. Sa poitrine était frappée par son grade de Commandant, une gravure au motif de médaille représentant en son sein la croix de Saint André sur laquelle était gravée plus profondément « Commandus ». Calum effleura les lettres de son index, soupira profondément et sortit de la pièce.
Le Temple des Saints, tel qu’il était appelé, était une vaste infrastructure creusée à même la roche. Sa façade avait été taillée sur la paroi rocheuse de Valles Marineris. Haut de trois étages et d’un sous-sol constituant la crypte commune, le Temple avait été creusé en forme de croissant dans les entrailles du canyon sous l’impulsion du Très Saint Magister Odarrick au milieu de son règne. Calum avait comprit dès son arrivée ici pourquoi. Seule véritable bâtiment de la planète regroupant la seule communauté organisée et sédentaire de celle-ci. Des tribus nomades pouvant se compter sur les doigts d’une main erraient dans l’immense désert rouge, survivant tant bien que mal aux caprices météorologiques. Calum en avait vu passer de nombreuses fois depuis son arrivée, toujours moins nombreuses, ses membres à la peau tannées et tirée par les conditions déplorables dans lesquelles ils vivaient. Ils refusaient la conversion, l’avait toujours rejetée, et c’était pour cela que le Très Saint les avait envoyé ici, voulant faire un exemple probant de sa toute-puissance sur la question de vie et de mort de ses sujets. Mars n’était qu’un dépotoir. Il cessa toutefois d’envoyer des captifs ici lorsqu’il décida de construire le Temple dont la Confrérie qui l’occupait depuis tout ce temps appliquait depuis toujours l’ordre qui avait été donné ; aucune aide à leur égard ne saurait être tolérée. L’exemple éternel de Marcus Standberg faisait force exutoire ; le père du Magister Kris lui-même, à jamais emprisonné dans son linceul de glace.
Calum se souvint de la première fois qu’il le vit. Une sensation de pitié se dégageait de la carcasse sèche de cet homme qui dégageait encore un charisme puissant dont ses enfants avaient hérités.
« Et à présent me voici à remplir le même rôle que le Commandus Magnus Keller envers Odarrick », pensa Mac Graegor en souriant.
Il parcouru l’immense couloir en forme d’ogive, jusqu’à arriver dans l’impressionnant hall du Temple, dallé d’un marbre noir luisant sous les lueurs feutrées des néons bleuâtres. Le techno-colonel Mac Mordan se tenait au centre en compagnie de Zeno, donnant d’ultimes directives.
- Ah ! Vous voici Commandus, fit-il en voyant Mac Graegor arriver.
- À vos ordres, répondit Calum au garde à vous.
Mac Mordan lui fit un geste de la main pour lui signifier qu’il pouvait abandonner la forme solennelle.
- À présent que l’Héritier a été décelé, il est inutile d’attendre plus longtemps, répondit Mac Mordan. Vous accompagnerez Zeno sur Messina. C’est une planète océan composée de deux archipels principaux situés de part et d’autre de l’équateur. Ah et prenez ceci, ajouta-t-il en faisant signe à l’un des techno-moine en retrait.
Ce dernier vint vers eux, muni d’une espèce de scanner portable, appareil longiligne muni d’une vitre de plexiglas bleutée cerclée d’une armature de plastique.
- Il ne paye pas de mine, je sais, commenta Gregor en le saisissant. Mais c’est ce qui vous permettra d’identifier l’Hériter. Le procédé est très simple, il réagit à la proximité. Vous pourrez le brancher sur le radar du vaisseau pour localiser immédiatement le point géographique où il se trouve. Une fois arrivés sur place il vous faudra tout de même mener une recherche hasardeuse. Le problème est que l’appareil a été conçu sous ordre du Magister Odarrick ; autant dire qu’il est à peu près aussi vieux que moi, plaisanta Mac Mordan avec un rire amer.
- Nous ferons le nécessaire, fit Zeno. Il est hors de question que nous repartions sans lui.
- À espérer qu’il n’est pas aussi fielleux que la base de donnée semble le suggérer, dit Calum. J’aimerai éviter autant que possible de le ramener contre son gré, d’une manière ou d’une autre…
- Nous n’avons pas le choix, répondit Mac Mordan en lui donnant l’appareil.
Calum rangea l’appareil dans une poche intérieure de sa lourde cape et salua le techno-colonel.
- Per Animus et Magister !
- Per Animus et Magister ! répéta Zeno en se mettant à son tour au garde à vous.
- Que le Globe vous protège, fit Mac Mordan en se retirant.
Les deux autres inclinèrent le buste et partirent en direction de la sortie.
- Toujours le même vaisseau ? demanda Mac Graegor.
- Toujours, répondit Zeno.
- Tu as l’air tendu, remarqua Mac Graegor en lui jetant un coup d’œil. C’est à cause du moment historique que l’on est en train d’engendrer ? ajouta-t-il en éclatant d’un rire jaune.
- Non, pas vraiment, fit Zeno. Plutôt que je ne m’attendais pas à avoir pour coéquipier le descendant du Commandus Magnus Keller, surtout en y ajoutant la légende du massacre de Juillet 17.100, Millénaire Quinzième de l’Empire.
- Au moins tu auras appris correctement l’histoire en classe, soupira-t-il en ouvrant la large porte d’argent du Temple.
01/12/10 à 14:29:11
Pas mal, continue
01/12/10 à 09:42:49
Des précisions ?
Un ton toujours monocordes.
Obéissance aveugle au colonel et une confiance toute aussi aveugle envers ceux que le colonel lui a assignés.
Des changements d'humeurs fréquents mais toujours une réflexion bornée sur la situation présente.
30/11/10 à 23:30:06
Toujours aussi bon, rien d'autre à dire.
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