Note de la fic : :noel: :noel: :noel: :noel:

L'achèvement d'une ère.


Par : Spyko
Genre : Action, Science-Fiction
Statut : Terminée



Chapitre 68 : Le véritable monstre.


Publié le 19/04/2012 à 12:40:19 par Spyko

Je posai enfin les pieds en bas de l'interminable échelle, épreuve qui avait été un véritable calvaire pour mes muscles endoloris. A peine arrivé, je chancelai et tombai sur un genou. Ne cherchant pas à résister, je me laissai tomber contre le mur et fermai les yeux, guettant les bruits de pas de mes coéquipiers à travers les grincements métalliques que provoquaient les tentacules.
Ils ne tardèrent pas à arriver, et je rouvris les paupières, tournant la tête dans leur direction. Si Max n'avait pas l'air spécialement ravi de me retrouver en un seul morceau, les autres paraissaient soulagés. Un soulagement légèrement dissimulé derrière une pointe d'inquiétude. Matt arriva à ma hauteur et me tendis une main, que j'attrapai. Une fois debout, je posai l'autre sur le mur pour bien me stabiliser.

« Content de te revoir, on y a plus cru quand tout s'est cassé la gueule, fit-il. »
« Moi non plus...., marmonnais-je. »
« Bon, au moins on est entiers. T'as plus de détails sur le truc qui nous retient? »
« Je vous ai dit l'essentiel. C'est gros, ça nous immobilise et ça a éclaté le dragon d'un coup de tentacule. »
« Ok... On fait quoi alors? »
« Je l'ai vu détruire trois capsules de sauvetage. Si on monte dedans pour se tirer, on est foutus. Faut trouver un autre moyen. »
« Tu sais qu'on a pas beaucoup de temps... »
« Justement, il faut qu'on en gagne. On doit essayer de réparer tout ça, sinon ça nous éclatera à la gueule avant qu'on ai trouvé le moyen de s'enfuir. »
« Comme tu veux... »

Nous nous mîmes donc en route, les propulseurs étant à une distance assez conséquente. Cette zone était étonnamment déserte, et même les nécromorphs ne traversaient pas cet endroit. Nous atteignîmes ainsi sans trop de mal une station de tram'. Le quai était vide, mais une simple pression sur un hologramme déclencha l'appel du transport. En peu de temps, le grondement de son approche souffla dans le conduit.
Et le grondement de l'approche d'autre chose commença à souffler dans le couloir d'où nous venions. La silhouette du tram' se dessina au loin, et la silhouette d'un nécromorph noir se dessina devant nous. Il avança à pas lents, comme s'il était conscient que nous étions piégés tant que notre taxi n'était pas arrivé. Nous reculâmes à la même allure, tout en sachant que nous ne pourrions bientôt plus le faire, l'extrémité du quai approchant grandement.
Il chargea brutalement, ce qui entraina un réflexe instinctif qui nous poussa à faire quelques pas de plus en arrière. La créature, emportée par son élan, passa entre nous et tomba stupidement en contre bas. Je sentis mon talon cesser de toucher le sol, et vacillai un instant avant de reprendre mon équilibre.
Deux secondes après, le tram' s'arrêtait à l'endroit où j'avais bien faillit me retrouver, et nous eûmes droit à quelques craquement sinistres. Nous nous précipitâmes à l'intérieur, et le lançâmes vers les propulseurs.

« Wouah, la vache enfin tranquilles. »
« Ouais, enfin. Bon, on a quelques minutes avant d'y être... »

En effet, quelques minutes passèrent à leur rythme, tandis que la navette glissait sur ses rails. Nous n'étions plus très loin de notre destination quand plusieurs craquements résonnèrent. Nous fûmes instantanément sur nos gardes, mais compte tenu de ce qui arriva, cela ne changea rien. A travers la vitre avant, nous vîmes le conduit de tram' éclater.
Un tentacule gigantesque, quoique plus petit que ceux qui enserraient la coque, venait de briser plafond et sol. Il se précipita sur nous, et le tram' fut stoppé net. L'arrêt brutal nous projeta en avant, où nous nous écrasâmes sans la moindre grâce. Je me relevai, mais l'appendice venait de saisir le transport par le milieu. Il transperça la paroi et s'agita devant nous.
Le membre était effectivement plus petit, et en tout cas moins épais que ses congénères, ce qui ne l'empêchait pas d'être dangereux. A son extrémité, la chair se fendit, et un fin aiguillon d'os en sorti, s'extrayant de sa gangue sanglante. Il fouetta l'air et manqua d'empaler Steph', avant de se redresser. Il ressortit presque aussitôt, et un nouveau choc ébranla la cabine.
Le transport fut alors brutalement broyé en deux. Je tombai avec Max et l'arrière d'un côté, tandis que mes trois autres coéquipiers accompagnaient l'avant de l'autre. Le tentacule s'agita furieusement, et tout un morceau de plafond s'effondra, bloquant totalement le passage. La carcasse du véhicule nous contenant s'écrasa sur les rails, et nous fûmes tous deux projetés sur l'acier froid. Le terrifiant appendice acheva de démanteler cette partie du conduit, puis disparut.
Je me relevai doucement, et analysai la situation. Nos coéquipiers étaient de l'autre côté, impossibles à rejoindre. Je regardai brièvement mon partenaire qui se redressait derrière moi, avant de revenir sur les débris, essayant de voir par où les traverser.

« Ça va Max? demandais-je sans lâcher les débris des yeux. »
« Mieux que jamais. »

Je ressentis une vive douleur à l'arrière du crâne, qui me fit tomber à genoux. Je posai les deux mains aux sol et tentai de me relever, mais, alors que je pivotai, je reçus un nouveau coup latéral en plein visage, qui me fit tournoyer. Je m'écrasai lourdement sur le dos et crachai un jet de sang, auquel j'eus l'impression de mêler quelques dents. Je plaquai mes paumes sur mon visage, plus par simple réflexe que par nécessité, et poussai un grognement de douleur en touchant l'endroit où avait eu lieu le choc.
Se servant de son fusil à une main comme d'une batte, Max m'envoya un violent coup de crosse dans les reins, qui me plia en deux. Je battis des pieds, et l'un d'entre eux entra en contact avec le tibia de l'homme. Ce coup le fit reculer légèrement, et j'en profitai pour rouler sur le ventre, malgré la douleur. Je me mis à quatre pattes avant d'entreprendre de me relever, tout en essayant de conserver une certaine distance entre lui et moi.
Une fois sur mes deux jambes, je me tournai vers l'amputé, qui continuait à s'approcher de moi, son arme pointée dans ma direction. Ce n'est que maintenant que je vis à quel point il s'était habitué à son handicap. Il avait bien sûr un fusil moins long pour faciliter son port avec sa seule main, mais je ne pus m'empêcher d'être impressionné.

« Pourquoi tu fais ça...? »
« Pourquoi? Ça fait des jours que j'attends ça! »
« J'espérais que ça t'aurais passé... »
« Après tout ce que tu m'as fait! Tu crois vraiment que j'allais laisser cette histoire partir aussi facilement? »
« Je croyais que tu ferais passer notre vie à tous avant tes désirs personnels! crachais-je finalement. »
« Ta gueule! »

Empoignant à nouveau son arme par le canon, il m'envoya un nouveau coup. Je tentai de la parer, pensant qu'il viendrait latéralement, mais la crosse vint me heurter au sommet du crâne, faisant apparaître un flash éblouissant pendant quelques secondes. Je recrachai du sang, le regard troublé, puis relevai la tête. Cette fois-ci, sans réellement comprendre ce que je faisais, je saisis le métal avant qu'il ne me touche.
Je vis une lueur d'incrédulité illuminer le regard de mon ancien coéquipier avant que, attrapant l'arme à deux mains, je ne lui arrache. Il suivit le mouvement en étant tiré en peu vers moi, et je le renvoyai en arrière, utilisant l'objet avec lequel il m'avait frappé pour lui éclater le nez. Je dirigeais lentement le canon vers lui, lorsque le souvenir du moment où je lui avais tranché la main me revint en mémoire.
Je revis aussi clairement que si j'y étais le regard suppliant qu'il m'avais jeté, et le fusil me glissa des doigts, heurtant le sol avec un son clair et métallique. Je revis également le moment où j'avais forcé Mike à décoller. Je tendis un bras vers une manette imaginaire, espérant empêcher cet événement de se reproduire. Les visions cessèrent rapidement, et lorsque ma vue s'éclaircit à nouveau, ce fut pour voir le canon d'un cutter plasma rougeoyant braqué sur ma poitrine.
Un rictus horrible déformait le visage ruisselant de sang du jeune homme.

« Je n'ai jamais voulu ça...., murmurais-je. Je ne voulais pas que ça se passe comme ça.... »
« Moi non plus. Et pourtant, tu ne m'as même pas laissé le choix. Tu l'as fait sans chercher à savoir ce que je voulais, siffla t-il. »
« C'était la seule solution. La seule.... »
« Tu n'as même pas cherché à en trouver une autre. »

Il s'était approché de moi, son arme désormais à moins de vingt centimètres de mon torse. Je voulais simplement le neutraliser, l'empêcher de commettre cet acte, pour ma propre survie. C'est ce que j'avais voulu, au début. Mais, au fond de moi, un instinct surpuissant repoussait ces intentions. Ce n'était pas le monolithe. Ce n'était rien d'autre que moi. Ce que j'étais devenu. En face, ce n'était plus mon coéquipier que je voyais. Je ne voyais plus qu'un être détestable.
Je saisis le canon de l'arme.
Ce simple geste avait été d'une rapidité que je ne m'expliquais pas moi-même. La décharge plasma brula mes doigts collés au métal lorsqu'elle partit s'écraser contre un mur, frôlant le côté de ma combinaison de moins de deux centimètres. N'importe qui aurait renoncé à faire ce mouvement, ne serait-ce que pour les risques qu'il représentait. Mais cette sensation qui m'inondait ne s'arrêtait pas à un détail aussi futile. Tirant l'arme vers moi, j'envoyai un coup de poing à l'homme qui la tenait.
Il bascula en arrière, interloqué par l'action. Alors qu'il touchait à peine le sol, je retournai le cutter pour saisir la poignée. Je ne réfléchis pas une seule seconde. Le tir fut immédiat, et la mort frappa sans qu'il ait le temps de se rendre compte que c'était terminé. La décharge trancha sa boite crânienne en deux, mais je m'étais déjà retourné vers les débris qui bloquaient la voie, réfléchissant à un moyen de m'en sortir.
Je rangeai le cutter à ma ceinture, essayant de repousser ce qu'il venait de se passer. Je tentai de mettre mon geste sur le compte des hallucinations qui me tiraillaient. Mais cette justification partit en éclat dès que je l'eus imaginée. Ce n'était pas le monolithe qui m'avait poussé à faire ça. Je ne l'avais pas fait sous le contrôle de quoi que ce soit.
Non. Il n'y avait eu que moi.


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