Note de la fic : :noel: :noel: :noel: :noel:

L'achèvement d'une ère.


Par : Spyko
Genre : Action, Science-Fiction
Statut : Terminée



Chapitre 72 : Corruption.


Publié le 21/04/2012 à 14:52:22 par Spyko

La main qui se posa sur la commande d'ouverture était la mienne, elle était rattachée à mon bras, et agissait à l'aide de mes muscles. Et pourtant, j'avais l'impression qu'elle ne m'appartenait plus, tout comme le reste de mon corps. Je toussai doucement pendant que la porte s'ouvrait, et une douleur atroce me vrilla le torse.
Trois cadavres gisaient au sol. Je me penchai légèrement pour les observer, redoutant de m'accroupir et d'avoir du mal à me relever. Ils étaient tous trois déchiquetés à tel point que leur corps ne ressemblait à guère plus qu'un amas de chairs lacérées. Je parvins à me baisser un peu sans trop réveiller la douleur, et me saisis de l'un de leur communicateur. Il était encore réglé sur la fréquence de ceux qui se trouvaient sur la passerelle.
Ces trois hommes faisaient partis de la cinquantaine de survivants qui avaient échappé au dragon, et ils avaient tenté de faire ce que nous leur avions demandé avant de rejoindre les canon ; réparer le système de refroidissement. Peut-être qu'ils avaient été plus nombreux à essayer, mais seuls ces trois là étaient parvenus aussi loin. On les avait envoyé pour une mission suicide...
Je me redressai en douceur et recommençai à avancer. La partie de mon esprit encore humaine avait déjà disparu, à nouveau engouffrée par le monolithe, et le souvenir de ces rescapés s'estompa rapidement. Arrivé à un angle, je vis deux silhouette un peu plus loin. Je voulus les appeler, mais je ne parvins pas à inspirer suffisamment fort pour rassembler assez d'air. Je tendis donc mon bras vers le haut, et tirai un unique laser.
Ils s'arrêtèrent immédiatement et pivotèrent vers moi. Je pris mon temps, titubant, pour les rejoindre. Arrivé à leur hauteur, je posai une main sur le mur, respirant doucement.

« Qu'est-ce qu'il s'est passé? »
« Le tentacule... Il l'a tuée. Jess... »
« Désolé mon vieux. J'espère que ça aura été vite... »

Ça oui mon pote, très vite! Elle est restée pendant deux minutes à souffrir pendant qu'elle se noyait à moitié dans son sang et que le tentacule la charcutait comme un morceau de viande, tout ça jusqu'à ce que je l'achève moi-même. Ça avait été vite, incroyablement vite!

« Bon, faut pas perdre espoir, on peut au moins espérer s'en tirer. »
« Ouais... Mais va falloir se grouiller. »

Je faisais référence aux propulseurs. Mais, au fond de moi, je pensais à autre chose. Quelque chose en rapport avec ces réacteurs, mais je ne parvenais pas à mettre le doigt dessus. Peut-être que cette pensée se préciserait un peu avec le temps.

*Peut-être. Ça fait des heures que tu joues sur les ''peut-être''*

La présence du monolithe faisait des aller-retours. Pendant ma courte conversation avec mon coéquipier, elle était partie, laissant la place à ma propre conscience. Ces va-et-viens étaient particulièrement perturbant. Cette chose agissait comme si elle attendait quelque chose. Mais une nouvelle fois, la raison m'échappait.
Matt me regarda d'une manière assez inquiétante, et je me surpris à penser qu'il savait certaines choses. Steph' rompit le court silence en faisant apparaître un plan du vaisseau dans la paume de sa main. Elle bougea l'hologramme, de manière à le centrer sur notre position. Ce que nous y vîmes était plutôt encourageant.

« Regardez-moi ça... Si on passe par là, on devrait arriver à ces capsules d'ici moins de dix minutes. »
« T'oublie pas un détail? mamonnais-je. »
« D'accord, on va dire quinze si on doit trainer notre carpette ambulante. »
« Merci, j'avais peur que tu m'aie oublié. »

Je me décollai du mur, et nous commençâmes à marcher. Matt ne tarda pas à me soutenir, voyant que je peinais à avancer. Nous franchîmes une porte, qui s'ouvrait sur un long couloir et, à mon grand désespoir, des escaliers. Cette partie du vaisseau semblait avoir été complètement désertée par les nécromorphs, comme s'ils désiraient s'éloigner de la zone.

« Steph', fit Matt, tu peux aller voir si tout est clean? Autant essayer de dégager la zone au maximum pour éviter les surprises. »
« Je croyais que tu voulais pas qu'on se sépare, s'étonna la jeune femme. »
« Ouais mais avec notre cher Alex, si on a un pépin on sera pas dans la merde. »
« Ok. Je reviens tout de suite. »

La jeune femme accéléra l'allure et commença à grimper les marches. Un nouveau cadavre de garde gisait sur celle-ci. Mon esprit embué tenta de faire le rapprochement avec d'autres corps que j'avais probablement vu peu de temps auparavant, mais je ne parvins pas à les associer, ni même à m'en souvenir. Je levai les yeux vers les plaques d'aération, qui étaient tout ce qu'il y a de plus vide. A peu près.
J'enregistrai deux lueurs jaunes derrières les barreaux de l'une d'elle, mais mes pensées glissèrent dessus comme sur du savon. Le pote monolithe revenait à la charge. Et pas que lui. Le pote Matt aussi décida de mettre son grain de sel, maintenant que nous étions tous les deux, loin des oreilles de sa copine.

« Qu'est-ce qu'il s'est passé? »

Je mis quelques secondes avant de faire le rapprochement, puis le brouillard disparut un peu.

« Ben, je te l'ai dit, le tentacule l'a- »
« Qu'est-ce qu'il s'est vraiment passé? »
« Je comprends pas... »
« On a entendu un coup de feu juste après que t'ai arrêté de parler. Qu'est-ce que tu lui as fait? »
« Je... J'ai fait ce que j'avais à... Je l'ai achevée. »
« Comme Max? »
« Non.... C'est lui qui m'a attaqué. Je te jure, je voulais pas le tuer. Je voulais pas... »
« Qu'est-ce que tu es au juste....? souffla t-il. »

Cette question ne m'étais pas destinée, je pouvais au moins être sûr de ça. Il avait prononcé ces mots d'une voix étranglée, étouffée par des sanglots qu'il retenait comme il le pouvait. Je baissai la tête et me contentai de mettre un pied devant l'autre. Même si la question m'avais été adressée, je n'aurais pas pu y répondre. Et ma réaction était très certainement la plus explicite des réponses. Il me regarda d'un air triste, et nous recommençâmes à marcher.

« Bon alors les garçons, vous venez? intervint Steph' d'une voix enjouée. J'ai pas envie de me faire bouffer parce que vous discutiez tranquillement. »
« On arrive, on arrive, je voulais juste mettre quelques petits trucs au point. »
« C'est ce qu'on dit. »
« Allez Alex, un effort. »
« Ouais... »

Je posai un pied sur les marches. Puis, lentement, nous les grimpâmes. Je jetai un bref coup d'œil dans mon dos. Un nécromorph approchait doucement à une dizaine de mètres. Il me fixa, brisa sans bruit un conduite d'aération et s'y faufila. Je voulus en informer mes coéquipiers. Mais je ne pouvais pas. Il m'en empêchait. Comme s'il voulait que mes amis ne soient pas au courant de l'approche de ces créatures.
Une fois en haut des escaliers, nous accédâmes à un long couloir. Tout au fond, on distinguait une salle circulaire. Celle des capsules. Alors que nous entamions notre avancée, une terrible déflagration secoua le vaisseau. Elle fut suivie d'un hurlement de douleur assourdissant, tandis que des pans entiers de murs et de plafond cédaient. Des câbles et des poutres s'abattirent en travers du chemin, et plusieurs plaques d'aérations tombèrent à leur tour.
La reine continua à hurler, tandis que l'onde de choc se propageait sur toute la longueur du transport. Nous entendîmes l'écho de morceaux de coque qui se détachaient, de systèmes qui se coupaient, de parcelles qui se brisaient. L'idée que j'avais eu faisant référence aux propulseurs, mais que je n'avais pas réussi à concrétiser, me revint à l'esprit, mais beaucoup plus claire.

« Matt, Steph', on doit faire vite! »
« La déflagration aura pas été aussi puissante que prévue, ça devrait aller maintenant, non? répondit Matt, légèrement perplexe. »
« Non! m'exclamais-je d'une voix sifflante. Les propulseurs ne nous maintiennent plus, la seule raison pour laquelle on est encore en l'air, c'est que cette saloperie nous retient avec ses tentacules! »
« Tu veux dire qu'elle... »
« Qu'elle va nous lâcher! Ces explosions la blessent, ça s'entend. Et si c'est trop fort... »
« Je vois ce que tu veux dire... On peut au moins espérer qu'elle nous laissera filer dans ce cas... »

Nous enjambions les débris qui bloquaient le chemin un peu partout, tout en essayant d'accélérer autant que possible. Mes côtes me faisaient un mal de chien, et je priai pour que mes poumons soient encore entier. Mes deux coéquipiers s'étaient placés de chaque côté pour m'aider au maximum à avancer. Le sol tremblait sous nos pieds, et j'avais la certitude qu'il ne nous restait plus que très peu de temps.
Les capsules n'étaient plus qu'à quelques dizaines de mètres, et je concentrai toutes mes pensées sur cette destination, essayant d'oublier la douleur et le temps qui filait entre nos doigts. Un rugissement résonna dans notre dos. Je revis comme à travers un écran flou les quelques nécromorphs que j'avais entraperçus pendant que nous quittions le noyau. Je compris alors pourquoi le monolithe n'avait pas voulu que j'avertisse mes compagnons.
Des dizaines de créatures débouchèrent des conduits d'aération et du couloir. Nous nous rapprochions de notre objectif, mais nous étions encore trop loin. Matt eut alors une idée qu'il cru nécessaire. Je comprit également que le monolithe avait prévu ça.

« Steph', continue avec lui et essayez d'atteindre les capsules, je vais voir si je peux les ralentir, je vous rejoins. »
« Matt, c'est hors de question. »
« Fais ce que je te dis, on y arriveras jamais sinon! »
« Matt... »
« Foncez! »

Il me prit mon fusil des mains, puis pivota pour faire face à la horde, tout en reculant. Malgré son manque d'envie, la jeune femme se résigna à avancer, tout en me soutenant un peu. Pendant cette semi-course, j'en arrivais à me demander si le monolithe n'avais pas pénétré l'esprit de notre coéquipier pour faire naitre cette folle idée en lui. Comme s'il espérait que quelque chose arrive. Quelque chose que je ne devais pas tarder à comprendre.
Les lasers déchiquetèrent les nécromorphs entassés dans le couloir. Les débris rendaient leur avance difficile, et le jeune homme n'eut donc aucun mal à les repousser. Nous atteignîmes la salle circulaire où s'alignaient plusieurs capsules de sauvetage. Stephanie me lâcha pour pianoter les commandes de l'une d'elle. Le petit sas s'ouvrit sur l'intérieur de la boite de conserve géante, pourvue de fauteuils et de divers systèmes de navigation.
Je m'écroulai sur l'une des banquettes, tandis que la jeune femme se cramponnait aux ouvertures, guettant son copain qui continuait à massacrer des bestioles à la chaine. Il lui manquait quelques mètres pour rejoindre la salle où nous l'attendions. Peut-être qu'elle était trop fixée sur l'homme pour se préoccuper de quoi que ce soit d'autres, et que c'est pourquoi elle ne vit pas l'ombre qui rampait au plafond.
Cette chose sombre ne m'échappa d'aucune manière. Je la vis progresser de mon regard vide de toute expression, sans faire le moindre geste pour prévenir Matt de la créature qui allait causer sa perte. Oui, le monolithe avait tout prévu. Il avait prévu que nous ne serions que deux dans cette capsule. J'ignorais seulement pourquoi il avait voulu atteindre cet objectif.
Toujours est-il que le nécromorph se jeta, toute griffes dehors, sur le dos de notre ami. Il bascula en avant sous le poids de la créature avec un cri de surprise. Alors qu'il tentait de se débattre, les survivants de la horde arrivaient à sa hauteur. Steph' poussa un cri de terreur, et fit mine de vouloir sortir. Je me levais et, sans la moindre émotion, la saisis par la taille pour la ramener à l'intérieur, ignorant les protestations de ma cage thoracique.

« Lâche-moi! hurla t-elle. Alex laisse moi, on doit l'aider! Je t'en supplie, laisse moi!! »
« C'est fini Steph, il a voulu nous faire gagner du temps, il faut qu'on y aille. »
« NON! »

Elle m'envoya un coup de coude qui produisit un craquement sec et un éclair de douleur me parcourut l'abdomen. Je fis un ultime effort pour l'envoyer sur les banquettes, et pressai la commande de fermeture tandis que les nécromorphs abaissaient leurs lames sur notre coéquipier. Le sas se ferma, et je me précipitai sur la console pour lancer le départ de la capsule.
Une nouvelle explosion secoua le vaisseau. Il y eut un sinistre grincement au-dessus de nous, et un objet probablement très lourd et dur heurta le petit transport de plein fouet, me jetant par terre dans un nouvel éclat de souffrance. La reine poussa un enième cri suite à la déflagration, mais notre navette continuait à descendre dans son conduit.
Puis, enfin, nous quittâmes le vaisseau. Je dus faire un effort inhumain pour ne pas regarder le corps gigantesque de cette abomination qui se dressait toujours à l'arrière du vaisseau géant. Un tentacule s'agita vainement pour essayer de nous attraper, mais le choc qu'il produisit ne fit que modifier la trajectoire de la capsule. Au loin, minuscule forme dans les nuage, on apercevait le vaisseau provenant du Quebec, qui avait certainement fait un petit détour pour se rapprocher du notre.

« Matt...., murmura la jeune femme. »

Je me laissai tomber sur le sol, à côte de la jeune femme qui s'était prostrée sur une banquette. La douleur me faisait haleter, et chaque halètement provoquait une nouvelle souffrance. Cette fois-ci, il était clair que mon pauvre poumon n'avait pas été épargné. Elle me regarda, les yeux rouges, et se laissa glisser avec moi. Elle se blottit contre moi, enfouissant son visage dans mon torse.
Tout était terminé. Enfin.
Je posai une main sur ses cheveux, essayant de la calmer un peu. Elle tremblait entre mes bras, et je sentais ses larmes humidifier la combinaison. Quoi qu'ai voulu le monolithe, il n'y était pas parvenu. Nous étions bien en vie, en route vers l'autre vaisseau, et, même si nous étions infectés, nous ne représentions aucun danger pour l'autre équipage, qui aurait tôt fait de nous enfermer, ou de nous éliminer.
Dans tous les cas, c'était fini, il n'y avait plus rien à craindre. Nous laissions nos amis, les nécromorphs et nos hantises derrière nous. Quant à moi, je laissai l'influence du fragment dans ce cercueil volant. Mes propres émotions, et ma propre conscience, bien qu'effroyablement diminuées, n'avaient plus rien à craindre de cet... ''esprit''.

*C'est ce que tu imagines. Mais tu te trompes. Et jusqu'au bout tu te seras trompé.*

Non...
Même ces fragments n'auraient pu avoir une telle portée, plus alors que nous étions désormais à des dizaines, des centaines de kilomètres de tous les lieux qui avaient portés les marques des évènements qui m'avaient transformés. C'était impossible!

*Tue-la*

Il avait prévu que Matt mourrait. Que nous ne serions que deux dans cette capsule. Il le savait... Je baissai la tête vers la jeune femme qui sanglotait toujours, loin de se douter du conflit intérieur que je menais. Je sombrais à nouveau. Alors que je la regardais, mes yeux tombèrent sur mon pantalon, où une légère forme tendait à peine le tissu de l'une des poches.

*Fais ce que je te dis. Et tue-la*

Tremblant, je glissai deux doigts dans la fente, et les sentis effleurer une surface rocailleuse. Je saisis l'objet et le sortis, écarquillant les yeux de surprise. Le fragment. Pas celui qui était resté dans le tas de cadavres incinérés du supermarché. Non. Celui que j'avais trouvé sur le corps du capitaine. Celui dont j'avais cru m'être débarrassé. Celui que j'avais repris.
S'il restait encore un peu d'humanité en moi, elle s'envola lorsque je prononçai un unique mot, qui scellait à jamais mon propre destin. Et le sien.

« D'accord... »

Elle releva un peu la tête en m'entendant parler, et s'apprêtait probablement à me demander si j'avais dit quelque chose. Elle n'en eut pas le temps. Oubliant la douleur, oubliant le piteux état dans lequel je me trouvais, et oubliant l'être que j'avais été, maintenant toujours le fragment dans une main, je lui enserrai la gorge.
Elle commença à battre des poings. Ses coups provoquèrent d'autres craquement dans ma cage thoracique, mais je ne m'en préoccupais pas, tout comme je ne me préoccupais pas de la douleur qu'ils produisirent. Elle essaya de s'écarter de moi, mais ma poigne la maintint. Elle commença à émettre des râles tandis que ses yeux s'agitaient dans tous les sens. Ses membres furent bientôt agités de spasmes tandis qu'elle continuait à se débattre faiblement.
Sa poitrine se soulevait frénétiquement, comme si elle cherchait vainement de l'air à envoyer aux organes. Ses yeux se posèrent sur moi, emplis d'une crainte et d'une pitié horrible. Puis ils se révulsèrent. Elle fut agités de spasmes pendant encore quelques secondes, puis le cadavre devint mou et lourd entre mes bras.

Pendant tout ce temps, j'avais pensé que c'était moi qui voulais fuir, que c'était moi qui avais réussi à repousser l'influence du monolithe pour ne pas périr sur ce vaisseau. Mais c'était faux. Totalement faux. C'était lui qui avait choisi de me laisser reprendre le contrôle quand il le fallait. C'était lui qui avait pris tous ces choix. Depuis le début.
Je repoussai le cadavre sur le côté, prenant conscience de la souffrance qui me vrillait le corps. Dans la vitre à l'avant, le vaisseau quebecois devenait de plus en plus imposant. Très bientôt, un tueur rejoindrais ce vaisseau. Peut-être même un tueur infecté qui, une fois abattu, se transformerais en abomination afin de répandre la mort dans ce transport. C'était parfait. C'était ce qu'il voulait. Ce que... je... voulais.
Non. Ce n'était pas ce que je voulais. Une infime partie de moi, peut-être moins d'un millième en comparaison avec ce que le monolithe avait pris, tendis la main vers les commandes. Un bouton, à l'écart des autres, était protégé par une petit coque transparente. Sa couleur rouge énonçait parfaitement ce qu'il lançait. Une autodestruction. Je parvins à retirer la protection, et mon doigt n'était qu'à quelque millimètres de la commande, lorsque le contrôle échappa de nouveau à ce que j'avais été.
Je me retirai lentement dans le coin opposé de la capsule, attendant d'être assez proche pour que le pilote automatique se déclenche et me fasse atterrir à bord. Et à ce moment là...
Mon regard se promena sur la console de contrôle, et mes yeux se posèrent sur la seule chose que le monolithe n'avait pas prévu. Une lumière jaune clignotait par intermittence. Je me relevai et m'approchai à nouveau, afin de voir ce que cela signifiait. Et cette signification était toute simple. Défaillance des systèmes de navigation.
Nous avions volé en ligne droite depuis notre départ du vaisseau. Était-ce la chute de cet objet pendant que nous décollions, ou le coup de tentacule de la reine qui en était la cause? Ni le monolithe, ni moi ne le savions. La seule chose sûre, c'était que nous n'allions pas atterrir.
Nous allions nous écraser.
La façade métallique du transport grandissait toujours plus dans la vitre, jusqu'à l'emplir totalement. Le monolithe poussa un hurlement rageur et surpuissant, qui explosa dans ma boite crânienne, comme une bombe.
Des larmes ruisselèrent sur mes joues salies par cette aventure. Dans n'importe quelle autre circonstance, ç'aurait été des larmes de peur.
Mais dans ces larmes, il n'y avait nulle peur. Il n'y avait qu'une chose.
Du soulagement.


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