Note de la fic : :noel: :noel: :noel: :noel:

L'achèvement d'une ère.


Par : Spyko
Genre : Action, Science-Fiction
Statut : Terminée



Chapitre 32 : Trahison


Publié le 23/03/2012 à 19:32:12 par Spyko

J'ouvris brusquement les yeux en sentant une pression sur ma gorge. Une main s'écrasa sur ma bouche pour m'empêcher de réveiller les autres, et je vis clairement l'éclat d'une lame de couteau dans la lueur nocturne. L'arme était placée juste sous mon menton. Je tendis le bras pour attraper une de nos armes, mais m'aperçus avec horreur qu'elles n'y étaient plus.

« Tu croyais vraiment que j'allais laisser tes jouets à ta portée cette nuit? »

Je ne parvenais pas à discerner son visage dans la semi-obscurité, et sa voix ne me disait rien, sans doute parce qu'il chuchotait. Le tranchant s'enfonça un peu plus, et je sentis une pointe de douleur lorsque ma peau se perça à un endroit, laissant un minuscule filet de sang couler. Mon agresseur me donna un coup de crosse, surement de ma propre arme, qui me sonna sur le coup, manquant de me briser quelques dents et le nez au passage.
Il me releva et me plaqua contre le mur du couloir, son couteau toujours collé à mon cou. Je me retournai brutalement en saisissant son bras pour diriger l'arme ailleurs, mais me retrouvai instantanément confronté au canon d'un cutter plasma. Le halo rougeâtre qui s'échappait du canon m'aveugla momentanément, et je détournai les yeux pour fixer un autre point. L'homme me poussa jusqu'à une petite salle vide et qui disposait encore de sa porte. Il ferma celle-ci et me jeta contre la fenêtre qui montrait la ruelle.

« On sera peut-être un peu plus tranquille ici. T'inquiètes pas, je serais pas long. »

Il baissa son arme, et je reconnus immédiatement Sébastien dans la lumière de la Lune. Une chainette pendait à son cou, et je devinai les contours d'une étrange petite pierre. Le fragment!
Il suivit mon regard, et son visage se munit d'un sourire inhumain. Ses yeux lançaient des éclairs meurtriers, et ses doigts effleurèrent le morceau de monolithe. La personne que j'avais en face de moi n'était plus celle qui nous avait accueillie après notre crash. Le fragment avait donc laissé parler ses pouvoirs...

« J'imagine que tu te demande pourquoi? »
« Un peu, oui. Pourquoi alors? »
« Les humains sont condamnés, ils ne doivent pas survivre. Ceux de ce camp périront bientôt, mais vous... Vous ne devez pas fuir... »
« On croirait entendre un de ces cinglés d'unitologues! »

Je me remémorai alors le rapport du chef de projet au sujet du dragon. Il avait mentionné un «ordre simple» auquel il espérait que sa créature répondrait. La manière de transmettre cet ordre était probablement l'insertion d'un morceau de monolithe dans le monstre. Or, l'homme en face de moi semblait lui aussi sous le contrôle de cette pierre...
Je ne voyais aucun moyen de lui échapper, il me fallait gagner du temps. Cependant, Seb' ne semblait pas disposé à me laisser cette chance. Il leva le cutter, tandis que je cherchai frénétiquement un quelconque moyen de me tirer de ce mauvais pas.

« Alex? »

La voix de Matt nous parvint du couloir, et attira l'attention du possédé pendant une seconde. Je n'en attendis pas plus pour me jeter sur lui aussi vite que possible, détournant le canon vers le haut alors qu'il reculait vers la porte. Le tir partit tout seul et décrocha un morceau du plafond dans la foulée. Il heurta la porte avec un bruit sourd, et je l'entrainai au sol pour essayer de la désarmer.
Je me pris alors un bon coup de cutter plasma dans les dents qui m'éjecta sur le côté. Encore au sol, il tira une décharge pour essayer de m'avoir mais, en raison de sa position, la rafale d'énergie alla plutôt briser la vitre. Des claquements de pas résonnèrent dans le couloir, mais ils semblaient beaucoup trop loin.
Allongé moi aussi, je battis des pieds et les sentis heurter le bras de mon opposant, qui lâcha son arme avec un grognement. Le pistolet glissa dans un coin de la pièce, ce qui déclencha une course à quatre pattes pour le récupérer avant l'autre. Étant le plus éloigné, je ne gagnai qu'un coup de botte en essayant d'atteindre le cutter, qui me fit grogner de douleur. Une fois l'arme en main, il roula sur le côté pour me tirer dessus, mais une fois de plus, la rapidité de son geste ne fit pas la précision, au contraire.
Je me mis à ramper à reculons tandis qu'il se relevait, ne lâchant pas le canon des yeux. J'aperçus la poignée de la porte qui s'agitait, en vain. Sébastien leva une ultime fois le bras, prêt à tirer. C'est à ce moment que Matt cessa de jouer avec la poignée en optant pour une méthode plus radicale. Il enfonça la porte, et le battant de cette dernière heurta violemment le dos de l'agresseur, qui lâcha le cutter une nouvelle fois.
Il se remis rapidement du choc et se retourna vers son nouvel adversaire, en glissant la main vers un pistolet laser bien à lui. Sans la moindre hésitation, je me jetai sur l'arme tranchante qui était tombée au sol et dirigeai le canon vers l'homme. Le tir jaillit au moment où il s'apprêtait à faire feu.
Je vis la décharge tranchante sectionner net le bras au dessus du coude, et un jet de sang accompagna la chute du membre. Le possédé poussa un hurlement de douleur et tomba à genoux en serrant son moignon de sa main libre. Mon camarade ne se fit pas prier, et son pied vola dans la mâchoire du malheureux, qui s'écrasa sur le dos, dans la mare sanglante qui se formait autour de lui.

« Putain mec, c'était quoi ce bordel? Je me suis réveillé et t'étais plus là, alors je t'ai cherché, et j'ai entendu le tir... »
« Ouais, merci... C'est lui qui a pris le fragment, c'est pour ça qu'il a essayé de me tuer. Il avait l'intention de faire la même chose pour nous tous, si j'ai bien compris. »
« On en fait quoi? »
« Je sais pas. On a du réveiller toute la colonie, et ils vont croire que c'est nous qui l'avons... »

Tout en continuant à se tordre de douleur, l'homme à terre attrapa son pistolet, encore fermement serré dans sa main morte. Le tir me frôla et fonça droit dans la jambe de Matt, qui s'effondra sur le coup. Je pivotai, appuyai sur la détente, et la tête du possédé roula sur le sol dans une gerbe rouge. Je me précipitai vers mon coéquipier qui gémissait à terre, en se tenant la cuisse aussi fermement que possible pour limiter l'hémorragie.

« Eh bah putain, heureusement que j'ai été plus rapide tout à l'heure que tu l'as été maintenant, sinon je sais pas dans quel état tu serais. »
« Même blessé faut que tu trouve un moyen de l'ouvrir hein? Je reviens, je vais te chercher un kit de soin. »
« Vas-y, je le surveille. »

Je jetai un œil au cadavre décapité et me précipitai dans le couloir. Des pas parvenaient de l'escalier, et quelques têtes apparaissaient aux portes le long du couloir. Je m'engouffrai dans notre chambre sous le regard étonné des deux filles, qui s'étaient elles aussi réveillées. Avant qu'elles n'aient le temps de demander quoi que ce soit, j'avais saisi un minikit et me précipitai déjà dans le sens inverse.
Un attroupement se formait déjà, et une femme hurla, sans doute en voyant le corps démembré de mon agresseur. Je jetai ceux qui me barraient la route sur le côté sans cérémonies et m'agenouillai devant mon coéquipier, dont le sang continuait de couler entre ses doigts devenus blanchâtres à force d'appuyer. Lorsque la seringue pénétra ses chairs, il se relâcha et poussa un soupir de soulagement.
Cédric arriva bientôt, et tous les rescapés s'écartèrent pour le laisser passer. Il vit que j'étais sacrément amoché par les coups que je m'étais pris, il vit la blessure à la jambe de Matt, causée par l'arme de Sébastien. Hélas, il vit surtout le cutter plasma que je tenais encore, le bras et la tête de l'homme, et son cadavre qui serrait encore fermement un pistolet. Il nous fixa d'un air ahuri, et plusieurs voix s'élevèrent.

« Je vous avait dit que ces mecs étaient des tueurs! hurla quelqu'un dans la foule. Ils vont tous nous buter un par un parce qu'ils pensent qu'on est contaminés, c'est sûr! »

Ces gens connaissaient la victime depuis longtemps, et avaient donc une plus grande confiance en elle. Presque aucun élément ne jouait en notre faveur, car, au final, c'est nous qui étions à deux sur un seul homme, qui avait d'ailleurs rendu l'âme. Le fragment de monolithe avait joué son rôle à la perfection. C'était nous qui allions être la cible du courroux de ces gens. Comme je savais que nous étions vraiment dans une position délicate, je m'avançai vers le corps.
Je me baissai au niveau du cou, et retirai la chaine au bout de laquelle pendait encore le morceau de pierre. En me voyant fouiller ainsi le cadavre de l'un de leurs anciens amis, quelques hommes explosèrent et tentèrent de forcer le passage. Cédric leur barra la route, mais cela ne m'empêcha pas d'esquisser un geste pour lever le cutter que je tenais encore. Je levai la chainette afin de bien montrer le fragment.

« Voilà, c'est la pierre que nous cherchions il y a peu de temps. C'était lui qui l'avais prise, et il a essayé de me tuer en étant sous son influence. »
« Menteur! s'exclama un autre garde. C'est toi qui l'a mise là, sinon comment tu savais qu'elle y était! Je vous le dis, c'est qu'un prétexte! »

Décidément, je m'enfonçai au fur et à mesure que j'essayai de leur justifier notre action. Je repris la pierre à pleine main, en réfléchissant à un moyen de nous tirer de là. Matt se releva péniblement et vint se placer à côté de moi.
Je ressentis une vive douleur dans le crâne et fermai les yeux. Lorsque je les rouvris, je vis que le groupe d'humains en face de moi se rapprochait lentement en sortant des couteaux. Je me mis à reculer en levant mon arme, glissant mon doigt sur la gâchette.

« Alex! »

Je sentis que quelqu'un me plaquai contre le mur et me forçai à baisser mon arme. Je clignai des yeux, et m'aperçus que Matt me retenait, mais que les rescapés étaient toujours devant la pièce, sans la moindre arme. Je glissai le fragment dans l'étui pour mon pistolet-laser, espérant être hors de portée de ses effets.

« Vous me laissez pas le choix, marmonna Cedric avec lenteur. Meurtre et menaces... On est peut-être humains, mais on tient à rester en vie... »

Nous fûmes poussés dans le couloir et croisâmes nos deux coéquipières qui nous interrogèrent du regard. Elles furent elles aussi saisies et emmenées dans notre chambre. Sous les ordres du dirigeant de la petite colonie, nous rassemblâmes nos affaires dans nos sacs. Je faisais des gestes secs sans chercher à dissimuler ma colère. Lorsque le chef refusa de nous laisser chercher nos armes qui avaient disparu, je crus pendant un instant que j'allais l'assommer sur place.
Carmen jugea bon de s'interposer afin de réussir à négocier la récupération de notre arsenal. Cédric se montra conciliant et envoya quelques hommes fouiller les salles pour trouver nos fusils et munitions. Pendant ce temps, nous fûmes guidés à l'entrée du supermarché.

« Partez, fit le chef du groupe. Si vous revenez, je vous jure que les guetteurs vous abattrons à vue. »

Notre équipement nous fut enfin amené, et nous prîmes chacun nos armes. J'attrapai le fragment de monolithe, le fit rebondir dans ma paume, puis, finalement, le lançai aux pieds du dirigeant.

« Allez-y, démerdez vous avec ça. Je regrette de pas voir le moment où vous vous entretuerez tous. »

Alors que je parcourrais une dernière fois l'assemblée de la tête, je vis que deux yeux embués me fixaient encore plus intensément que tous les autres.
La tristesse et la déception que j'aperçus dans le regard de Jessica achevèrent de mettre mon cœur en pièces.


Commentaires