Note de la fic : :noel: :noel: :noel: :noel:

L'achèvement d'une ère.


Par : Spyko
Genre : Action, Science-Fiction
Statut : Terminée



Chapitre 31 : Nouvelle espèce


Publié le 22/03/2012 à 20:02:00 par Spyko

Le reste de la journée se déroula sans la moindre accroche ni événement, si ce n'était que les guetteurs accusés du vol prenaient soin de nous éviter et parlais souvent entre eux, pour se taire quand nous approchions. La nuit se déroula de la même manière, mais fut légèrement perturbée par la silhouette sombre de l'homme qui tenait le fragment du monolithe en riant. Mes compagnons ne faisaient aucune remarque sur ma nouvelle relation avec notre prochaine compagne de voyage, mais je voyais bien qu'il affichaient un petit sourire narquois quand mon regard bifurquait la cherchait dans la salle.
Le lendemain matin fut un peu plus mouvementé. Un groupe de quatre guetteurs avaient disparus pendant la nuit, et personne n'avait retrouvé ni traces de sang, ni cadavre. Nous nous portâmes immédiatement volontaires pour aller à l'endroit de la disparition, désireux de nous faire pardonner des accusations de la veille.
Nous préparâmes notre équipement pour l'excursion, et prîmes connaissance du lieu où ils patrouillaient. Deux autres hommes nous accompagnèrent pour cette petite mission, nommés respectivement Julien et Denis. Jessica m'embrassa rapidement avant le départ, et retourna voir ses amies. Je repérai instantanément l'expression de Matt.

« Quoi!? »
« Rien, je me disais qu'il était temps que tu laisse parler un peu tes émotions mon vieux. J'aurais juste jamais imaginé que tu profiterais de cet arrêt pour te retirer le balai que t'avais dans... »
« Oui, c'est bon, j'ai compris. Tu devrais tenter ta chance avec Steph', ça m'épargnerait tes commentaires. »
« Quoi? Attends, on va déjà avoir un couple de tourtereaux dans la voiture quand on quittera cet endroit, alors imagine deux! fit-il d'une voix légèrement indignée, mais qui n'était guère crédible. »

Je lui assenai un petit coup sur l'épaule pour le faire taire et nous nous mîmes en route. Malgré tout, le jeune homme jetait de fréquents regards à notre coéquipière, et je dus réprimer un éclat de rire en le voyant agir de la sorte. Il me regarda en rougissant et se concentra plutôt sur les murs pendant le trajet. Nous atteignîmes finalement une carcasse de bus échouée sur les débris d'une façade de bâtiment.
Les deux soldats qui nous accompagnaient nous expliquèrent qu'il suffisait de traverser le bus par l'intérieur pour atteindre le sommet de décombres, qui offrait un bon point de vue tout en restant en sécurité. Pendant que les deux s½urs allaient voir si elles trouvaient des traces au point de guet, nous étudiâmes les alentours. Il n'y avait aucune trace d'une quelconque agression, que ce soit une marque de lame, une goutte de sang, rien. Les quatre guetteurs avaient tout simplement disparus.
Je me mis à étudier les environs, et mon regard s'attarda sur la porte d'un bâtiment, grand ouverte. En pensant que les hommes avaient peut-être remarqué quelque chose et s'étaient aventurés dans l'immeuble, je me dirigeai vers l'ouverture, arme prête.

« Dis Alex, tu pourrais au moins nous laisser le temps de descendre d'ici avant de jouer les explorateurs urbains, cria Carmen depuis son piedestal. »
« Vous avez rien trouvé? répondis-je sans quitter la porte des yeux. »
« Non, tout le matériel est en place, s'ils sont partis, c'est volontairement. »

Prudemment, je franchis la porte et m'engouffrai dans l'obscurité. J'activai ma lampe afin d'y voir un peu plus clair, et vis des empreintes de pas bien nettes qui se dessinaient dans la poussière qui recouvrait le sol. Je les suivis des yeux et m'aperçus qu'elles montaient à l'étage. Les cinq autres arrivèrent dans mon dos, et virent eux aussi les traces qu'éclairait le faisceau.
Il se rangèrent derrière moi, et je gravis lentement les marches endommagées. A mon arrivée au premier étage, je sentis que mon pied s'enfonçait dans une substance visqueuse. Je le retirai vivement, et vis qu'une sorte de gelée rosâtre recouvrait toute la zone. Je pris le risque de marcher un peu plus longtemps dans la masse gélatineuse, puis, voyant que rien ne se produisait, j'entrai dans la salle suivante.
Un grognement rauque me parvint, et, par réflexe, je braquai arme et lampe vers l'origine du bruit. Mon déjeuner du matin faillit bien aller se mêler à la chose visqueuse par terre. Accroché au mur par un amas de chair qui sortait de son dos, un homme, tranché en deux au niveau du buste, leva brusquement les bras devant son visage.
Ses intestins pendaient librement sous son buste, et ses mains blanchâtres tentaient de dissimuler ses yeux laiteux à la lueur impitoyable. Il était habillé, et j'en arrivai à la conclusion qu'il s'agissait là de l'un des guetteurs.

« Où sont les autres...? »
« Alex... Y a quelque chose sur ce mur là. »

Carmen m'indiqua une direction, et nous braquâmes tous nos lampes. Les faisceaux illuminèrent trois cocons de chair dans lesquels s'agitaient des formes vaguement humaines. Des veines palpitaient sous les couches translucides, et leur tête dépassaient légèrement de la masse, mais pendait sur leur torse. Les amas de chair, répugnants au regard, étaient eux aussi fixés au mur, mais par plusieurs tentacules dégoulinant de liquides vitaux.

« On a trouvé ce qu'on cherchait. Venez, on peut plus rien faire pour eux. »

Je m'apprêtai à faire demi-tour quand l'une des masses s'anima brusquement. La tête se mit à vomir une substance visqueuse, tandis qu'un trou se forait petit à petit dans l'abdomen de l'homme qui se trouvait dans le cocon. Le malheureux laissa échapper un hurlement de douleur qui nous glaça sur place, et d'autres tentacules se déployèrent.
Par l'orifice qui s'était creusé dans son ventre, un hideux appendice jaillit, fusion d'os et d'intestins. Il se mit à fouetter l'air dans le vent, comme pour attraper quelque chose. Julien, qui était un peu trop près, voulut s'éloigner, mais ses semelles restèrent collées dans la masse gélatineuse au sol. Le tentacule claqua comme un fouet, et la tête de l'homme roula à nos pieds, ses traits figés dans une ultime expression de terreur.
Nous étions hors de portée de la créature, ce qui nous laissa plus de temps pour nous décoller de la substance. Les deux autres cocons commencèrent eux aussi à muter, et la moitié d'humain accrochée au mur poussa un gémissement. Je sentis le sol gluant se déplacer sous mes pieds, et la masse rampa contre le mur pour recouvrir le buste. Je parvins à me séparer de la surface et entrepris d'aider les autres à se dégager.
Lorsque nous fûmes tous tirés d'affaire, nous sortîmes au pas de course du bâtiment, désireux de s'éloigner de ce spectacle macabre au plus vite. Une fois à l'extérieur, nous ne nous fîmes pas prier pour rentrer aussi vite que possible au supermarché. Lorsque les rescapés nous virent entrer, essoufflés et à cinq, le silence se fit instantanément. Cédric réclama un rapport des évènements et Seb', légèrement en retrait, écouta attentivement.
Ce fut Denis qui se chargea du récit, malgré son état de choc. Mais lorsqu'il aborda le moment de la mort de son ami, sa voix se brisa et il éclata en sanglots. Sébastien s'approcha pour le réconforter, et je vis une curieuse lueur dans ses yeux lorsqu'il s'attarda sur notre groupe de quatre. J'achevai ce que l'homme avait commencé en décrivant la mutation des autres guetteurs et notre fuite.
Il était à peine midi, mais nous étions déjà légèrement épuisés. Tout en songeant que nous nous attardions de plus en plus dans ce lieu, je rejoignis Jessica et ses amies pour le repas. La jeune femme se blottit contre mon épaule, et je regardai mes trois compagnons aller bavarder chacun de leur côtés avec divers survivants. Le départ serait sans nul doute très difficile.
Le reste de la journée passa normalement, avec une courte cérémonie pour la mort des cinq hommes, le maximum que l'on pouvait faire en ces temps. Je rejoignis notre chambre, dans laquelle se trouvaient déjà les trois autres.

« C'est pas trop tôt, on se demandait quand est-ce que tu allais arrêter de roucouler pour ta belle. »

Je jetai à Matt un regard assassin, et allait m'étendre sur ma couverture, que j'avais plus approché de la porte. Ce changement m'avait valu une blague sur le fait que je voulais être plus proche du couloir en cas de visite nocturne d'une certaine personne, mais j'étais une nouvelle fois passé à travers. Il fallait bien que je m'habitue à ça, mes camarades étant assez taquins lorsque nous n'étions pas en danger. Le concert de ricanements retentit à l'extérieur, et nous fermâmes tous les yeux pour tenter nous endormir.
Une fois le rire glacial des morts-vivants terminé, je sombrai dans un profond sommeil, sans m'apercevoir que nos armes n'étaient plus dans la pièce.


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