<h1>Noelfic</h1>

Dead Space: L'artefact d'origine


Par : Spyko

Genre : Action , Science-Fiction

Status : C'est compliqué

Note :


Chapitre 34

Publié le 19/02/12 à 17:49:36 par Spyko

« Matt... »

Je ne l'écoutais plus. Je savais déjà ce qu'il me dirait. C'est pour cela que je me contentais d'avancer à travers la cour.

« Ca se voit que quelque chose cloche chez toi. Tu fais une drôle de tête des fois, et puis t'as l'air d'avoir morflé. Essaie au moins de prendre un médikit, n'importe quoi... »

Prendre un médikit... Au moins, il pensait simplement que j'avais pris plus de coups que je ne le pensais. Ou alors il me cachait ses véritables pensées. Mais qu'importe. Le sol tremblait sous nos pieds au fur et à mesure que nous avancions. Il était peut-être temps de laisser mes idées de vengeance de côté pour l'instant et de redevenir un peu plus humain.
Au fond de moi, je me demandais si j'étais réellement enragé, ou si c'était simplement un effet de la contamination.

« Matt, attends. Elle... »
« … nous as vus. J'ai remarqué. »

Effectivement, notre nécromorph préféré, qui nous suivait depuis le début, avait abandonné son punching-ball en acier pour avancer vers nous. Ses immenses griffes se refermèrent sur une grande antenne radio, qu'elles arrachèrent comme une touffe d'herbe. Il arqua le bras et le détendit brutalement, envoyant ce javelot mortel dans notre direction. Le morceau de métal heurta l'un des entrepôts en face de nous et en arracha toute la façade, avant de s'écraser dans une pagaille de poutres.
L'une d'entre elles manqua de nous balayer en heurtant le sol avant de rouler sur plusieurs mètres. David ne dû son salut qu'au geste instinctif que j'eus en l'attrapant par le col pour le tirer hors du passage du rondin d'acier. Il fallait quitter cette cour aussi vite que possible, avant d'être transformés en crêpes.
Un bloc d'acier broyé méticuleusement vint rejoindre ses compatriotes à nos côtés et creusa un sillon d'un mètre de profondeur dans le béton qui recouvrait le sol. Nous nous élançâmes à toute vitesse à travers cette pluie mortelle avant de nous engouffrer dans l'ouverture de l'un des bâtiments. Cette saloperie ne nous lâcherait jamais.
Un autre holoplan était suspendu au-dessus d'une console, et indiquait notre position. Visiblement, de là où nous étions, nous pouvions avoir accès à un tunnel qui traversait certains des plus gros entrepôts pour rejoindre l'héliport, surement pour transporter certaines cargaisons importantes plus rapidement. L'entrée la plus proche était dans le troisième bâtiment à gauche du notre. De là, nous pourrions atteindre tranquillement notre objectif.

« T'as vu ça Dave? Ca serait plus rapide de passer par là... »
« Tiens, tu fais plus la gueule? »
« Commences pas... »
« Ok, ok. Ouais, c'est un bon moyen de gagner du temps, cette base est vachement grande... »
« Bon, bah c'est par là. »

Nous entamâmes alors une longue série de couloirs, tous plus vides les uns que les autres, avec seulement quelques cadavres gisant de temps à autre et les martèlements du nécromorph au-dessus. Le décor ne changea radicalement qu'en arrivant devant la porte maculée de sang d'une autre salle. David me fit d'ailleurs remarquer la porte qui se trouvait en face.

« Des toilettes, c'est cool ça. »
« Tu te fout de moi? »
« Non, ça peut être pratique. Vu l'état de la porte, je crois que j'irais m'en servir quand j'aurais vu ce qu'il y a derrière ce mur... »
« T'as pas tort là. Essaie juste de retenir ton repas un peu plus longtemps... »
« Pour ce que j'ai dans l'estomac t'façon... »

Il n'avait pas tort. Un petit détour dans une des cafétéria de la base ne serait pas de refus. Mais pour l'instant, il fallait garder tous nos sens en éveil. Je pressai doucement la commande de la porte, qui coulissa en produisant un affreux bruit de chair broyée. Je regardai rapidement au sol et vis une main sur les rails du panneau. En découvrant le contenu de cette même pièce, nous eûmes un haut-le-coeur.
Une vingtaine de cadavres gisaient de part en d'autres de la zone, chacun dans un état pire que son voisin. Deux d'entre eux fixaient le plafond de leur orbites vides, dont les lambeaux de chair des paupières pendaient encore sur leur visage tordu par la douleur. De la cervelle était étalée sur tout le long d'un mur, et son propriétaire était affalé dans l'angle, le crâne éclaté.
Plusieurs recoins étaient plongés dans l'obscurité, mais l'on devinait sans peine les silhouettes déchiquetées des personnes massacrées. Pour ajouter à la scène, le haut tranché d'un corps était allongé en dessous d'un conduit d'aération, sur lequel on distinguait sans peine des marques de doigts et d'ongles ensanglantées sur les rebords.
Nous avançâmes jusqu'au centre de la pièce, et, brutalement, quelqu'un jaillit de l'obscurité et fonça vers la porte en gémissant.

« Non... Non, laissez-moi tranquille. Je vous en supplie, laissez-moi tranquille, laissez-moi... »

Quelques secondes après sa disparition, un hurlement déchirant brisa le silence et me fit dresser les cheveux sur la tête. Ce cri fut presque un signal pour les créatures tapies dans l'obscurité. L'une après l'autre, quatre silhouettes humaines sombres nous encerclèrent, de cette démarche trébuchante et tordue qu'était celle des pantins. Bien que nous les connaissions déjà, leur allure me fit quand même froid dans le dos.
D'un même geste, nous levâmes tous deux nos torches et armes vers l'un d'entre eux, avant de faire feu sur le nécromorph accroché au plafond. Il s'effondra en couinant et sa marionnette s'écrasa au sol comme une poupée de chiffon. Il y avait nettement plus de fils de chair que le précédent que nous avions rencontrés, mais je n'y prêtai pas attention. Déjà, les hommes levaient leur pistolets vers nous, tentant la feinte que nous avions également subis avant.

« Pas cette fois les gars... »

Hélas, comme cela aurait pu être évident en principe, ces nécromorphs aussi avaient mutés. Et du coup, les armes braquées sur nous n'étaient en rien une feinte. Nous nous en rendîmes compte une seconde trop tard, et les tirs étaient déjà partis. Ce fut surement le manque de précision de cette technique qui nous sauva pour la première rafale. Les lasers allèrent ricocher un peu partout, sans causer guère plus qu'un souffle brulant en nous frôlant de quelques décimètres. Nous fîmes feu sur les deux marionnettistes en face de nous, qui firent le même son que leur camarade.
Soudain, je sentis quelque chose me tirer en arrière, et une main blanche et moite me tira la tête en arrière. Les yeux morts me fixaient sans me voir, et le second membre pris un couteau qui pendait à sa ceinture. La lame s'approcha dangereusement de ma gorge, mais je parvins à faire quelques sons, plus proches du gargouillis qu'autre chose afin d'attirer l'attention de mon coéquipier.
Il fit volte-face et réagit presque immédiatement, tandis que je sentais le sang perler sur ma peau. Le cadavre fut projeté en arrière par les tirs, et la créature au-dessus subit le même sort. Je poussai un brutal soupir de soulagement tout en reprenant ma respiration, plié en deux. Je me sentais nauséeux, mais ce n'était pas la contamination qui en était à l'origine. En tout cas, pas directement.
En plus du carnage écoeurant de la salle, je venait de me rendre compte que, si je n'avais pas sentis le sang couler, je n'aurais même pas remarqué la coupure qu'il m'avait fait à la gorge. Pas le moindre picotement. Rien.

« Tu sais quoi Matt? Ces toilettes vont vraiment me servir... »
« Je dirais pas non à un petit coup d'eau sur le visage. »

Nous sortîmes illico de la salle, le teint peut-être légèrement verdâtre. A peine arrivés à destination, David s'engouffra dans une des cabines, et le silence fut brisé par de joyeux bruits de déglutition et autre crachats. J'appuyai sur le bouton de l'un des robinet, et un jet d'eau coula durant une petite seconde, avant de s'arrêter. Quel imbécile... Evidemment, presque toute l'eau de la base avait rejoint les souterrains...
Néanmoins, il devait rester dans chaque robinet une petite quantité d'eau qui ne s'était pas écoulée. Je posai mon pistolet sur l'un d'eux, et commençai à faire le tour de chaque lavabo, jusqu'à recueillir assez de liquide pour m'en asperger le visage. Dans l'un des miroirs craquelés, je vis que je n'avais pas l'air en très bonne forme. Des cernes noires étaient apparues sous mes paupières, j'étais devenu très pâle, je commençai à avoir une barbe de quelques jours qui recommençait à pousser.

« Putain.. J'avais complètement zappé ce détail... »

Je me retournai vers la cabine d'où provenait cette voix.

« Qu'est-ce qu'il t'arrive? »
« J'avais oublié qu'il y avait plus d'eau... »
« Ouais, j'ai remarqué. Bah, c'est pas grave, personne s'en resservira... »
« Ouais mais quand même... »

Je m'avançai vers la porte de sortie, et David arriva juste derrière moi. Cependant, à peine avait-on fait quelques mètres dans le couloir que je me souvins d'un détail.

« Attends, je crois que j'ai oublié mon pistolet dedans... »
« Ok, mais dépêche toi, je veux pas rester seul trop longtemps »

Je fis demi-tour et m'engouffrai à nouveau dans la salle. L'arme était toujours posée sur l'un des lavabos. En face, je remarquai que la porte de la cabine de Dave était entrouverte. Etrangement, je ne pus résister à l'envie de la pousser un peu, car aucune odeur ne me parvenait de l'endroit. A peine avais-je jeté un oeil à la cuvette que je me figeai sur place.
La raison pour laquelle l'absence d'eau perturbait mon coéquipier était là, sous mes yeux. Il n'y avait ni salive, ni bile, ni quoi que ce soit d'intestinal. Je ne connaissais qu'une seule raison pour justifier ce que je voyais. Et elle ne me plaisais pas. Car ce qu'il y avait dans cette cuvette, j'y avais moi aussi eu droit il y avait peu de temps.
Du sang.

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