Paris by Night
Par : Conan
Genre : Polar , Réaliste
Status : Terminée
Note :
Chapitre 6
Publié le 17/09/11 à 18:05:55 par Conan
Il est 15h05.
Ulrich arrive dans la cité de Kader, à Montreuil. Les guetteurs, s'étant habitués à un beau gosse châtain clair sur son T-Max ne le reconnaissent pas tout de suite.
Il laisse son scooter détaché devant l'immeuble de Kader, les gamins du quartier surveillant la bécane de près. Plus efficace que n'importe quel antivol. Deux gros blacks montent la garde dans la cage d'escalier et serrent la main d'Ulrich en se moquant de son allure de rescapé, puis il arrive devant la porte de Kader et sonne. La porte se déverrouille et s'ouvre. Derrière, un type assez costaud au nez busqué.
-Kad, tu vas bien?
-Ça va bien Ulrich? Putain de sa mère t'as pris cher.
-M'en parle pas. Mais je suis opé maintenant. Alors, parlons affaires.
-Attends, pose toi un peu, tu veux un kawa?
-J'crache pas dessus.
Ulrich s'assoit sur le canapé du salon à coté d'un pitbull endormi. Kader revient de la cuisine et pose deux tasses de café sur la table basse.
-Fais pas gaffe au bordel, j'ai fait une petite teuf c'te nuit.
-Ça me dérange pas. T'as une nouvelle téloche?
-Ouais, tu sais les trucs à LED là, et j'me suis payé un home-cinema.
-Ça doit être sympa quand tu mattes un porno.
Kader rit et tape dans la main d'Ulrich.
-Haaahaha, toi-même tu sais! Tiens, tu veux un rail? Dit Kader en sniffant une ligne de coke. Ulrich accepte volontiers.
-Bon, parlons peu parlons bien. J'ai deux kilos de brown à livrer avant quatre heures à l'autre bout de Paris.
-Pour qui?
-Le gros Yacine, il s'est dégoté un client un peu chelou et il aimerait que l'affaire soit vite conclue.
-Je prends combien?
-Comme d'hab, 250 pour le transport.
-Non, non c'est pas assez. Je pourrais pas planquer deux kilos dans mon scooter, et j'prends trop de risques. Je marche pas à moins de 500.
-Putain tu déconnes mec? Tu vas juste d'un point A à un point B, t'as même pas 20 kilomètres à faire!
-T'as vu ma tronche? En conduisant comme un dingue j'attire les flics et les chauffards comme un aimant, c'est 500 ou rien.
-400. Pas plus.
-Fais un effort, tu vas te faire un sacré paquet de thunes avec ce deal, ça va pas t'arracher la gueule. 450 et basta.
Kader reste pensif quelques instants. Il se gratte le cou puis accepte finalement.
-Bon, ça marche. Mais tu déconnes pas, à quatre heures t'es là bas.
Après avoir réglé les formalités d'usage, Ulrich passe chez la "nourrice" de Kader récupérer les deux kilos d'héroïne planqués chez elle et les mets sous la selle de son scooter. Cette fois-ci, il a un casque.
-Je t'appelle quand c'est fait! Crie Ulrich à Kader, penché à sa fenêtre et qui répond par un signe de la main.
Ulrich démarre et par au quart de tour. À cette heure-ci, mieux vaut éviter le périphérique. Il passe par les rues de la capitale à fond, grillant les feu et slalomant entre les voitures.
Une patrouille de police le prend en chasse. Il repique par un enchevêtrement de petites ruelles en sens interdit pour les semer puis continue sa folle course contre la montre. Il est maintenant 15h45.
Ulrich se fait encore quelques petites frayeurs mais n'a pas perdu la main.
À moins cinq, il est dans une zone industrielle abandonnée au nord de Paris où il doit retrouver le gros Yacine pour lui refourguer la came.
Il le voit enfin au détour d'une allée après avoir tourné presque dix minutes autours des vieilles usines et dépôts ferroviaires.
Il s'arrête près de Yacine et enlève son casque.
-T'en as mis du temps. Dit Yacine, emmitouflé dans sa parka.
-T'es marrant, ça fait dix minutes que j'te cherche. Répond Ulrich en sortant les deux paquets de son scooter. C'est qui ton client?
-Un espèce de neuski chelou, Jojo ou Jean-Jo un truc comme ça.
-Ouais, je vois de qui c'est. Il est là?
-Il m'attend dans le hangar derrière moi. Tu veux le voir? Ça me mettrait plus à l'aise si y'avait un mec pour me couvrir.
-Non désolé, je dois bouger. Tu payes Kader demain?
-Ouais on fait comme d'hab, vas-y fais gaffe à toi hein.
Ulrich serre la grosse patte de Yacine. Il s'en retourne en dandinant ses fesses grasses tandis qu'Ulrich téléphone à Kader en se remettant en selle.
***
Il est 19h30. Anto et Ulrich se retrouvent pour diner au restaurant. Ils optent finalement pour un Chinois. Assis à une table au fond de l'établissement presque vide, ils discutent en mangeant nouilles sautées, nems, beignets de crevette et porc poivre et sel.
-Alors, qu'est que tu fais de tes journées? Demande Anto.
-J'me suis un peu remis dans la course.
-Explique?
-Cet après-midi j'ai fait une course pour Kader. Tu vois qui s'est?
-Un peu ouais, c'est moi qui te l'avait présenté. Hé, tu devrais pas bouffer autant, t'as pris du bide je trouve.
-Tu crois?
-Déjà qu'a la base t'es pas super mince.
-Va te faire foutre connard! S'écrie Ulrich en jetant des morceaux de chips à la crevette sur Anto qui rigole en se protégeant le visage avec ses bras. Quand les deux amis eurent repris leur sérieux, Ulrich lance :
-En tout cas, y'en a une qui aime bien mon bide, c'est Alice.
-Ho? Tu l'a niquée?
-Et dans les grandes largeurs. On a passé la nuit au Newlight.
-Alors raconte, elle est bonne?
-Haha, à ton avis?
-En tout cas, celle qui est une belle salope c'est Inès.
-Dans tous les sens du terme, elle m'a pas recontacté depuis que j'me suis foutu en l'air. Au fait, tu sais cet aprèm' j'ai livré de la came à Yacine.
-Et alors?
-Bah il était en affaire avec un de tes potes, Jean-Jo.
-C'est pas mon pote, j'ai juste gardé quelques contacts avec Bob. Kader il est dans l'héroïne non?
-Ouais, pourquoi?
-Parce que normalement les Gaulois ils font que dans la meth.
-D'ailleurs pour être aussi timbrés ils doivent s'en foutre un sacré paquet dans les nasaux.
-A l'époque on picolait de la bière et on sniffait de la colle. C'est ça qui les a rendus chtarbés je crois.
-Et des fois tu penses à trainer avec eux, comme au bon vieux temps?
-Non. Bon, on paye ou on passe la nuit à se branler ici?
Ulrich arrive dans la cité de Kader, à Montreuil. Les guetteurs, s'étant habitués à un beau gosse châtain clair sur son T-Max ne le reconnaissent pas tout de suite.
Il laisse son scooter détaché devant l'immeuble de Kader, les gamins du quartier surveillant la bécane de près. Plus efficace que n'importe quel antivol. Deux gros blacks montent la garde dans la cage d'escalier et serrent la main d'Ulrich en se moquant de son allure de rescapé, puis il arrive devant la porte de Kader et sonne. La porte se déverrouille et s'ouvre. Derrière, un type assez costaud au nez busqué.
-Kad, tu vas bien?
-Ça va bien Ulrich? Putain de sa mère t'as pris cher.
-M'en parle pas. Mais je suis opé maintenant. Alors, parlons affaires.
-Attends, pose toi un peu, tu veux un kawa?
-J'crache pas dessus.
Ulrich s'assoit sur le canapé du salon à coté d'un pitbull endormi. Kader revient de la cuisine et pose deux tasses de café sur la table basse.
-Fais pas gaffe au bordel, j'ai fait une petite teuf c'te nuit.
-Ça me dérange pas. T'as une nouvelle téloche?
-Ouais, tu sais les trucs à LED là, et j'me suis payé un home-cinema.
-Ça doit être sympa quand tu mattes un porno.
Kader rit et tape dans la main d'Ulrich.
-Haaahaha, toi-même tu sais! Tiens, tu veux un rail? Dit Kader en sniffant une ligne de coke. Ulrich accepte volontiers.
-Bon, parlons peu parlons bien. J'ai deux kilos de brown à livrer avant quatre heures à l'autre bout de Paris.
-Pour qui?
-Le gros Yacine, il s'est dégoté un client un peu chelou et il aimerait que l'affaire soit vite conclue.
-Je prends combien?
-Comme d'hab, 250 pour le transport.
-Non, non c'est pas assez. Je pourrais pas planquer deux kilos dans mon scooter, et j'prends trop de risques. Je marche pas à moins de 500.
-Putain tu déconnes mec? Tu vas juste d'un point A à un point B, t'as même pas 20 kilomètres à faire!
-T'as vu ma tronche? En conduisant comme un dingue j'attire les flics et les chauffards comme un aimant, c'est 500 ou rien.
-400. Pas plus.
-Fais un effort, tu vas te faire un sacré paquet de thunes avec ce deal, ça va pas t'arracher la gueule. 450 et basta.
Kader reste pensif quelques instants. Il se gratte le cou puis accepte finalement.
-Bon, ça marche. Mais tu déconnes pas, à quatre heures t'es là bas.
Après avoir réglé les formalités d'usage, Ulrich passe chez la "nourrice" de Kader récupérer les deux kilos d'héroïne planqués chez elle et les mets sous la selle de son scooter. Cette fois-ci, il a un casque.
-Je t'appelle quand c'est fait! Crie Ulrich à Kader, penché à sa fenêtre et qui répond par un signe de la main.
Ulrich démarre et par au quart de tour. À cette heure-ci, mieux vaut éviter le périphérique. Il passe par les rues de la capitale à fond, grillant les feu et slalomant entre les voitures.
Une patrouille de police le prend en chasse. Il repique par un enchevêtrement de petites ruelles en sens interdit pour les semer puis continue sa folle course contre la montre. Il est maintenant 15h45.
Ulrich se fait encore quelques petites frayeurs mais n'a pas perdu la main.
À moins cinq, il est dans une zone industrielle abandonnée au nord de Paris où il doit retrouver le gros Yacine pour lui refourguer la came.
Il le voit enfin au détour d'une allée après avoir tourné presque dix minutes autours des vieilles usines et dépôts ferroviaires.
Il s'arrête près de Yacine et enlève son casque.
-T'en as mis du temps. Dit Yacine, emmitouflé dans sa parka.
-T'es marrant, ça fait dix minutes que j'te cherche. Répond Ulrich en sortant les deux paquets de son scooter. C'est qui ton client?
-Un espèce de neuski chelou, Jojo ou Jean-Jo un truc comme ça.
-Ouais, je vois de qui c'est. Il est là?
-Il m'attend dans le hangar derrière moi. Tu veux le voir? Ça me mettrait plus à l'aise si y'avait un mec pour me couvrir.
-Non désolé, je dois bouger. Tu payes Kader demain?
-Ouais on fait comme d'hab, vas-y fais gaffe à toi hein.
Ulrich serre la grosse patte de Yacine. Il s'en retourne en dandinant ses fesses grasses tandis qu'Ulrich téléphone à Kader en se remettant en selle.
***
Il est 19h30. Anto et Ulrich se retrouvent pour diner au restaurant. Ils optent finalement pour un Chinois. Assis à une table au fond de l'établissement presque vide, ils discutent en mangeant nouilles sautées, nems, beignets de crevette et porc poivre et sel.
-Alors, qu'est que tu fais de tes journées? Demande Anto.
-J'me suis un peu remis dans la course.
-Explique?
-Cet après-midi j'ai fait une course pour Kader. Tu vois qui s'est?
-Un peu ouais, c'est moi qui te l'avait présenté. Hé, tu devrais pas bouffer autant, t'as pris du bide je trouve.
-Tu crois?
-Déjà qu'a la base t'es pas super mince.
-Va te faire foutre connard! S'écrie Ulrich en jetant des morceaux de chips à la crevette sur Anto qui rigole en se protégeant le visage avec ses bras. Quand les deux amis eurent repris leur sérieux, Ulrich lance :
-En tout cas, y'en a une qui aime bien mon bide, c'est Alice.
-Ho? Tu l'a niquée?
-Et dans les grandes largeurs. On a passé la nuit au Newlight.
-Alors raconte, elle est bonne?
-Haha, à ton avis?
-En tout cas, celle qui est une belle salope c'est Inès.
-Dans tous les sens du terme, elle m'a pas recontacté depuis que j'me suis foutu en l'air. Au fait, tu sais cet aprèm' j'ai livré de la came à Yacine.
-Et alors?
-Bah il était en affaire avec un de tes potes, Jean-Jo.
-C'est pas mon pote, j'ai juste gardé quelques contacts avec Bob. Kader il est dans l'héroïne non?
-Ouais, pourquoi?
-Parce que normalement les Gaulois ils font que dans la meth.
-D'ailleurs pour être aussi timbrés ils doivent s'en foutre un sacré paquet dans les nasaux.
-A l'époque on picolait de la bière et on sniffait de la colle. C'est ça qui les a rendus chtarbés je crois.
-Et des fois tu penses à trainer avec eux, comme au bon vieux temps?
-Non. Bon, on paye ou on passe la nuit à se branler ici?
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